Biotechnologies et alimentation : La santé des citoyens et la science doivent primer

En revenant sur des positions antérieures qui visaient principalement à accélérer les procédures d’autorisation des aliments issus des biotechnologies — en particulier les produits cultivés en laboratoire ou obtenus par fermentation de précision — les députés européens ont désormais validé des principes clés : les normes élevées de l’UE en matière de sécurité alimentaire et de protection des consommateurs doivent être maintenues ; les impacts sur la durabilité et la circularité doivent être évalués ; et l’innovation alimentaire doit tenir compte des dimensions sociales, éthiques, économiques, environnementales et culturelles.

Nous nous félicitons également de l’alignement du Parlement européen sur la position que nous défendons de longue date, et qui a été clairement réaffirmée par le Conseil AGRIFISH de l’UE en janvier 2024 : pour protéger la santé des citoyens, toute demande d’autorisation biotechnologique de ce type doit faire l’objet d’un examen rigoureux avant d’être autorisée ou mise sur le marché européen. Cela inclut l’exigence d’études cliniques et précliniques.

Cette position est pleinement cohérente avec la lettre que nous avons adressée il y a plusieurs mois à la Commission européenne, dans laquelle nous remettions en question la pertinence du Règlement actuel sur les « nouveaux aliments ». Nous y appelions à envisager des révisions futures permettant de mieux aligner l’évaluation de la sécurité des aliments cultivés en laboratoire sur celle des médicaments — notamment en y intégrant des études précliniques et cliniques comme critères de sécurité essentiels. Nous avons également exhorté la Commission à assurer une meilleure cohérence avec la législation sur les OGM et à traiter les implications éthiques de ces technologies.

Très large consensus sur la nécessaire protection des dénominations de viande

Les ministres européens de l’agriculture ont adressé aujourd’hui un message très clair à la Commission européenne sur la nécessité de protéger de toute urgence les dénominations des viandes. La demande, présentée par la République tchèque, visant à demander à la Commission européenne une proposition législative pour protéger les dénominations des denrées alimentaires d’origine animale, a été largement soutenue par 18 États membres (CZ, IT, FR, HU, AT, SK, ES, RO, MT, IE, CY, LT, BG, EL, PT, LU, HR et BE), sans aucune voix s’élevant contre.

Cette position collective des ministres envoie un signal fort aux négociateurs avant les discussions en trilogue sur l’Organisation Commune des Marchés, et en particulier à la future présidence danoise de l’UE, qui devra tenir compte lors des négociations de cette demande largement soutenue par la plupart des ministres .

Farm Europe et Eat Europe se félicitent fortement de cette demande qui répond à la nécessité urgente de mettre fin à la discrimination entre la viande et les substituts et imitations de viande et d’assurer une protection efficace des consommateurs de l’UE. Aujourd’hui, en matière de viande, il existe des règles très strictes sur ce que doivent contenir, par exemple, le « steak haché » ou l’« escalope hachée » français : au moins 99 % de viande et moins de 1 % de sel ! Il s’agit d’un produit peu transformé, composé principalement d’un seul ingrédient.

Nous appelons donc la Commission européenne à répondre à l’appel des ministres de l’Agriculture et à intervenir le plus rapidement possible pour mettre de l’ordre dans les rayons et sur le marché intérieur. Tous ceux qui souhaitent soutenir cette initiative peuvent soutenir notre campagne « Les mots comptent » en suivant le QR Code ci-dessous :

SPG : la clause de sauvegarde automatique sur le riz doit être défendue

À l’approche des négociations finales en trilogue, Farm Europe et Eat Europe, aux côtés des organisations agricoles représentant les producteurs de riz des principaux pays producteurs de l’UE (Italie, Espagne, Portugal, Grèce, France et Roumanie), adressent un message clair aux institutions européennes : rejeter toute tentative d’affaiblir le concept de clause de sauvegarde automatique prévu à l’article 29 du règlement sur le Système de Préférences Généralisées (SPG).

Des mécanismes de sauvegarde automatiques, rapides et efficaces doivent être la norme dans tout accord commercial conclu par l’Union européenne, afin de garantir la compétitivité des agriculteurs européens et des conditions équitables respectant les normes de durabilité économique, environnementale et sociale. C’est le seul outil véritablement efficace pour protéger la production rizicole.

