Loi sur la restauration de la nature: les terres agricoles inclues

Quatre mois après le vote en plénière, le Trilogue du 9 novembre marque la fin des négociations sur le règlement Restauration de la nature. Un accord des trois institutions a été trouvé même s’il devra maintenant passer par l’examen final du Conseil et du Parlement.

En attendant le texte final de l’accord et l’analyse des détails, parfois cruciaux, on peut déjà constater que sur la partie agricole, l’accord est plus proche de la proposition de la Commission et de la position du Conseil que de celle du Parlement, qui avait demandé la suppression de l’article 9, c’est-à-dire l’exclusion complète des terres agricoles du règlement.

Au lieu de cela, l’accord rétablit l’article 9 et conserve sa structure, mais passe d’une approche fondée sur les résultats à une approche fondée sur l’effort. En outre, les États membres peuvent choisir deux des trois indicateurs proposés (indice des papillons ; stock de carbone; part des terres agricoles présentant des caractéristiques topographiques à haute diversité). 

La référence à l’objectif de 10 % d’éléments paysagers à forte diversité est supprimée.

En ce qui concerne les tourbières, les objectifs de restauration issus de l’approche générale du Conseil sont maintenus, mais les objectifs de ré-humidification pour 2040 et 2050 sont réduits à un tiers. 

Concernant la restauration des écosystèmes forestiers, les indicateurs relatifs au bois mort sur pied et au bois mort au sol ont été récupérés, et au moins l’un des deux devrait être obligatoire. La nécessité pour les États membres de prendre en compte le risque d’incendies de forêt est incluse.

Probablement pour prendre en considération le débat sur la sécurité alimentaire qui a animé les protestations contre ce règlement, le renforcement de la sécurité alimentaire a été incluse comme objectif dans l’article 1 du règlement. 

En outre, en ce qui concerne le financement, il est précisé que la mise en œuvre de ce règlement n’implique pas la reprogrammation de la politique agricole commune, de la politique commune de la pêche ou d’autres programmes et instruments de financement de l’agriculture et de la pêche dans le cadre du CFP actuel. En outre, la Commission européenne est invitée à présenter un rapport sur les ressources financières disponibles dans l’UE pour mettre en œuvre ce règlement et les besoins de financement actuels afin d’identifier tout déficit de financement et de présenter les propositions nécessaires, y compris la mise en place d’un financement spécifique. 

Le Parlement obtient également l’une de ses demandes, à savoir l’obligation de planter, d’ici 2030, 3 milliards d’arbres en suivant des principes écologiques. 

Il s’agit donc d’un accord qui respecte le cadre souhaité par la Commission, avec ses objectifs et ses obligations pour les États membres qui devront porter le fardeau de cette réglementation. Cependant, le PE a obtenu quelques ajustements et flexibilités sur l’agriculture afin que ce règlement ne soit pas en totale contradiction avec le défi de la sécurité alimentaire, comme le prévoyait la proposition de la Commission.

NGTs : L’ALLEMAGNE VA ALLOUER DES FONDS À LA R&D

Le ministère allemand de la recherche vient de décider d’investir 50 million d’euros dans la R&D sur les NGT, alors que des associations bio continent de s’opposer à la proposition de la commission.

Convaincus de l’intérêt des NGTs, les rapporteurs du PE et la présidence du conseil accelerant les négociations afin de définir leur positions de négociation au plus vite et commencer début 2024 les trilogues.

Hors de l’UE, le Royaume-Uni, la Chine et les États-Unis progressent dans les technologies CRISPR et visent à modifier les genomes des porcs et les poulets pour les rendre résistants à différents virus.

OUVERTURE DES JOURNÉES EUROPÉENNES DU VIN 2023 À TOULOUSE

Aujourd’hui, Toulouse, capitale européenne du vin en 2023, accueille « The Soul of Europe », la première édition de la Journée européenne du vin. Des dirigeants politiques, des économistes, des chercheurs et des représentants de toute l’Union européenne se réunissent pour discuter de l’avenir des secteurs vitivinicoles européen et français, ainsi que du rôle du vin dans la société européenne d’aujourd’hui et de demain.

Trois tables rondes rythmeront la journée. La première portera sur la transition agronomique du secteur vitivinicole européen, compte tenu des réglementations environnementales plus strictes et des impératifs liés au changement climatique. La deuxième se penchera sur l’importance du vin dans nos sociétés, tandis que la troisième explorera l’évolution de la consommation de vin en Europe et dans le monde, en abordant à la fois les volumes et les préférences.

