Farm Europe se félicite de l’adoption par le Conseil du mandat de négociation sur les NGT

Farm Europe se félicite vivement de l’adoption par le Conseil de son mandat de négociation sur les nouvelles techniques génomiques (NGT), qui marque une étape importante pour l’avenir de l’agriculture européenne. Cette étape ouvre la voie à un cadre réglementaire qui favorise les performances économiques et environnementales, renforçant ainsi la compétitivité et la durabilité de l’agriculture européenne.

L’adoption du mandat de négociation témoigne d’une forte volonté politique de moderniser la réglementation de l’UE en fonction des progrès scientifiques.

Alors que le Conseil et le Parlement européen progressent dans leurs négociations, Farm Europe exhorte les deux institutions à avancer rapidement et de manière constructive vers un accord final. Tout retard sur ce dossier vital entraverait la capacité de l’UE à tirer parti des innovations de pointe en matière de sélection végétale pour relever les défis de la sécurité alimentaire mondiale et atteindre les objectifs environnementaux.

Nous encourageons les négociateurs à finaliser un accord sans délai, en veillant à ce que les agriculteurs européens puissent bénéficier du plein potentiel des NGT, en rejetant les exigences d’étiquetage inutiles pour les catégories NGT1 et en suivant une approche raisonnable qui n’entrave pas la recherche lorsqu’il s’agit de breveter.

Pas de Clean Industrial Deal sans une agriculture européenne renforcée

Aujourd’hui, la Commission européenne a adopté son Clean Industrial Deal. En présentant la feuille de route et les principales initiatives politiques à suivre, le vice-président exécutif, Stéphane Séjourné, a résumé l’ambition comme étant la nécessité de faire plus et mieux, et de créer un véritable plan d’affaires, tout en soulignant la volonté de se concentrer sur le « Made in Europe ». Ce nouvel élan politique est un pas bienvenu et clair dans la bonne direction pour la Commission européenne. Il devra être le premier jalon avant d’autres initiatives ambitieuses pour véritablement concilier compétitivité et transitions.

Le rôle de l’agriculture doit être souligné dans ce contexte : il n’y aura pas de Clean Industrial Deal Made-in-Europe sans davantage et mieux de produits agricoles. Que ce soit pour les énergies renouvelables, les produits chimiques (y compris les bioplastiques), les textiles ou les biomatériaux pour les bâtiments, une grande part des matières premières devra provenir de l’agriculture.

Le rôle de la biomasse agricole doit être davantage souligné et pleinement intégré dans la future stratégie de la bioéconomie. Dès lors, l’Europe doit rechercher une intensification durable, en d’autres termes, produire plus et mieux. Les chaînes de valeur agricoles de la bioéconomie sont stratégiques si l’Europe souhaite construire une économie carbone neutre, souveraine, efficace et abordable.

C’est pourquoi Farm Europe appelle la Commission européenne :

• À intégrer davantage ses stratégies agricoles et industrielles pour libérer le potentiel de contribution des agriculteurs à la bioéconomie sans obstacles inutiles. Par exemple, le plafond de culture des biocarburants devrait être augmenté, les limitations dans la taxonomie levées et des incitations supplémentaires créées pour d’autres secteurs de la bioéconomie allant au-delà des objectifs traditionnels afin de véritablement créer des opportunités de marchés ;

À renforcer ses mécanismes de contrôle et de certification pour stopper la concurrence déloyale des produits importés et établir des chaînes de valeur durables et robustes. Actuellement, les pratiques frauduleuses de labellisation, de certification et le manque de contrôles nuisent au développement des bioproduits Made-in-Europe. A titre d’exemple, la crédibilité de l’annexe IX A des biocarburants nécessite des actions urgentes de la Commission européenne.

L’absence de clarté sur le budget trouble la vision sur l’agriculture et l’alimentation

La vision pour l’agriculture et l’alimentation présentée, aujourd’hui, par le Commissaire européen à l’agriculture et à l’alimentation, Christophe Hansen, entend montrer que le désarroi des agriculteurs, qui a culminé dans une vive protestation il y a un an, a été bien entendu à Bruxelles. Toutefois, la traduction concrète dans les faits de ce message politique renouvelé reste un point d’interrogation. Et ce d’autant plus au regard des idées initiales inquiétantes lancées par la Commission européenne en matière de Cadre Financier Pluriannuel et de budget de la PAC. 

