Forum 2025 : L’urgence d’un plan de relance de la production agricole européenne

Posted on

A l’occasion du Global Food Forum qui s’ouvre 12 mai, marquant ses 10 ans, Farm Europe dévoilera la mise à jour de son radar de durabilité et de souveraineté des systèmes alimentaires de l’UE et présentera un nouvel indicateur, montrant l’érosion des bastions traditionnels de l’agriculture européenne — les grandes cultures et l’élevage. Cette tendance est associée à une dégradation des indicateurs sociaux-économiques et à une poursuite de l’amélioration des indicateurs environnementaux. Le Forum, qui réunit plus de 150 responsables politiques et économiques de l’agriculture européenne, travaillera sur des pistes d’actions concrètes pour « relancer le moteur de croissance durable de l’agriculture européenne », et répondre aux besoins de plus en plus marqués en produits agricoles, tant à l’échelle européenne que dans le monde. L’analyse des besoins alimentaires et non alimentaires, réalisée par Farm Europe, anticipe une croissance nécessaire de la production agricole européenne de 13% d’ici à 2030 et de 25% d’ici à 2050 pour jeter les bases d’une réelle autonomie stratégique du Continent. 

Le radar du durabilité et souveraineté long terme est un outil d’analyse qui met en valeur les dynamiques en cours et la santé du secteur agricole et alimentaire de l’Union européenne à travers 12 indicateurs dynamiques et 12 indicateurs de situation. 

Il fait apparaître que l’Union européenne reste une puissance agricole, avec une balance solide pour l’alimentation humaine, tant en produits végétaux qu’animaux. De plus, les transitions environnementales sont largement engagées avec une dynamique positive des indicateurs environnementaux, tant sur le plan des usages de produits phytosanitaires les plus virulents que des émissions. 

Toutefois, les points noirs restent les indicateurs sociaux économiques de l’agriculture européenne, avec des revenus en berne, ainsi qu’une politique restrictive limitant la capacité de l’agriculture européenne à répondre à la demande en alimentation animale et en matière première pour la bioéconomie. 

UNE DEGRADATION DES POINTS FORTS HISTORIQUES

Au-delà des méga-trends, le nouvel indicateur, dévoilé à l’occasion du Global Food Forum, fait apparaître les dynamiques récentes. Il met en lumière une dégradation rapide des indicateurs de souveraineté agricole sur les postes traditionnellement forts de l’Union européenne : les céréales et la viande. De même, les indicateurs sociaux-économiques poursuivent leur chute avec une accélération de la restructuration en cours et des revenus agricoles en berne, malgré la légère hausse du budget des ménages consacrés à l’alimentation. 

Sur le plan environnemental, les indicateurs confirment leur progression. Les émissions à la production refluent, le changement de structure des ventes de produits phytosanitaires se prolonge. L’amélioration de la qualité de l’eau se poursuit, mais ce défi est remplacé par celui de la disponibilité. En revanche, le recul de l’élevage provoque une perte des prairies et un dégagement du stock de carbone associé. La contribution à la bioéconomie est contrastée avec une dynamique positive en matière de biogaz, mais une pression forte des importations sur la production européenne de bioénergie, mettant à mal l’autonomie stratégique de l’UE en la matière. 

Ces tendances sont étroitement liées aux dynamiques géopolitiques mondiales, aux défis du changement climatiques, aux évolutions structurelles en cours dans le secteur agricole, mais aussi aux choix politiques réalisés ces dernières années par l’Union européenne. Redresser ces indicateurs est pourtant une urgence. Selon l’analyse de Farm Europe, l’Union européenne devra augmenter de 13% sa production d’ici à 2030 et de 25% d’ici à 2050 pour répondre aux besoins d’une économie décarbonée. 

Ces dernières années ont été marquées par un reflux de l’investissement public à l’échelle de l’Union européenne, avec la baisse de 85 milliards d’EUR des financements de la Politique agricole commune au cours de la période 2021-2027 en valeur réelle comparée à 2020, le choc inflationniste n’ayant été compensé que très partiellement à l’échelle nationale, et ce, de façon très disparate d’un Etat membre de l’UE à l’autre, certains pays restant sur le bord du chemin. 

Dans ce contexte, Farm Europe appelle à un réel plan de relance de l’agriculture européenne, par la mobilisation de moyens budgétaires nécessaire et la mise en cohérence de l’ensemble des politiques de l’UE ayant un impact sur l’agriculture pour amorcer une intensification durable de la production.