Dans un monde volatile, quelle PAC pour une agriculture résiliente ?

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Dans le cadre du Salon de l’Agriculture, TV AGRI, Groupama et Farm Europe animent une série de débat sur « quelle ambition pour la PAC 2020 ». Vous pouvez retrouver les débats sur le site évènement Ambition PAC 2020 avec nos invités Michel DANTIN, Député européen ; François SCHMITT, Président délégué de Groupama ; Paola GROSSI, Directrice générale Anascodi ; Yves MADRE,  Farm Europe.

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Les risques qui pèsent sur les exploitations agricoles se multiplient.

Le changement climatique rend les aléas météorologiques et sanitaires plus fréquents et plus violents. L’ouverture au monde offre de nouveaux débouchés. Mais elle expose également le secteur à des risques globaux, renforcés par la réduction des capacités d’interventions publiques sur les marchés agricoles.

La volatilité est devenue la nouvelle norme.

Les filières céréalières sont confrontées à une amplitude des prix de près de 90%. Et les filières animales ne sont pas en reste avec des variations de 50 à 60%.

Pas moins de 20% des agriculteurs enregistrent chaque année des pertes de revenus supérieures à 30% en Europe.

Face à cette réalité nouvelle, la PAC doit repenser ses outils de gestion des risques et de gestion des crises. La construction d’une palette d’outils complémentaires et cohérents les uns avec les autres est un enjeu central des réflexions sur la PAC post-2020.

Le Parlement européen vient d’obtenir un nouveau cadre pour les mécanismes de gestion des risques depuis le 1er janvier 2018. Les paramètres de déclenchement des outils communautaires de gestion des aléas climatiques, sanitaires et de marché ont été renforcés.

Ainsi, les mécanismes d’assurance peuvent, dès aujourd’hui, avec un soutien renforcé à 70% provenant des programmes de développement rural nationaux, se déclencher dès lors que les pertes sont de plus de 20% de pertes. Ce soutien renforcé concerne aussi les fonds de mutualisation tant sanitaires qu’économiques.

Plusieurs pays européens ont annoncé leur intention de faire de la gestion des risques un axe majeur pour l’avenir. L’enjeux de la sécurisation du revenu agricole est essentiel pour relancer l’investissement et permettre la transition de l’agriculture vers des modèles plus durables tant sur le plan environnemental qu’économique.

La gestion des risques qui est du ressort de décisions individuelles des agriculteurs ou de filière ne doit pas éluder la responsabilité des pouvoirs publics en matière de gestion des crises. Si les mécanismes d’assurance ou de mutualisation peuvent gérer les risques courants, la gestion des crises d’ampleur doit rester une prérogative forte des pouvoirs publics à l’échelle européenne.

La réserve de crise de 400 millions d’euros par an créée en 2013 a montré ses limites : financée par le prélèvement d’une partie des paiements directs, et remboursée annuellement, elle n’a jamais été déclenchée, malgré la grave crise laitière de 2015-2016.

De plus, toute décision sur l’utilisation des marges budgétaires européennes pour intervenir en temps de crise agricole est enlisée dans des débats interminables sur la nécessité de nuancer telle ou telle priorité plutôt que telle autre, alors que l’agriculture dispose déjà d’un budget spécifique.

Il est donc temps de disposer, au plan européen, d’une capacité de réaction rapide, dotée d’un budget, permettant de mener des actions visant à corriger les déséquilibres grâce au marché.

À ce titre, le plan de réduction de la production laitière, déclenché en 2016 a montré l’efficacité d’une telle mesure tant sur le plan de la production que sur le plan de l’utilisation des deniers publics.