La vision met l’accent sur les agriculteurs en tant qu’entrepreneurs, sur la nécessité de privilégier les incitations plutôt que les contraintes et sur l’enjeu stratégique pour l’Europe de construire une véritable souveraineté agricole à travers un objectif de production réhabilité, en lien direct avec les impératifs de durabilité, de lutte contre le changement climatique et d’innovation. Autant d’orientations bienvenues, proposées depuis plusieurs années par Farm Europe. 

L’accent mis sur la dimension extérieure, avec la volonté affichée de la Commission européenne d’assurer la « réciprocité » et un « alignement normatif » entre les produits importés et ceux produits au sein même de l’UE constitue également une avancée. La vigilance sera de mise quant aux mesures concrètes à venir, qui ne devraient pas saper les standards de production communautaires actuels, étant donné les efforts considérables réalisés par les agriculteurs européens pour s’y conformer. 

Que la Commission reconnaisse le rôle essentiel de l’élevage et l’annonce d’une future stratégie pour ce secteur est un pas dans la bonne direction, même si ce travail devrait se faire dans le cadre d’un groupe de haut niveau, pour éviter les approches top-down. 

De même, l’approche est renouvelée en matière de produits phytosanitaires avec le principe selon lequel les interdictions d’utilisation devraient être considérées seulement en présence d’alternatives. L’inflexion est tangible, et doit aller de pair avec une accélération en matière de NGTs et de produits de biocontrôle. 

Enfin, le document met l’accent sur l’alimentation, reconnaissant l’importance de la transparence envers les consommateurs, à travers l’étiquetage du pays d’origine des aliments, et le renforcement du lien entre l’alimentation, territoire, saisonnalité et traditions locales. L’alerte en ce qui concerne les aliments ultra-transformés est bienvenue, dès lors qu’elle fait écho aux nombreuses études scientifiques sur leurs impacts délétères sur la santé.

Des points d’inquiétudes importants

Toutefois, ce document d’orientation soulève également des points d’inquiétudes forts. Pour développer un cap clair, l’UE doit être en mesure d’afficher noir sur blanc la nécessité d’accroître de façon durable la production pour répondre aux défis de la souveraineté agricole. Il s’agit là d’un double enjeu : se repositionner au niveau géopolitique en matière de sécurité alimentaire interne et externe et se donner l’autonomie stratégique suffisante pour déployer de façon autonome sa bioéconomie et atteindre ses objectifs de décarbonation.

De plus, dans un contexte d’inquiétude fort de la part des agriculteurs un signal quant au budget de la PAC fait défaut. Renforcer l’autonomie stratégique agricole de l’UE appelle à mettre un terme à des décennies de réduction de la voilure de la PAC. Un engagement à compenser l’impact de l’inflation qui, sur la période 2021-2027 a amené à une perte de plus de 85 milliards d’euros est nécessaire. 

À ce titre, les doutes quant aux intentions liées au ciblage « sur ceux qui en ont le plus besoin » sont réels : la formule a été régulièrement utilisée comme un euphémisme pour faire primer les contraintes budgétaires sur toute vision concrète pour l’avenir des fermes européennes. 

Les aides de la PAC représentent plus de 50 % du revenu des agriculteurs, voire plus de 70 % pour certains États membres. À titre d’exemple, une dégressivité de 10 % à partir de 16 hectares ne permettrait de dégager que 3,2 milliards d’euros de paiement redistributif. Mais un tel outil aurait un effet délétère sur un très grand nombre de structures clés pour la production européenne, notamment dans les zones déjà fragilisées, où les exploitations ont été contraintes de s’agrandir ou de se regrouper pour mieux maîtriser les coûts, compenser la faiblesse des rendements et des prix agricoles.

NOS PRIORITÉS CLÉS PRÉSENTÉES À M. OLIVÉR VÁRHELYI, COMMISSAIRE A LA SANTÉ ET AU BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX

Après avoir rencontré hier le commissaire à l’agriculture et à l’alimentation, Christophe Hansen, Luc Vernet, secrétaire général de Farm Europe, et Paolo Di Stefano, directeur exécutif de Eat Europe, ont rencontré aujourd’hui le commissaire à la santé et au bien-être animal, Olivér Várhelyi.

