Proposition de budget PAC 2021-2027 : une baisse totale de -8% des aides

Proposition de budget PAC 2021-2027 

Une baisse totale de – 8% des aides (1er & 2nd pilier et plan de relance)

Avec -31 milliards € : Une proposition suggérant aux filières agricoles de se débrouiller

par elles-mêmes

 

Bruxelles, le 27 mai 2020

 

La présidente Ursula von der Leyen a présenté ce jour ses propositions de budget européen remanié pour la période 2021-2027 et de plan de relance de l’économie de l’Union Européenne.

La somme des annonces est substantielle et impose d’analyser dans le détail les orientations que la Commission européenne propose pour l’agriculture européenne et le développement des zones rurales.

Une semaine en amont, la même commission adoptait les stratégies Farm to Fork et biodiversité soulignant l’importance de la sécurité alimentaire de l’Union Européenne, le rôle central des agriculteurs européens, tout en demandant aux co-législateurs de faire leurs un ensemble de mesures nouvelles qui aboutiraient, à PAC constante, à une réduction d’au moins 15% de la production agricole européenne et une décroissance tant agricole que rurale.

Pour relever les défis qu’elle a dessinés, la Commission propose aujourd’hui un budget PAC 2021-2027 de 374,958 milliards d’euros courants et une dotation au titre de la relance économique de 16,483 milliards €.

Un tel budget PAC est-il à la hauteur des promesses annoncées et des besoins des filières agricoles et zones rurales européennes ?

Premier constat : en ce qui concerne le budget PAC (hors enveloppe de relance), la Commission ne fait que maintenir sa proposition de février dernier d’un budget PAC à peine étale en euros courants (maintien du 1er pilier, baisse de 6% du 2nd pilier) et en baisse drastique de 12% en euros constants, donc en valeur réelle pour les acteurs économiques agricoles et ruraux.

Second constat : l’abondement du second pilier (développement rural) de 16,483 milliards € sur la période au titre de la relance économique – s’il permet de présenter un budget total en hausse en euros courants – est très loin de compenser les coupes budgétaires effectuées en euros constants.

Au total, exprimés en euros 2018, la proposition de la commission de budget PAC 2021-27 avec l’enveloppe dite de « relance économique » s’affiche à 352,145 milliards Euros2018, contre 383,6 milliards Euros2018 pour la PAC 2014-2020.

La Commission propose donc une coupe sévère de 31 milliards € de moins d’aides sur la période, concentrée sur les aides du 1er pilier de la PAC.

Cette proposition budgétaire n’offre pas de perspective réelle à un secteur économique secoué par la crise, dont la capacité à continuer à produire et prendre soin des espaces ruraux est pourtant vitale mais sur lequel la Commission envisage de mettre des contraintes supplémentaires sans lui donner, in fine, la capacité d’investir massivement pour les techniques et itinéraires de double performance économique et environnementale.

Au final, moins d’aides, plus d’exigences et de contraintes suggérées aboutissant à moins de revenus et de capacité à investir dans le futur. Le grand écart est manifeste et peu crédible.

Aujourd’hui, il revient au Conseil Européen et au Parlement européen de remettre de la cohérence et de donner les moyens aux filières européennes de remplir les missions d’approvisionnement des marchés en quantité et qualité et de gestion durable de notre patrimoine écologique.

 

Publication des stratégies F2F et Biodiversité

La Commission européenne a publié aujourd’hui sa stratégie pour la biodiversité à l’horizon 2030 et sa stratégie «de la ferme à la fourchette». Dans le cadre du Green Deal, ceux-ci sont présentés comme une feuille de route pour de nouvelles initiatives sur la préservation et la protection de la biodiversité et sur la mise en place d’un système alimentaire équitable, sain et respectueux de l’environnement.

Farm Europe salue la contribution à une réflexion stratégique sur l’avenir des systèmes agricoles et alimentaires pour l’UE. De fait, les politiques de l’UE doivent contribuer à renforcer à la fois la protection de l’environnement, la lutte contre le changement climatique, la situation économique des agriculteurs et garantir la sécurité alimentaire.

