FARM TO FORK : DES NOUVELLES ÉTUDES DÉVOILENT LES EFFETS ÉCONOMIQUES DE LA STRATÉGIE

Une nouvelle étude de l’Université de Kiel, en Allemagne, tire une conclusion claire sur les effets de la stratégie Farm to Fork sur les secteurs agricole européens. Et alors que les États-Unis s’efforcent de créer une coalition pour s’opposer à la proposition de la Commission, le vice-président Timmermans a appelé les dirigeants mondiaux à s’inspirer de la même stratégie pour suivre les pas de l’UE en matière d’agriculture. En septembre, les commissions AGRI & ENVI du Parlement ont voté leur rapport sur la F2F, en adoptant l’ensemble des amendements, le dossier sera soumis à un vote en plénière du parlement européen fin octobre.  

note complète disponible sur l’espace Membres de FE

NOUVELLES TECHNIQUES DE SÉLECTION VARIÉTALE : LA COMMISSION OUVRE LA CONSULTATION PUBLIQUE

En septembre, la Commission européenne a ouvert une consultation publique demandant aux parties prenantes leur avis sur l’initiative législative visant à mettre à jour le cadre juridique actuel en matière de nouvelles techniques génomiques, suite à l’étude publiée en avril 2021. Au même moment, une lettre signée par plus de 50 organisations adressée à la Commission s’est opposée à son ouverture à ces technologies, arguant qu’avec cette action, la Commission mettrait en danger la santé des humains, des animaux et de l’environnement.

note complète disponible sur l’espace Membres de FE

Elevage dans l’UE : la résistance aux antimicrobiens fait débat

En septembre 2021, le Parlement européen a rejeté le projet de réserver cinq groupes spécifiques d’antibiotiques à une utilisation chez l’homme et de les interdire en grande partie chez les animaux. 

Les développements concernant la grippe aviaire et la peste porcine africaine sont toujours surveillés de près dans l’UE.

Au niveau des Etats membres, des stocks de porcs, une pénurie de CO2 et de travailleurs provoquent une crise du porc au Royaume-Uni, tandis que les Pays-Bas ont annoncé des plans radicaux pour réduire le cheptel et que l’Irlande n’exclut pas une limite pour un cheptel national.

note complète disponible sur l’espace Membres de FE

NOUVELLES VIN: LA RÉCOLTE LA PLUS FAIBLE

Au niveau de l’UE, des récoltes historiquement faibles sont prévues pour la France, l’Italie et l’Espagne à la suite des gelées printanières, de la grêle, des sécheresses et des maladies.

Au niveau espagnol, une éruption volcanique sur les îles Canaries menace les viticulteurs, la grêle affecte les vignobles espagnols continentaux et les incendies de forêt menacent les cultures de vin blanc en Grèce.

En Italie, le ministre de l’Agriculture Patuanelli hausse le ton dans le différend en cours entre le Prosecco et le « Prosek » croate.

Les exportations de champagne vers la Russie ont repris à la suite d’un différend sur le nom entre le “shampanskoye” russe et le champagne français protégé par le droit de l’UE.

note complète disponible sur l’espace Membres de FE

L’IMPACT DES STRATEGIE DE LA FERME À LA FOURCHE ET BIODIVERSITÉ – BEAUCOUP DE PEINE POUR PEU DE GAIN

Après avoir longtemps tergiversé, la Commission a finalement publié une étude sur l’impact de ses propositions de stratégie F2F et biodiversité sur le secteur agricole.

Les principaux engagements qui affectent directement le secteur agricole de l’UE comprennent la réduction de l’utilisation de pesticides chimiques de 50 % et d’engrais de 20 %, la définition d’au moins 10 % de la superficie agricole sous des caractéristiques paysagères à forte diversité et d’au moins 25 % sous un mode d’agriculture biologique.

Les résultats de l’analyse de la Commission de ses propositions sont sidérants : la production est réduite de 10 à 15 % dans les filières clés, céréales, oléagineux, viande bovine, vaches laitières ; de plus de 15 % dans le porc et la volaille, et de plus de 5 % dans les légumes et les cultures permanentes.

La position commerciale nette de l’UE se détériore (à l’exception des produits laitiers, une utilisation moindre pour l’alimentation animale et l’amélioration de la génétique compenseraient la forte baisse du cheptel laitier).

Les revenus s’effondrent, à l’exception des cultures maraîchères et permanentes, et du porc (du fait d’hypothèses de fortes hausses de prix qui seront analysées ci-après), avec une baisse moyenne de 2 500 à 5 000 € par exploitation (subventions comprises). Les plus pénalisés seraient les céréaliculteurs et les producteurs laitiers (-5 000 €), avec des baisses de revenus moindres pour les autres filières. Les revenus des fruits et légumes augmenteraient d’environ 2 500 €, et du porc jusqu’à 10 000 €.