Ils ont discuté de l’ouverture d’une collaboration en vue d’élaborer un nouvel agenda pour l’agriculture et l’alimentation.

« Au début de ce nouveau mandat politique, nous demandons instamment à l’UE de ralentir les processus qui ont été lancés ou relancés sans soutien scientifique, tels que les étiquettes alarmistes, la taxation punitive du vin ou l’approbation de nouveaux produits cultivés en laboratoire sur la base d’une règlementation inadéquate. Dans le même temps, nous devons accélérer les initiatives réellement nécessaires, y compris les innovations telles que les NGT pour améliorer la durabilité et la productivité, ainsi que les mesures de biocontrôle qui fournissent aux agriculteurs – avec une approche plus réaliste des PPP – des outils efficaces pour protéger leurs investissements contre les risques posés par les parasites et les maladies. En outre, nous devons donner la priorité à la protection des consommateurs, notamment par une approche claire des dénominations des viandes et la fourniture d’informations transparentes aux consommateurs« .

Cette réunion a également été l’occasion de présenter la feuille de route sur l’agriculture et l’alimentation élaborée par Farm Europe, qui contient également des propositions pour les futures politiques en matière de nutrition et de santé.

Elle a également marqué le début d’un dialogue constructif sur l’avenir des politiques en matière de bien-être animal, qui doivent être alignées sur la compétitivité du secteur de l’élevage de l’UE, tant en Europe que dans le monde.

Dans notre feuille de route pour l’agriculture et l’alimentation, nous insistons sur les points suivants concernant les politiques de nutrition et de santé :

  • L’Union européenne doit maintenir ses normes élevées en matière de santé humaine et de qualité de sa chaîne d’approvisionnement alimentaire, à commencer par les normes sanitaires strictes en vigueur dans les exploitations agricoles. Ces normes doivent également s’appliquer aux produits importés. Les contrôles sur les importations doivent être renforcés et les règles de certification doivent être plus robustes.
  • Le plan protéines pour l’Europe ne doit pas entrer en collision avec le secteur de l’élevage, mais au contraire s’appuyer sur la complémentarité entre l’agriculture et l’élevage. Ce plan devrait s’abstenir de promouvoir des narratifs faisant la promotion d’alternatives végétales ou de produits synthétiques. Ces dernières années, certains acteurs à forte intensité capitalistique, soutenus par des groupes de pression, ont cherché à promouvoir la production de protéines synthétiques comme un avantage soi-disant incontestable en termes de durabilité pour remplacer les protéines animales (par exemple, les protéines laitières, la viande). Il est nécessaire de mener un débat complet, fondé sur des preuves, en tenant compte des aspects éthiques et environnementaux, plutôt que de s’appuyer sur des déclarations simplistes basées sur des données scientifiques peu concluantes.

En ce qui concerne les maladies non transmissibles et le plan cancer européen, la nécessité de répondre aux préoccupations réelles et scientifiquement fondées a été soulignée. L’UE devrait se concentrer sur le problème réel de l’augmentation de la consommation de produits ultra-transformés – une question notablement absente de ces stratégies clés de l’UE – plutôt que de saper notamment le secteur vitivinicole par une approche punitive qui ignore les comportements de consommation et les avantages scientifiquement prouvés pour la santé.

BUDGET DE L’UE : L’AGRICULTURE A BESOIN DE CLARTÉ ET D’AMBITION

Alors que la Commission européenne a adopté sa première étape avant la négociation du prochain budget de l’UE, Farm Europe souligne la nécessité d’ancrer la négociation sur des faits et des chiffres clairs. C’est pourquoi Farm Europe publie aujourd’hui un aperçu des principaux facteurs et chiffres en jeu pour garantir un soutien fort à l’agriculture en tant que secteur stratégique pour l’Europe.

LES TROIS DÉFIS DES NÉGOCIATIONS SUR LE BUDGET DE L’UE

L’inflation, l’élargissement à l’Ukraine, la capacité ou non de reconstruire une vision commune et la volonté de surmonter ensemble les défis mondiaux seront quelques-uns des principaux moteurs des prochaines négociations sur le cadre financier pluriannuel.