La proposition actuellement en circulation – inacceptable pour les producteurs de riz – prévoit un déclenchement automatique d’un mécanisme de surveillance, et non de la clause de sauvegarde. De plus, elle introduit des critères qui retardent considérablement le processus et risquent de fournir un prétexte pour ne pas suspendre les tarifs préférentiels.

À l’inverse, nous appelons à ce que le pourcentage de référence soit fixé à 6 %, si la méthode de calcul devait être modifiée, en utilisant le total des importations de l’UE comme dénominateur, et non uniquement celles provenant des pays SPG. Nous demandons également des délais stricts pour la surveillance et la vérification, avec le pourcentage comme unique paramètre à évaluer, ainsi que la suppression du paragraphe 2 de l’article 31.

Le secteur ne considère que deux alternatives viables si ces propositions ne sont pas retenues : revenir au mandat de négociation initial du Parlement européen ou suspendre le trilogue.

Les producteurs de riz européens ne peuvent plus faire face à des hausses d’importations comme celles des dernières années : lors de la dernière campagne de commercialisation, les agriculteurs européens ont été confrontés à une véritable invasion de riz asiatique exempté de droits de douane. À la date du 1er juin 2025, les importations en provenance du Cambodge et du Myanmar affichaient déjà une hausse de 13 % par rapport à la même période de l’année précédente, avec une augmentation de 40 % pour le seul riz Indica.

Au-delà des mécanismes de sauvegarde automatiques, le principe de réciprocité doit être pleinement appliqué dans tous les accords, afin de protéger non seulement la chaîne d’approvisionnement, mais aussi les consommateurs européens, face à des produits qui ne respectent pas les normes environnementales, sociales et de qualité en vigueur dans l’UE.

Protection des dénominations de viande : lettre à M. Várhelyi

Les mots comptent ! Farm Europe et Eat Europe ont adressé une lettre conjointe au Commissaire européen à la Santé et au Bien-être animal, Olivér Várhelyi, ainsi qu’au Commissaire européen à l’Agriculture et à l’Alimentation, Christophe Hansen, afin de réclamer des règles claires et harmonisées au niveau européen sur les dénominations de viande. En l’absence de telles règles, le droit des consommateurs à une information transparente sur leurs choix alimentaires se trouve compromis.

Alors que les dénominations liées aux produits laitiers bénéficient déjà d’une protection juridique au sein de l’UE, un même niveau de clarté doit être assuré pour les produits carnés. Le vide réglementaire actuel permet à des produits alternatifs à base de champignons, d’insectes, de composants cultivés en laboratoire, ou encore à base de plantes — souvent fortement transformés et contenant des substances chimiques — d’utiliser la terminologie traditionnelle de la viande, en imitant l’apparence, le goût et la texture des produits d’origine animale, malgré des différences notables en termes de profil nutritionnel. L’absence de protection juridique entraîne une confusion pour les consommateurs et une concurrence déloyale pour les éleveurs.

La question des dénominations de viande avait déjà été abordée lors de la dernière réforme de la Politique Agricole Commune (PAC). Malgré l’intérêt suscité, les discussions n’avaient pas abouti à des mesures concrètes à l’époque. La lettre adressée aux Commissaires, signée par les présidents de Farm Europe et Eat Europe, souligne la demande croissante de règles plus claires, afin d’éviter toute tromperie des consommateurs et de garantir que l’étiquetage reflète fidèlement la nature réelle des produits vendus. Les consommateurs méritent de la transparence et les producteurs un marché équitable.

Cette initiative intervient alors que le Parlement européen relance les discussions sur l’usage des termes liés à la viande pour les produits végétaux et les protéines alternatives. Le sujet a regagné en importance avec l’amendement récemment proposé par la députée européenne Céline Imart, visant à réserver exclusivement à la viande animale des appellations telles que « steak », « saucisse », « burger », et autres.