La réduction des émissions de GES dans l’Union Européenne, de moins de 30 %, est en réalité réduite d’au moins de moitié, car l’UE augmente ses importations et donc le reste du monde augmente sa production.

Pour le dire avec concision, beaucoup de peine pour peu de gain.

Les résultats de l’étude sont similaires à l’évaluation d’impact réalisée par l’USDA-ERS qui a estimé que les propositions de la Commission réduiraient la production agricole de l’UE de 12 %, augmenteraient les prix de 17 %, réduiraient les exportations de 20 %, augmenteraient les importations de 2 %, réduiraient le revenu agricole brut de 16%, et augmenter le coût alimentaire annuel par habitant dans l’UE de 130 euros.

Farm Europe a également récemment publié une évaluation des propositions de la Commission montrant que la production connaîtrait une baisse importante et rapide, -12% pour le blé, -10% pour le maïs, -7% pour la betterave, -25% pour les oléagineux, -7% pour viande rouge, -4% pour le lait, -1% pour le porc, -3% pour la volaille. La conséquence estimée pour les exportations serait une baisse de 20 %, parallèlement à une augmentation significative des importations de protéines végétales (soja) pour faire face à la baisse de la production européenne d’oléagineux. Le résultat serait loin des incantations d’un plan protéines pour une plus grande autonomie de l’Union européenne et la lutte contre la déforestation importée. Les revenus agricoles chuteraient de plus de 8 %.

De fait, toutes les analyses publiées montrent des résultats similaires, laissant peu de doutes sur le fait que nous serions confrontés à une fort scénario de décroissance de l’agriculture dans l’UE due à des décisions politiques.

Dans son étude, la Commission s’efforce, en outre, d’atténuer les impacts négatifs de ses propositions. Un examen plus attentif des hypothèses qu’elle prend montre que l’impact serait très probablement encore plus sévère.

– Commençons par ce qui est laissé de côté dans l’analyse : la proposition de la Commission de planter 3 milliards d’arbres. Cela détournerait beaucoup de terres agricoles vers la foresterie : entre 1,5 et 2,7 millions d’ha, selon les espèces et les conditions écologiques.

– Viennent ensuite les hypothèses optimistes de l’étude. L’augmentation attendue des revenus des producteurs de porc dépend d’une hausse des prix du porc de plus de 40 %. Les exportations diminueraient quelque peu et les importations augmenteraient, mais loin d’être suffisantes pour freiner une augmentation aussi spectaculaire des prix.

Le mode de fonctionnement du modèle utilisé dans l’étude ne permet pas de saisir la dynamique réelle du commerce mondial, où les importations hors quotas ont lieu lorsque la différence entre les prix de l’UE et les prix mondiaux est si élevée qu’elles deviennent rentables malgré l’application des tarifs hors contingent.

De même, l’étude JRC prévoit des prix du bœuf qui devraient bondir de plus de 20 %, ce qui, dans le monde réel, induirait des importations supplémentaires importantes.

Ce problème est reconnu dans l’étude, sans toutefois conduire à ajuster les résultats : “Cela s’est vu avec l’ampleur des réactions de prix lorsque la production chute de manière significative (ie les activités de viande), conduisant à l’utilisation d’un modèle supplémentaire et au changement de certaines hypothèses de modélisation à des fins de comparabilité. Même lorsqu’on entreprend une analyse de sensibilité, les réactions des prix sont importantes et la réaction des marchés mondiaux est potentiellement trop rigide pour saisir leur capacité d’adaptation, en particulier à long terme“.

– l’étude ne saisit pas non plus l’impact probable du Brexit, qui réduira nos exportations vers un marché britannique ouvert aux pays tiers. Nos exportations de viandes, de produits laitiers et d’autres produits chuteront très probablement, ce qui déprimera à la fois la production de l’UE, les prix et les revenus des agriculteurs. N’oublions pas que le Royaume-Uni est un marché d’exportation de premier plan pour l’UE, nos pertes sur ce marché auront un impact énorme.

– Un autre domaine où les hypothèses de l’étude sont trop optimistes concerne l’adoption de technologies d’atténuation, comme l’agriculture de précision et les digesteurs anaérobies, clés pour réduire les émissions de GES. L’étude suppose que le plan européen de relance (2021 et 2022) pour le secteur réduirait les coûts d’investissement des technologies d’atténuation de 30%. Le montant pris en compte est en fait le double de ce qui a été décidé – 15 milliards contre 8,1 milliards d’euros. Supposer, comme le fait l’étude JRC, que 60 % de l’agriculture de l’UE utiliserait l’agriculture de précision en 2030 semble trop optimiste, d’autant plus avec des revenus des agriculteurs qui devraient baisser. Comment s’attendre à ce que les investissements augmentent autant et si rapidement alors que les agriculteurs seraient moins bien lotis qu’aujourd’hui ?