  • Sans indexation sur l’inflation pour la période 2028-34 – et en supposant une inflation modeste de 2 % par an – la valeur économique de la PAC en 2034 serait réduite de plus de moitié (-54 %) par rapport à sa valeur en 2020. Ceci appelle à une indexation du prochain budget de la PAC.
  • La proposition initiale de la Commission en faveur d’un fonds unique transférerait une plus grande responsabilité aux États membres, avec un risque évident de renationalisation de la plupart des politiques de l’UE, de perte de l’approche commune et du marché intérieur. Cette approche sapant la dimension commune, et faisant courir le risque de perte de fonds dédiés à la PAC, doit être rejetée.
  • En tant que membre de l’UE, l’Ukraine pourrait prétendre à environ 20 % du budget de la PAC et à une part substantielle du budget alloué à la politique de cohésion.

Ces facteurs appellent à un nouvel élan dans les négociations budgétaires au niveau de l’UE, avec la nécessité de canaliser de nouvelles capacités financières au niveau de l’UE. L’Europe devrait être en mesure de relever de nouveaux défis, tout en renforçant sa capacité à réaliser une véritable ambition agricole, ce qui nécessite des investissements substantiels. Le caractère commun de la PAC ne doit pas être remis en cause.

Plan cancer : une approche différente du vin est nécessaire, les «produits ultra-transformés» manquent

Farm Europe et Eat Europe expriment leur profonde inquiétude quant à la récente proposition présentée dans le document de travail des services de la Commission publié le 4 février 2025, en préparation de la révision du Plan européen de lutte contre le cancer.

Dans une lettre adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, nous avons souligné notre engagement à soutenir les politiques qui promeuvent des modes de vie plus sains, des régimes alimentaires équilibrés et des pratiques agricoles durables.

Nous reconnaissons le besoin urgent d’une action efficace contre le cancer et les maladies non transmissibles (MNT) dans toute l’Europe. Toutefois, nous nous opposons fermement aux mesures susceptibles de saper les efforts des producteurs européens et leur rôle dans la fourniture d’une alimentation durable et de qualité.

Notre principale préoccupation porte sur le traitement du secteur du vin comme équivalent à toutes les boissons alcoolisées, ce qui ne reconnaît pas les distinctions essentielles en termes de modes de consommation, de composition des produits, et les avantages pour la santé, scientifiquement prouvés, d’une consommation modérée de vin.

Le vin n’est pas seulement un produit agricole, mais aussi un symbole de la culture, de la tradition et de l’identité européennes. Le secteur vitivinicole, profondément lié au travail de millions d’agriculteurs à travers l’UE, est confronté à des défis uniques, en particulier compte tenu des tensions commerciales actuelles qui affectent le secteur.

L’inclusion potentielle dans la proposition d’avertissements sanitaires trompeurs et d’une taxation injustifiée du vin porterait un préjudice supplémentaire à un secteur déjà confronté à des défis géopolitiques.

En outre, le document du personnel de la Commission européenne néglige les préoccupations croissantes concernant la consommation de produits ultra-transformés, qui est une question très urgente pour la santé publique.

Nous demandons à la Commission européenne de porter son attention sur ces aliments ultra-transformés et de repenser les mesures proposées pour le vin.

Nous demandons à la Commission européenne de reconsidérer son approche et de s’engager dans un dialogue constructif afin de protéger à la fois la santé publique et le patrimoine agricole de l’Europe.

Farm Europe et Eat Europe restent fermes sur leur engagement à défendre le secteur vitivinicole européen et son rôle vital dans l’économie, la culture et l’identité agricole de l’Europe.

Créer un réseau européen d’observatoires coordonnés pour le suivi de l’agrobiodiversité

Depuis 2022, Farm Europe participe activement au projet BioMonitor4CAP, financé par le programme de recherche et d’innovation Horizon Europe, aux côtés de vingt-deux organisations partenaires (experts environnementaux, agronomes, data scientists, etc.) provenant de dix pays européens et du Pérou.