Le débat devrait se poursuivre dans les prochaines semaines, les amendements devant être discutés au Parlement européen le 30 juin. Farm Europe et Eat Europe estiment que ce moment est opportun pour soutenir notre appel à l’action, et encouragent les institutions européennes à prendre des initiatives claires en faveur d’un cadre législatif global sur les dénominations carnées, dans l’intérêt des consommateurs comme des agriculteurs.Cette action s’inscrit dans la continuité de l’Appel à l’Action « Words matter » (Les mots comptent), lancé par Farm Europe en octobre 2024. Pour en savoir plus et soutenir cette initiative : https://www.farm-europe.eu/fr/actualite-farm-europe/ce-qui-est-vrai-pour-le-lait-doit-letre-pour-la-viande/

L’UE face une véritable invasion de riz asiatique exempt de droits de douane

Les organisations de pays producteurs demandent instamment le respect du mandat de négociation du Parlement européen en vue d’un éventuel trilogue final.

À l’approche des négociations du trilogue final, Farm Europe appelle les institutions européennes à défendre la clause de sauvegarde automatique prévue à l’article 29 du règlement sur le système de préférences généralisées (SPG). Des mécanismes de sauvegarde automatiques, rapides et efficaces devraient être la norme dans tout accord commercial conclu par l’UE, afin de garantir la compétitivité des agriculteurs européens et des conditions de concurrence équitables qui respectent les normes de durabilité économique, environnementale et sociale. C’est le seul outil efficace pour protéger la production de riz

Au cours de la dernière campagne de commercialisation, les agriculteurs européens ont été confrontés à une véritable invasion de riz asiatique à droits nuls, les importations en provenance du Cambodge et du Myanmar ayant déjà augmenté de 13 % au 1er juin 2025 par rapport à la même période de l’année précédente, et de 40 % pour le seul riz Indica.

Les organisations des principaux pays producteurs européens soulignent que toute solution alternative n’impliquant pas une suspension automatique des tarifs préférentiels ne protégerait pas le secteur. Par conséquent, l’inclusion de la clause de sauvegarde automatique doit être considérée comme une condition non négociable pour la conclusion de l’accord de trilogue.  Concrètement, nous demandons l’activation automatique de la clause de sauvegarde lorsque les volumes d’importation dépassent un seuil de référence préétabli, afin d’éviter ce qui s’apparenterait à des pratiques de dumping préjudiciables aux agriculteurs européens – par le biais d’afflux incontrôlés de produits étrangers en l’absence de mécanismes de défense. Rappelons qu’aujourd’hui, plus de 60 % du riz importé en Europe bénéficie de droits de douane réduits.

Au-delà des mécanismes de sauvegarde automatiques, l’application du principe de réciprocité doit être pleinement mise en œuvre dans tous les accords, afin de protéger non seulement la chaîne d’approvisionnement, mais aussi les consommateurs européens, contre les produits qui sont bien en deçà des normes environnementales, sociales et de qualité de l’UE. Par exemple, les rizières de plusieurs pays d’Asie et du Mercosur utilisent encore du tricyclazole, un puissant pesticide interdit dans l’UE. La récente tentative de la Commission européenne d’augmenter la limite maximale de résidus (LMR) pour le tricyclazole dans le riz de 0,01 à 0,09 mg/kg a heureusement été évitée.

Stratégie eau: les besoins en l’eau pour l’agriculture pas assurés

Le 4 juin, la Commission européenne a présenté sa Stratégie pour la Résilience de l’Eau, poursuivant un triple objectif : restaurer et protéger le cycle de l’eau, construire une économie sobre en eau, et garantir un accès à une eau propre et abordable ainsi qu’à des services d’assainissement pour tous.

Cette stratégie constitue un outil essentiel pour protéger les ressources en eau de l’UE et préserver la production agricole et la sécurité alimentaire dans les années à venir. Il est en effet fondamental de reconnaître que les agriculteurs européens ne « consomment » pas simplement de l’eau, mais qu’ils produisent de manière durable des aliments pour tous — ce qu’ils ne pourront plus faire s’ils n’ont pas accès à une quantité suffisante d’eau de bonne qualité.

