La diplomatie agricole et alimentaire exige un budget fort et pleinement dédié
Ettore Prandini, Président du Comité Stratégique de Farm Europe et Président de Coldiretti (Italie), s’est adressé aujourd’hui à la Commission de l’Agriculture du Parlement européen (COMAGRI) lors d’une audition consacrée à la révision de la politique de promotion de l’Union européenne pour les produits agricoles et agroalimentaires.
« La politique de promotion est l’un des instruments les plus stratégiques de l’Union européenne pour soutenir la compétitivité des agriculteurs et des producteurs agroalimentaires », a déclaré M. Prandini, « et pour garantir une présence forte et crédible sur les marchés internationaux, en particulier dans l’environnement géopolitique instable et en constante évolution que nous connaissons aujourd’hui. »
Lors de son intervention, M. Prandini a rappelé les défis auxquels sont confrontés les producteurs européens à la suite de la pandémie de Covid-19, ainsi que les difficultés rencontrées pour retrouver l’accès aux marchés – parfois temporairement fermés en raison de conflits, de crises diplomatiques ou de sanctions. Il a également souligné les nouvelles opportunités qui émergent sur les marchés mondiaux et régionaux, que l’UE doit saisir grâce à une stratégie de promotion plus efficace.
« L’UE dispose déjà d’un outil puissant avec cette politique », a-t-il poursuivi, « mais ces dernières années, nous avons assisté à une réduction préoccupante des fonds qui y sont alloués : d’environ 200 millions d’euros en 2019 à 185,9 millions d’euros en 2024. »
Selon Farm Europe, renforcer cette politique revient à doter l’Europe d’un outil à la hauteur de ses ambitions mondiales — capable de promouvoir des normes élevées, de valoriser la qualité de la production européenne, d’accroître la compétitivité de la chaîne d’approvisionnement et de soutenir les indications géographiques, tant sur le marché intérieur qu’à l’étranger.
M. Prandini a également insisté sur l’importance d’initiatives très visibles de la part de la Commission européenne, telles que la participation à des salons internationaux et à des événements mondiaux majeurs. Il a rappelé le travail effectué lors de la législature précédente avec le Parlement européen pour rendre le programme plus efficace, inclusif et attractif pour l’ensemble des États membres.
« Nous ne pouvons pas accepter », a martelé M. Prandini, « que la révision de cette politique serve de prétexte pour pénaliser des secteurs clés du système agroalimentaire européen — comme la production animale ou le vin — sur la base de dogmes anti-scientifiques ou d’allégations non fondées concernant l’impact environnemental ou sanitaire. »
En ce qui concerne la mise en œuvre, Farm Europe a plaidé pour une plus grande flexibilité dans la gestion des programmes de promotion, notamment en ce qui concerne :
- la capacité à réagir aux changements géopolitiques ;
- la modification des marchés cibles en cours de programme ;
- la simplification de la phase de pré-projet.
Une préoccupation majeure soulevée concerne la concurrence déloyale et la contrefaçon.
« Selon l’EUIPO », a déclaré M. Prandini, « rien qu’en 2024, les contrefaçons de produits sous AOP et IGP détectées dans l’UE ont entraîné plus de 94 millions d’euros de pertes. Parallèlement, des pays comme l’Italie sont gravement touchés par le phénomène de l’‘Italian sounding’, qui dépasse les 120 milliards d’euros par an sur les marchés extérieurs à l’UE. Ces chiffres appellent une action urgente et déterminée. »
Enfin, M. Prandini a appelé à un rôle accru des délégations et ambassades de l’UE pour soutenir la promotion et l’internationalisation des entreprises agricoles européennes.
« Nous réaffirmons notre entière disponibilité pour travailler dans les mois à venir à l’amélioration de cet outil politique essentiel — un outil qui renforce non seulement la compétitivité des entreprises agroalimentaires européennes, mais qui protège aussi les citoyens en garantissant la qualité, la sécurité et la transparence des produits », a conclu M. Prandini.