L’un des principaux objectifs du projet BioMonitor4CAP est d’identifier et de cartographier les observatoires, institutions et réseaux pertinents qui collectent des données et des indicateurs dans ce domaine. En centralisant ces ressources, le projet vise à faciliter l’accès à ces informations précieuses, favorisant ainsi une meilleure collaboration et compréhension dans ce secteur. Par conséquent, l’équipe du projet est en recherche constante d’institutions collectant des données sur l’agrobiodiversité. Plus de 500 institutions ont déjà été identifiées, détenant potentiellement des données sur l’agro-biodiversité en Europe.

Êtes-vous intéressé à contribuer à notre base de données sur l’agrobiodiversité ? Nous vous invitons à contacter l’équipe de BioMonitor4CAP à cette adresse e-mail : biomonitor4cap(at)irwirpan.waw.pl.

Après le vin, un groupe de haut niveau sur l’élevage durable est nécessaire

Les recommandations adoptées en début de semaine par le groupe de haut niveau de l’UE sur le vin mettent en évidence les avantages tangibles d’une approche multipartite, comme l’a souligné Farm Europe dès le début de ce processus. Rassembler les différents acteurs de la chaîne de valeur, avec une vision claire et une stratégie concrète permet de soutenir la durabilité économique des secteurs stratégiques de l’UE et de tracer la voie à suivre.

Une compréhension approfondie des défis – qu’ils soient structurels, climatiques ou liés aux attentes des citoyens – est essentielle pour élaborer des recommandations politiques et des propositions législatives efficaces. Ce résultat important pour le secteur viticole devrait inspirer la création d’un cadre de travail similaire pour le secteur de l’élevage également, même si les défis et les solutions sont différents.

Compte tenu des résultats positifs et concrets du GHN sur le vin, ainsi que de l’engagement politique du Parlement européen à favoriser un débat transparent et non idéologique sur le secteur de l’élevage – illustré par la création de l’intergroupe dédié du Parlement européen, Farm Europe et Eat Europe estiment qu’il est temps pour la Commission européenne de lancer un processus similaire pour le secteur de l’élevage.

Comme le montrent les travaux de Farm Europe, le secteur de l’élevage se trouve à un carrefour critique. Pour relever ses défis, nous devons adopter une approche scientifique et factuelle, en nous concentrant à la fois sur sa durabilité économique et sur le discours public qui l’entoure. Il s’agit notamment de présenter, de manière objective, non seulement les défis environnementaux, mais aussi les contributions positives du secteur :

– Son rôle dans la bioéconomie et l’économie circulaire, la qualité des sols : le fumier et les sous-produits produits des ruminants sont transformés en un modèle positif et vertueux de bioéconomie sous forme d’énergie (biogaz, biométhane, biodiesel), ou d’engrais organique (digestat, RENURE). Quatre-vingt pour cent de l’eau utilisée dans le cycle de production d’une vache retourne à la terre, améliorant ainsi la qualité du sol en l’enrichissant en matière organique, pour ne citer que quelques exemples ;

– La vitalité des campagnes et des régions isolées qui, sans un secteur de l’élevage solide et rentable, seraient abandonnées avec des conséquences dramatiques sur l’environnement (érosion, fertilité des sols, etc.) et l’économie de ces régions ;

– la production d’aliments de qualité et nutritifs, essentiels à une alimentation équilibrée.

Il est temps pour l’Europe de dynamiser son secteur animal pour en exploiter tout le potentiel, en rejetant les stratégies qui conduiraient à le remplacer par des protéines importées de moindre qualité ou par des protéines cultivées en laboratoire, déconnectées des cycles naturels. La finalisation de l’accord UE/Mercosur suscite des doutes quant aux double-standards suivis par la Commission européenne.

À l’heure où les producteurs sont confrontés à d’importants défis, il est essentiel de développer une stratégie renouvelée et partagée largement par le secteur, soutenu par tous les niveaux de gouvernement, de l’UE aux autorités régionales et locales. Le modèle d’élevage de l’UE doit rester économiquement viable tout en s’adaptant aux exigences sociétales et environnementales croissantes. Des questions essentielles, telles que la santé, la biodiversité, les incidences sur le climat et l’environnement, le potentiel économique et le tissu social lié aux activités d’élevage, doivent être abordées de manière cohérente et intégrée.

Ces éléments devraient être pleinement intégrés dans la stratégie européenne visant à assurer un avenir durable à l’élevage européen, en commençant par la création d’un groupe d’experts de haut niveau.

