LA COMMISSION DOIT RÉVISER SES STRATÉGIES DE LA FERME À LA TABLE ET DE LA BIODIVERSITÉ

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7 mars 2022

L’invasion russe de l’Ukraine a ramené la guerre sur le sol européen, et ses conséquences dramatiques se déroulent sous nos yeux.

L’Ukraine et la Russie sont les principaux exportateurs mondiaux de céréales – blé, maïs, tournesol. La guerre bloque les exportations depuis la mer Noire. Dès aujourd’hui et pour cette campagne, ce sont plus de 10 millions de tonnes de céréales qui ne peuvent plus alimenter les marchés mondiaux. Qu’adviendra-t-il de la prochaine campagne ? Les effets se font déjà sentir, les prix des céréales atteignent des niveaux toujours plus élevés.

Les consommateurs de l’UE devront payer plus pour leur panier alimentaire, en plus des récentes pressions inflationnistes. Les producteurs de viande de l’UE voient le coût grimper pour nourrir leur bétail. Dans certaines régions du Moyen-Orient et d’Afrique, l’inflation des prix des céréales va affliger des légions d’habitants pauvres.

La guerre fait souffrir, mais c’est aussi un signal d’alarme pour l’UE. Il est désormais parfaitement clair pour les Européens qu’ils doivent améliorer leur souveraineté énergétique et être moins dépendants des importations en provenance de Russie.

Il devrait également être parfaitement clair que l’UE doit garantir sa souveraineté alimentaire. L’indépendance énergétique et alimentaire sont des piliers stratégiques cruciaux. Nous ne devons pas mettre nos approvisionnements alimentaires en danger et nous devons veiller à ce que les pays méditerranéens voisins et les pays d’Afrique ne soient pas confrontés à la famine.

Cela doit constituer un signal d’alarme et de sursaut pour la Commission. Les propositions de la Commission sur les stratégies de la ferme à l’assiette et biodiversité vont à l’encontre de notre souveraineté alimentaire et de la sécurité alimentaire mondiale. Toutes les études et analyses faites sur les propositions, y compris celle faite par la Commission elle-même, montrent des résultats étourdissants : l’offre est réduite de plus de 10-15 % dans les secteurs clés, céréales, oléagineux, viande bovine, vaches laitières ; de plus de 15 % en porc et volaille, et de plus de 5 % en légumes et cultures permanentes. Toutes les analyses publiées montrent des résultats similaires, laissant peu de doute quant à une forte contraction auto-infligée de l’agriculture dans l’UE.

L’UE ne peut pas poursuivre une politique qui réduit sa production agricole alors que la mondialisation et la sécurité des approvisionnements sont remises en question, que la demande mondiale alimentaires et d’aliments pour animaux augmente à mesure que la population mondiale augmente.

Le moment est venu pour la Commission de revoir fondamentalement ses propositions.

La lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement sont des priorités que nous partageons. Notre problème n’est pas de mettre en place des politiques qui vont dans ce sens. La réalité est que les politiques proposées par la Commission auraient un impact limité, si ce n’est négative, sur l’environnement étant donné que la production augmenterait ailleurs pour compenser la contraction dans l’UE, tout en ayant un impact dramatique sur notre la production alimentaire et l’accroissement de l’inflation.

Il existe des politiques alternatives qui protègent l’environnement et luttent contre les changements climatiques, tout en augmentant notre potentiel de production. L’essentiel est de favoriser les bons investissements afin d’atteindre une croissance durable de la productivité. C’est faisable, c’est prouvé, mais L’UE doit intensifier ses efforts en la matière.

La Commission doit acter les conséquences qu’auraient ses propositions inappropriées et changer de cap sans tarder. Il n’est pas concevable qu’elle fasse des propositions législatives spécifiques sans réviser préalablement sa copie.