Une alliance européenne pour le secteur rizicole : entre innovation et commerce international, place à la science et à la réciprocité

Posted on

« Le riz européen a urgemment besoin d’innovation afin de développer des variétés de plus en plus résistantes au changement climatique, ainsi que de mécanismes de sauvegarde automatiques capables de protéger la production européenne contre l’afflux massif de produits provenant de pays appliquant des normes environnementales et sociales insuffisantes. »

C’est le message porté par Farm Europe et Eat Europe lors d’un événement organisé au Parlement européen par l’eurodéputé Carlo Fidanza (ECR), en présence du ministre italien de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida, et de nombreux membres du Parlement européen — parmi lesquels les rapporteurs des dossiers SPG et NGT, Gabriel Mato, Daniele Polato et Pietro Fiocchi — consacré aux priorités du secteur rizicole européen en matière d’innovation et de commerce international.

Les événements des cinq dernières années ont profondément affecté le marché du riz dans l’Union européenne. Les producteurs ont dû faire face à une forte augmentation des coûts, conséquence du conflit Russie–Ukraine, ainsi qu’à des conditions climatiques extrêmes — de la sécheresse aux précipitations excessives — qui ont réduit les rendements et les surfaces cultivées. Parallèlement, la concurrence des pays tiers, notamment en Asie, ne cesse de croître : le non-respect des normes du travail et l’utilisation de produits phytosanitaires interdits en Europe leur permettent d’exporter du riz transformé à des prix qui, une fois convertis en riz paddy, sont plus de 50 % inférieurs aux coûts de production européens.

Les développements récents et le nombre croissant de notifications d’alerte sur le portail RASFF confirment l’importance de renforcer et de protéger la production rizicole européenne, de réduire la dépendance aux importations et de garantir aux citoyens un accès à des produits sûrs, tant en termes de disponibilité que de qualité.

Dans ce contexte, la nécessité d’introduire dans le règlement 978/2012 relatif au Système de préférences généralisées un mécanisme de sauvegarde automatique pleinement efficace pour protéger la production européenne — et évitant les seuils quantitatifs qui rendraient le dispositif inopérant — apparaît clairement. Comme le soulignent Farm Europe et Eat Europe, l’automaticité est essentielle : le système doit devenir un outil préventif de gestion des crises soutenant les riziculteurs européens. Le régime TSA représente un instrument important de soutien aux pays en développement, mais il est nécessaire de vérifier qui bénéficie réellement des concessions tarifaires et dans quelles conditions ces biens sont produits (travail des enfants, utilisation de pesticides interdits dans l’UE). À cela s’ajoute le cadre des accords bilatéraux, qui risque d’accroître encore davantage les importations de riz dans des conditions de concurrence déloyale — par exemple, le contingent de 60 000 tonnes à droit nul prévu par l’accord UE-Mercosur, qui ne comprend pas de sauvegardes adéquates.

La table ronde a également été l’occasion d’examiner le rôle de l’innovation dans l’avenir du secteur, et en particulier les nouvelles techniques génomiques (NGT). Le trilogue du 13 novembre devait clore le chapitre consacré à la durabilité, mais l’absence d’accord a renvoyé les discussions au niveau technique.

Alors que le Conseil et le Parlement européen poursuivent les négociations, Farm Europe et Eat Europe appellent les deux institutions à avancer rapidement et de manière constructive vers un accord final.

« De nouveaux retards compromettraient la capacité de l’UE à exploiter pleinement les innovations les plus avancées en matière d’amélioration variétale, essentielles pour assurer la sécurité alimentaire mondiale et atteindre les objectifs environnementaux », a conclu Luigi Scordamaglia, président d’Eat Europe. Le secteur rizicole, en particulier, constitue un domaine clé pour le développement et l’application de ces technologies de production innovantes.

Nous encourageons les négociateurs à conclure l’accord sans plus attendre, afin de permettre aux agriculteurs européens de bénéficier pleinement du potentiel des NGT, de rejeter les exigences d’étiquetage inutiles pour les catégories NGT1, et d’adopter une approche pragmatique en matière de brevets et de durabilité qui ne freine pas la recherche.