Aujourd’hui, il est clair que nous devons produire davantage au niveau européen pour répondre à la demande croissante, tant mondiale qu’interne, non seulement à des fins alimentaires, mais aussi pour développer le secteur de la bioéconomie grâce à l’approvisionnement en biomasse et en bioénergie. Farm Europe estime notamment que atteindre les objectifs climatiques de l’UE à l’horizon 2030 nécessitera une augmentation de 13 % de la production agricole, qui devra passer à 25 % d’ici 2050.

Si la stratégie met justement l’accent sur la réduction de la consommation d’eau, l’amélioration de l’efficacité et la protection de la qualité de l’eau, elle manque toutefois d’un équilibre clair en matière de soutien concret à la production agricole et à la sécurité alimentaire, dans un contexte de changement climatique et d’investissements nécessaires en matière d’atténuation et d’adaptation.

En résumé, la stratégie manque de propositions concrètes sur l’usage de l’eau dans les différents secteurs. La Commission adopte une approche trop prudente vis-à-vis des infrastructures de stockage de l’eau, alors même qu’il est urgent de garantir l’accès à cette ressource et de mieux anticiper les aléas climatiques extrêmes. Elle insiste sur la priorité à donner aux solutions fondées sur la nature et n’apporte qu’un soutien conditionnel aux réservoirs artificiels, en précisant que leur mise en œuvre nécessite « une attention particulière ainsi qu’une planification et une coordination rigoureuses, de nombreux secteurs économiques ayant des besoins en eau différenciés au fil de l’année ». La Commission appelle également à réaliser des évaluations environnementales approfondies avant la construction de nouveaux barrages. Cette prudence traduit une réticence à engager les investissements à l’échelle nécessaire pour offrir aux agriculteurs visibilité et stabilité face à des conditions climatiques de plus en plus instables. Plus préoccupant encore, aucun projet de stockage d’eau financé par l’UE n’est annoncé pour améliorer la disponibilité de cette ressource pour l’agriculture. À l’inverse, un plan d’investissement européen dans le stockage d’eau permettrait de réduire la pression sur le budget de la PAC, déjà amputé de 54 % pour la période 2021-2027 en raison de l’inflation, en dissociant les investissements dans les infrastructures des fonds de la PAC et des Plans Stratégiques Nationaux.

Le principe « Water Efficiency First » constitue l’un des piliers de l’approche de la Commission, avec un objectif non contraignant d’amélioration de l’efficacité de l’eau d’au moins 10 % d’ici 2030 — ce qui implique en réalité un objectif de réduction des prélèvements. Toutefois, malgré les appels du Parlement européen, aucun objectif sectoriel n’est défini pour garantir une répartition équitable et réaliste des efforts entre les différents secteurs. Si l’amélioration de l’efficacité de la gestion de l’eau est essentielle dans tous les États membres, les agriculteurs ont avant tout besoin d’un accès fiable à l’eau pour maintenir leurs rendements et répondre à la demande croissante en biomasse.

Concernant la gestion de l’eau, dans sa communication, la Commission encourage les États membres à utiliser au maximum les pratiques agricoles résilientes. Nous partageons cette ambition, mais soulignons que tous les agriculteurs doivent être mis en capacité de le faire : l’autorisation des nouvelles techniques génomiques (NGT) doit être accélérée, plusieurs variétés de cultures prometteuses étant presque prêtes et susceptibles d’apporter des rendements supérieurs tout en réduisant les besoins en intrants et en eau. De même, l’agriculture de précision et numérique, la gestion des effluents d’élevage, et la circularité des nutriments issus d’une production animale durable doivent être encouragées et valorisées.

Sur le volet financier, la Commission présente plusieurs instruments prometteurs, tels que le programme « EIB Water » et le « Water Resilience Investment Accelerator ». Néanmoins, aucune garantie claire n’est donnée quant aux bénéfices concrets que ces outils apporteront au secteur agricole. Sans financement dédié pour les infrastructures hydrauliques et l’adaptation au changement climatique au niveau des exploitations, la stratégie risque de laisser les agriculteurs démunis et insuffisamment accompagnés.

Enfin, la stratégie propose un cadre environnemental ambitieux, mais elle reste insuffisante pour assurer la souveraineté agricole de l’Europe et sa productivité dans un climat en pleine mutation.