La Journée européenne du vin est le fruit d’une collaboration entre quatre acteurs clés du secteur, chacun apportant une perspective unique : le groupe de réflexion Farm Europe, les vignerons coopérateurs de France, l’organisation interprofessionnelle des vins du Sud-Ouest (IVSO) et l’Assemblée des régions viticoles européennes (AREV).

Sur la base des thèmes abordés lors de cet événement de haut niveau, il est clair qu’un effort uni est nécessaire pour naviguer vers un secteur vitivinicole européen durable et prospère. En reconnaissant les défis et les opportunités présentés par les changements environnementaux et l’évolution des habitudes des consommateurs, nous pouvons collectivement façonner un avenir innovant et prospère pour ce secteur vital.

Protéines : pour une stratégie audacieuse en Europe

Le Parlement européen a adopté un rapport d’initiative sur la stratégie européenne en matière de protéines. Ce rapport souligne l’importance d’amplifier la production de sources de protéines dans le secteur agricole de l’UE. Il met l’accent sur la priorité à donner aux protéines agricoles naturelles plutôt qu’aux alternatives synthétiques ou à la dépendance continue vis-à-vis des importations en provenance d’Amérique latine.

Bien que ce rapport ait un statut juridique non contraignant, il constitue un signal fort pour la Commission européenne. Il souligne l’urgence pour l’Union européenne d’intensifier ses efforts. Ces recommandations devraient faire partie intégrante du prochain projet de plan européen sur les protéines prévu pour 2024. Alors qu’il s’agira de la sixième stratégie protéines en moins de trois décennies, il est grand temps de réaliser des avancées substantielles !

La résolution plaide sans équivoque pour la valorisation de toutes les sources de protéines issues du secteur agricole de l’UE. Cette approche vise à soutenir la production sans opposer alimentations, aliments pour animaux et énergie, qui se complètent mutuellement.

Une proposition prônant une réduction de la production et de la consommation de viande a été rejetée. Parallèlement, les députés européens soulignent l’importance de soutenir les nouvelles techniques de sélection variétale pour stimuler l’innovation dans le secteur des semences.

En ce qui concerne les produits cellulaires, le Parlement européen souligne que les aliments à base de cellules posent des défis éthiques, sociaux, environnementaux et économiques. Il note également que le règlement actuel sur les nouveaux aliments n’est pas adapté.

NGTs : LA PRÉSIDENCE ESPAGNOLE S’EFFORCE DE PARVENIR À UNE APPROCHE GÉNÉRALE DU CONSEIL D’ICI DÉCEMBRE

La présidence espagnole pousse les États membres à trouver des accords sur la réglementation des NGT, tandis que l’Autriche et l’Allemagne continuent d’exprimer leurs inquiétudes quant à l’impact de la commercialisation des plantes CRISPR sur les cultures biologiques.

De l’autre côté de l’océan, les États-Unis et le Canada développent des melons résistants à la sécheresse, des cerises plus robustes et travaillent sur la réduction des pesticides.

Indications géographiques : la position du Parlement doit être prise au sérieux par la présidence de l’UE

Les négociations sur les indications géographiques de l’UE ont connu un accroc inattendu lors du dernier trilogue alors qu’il était censé être décisif avant le trilogue final prévu le 24 octobre en présence du président du Conseil des ministres de l’agriculture, Luis Planas, et du commissaire à l’agriculture, Janusz Wojciechowski.

Selon le négociateur principal du Parlement européen, Paolo de Castro, et le président de la commission de l’agriculture, Norbert Lins, les progrès ont été entravés par la rigidité inattendue de la présidence espagnole, ce qui a posé des problèmes pour trouver un terrain d’entente avec le Parlement européen.

Cependant, sur les paramètres clés de la proposition initiale de la Commission, nous considérons que le Parlement européen a trouvé le bon équilibre pour défendre les intérêts des producteurs et des consommateurs européens :

  • Dans le cas du vin, une position équilibrée est présentée par le Parlement, préservant les dispositions du règlement OCM unique. L’insistance du Conseil à incorporer toutes les dispositions dans le règlement horizontal sur les indications géographiques va même au-delà de la proposition initiale de la Commission.
  • Les prérogatives des consortiums qui se battent depuis des années pour protéger et garantir la qualité des produits d’appellation d’origine protégée, symbole de l’excellence de l’agroalimentaire européen, doivent en effet être reconnues.
  • La réticence à considérer que l’utilisation des IG utilisées comme ingrédient nécessite une autorisation du Consortium pour éviter les fraudes et les abus préjudiciables à l’image des produits de qualité est surprenante.
  • Enfin, la volonté du Parlement de favoriser et d’intégrer des critères de durabilité à poursuivre pourrait aider les producteurs à répondre aux attentes des consommateurs.