Ces communications de la Commission contiennent des éléments positifs, reconnaissant notamment la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire, la qualité des aliments européens, la situation économique difficile des agriculteurs, la nécessité de mieux définir les futures mesures eco-schemes, de soutenir l’agriculture numérique et la production de biométhane en Europe, pour en nommer quelques-uns.

Cependant, ces deux stratégies laissent ouvert un certain nombre de questions sur la cohérence globale de ce qui est proposé.

La semaine dernière, la commissaire Kyriakides a déclaré que de meilleures données étaient nécessaires pour décider de l’identification et de la quantification de ces objectifs de réduction. Cependant, des réductions importantes de l’usage des pesticides et des engrais ainsi qu’une diminution des terres agricoles en production sont proposées.

Faire ces propositions sans fournir d’analyse d’impact semble incompréhensible.

La Commission se doit d’abord de démontrer que ses propositions n’entraîneront pas une charge économique supplémentaire pour les agriculteurs ni n’induiront une diminution de la production agricole de l’UE, ce qui serait loin de l’objectif d’accroître la sécurité alimentaire européenne et de stimuler la croissance dans l’UE et de ses zones rurales.

Aujourd’hui, au-delà des propos avancés sur la sécurité alimentaire, l’amélioration de la durabilité environnementale et économique des filières et territoires agricoles, il est donc nécessaire d’analyser la valeur ajoutée que les mesures proposées pourraient apporter à l’Union européenne.

Or, les deux stratégies proposées combinées, si elles sont mises en œuvre telles quelles, entraîneraient avant tout une réduction de 15% de la production agricole de l’UE et une forte baisse de la sécurité alimentaire de l’UE.

En outre, les nouvelles exigences envisagées pour les secteurs agricoles européens contrastent fortement avec une position faible sur le chapitre des importations, où un meilleur étiquetage est suggéré. Les agriculteurs de l’UE seront donc confrontés à des conditions encore moins équitables, étant tenus de respecter des conditions environnementales plus strictes et coûteuses auxquelles leurs concurrents ne seraient pas soumis.

Enfin, certaines incohérences doivent être corrigées concernant la relation entre la stratégie de la ferme à la fourchette et la réforme de la politique agricole commune (PAC).

Comme l’a déclaré le vice-président Timmermans, un niveau élevé de protection de l’environnement et d’intégration des politiques environnementales peut être combiné avec un niveau de développement économique et de croissance tout aussi élevé.

Il est grand temps que l’UE veille à ce que cela devienne réalité, en premier lieu par des stratégies européennes ambitieuses, responsables et équilibrées.

 

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Premières analyses des mesures proposées par la CE :

– Les stratégies proposées soulignent la nécessité d’investissements innovants dans les systèmes agroalimentaires de l’UE mais restent malheureusement vagues sur le soutien qui serait apporté, sans un mot sur la nécessité de disposer d’une boîte à outils plus efficace pour mieux faire face aux risques et aux crises climatiques et de marché. Après la pandémie de COVID-19 et son impact économique sur le secteur, le besoin d’outils supplémentaires de gestion des risques et des crises est évident.

– Dans le même temps, elles proposent des mesures restrictives très précises à mettre en œuvre d’ici 2030 sur l’utilisation des intrants, sur la part des terres agricoles à laisser improductives (10% avec une localisation à déterminer par les États membres – malgré l’importance environnementale d’assurer une présence homogène des SIE-) et sur la part des terres agricoles de l’UE en agriculture biologique (25%), tout en faisant un lien confus entre l’impact économique et environnemental de l’agro-écologie et de l’agriculture biologique.

– En ce qui concerne la production de protéines dans l’UE, l’Union Européenne mérite mieux que des vœux pieux. La Commission devrait s’engager à proposer des moyens concrets et efficaces et reconnaître que le seul outil efficace au cours des dernières décennies pour augmenter cette production a été le développement de biocarburants d’origine européenne.

 

En ce qui concerne le lien entre les deux stratégies proposées et la réforme de la PAC, une interrogation émerge sur la manière dont la Commission définirait les objectifs de réduction pour les États membres tout en tenant compte de leurs différences et des réalités agricoles.