Aides d’État à l’agriculture : plus de 18 milliards d’euros depuis 2021

Dans le cadre des réflexions sur la PAC et la gestion des crises, Farm Europe a analysé les aides d’État accordées au secteur agricole depuis le début de la période budgétaire.

Sur la période 2021-2024, les États membres ont alloué plus de 18 milliards d’euros d’aides d’États au secteur agricole, ce qui représente pas moins de 11% des aides totales du 1er pilier de la PAC — une proportion qui monte à 14 % si l’on se concentre uniquement sur la période 2021-2023.

Les volumes d’aides accordés varient considérablement entre les États membres, révélant une “Europe à trois vitesses”.

Les Pays-Bas ont de loin le plus soutenu leur agriculture, tant en montant absolu que relativement aux aides directes ou à la valeur de la production agricole nationale. Sur la période étudiée, les aides atteignent 101 % du premier pilier reçu par les agriculteurs néerlandais pour près de 3 milliards d’euros. Le Danemark, la Grèce, la Hongrie, la République Tchèque et la Slovaquie ont aussi octroyé des fonds substantiels, allant de 20 à 43% de leurs aides directes respectives. Sur la période 2021-2022, l’Espagne a distribué un équivalent de 28% de son premier pilier. Enfin, si les sommes totales distribuées par l’Italie, la France et l’Allemagne restent conséquentes, ces États ont limité leur soutien entre 5 et 10% de leurs aides directes respectives, soit un niveau inférieur à la moyenne européenne.

En moyenne, les aides d’État n’ont compensé que partiellement (70%) la perte de la valeur réelle des aides du 1er pilier de la PAC découlant de leur non-indexation sur l’inflation. Toutefois, la situation varie considérablement d’un État membre à l’autre :

  • Quatre pays ont surcompensé la baisse, apportant aux agriculteurs des liquidités pouvant dynamiser la capacité d’investissement. C’est le cas en particulier des Pays-Bas qui se démarquent nettement avec un soutien 8 fois supérieurs à la baisse liée à l’inflation. La Pologne et l’Espagne (1,4 fois), ainsi que la Grèce (1,3 fois), suivent. 
  • Les autres États ayant le plus soutenu leur agriculture ont compensé la baisse entre 50 et 75%. 
  • Enfin certains pays, rappelons-le, ont versé peu d’aide d’État à leur agriculture (Lettonie, Estonie, Irlande, Roumanie, Belgique, Luxembourg, Bulgarie et Portugal).

Vous trouverez dans nos travaux une analyse plus détaillée du sujet, ainsi qu’une infographie permettant de visualiser la situation dans chacun des pays de l’union européenne, sur la période et par année. 

UE / Ukraine : analyse des principales productions végétales agricoles

Dans le cadre du processus entamé d’élargissement de l’Union Européenne à l’Ukraine, Farm Europe a analysé à la fois le poids et la compétitivité comparée des principales filières végétales de l’Ukraine par rapport à celles de l’Union Européenne.

Le différentiel de compétitivité s’affiche entre 19 et 39% selon les filières, l’essentiel tenant à des facteurs structurels. A celle-ce doit s’ajouter la compétitivité « carbone » conférée par la richesse naturelle des sols exploités.

Alors que les étapes et conditions d’adhésion vont être à dessiner et que les programmes de pré-adhésion seront définis et lancés, il nous parait important que des données objectives puissent être la base (ou contribuer) à définir la feuille de route de l’Union Européenne, sans oeillères ni faux-fuyants.

Ukraine & Union européenne : chiffres clés des principales productions végétales agricoles 

En 2022, la surface agricole utile ukrainienne s’étendait sur 41,3 millions d’hectares, dont 32,7 millions d’hectares de terres arables (Service national des statistiques d’Ukraine (SSSU)). Cette surface agricole fait de l’Ukraine le plus grand pays agricole du continent européen. 45 % de la surface du pays est composée de sols riches en humus, particulièrement fertiles, appelés tchernozioms “riches”.