Il serait donc regrettable que la conclusion d’un accord sous la présidence espagnole s’avère plus difficile que prévu en raison des blocages dans la dernière ligne droite.

UTILISATION DURABLE DES PESTICIDES : UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION

« La commission de l’agriculture approuve le rapport de Mme Aguilera qui fixe des objectifs ambitieux tout en minimisant les obstacles bureaucratiques et les lacunes de la proposition initiale de la Commission ».

Le 9 octobre, la commission de l’agriculture du Parlement européen a apporté une contribution importante à l’utilisation durable des pesticides (SUR) en votant le rapport Aguilera. Ce rapport introduit des changements clés à la proposition de la Commission européenne qui façonneront l’avenir de l’utilisation des pesticides dans le secteur agricole. L’avis de la ComAGRI est un pas dans la bonne direction, fixant des objectifs ambitieux, tout en minimisant les obstacles bureaucratiques, ce qui le rend plus pratique et accessible pour la mise en œuvre dans le secteur agricole.

De nombreuses lacunes de la proposition initiale de la Commission européenne sont corrigées, ce qui devrait encourager la commission de l’environnement du Parlement à suivre la même voie et à s’inspirer de l’approche cohérente du rapport voté par la ComAGRI.

Décisions clés

  1. Objectifs de réduction des pesticides : La commission a fixé un objectif ambitieux de réduction de l’utilisation des pesticides et des risques connexes de 50 % d’ici à 2035. En outre, les États membres sont tenus de fixer des objectifs nationaux de réduction d’au moins 35 %.
  2. Évaluation de la faisabilité : D’ici à 2029, la Commission évaluera la possibilité d’atteindre les objectifs de réduction fixés par l’Union pour 2035. Cette évaluation sera basée sur la disponibilité d’autres méthodes non chimiques de lutte contre les ravageurs et de produits phytopharmaceutiques à faible risque.
  3. Période de référence ajustée : La période de référence pour le calcul de la réduction de l’utilisation des pesticides et des risques connexes a été modifiée pour la période 2011-2012-2013, alors que la proposition de la Commission prévoyait la période 2015-2016-2017.
  4. Zones sensibles : Les États membres ont le pouvoir de définir leurs zones sensibles, mais les détails spécifiques des désignations territoriales devront être définis par les États membres.
  5. Tenue de registres électroniques : L’obligation pour les agriculteurs d’utiliser des registres électroniques pour documenter les pratiques préventives et les applications de pesticides n’a pas été approuvée. Les articles 14 et 16, qui décrivaient ces obligations, ont été supprimés.
  6. Lignes directrices spécifiques aux cultures : L’article 15 prévoit désormais des lignes directrices spécifiques aux cultures plutôt que des règles rigides pour la lutte intégrée contre les ravageurs (IPM) : Les agriculteurs ne sont plus obligés d’utiliser des outils non chimiques avant de recourir aux pesticides. Ce changement permet une plus grande flexibilité dans les décisions agronomiques.
  7. Approbation accélérée des méthodes à faible risque : Un nouvel article (42b) propose d’accélérer la procédure d’approbation des méthodes de lutte biologique et à faible risque. Cela inclut la possibilité d’une autorisation provisoire pour les « produits phytopharmaceutiques de lutte biologique dérivés de substances naturelles ».
  8. Agriculture de précision et drones : Le règlement prévoit la mise en œuvre de l’agriculture de précision, y compris l’utilisation de drones, un an après l’entrée en vigueur du règlement, alors que la proposition initiale de la Commission était de trois ans.
  9. Financement : L’article 43, qui prévoyait initialement de financer ce règlement avec les fonds de la PAC (politique agricole commune), a été supprimé. Les députés ont estimé que des sources de financement supplémentaires étaient nécessaires et qu’il n’était pas approprié d’allouer les fonds existants de la PAC à de nouvelles politiques.