Comment la Commission obligerait-elle les États membres à respecter ses objectifs dans les plans stratégiques élaborés en 2022 sans base juridique fixant les objectifs de réduction des pesticides et des engrais, cette base étant liée pour la Commission à une révision de la directive afférente qui sera proposée en 2022?

Se pose également le problème de la cohérence entre :

  • le projet de réforme de la PAC qui prétend confier aux États membres la tâche de définir 27 stratégies nationales différentes de mise en œuvre de la PAC,
  • et l’objectif de la Commission de renforcer son pouvoir, de définir des orientations pour chaque État membre et de transformer les exigences qu’elle propose dans ces deux stratégies en conditions d’approbation des plans stratégiques nationaux de la PAC.

Conseil Agri-Pêche informel : plaidoyer pour un second paquet de mesures exceptionnelles

Guidées par la ministre croate de l’agriculture, Marija Vučković, les délégations ont procédé à un échange de vues sur les mesures déjà prises pour contrer l’impact du virus ainsi que sur les actions futures possibles aux niveaux national et européen. Les ministres européens de l’agriculture et de la pêche ont demandé à la Commission européenne de présenter un deuxième paquet de mesures de marché exceptionnelles pour atténuer l’impact du COVID- 19 sur les secteurs de l’agroalimentaire et de la pêche. Et ils ont été divisés sur l’activation de la réserve de crise agricole.

Au cours du débat « informel », un certain nombre de délégations – AT, LV, LT, LU, PL, CZ, SK, CY, PT, BG, FR, IT, BE, HU, RO et IE – ont déclaré que des ressources financières supplémentaires étaient nécessaires pour activer l’aide au stockage privé et d’autres mesures pour les secteurs les plus touchés tels que la volaille, la viande porcine, les pommes de terre, le vin, l’horticulture ornementale et le veau (les Pays-Bas, l’Italie, la France et la Belgique étant particulièrement véhéments sur ce dernier point, soutenus par IE). Le secrétaire d’État hongrois, Zsolt Feldman, a également plaidé en faveur de l’extension des produits éligibles au titre du PSA au lait UHT (ainsi qu’à la volaille et à la viande porcine), tandis que le ministre chypriote Costas Kadis a fait spécifiquement référence à l’extension des mesures de l’OCM à d’autres secteurs tels que la viande porcine, la volaille et les œufs.

 

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Mesures et impacts liés à la crise du Covid-19 : l’UE doit faire plus

Pressée par le Parlement européen et les ministres des Etats membres, la Commission européenne a annoncé le 22 avril un paquet de mesures exceptionnelles pour intervenir sur les marchés, en complément des mesures techniques et administratives adoptées.

Alors que les actes délégués pour l’application de ces mesures sont en cours d’élaboration, la Commission Agriculture du Parlement européen, se faisant l’échos des secteurs agricoles les plus sévèrement atteints par la crise, pointe l’insuffisance des flexibilités accordées et des 76 millions d’euros débloqués, et appelle instamment la Commission européenne à revenir avec des mesures et financements complémentaire et déclencher la réserve de crise si besoin.

Les stratégies « de la ferme à la fourchette” et “biodiversité” devraient être présentées le 20 mai. Mais un report au 29 mai semble se profiler, alors que la proposition de Cadre Financier Pluri annuel révisé à elle été reportée au 13 mai.

 

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Négociations pour le budget de l’UE : les coupes au budget de la PAC inchangées ?

Le mois d’avril fut marqué par :

  • Au niveau du Parlement européen, les députés ont réitéré leur appel à l’accroissement du Cadre Financier Pluriannuel et la ComAgri a spécifiquement exprimé son opposition à toute réduction du budget de la PAC.
  • Au niveau de la Commission européenne, la présentation du CFP révisé et incluant un plan de relance de l’économie, initialement prévue le 6 mai, a été reportée au 13. Le CFP à proprement parlé semble avoir laissé les propositions de réduction budgétaire de la PAC inchangées (cf. évaluation par FE du programme de relance de l’UE, courriel du 30 avril).
  • Depuis lors, le Commissaire a recherché le soutien et les orientations d’un membre clé du Parlement européen pour intercéder en faveur de la PAC auprès de la Présidente de la Commission afin de « relever substantiellement » le budget prévu.