Marqué par son passé communiste, le secteur agricole ukrainien est caractérisé par 110 énormes entreprises agricoles intégrées verticalement, appelées agro-holdings, qui contrôlent tout ou partie de la chaîne de production (culture-élevage, transformation, commerce). Celles-ci ont un objectif de rentabilité des capitaux investis, et investissent pour cela dans des équipements de pointe, de grandes dimensions, ainsi que dans l’utilisation des intrants. Vingt d’entre elles détiendraient 14 % de la Surface Agricole Utile (SAU) ukrainienne. 57 % de la SAU est exploitée par des entreprises agricoles de plus de 1 000 ha. L’agriculture joue un rôle économique majeur pour le pays, représentant 10,9 % du PIB en 2021 et près de 14,7 % de l’emploi. 

Sucre

Le secteur sucrier ukrainien est caractérisé par un schéma d’organisation et de compétitivité très différent de celui européen : les agro-holdings, énormes exploitations intégrées verticalement, exploitent 93 % de la surface betteravière. La surface moyenne cultivée est de 23 700 ha, soit 1 763 fois plus qu’ en Union européenne.

L’Ukraine dispose d’un coût de la main d’œuvre et de coûts d’investissements bien moindres. De plus, la présence de sols fertiles permet une utilisation plus faible d’intrants pour les cultures : jusqu’à 1,5 fois moins de fertilisants qu’en Union européenne.

L‘ouverture du marché européen à l‘Ukraine s‘est traduite par un afflux de sucres qui a entraîné une augmentation des stocks européens. Les exportations de sucre de l’Ukraine vers l’Europe ont augmenté de 230% entre 2022 et 2023, avec une capacité annoncée d’exportation sur l’UE de 800 000 T à 1 MT. La mise en place de mesures de sauvegarde limite désormais les exportations, pour le temps de leur application.

Analyse détaillée pour la filière sucre

Céréales

La production céréalière n‘est pas autant dominée par les grosses structures agricoles que la filière sucrière: 51 % de la production est réalisée par des structures de moins de 1 000 ha. A noter toutefois que 22% de la production est réalisée par des entreprises de plus de 3 000 ha. 

Si l’Ukraine venait à entrer dans l’Union européenne, le pays représenterait 20 % de la production céréalière européenne, soit 49 % de la production de maïs et 15 % de la production de blé.
Les coûts de production céréaliers ukrainiens sont en moyenne 30 % moins chers que ceux européens. 

Pour ces raisons, les importations de céréales depuis l’Ukraine ont doublé entre 2019/21 et 2023. L’Union européenne est devenue un pilier du soutien à l’économie ukrainienne, représentant 51 % des exportations de blé en 2023, contre 30% en 2021.

Analyse détaillée pour la filière céréales

Tournesol

Si 58 % de la production est réalisée par des structures de moins de 1000 ha, les entreprises de plus de 3000 ha représentent toutefois 17 % de la production. En 2023, la production ukrainienne seule était supérieure à l’ensemble de la production de l’UE. Ainsi, si l’Ukraine venait à entrer dans l’Union européenne, le pays deviendrait le premier producteur européen de graines, mais également d’huile de tournesol.

L’Ukraine est le premier fournisseur en huile de tournesol de l’UE depuis déjà une dizaine d’années. L’ouverture du marché européen à l’Ukraine n’a pas eu d’impact significatif sur les flux d’huile de tournesol en provenance d’Ukraine.

Analyse détaillée pour la filière tournesol

Colza

Les structures de moins de 1000 ha réalisent 73 % de la production de graines de colza, mais la production d’huile est dominée par 5 entreprises responsables de 92 % en 2021.
En 2020, le coût de production de colza ukrainien était en moyenne 1,5 fois moins cher que le coût de production français.

Par rapport à la moyenne 2018-2021, les productions ukrainiennes de graines et d’huile de colza ont augmenté de 57% et 174%. Parallèlement, les exportations ont augmenté de 37% et de 170% respectivement. Si l’Ukraine venait à entrer dans l’Union européenne, elle deviendrait le premier producteur de colza au sein de l’UE et représenterait 24 % de la production de graines et 4% de la production d’huile et de tourteaux.

L’UE était déjà le premier importateur des produits issus de colza d’Ukraine avant la guerre.Toutefois, les importations de graines ont augmenté et l’UE reçoit désormais 93% des exportations ukrainiennes de graines, contre 83% en 2020/21.

Analyse détaillée pour la filière colza

(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)