Les mois d’été ont été riches au niveau international pour les politiques alimentaires : en juillet, le pré-sommet des Nations Unies sur le système alimentaire s’est tenu à Rome, où la société civile, les entreprises du secteur privé, les décideurs et d’autres parties prenantes se sont rencontrés pour discuter des questions de transformation des systèmes […]
Les travaux
UNE POLITIQUE DE PROMOTION 2021 DE LA COMMISSION ÉTONNAMMENT DESEQUILIBREE
La politique de promotion agroalimentaire de l’UE est un outil très important pour développer les ventes et accroître la pénétration des marchés internationaux.
À l’heure actuelle, marquée par les effets négatifs de la crise Covid dans certains secteurs clés et par l’incertitude quant aux perspectives d’avenir, les agriculteurs sont encore plus dépendants de l’impulsion que les programmes de promotion apportent aux ventes de produits agroalimentaires.
Il est donc surprenant que la Commission ait l’intention de réserver une part importante des fonds disponibles pour promouvoir essentiellement les produits biologiques. La Commission a indiqué à la commission AGRI du Parlement européen que 50 % des fonds seraient réservés pour contribuer aux objectifs de la stratégie « Farm-to-Fork », et pour promouvoir les produits biologiques en premier lieu.
Farm Europe voit deux problèmes fondamentaux dans cette approche.
Premièrement, étant donné que la production biologique représente près de 10 % de la valeur totale de la production agricole, quelle est la justification de tripler sa part dans le programme de promotion au détriment de la majorité des agriculteurs ? Les produits agroalimentaires de l’UE sont sains et reconnus comme étant de qualité supérieure dans le monde entier, pourquoi faire une discrimination à l’encontre de la plupart des producteurs dans l’attribution des fonds de promotion ? La promotion des produits biologiques dans l’UE, sans lien avec l’accroissement possible des productions européennes, va stimuler les importations de produits étiquetés comme biologiques, en provenance d’une multitude de pays tiers.
Deuxièmement, la position adoptée par la Commission soulève un problème institutionnel sérieux dans la mesure où la Commission impose ses propositions (Green Deal, Farm-to-Fork) avant qu’elles ne soient approuvées par les colégislateurs – le Parlement européen et le Conseil. Le règlement de base sur la promotion a été adopté par les colégislateurs, de même que l’allocation des fonds de la PAC. Pour quelles raisons la Commission introduit-elle un biais dans ce programme pour se conformer à ses propres propositions non adoptées ?
Malheureusement, cela semble une tendance se répétant : la Commission a en effet également indiqué qu’elle avait l’intention d’imposer ses stratégies « Green Deal », « Farm-to-Fork » et « Biodiversité » comme critères d’approbation des plans stratégiques de la PAC, avant qu’elles ne soient inscrites dans le droit communautaire.
La Commission souligne également qu’il convient de réexaminer la promotion des boissons alcoolisées et de la viande rouge. Comment et sur quelle base scientifique ? D’importants segments des secteurs du vin et de la viande ont été particulièrement touchés par la crise Covid, ils devraient donc figurer en bonne place dans le programme de promotion 2021, et non l’inverse.
Les défauts de la politique de promotion 2021 de la Commission devraient être corrigés afin de respecter ses objectifs fondamentaux, sans discrimination à l’encontre de la majorité des producteurs et sans outrepasser les pouvoirs institutionnels dévolus aux services de la Commission.