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NOUVELLES TECHNIQUES DE SELECTION : rapport de l’USDA sur les NBT’s au R-U

Ce mois d’avril aura vu plusieurs études, rapports, interviews concernant les nouvelles technologies de sélection variétales être publiés.
Côté américain, l’USDA a sorti un rapport sur la biotechnologie au Royaume-Uni estimant qu’à court terme, il est peu probable que le Royaume-Uni change sa législation, du fait de la proximité avec l’UE.

Par ailleurs, une étude sortie aux Pays-Bas affirme que, si elles sont bien ciblées, les nouvelles technologies génétiques et l’agroécologie peuvent se renforcer mutuellement pour rendre l’agriculture plus durable.
En Norvège, une enquête concernant le rapport qu’entretiennent les Norvégiens avec l’édition génétique montre qu’une majorité des consommateurs sont prêts à utiliser des outils d’édition de gènes dans l’agriculture s’ils apportent des avantages sociaux, économiques et environnementaux.

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Secteur vitivinicole : des mesures exceptionnelles à renforcer absolument

L’actualité vitivinicole continue d’être marquée en ce mois d’avril 2020 par la pandémie Covid-19. Diverses associations, organisations professionnelles vitivinicoles (Fédérations des coopératives viticoles IT, FR, ESP, CEVI, EFOW) ont demandé durant ce mois d’avril l’aide de l’Union européenne suite au choc que subit le secteur du vin suite à la pandémie Covid-19.

Au niveau européen, la Commission européenne, le 22 avril a adopté un paquet de mesures exceptionnelles notamment pour aider le secteur du vin. Le 30 avril, devant la Comagri, le Commissaire à l’agriculture a reconnu l’insuffisance des mesures proposées face à la crise, sans pour autant en présenter de nouvelles.

Cette même institution annonce des chiffres à la baisse quant à la consommation de vin dans les mois qui viennent.

Enfin, au niveau mondial, selon l’OIV, de faibles volumes sont attendus pour 2020 dans la majorité des pays de l’hémsiphère sud, à l’exception de l’Afrique du Sud et de l’Uruguay, suite aux premières estimations de production.

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LES ÉTATS-UNIS LANCENT UN TROISIÈME NIVEAU DE SOUTIEN À L’AGRICULTURE DANS LE CADRE DU COVID-19

Les lecteurs pourraient penser qu’ils ont déjà tout lu à ce sujet, mais le fait est qu’aux États-Unis, un nouveau paquet de soutien pour aider l’agriculture à faire face à la crise de Covid-19 a été lancé cette semaine. Ce paquet est le troisième depuis le début de la crise et vient s’additionner à ceux –conséquents – déjà connus.

Ce paquet consiste en un montant supplémentaire de 470 millions de dollars pour l’achat de produits de base, financé par les recettes douanières. La part la plus importante va aux produits laitiers, avec une allocation de 120 millions de dollars. Les pommes de terre, la dinde, le poulet, le porc, viennent ensuite dans une longue liste qui comprend une variété de fruits et quelques produits de la pêche.

Il est intéressant de rappeler l’ampleur du soutien dont les agriculteurs américains ont bénéficié jusqu’à présent pour faire face à la crise du Covid-19. Tout d’abord, les principaux programmes de soutien ont été augmentés de 14 milliards de dollars. Ensuite, une enveloppe de 19 milliards de dollars comprenant 16 milliards de paiements directs et 3 milliards d’achats de produits de base. Et enfin, ce dernier paquet de cette semaine, d’un montant de 470 millions de dollars. Au total, un montant stupéfiant de 33,47 milliards de dollars, soit un peu plus de 30 milliards d’euros.

Dans l’UE ? Le paquet de soutien spécifique Covid-19 annoncé pour l’agriculture est estimé à un montant de 80 millions d’euros.

La comparaison du soutien Covid-19 par agriculteur et par hectare aux États-Unis et dans l’UE, en euros, est éloquente :

  • EUA : 15 415 € par agriculteur ; 73 € par hectare
  • UE : 8 € par agriculteur ; 0,5 € par hectare