Approbation finale

Le texte final du rapport Aguilera a été approuvé par 26 voix pour, 9 contre et 3 abstentions. Le groupe Renew a notamment joué un rôle central dans le processus décisionnel, s’alignant parfois sur le PPE et s’abstenant à d’autres moments.

FARM to FORK politiques & initiatives 

Dans son discours sur l’état de l’Union, la présidente von der Leyen a rendu hommage à l’agricultureet aux agriculteurs de l’UE et a appelé à un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture. Ce même mois, le PPE a organisé une conférence sur l’agriculture, tandis que les Verts ont réitéréleur opposition au plan NGT lors d’un webinaire sur “l’Europe sans OGM” et que TP Organics asouligné le rôle de l’agriculture biologique pour assurer la sécurité alimentaire. La présidente de la Commission européenne, Mme Von der Leyen, a exploré la possibilité d’utiliser lesfonds de l’UE pour aider la Grèce à faire face aux défis climatiques. Les discussions sur les visions deszones rurales et les lois sur la santé des sols se sont poursuivies en septembre et les députés ontplaidé en faveur d’une dérogation étendue aux BCAE pour répondre aux difficultés et aux demandesde plusieurs États membres. Alors que le vice-premier ministre ukrainien a souligné l’importance des couloirs de solidarité pourl’économie, l’agriculture et la sécurité alimentaire et qu’il a exprimé sa gratitude pour le soutien del’UE, l’Ukraine a déposé des plaintes auprès de l’OMC contre la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie,pour les interdictions d’importation imposées par les pays susmentionnés alors que l’interdictiondécidée au niveau de l’UE a pris fin. Un nouveau rapport de la FAO soulève des inquiétudes quant aux progrès réalisés dans le mondepour atteindre les objectifs de développement, en mettant l’accent sur le rôle essentiel del’agriculture dans le maintien de l’approvisionnement en eau.

NGTs : L’UE NE SE PRÉOCCUPE PAS DES DROITS DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE

Alors que l’UE est engagée dans des discussions approfondies concernant l’utilisation la plus efficace possible des technologies des NGT pour favoriser la durabilité dans le secteur agricole, la question complexe des droits de propriété intellectuelle dans ce contexte semble ne pas avoir été abordée. Le Royaume-Uni est confronté à des sujets réglementaires similaires, alors que des études récentes ont montré que le riz modifié par CRISPR peut produire des rendements jusqu’à cinq fois supérieurs à ceux de son homologue non modifié.

Glyphosate : n’ébranlons pas la confiance dans les institutions de l’UE, ni dans le marché intérieur

Farm Europe est souvent interpellé sur la question du glyphosate. Nous ne disposons pas d’une équipe de scientifiques experts dans l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux liés aux produits phytopharmaceutiques. Nous nous gardons donc de prendre position sur la qualité du travail des scientifiques et de l’Autorité européenne de sécurité des aliments en particulier.

En revanche, nous regrettons une forme de « populisme vert » qui apparaît à chaque fois que la question du glyphosate est abordée, utilisant les peurs pour tenter de gagner des parts de marché électorales ou une visibilité facile au détriment des agriculteurs qui utilisent ce produit.

Actuellement, le glyphosate répond à un besoin, y compris pour certaines pratiques qui réduisent les émissions, comme l’agriculture sans labour. Plus que jamais, à l’approche des élections européennes, nous pensons qu’au lieu de saper leur crédibilité, les forces pro-européennes engagées dans un débat rationnel basé sur la science devraient renforcer la confiance dans les institutions de l’UE et leur capacité à gérer les risques, à protéger la nature et la santé des Européens.

S’il s’avère qu’un élément n’a pas été correctement prise en compte, la proposition de réautorisation devrait être réexaminée, comme la Commission européenne a l’intention de le faire, y compris si de nouvelles preuves scientifiques apparaissent. C’est pour cette raison que l’autorisation proposée par la Commission européenne est accompagnée d’une liste de restrictions appropriées sur les utilisations. En ce qui concerne la proposition elle-même, nous considérons que les restrictions doivent être clairement établies au niveau européen afin de garantir l’intégrité du marché intérieur, et que ces décisions ne doivent donc pas être laissées à la discrétion des États membres. En outre, les mêmes règles doivent s’appliquer aux produits alimentaires importés.

En tout état de cause, nous reconnaissons le courage politique et administratif de toutes les personnes impliquées dans la gestion de ce dossier sensible, et sommes convaincus qu’elles sont pleinement conscientes de leurs responsabilités.

Et encourageons la recherche et l’innovation !