– Ces hypothèses ont à leur tour un impact significatif sur les réductions réelles de GES attendues. L’atténuation représente la moitié de toutes les réductions de GES, et l’agriculture de précision et d’autres technologies d’atténuation sont le deuxième contributeur le plus important.

Une analyse plus sobre et avec moins de contorsions de la Commission montrerait des baisses de production et de revenus encore plus importantes. L’impact commercial net serait pire et l’adoption de technologies d’atténuation plus modeste. Par conséquent, la réduction des émissions de GES serait plus faible et montrerait une fuite encore plus élevée car l’UE devrait importer davantage.

Encore plus de douleur pour des gains moindres.

Pour conclure, les propositions de la Commission sur la stratégie de la ferme à la fourchette et de la biodiversité entraîneraient une chute sans précédent de la production agricole de l’UE, une forte baisse des revenus des agriculteurs, une dégradation de la position commerciale nette du bloc et une augmentation des prix à la production qui augmenterait les prix des denrées alimentaires.

Les avantages environnementaux seraient très ténus, avalés par la pollution induite par la réduction de la production européenne car les importations de l’UE augmenteraient, entraînant des émissions de GES plus élevées dans le reste du monde.

La manière dont la Commission européenne envisage actuellement de mettre en œuvre les objectifs du Green Deal dans l’agriculture se traduirait in fine par un appauvrissement global du secteur et des zones rurales européennes, un affaiblissement de notre sécurité alimentaire et une inflation des prix à la consommation. Les filières agricoles seraient confrontées à une restructuration massive, avec l’abandon des terres les moins productives et une réduction drastique du nombre d’exploitations.

Il est difficile d’imaginer un cas pire. 

NUTRITION ET POLITIQUE ALIMENTAIRE : LA FAO SE PRÉPARE POUR LE SOMMET MONDIAL

Les mois d’été ont été riches au niveau international pour les politiques alimentaires : en juillet, le pré-sommet des Nations Unies sur le système alimentaire s’est tenu à Rome, où la société civile, les entreprises du secteur privé, les décideurs et d’autres parties prenantes se sont rencontrés pour discuter des questions de transformation des systèmes alimentaires mondiaux, en préparation du sommet sur le système alimentaire qui se tiendra en septembre à New York ; la FAO a proposé un code de conduite volontaire pour les entreprises concernant les pertes et le gaspillage alimentaires, et a publié son rapport sur l’état de la nutrition dans le monde, soulignant les effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19 sur la faim et la malnutrition. Au niveau européen, l’EFSA a ouvert une consultation publique, suite à la publication d’une étude, sur les niveaux minima de sucre dans l’alimentation, et la commission spéciale du Parlement européen sur la lutte contre le cancer a adopté le premier projet de rapport de la stratégie européenne de lutte contre le cancer.

note complète disponible sur l’espace Membres de FE

FARM TO FORK : LE JRC PUBLIE UNE ÉTUDE D’IMPACT EN CATIMINI

Si le mois d’août a été calme, le mois de juillet a été marqué par quelques éléments concernant la stratégie “de la ferme à la table” telle que proposée par les services de la Commission européenne. Une étude d’impact de la stratégie a été publiée par le département des recherches de la Commission pendant les vacances, examinant l’impact des objectifs sur les marchés agroalimentaires de l’UE, ainsi qu’un rapport analysant la mise en œuvre du plan d’action “One Health” sur le bien-être animal et la résistance antimicrobienne ; les députés européens des commissions ENVI et AGRI se sont mis d’accord sur des amendements aux textes de la stratégie, tandis qu’au Conseil de l’UE, un consensus a été trouvé sur le plan d’action biologique, lors de la première réunion de la présidence slovène.

note complète disponible sur l’espace Membres de FE

NOUVELLES TECHNIQUES DE SÉLECTION VARIÉTALE : PLUS DE CONSCIENCE SIGNIFIE PLUS D’ACCEPTATION

Au cours de l’été, les techniques génomiques ont été au centre de nombreux débats : entre autres, le ministère américain de l’agriculture a proposé d’exempter certaines variétés de plantes modifiées génétiquement de la loi sur les biotechnologies ; une étude a analysé la manière dont ces technologies sont perçues par le public, concluant que l’objectif pour lequel elles sont utilisées joue un rôle important dans leur acceptation ; et le Parlement européen a une fois de plus émis un avis contre les importations de plantes génétiquement modifiées. L’OMS a publié ses recommandations sur l’édition du génome humain.

note complète disponible sur l’espace Membres de FE

GREEN ENERGY PLATFORM – “FIT FOR 55” : LES ÉNERGIES ISSUES DE L’AGRICULTURE EUROPÉENNE ESSENTIELLES POUR RENDRE L’AMBITION DE L’UE ABORDABLE, RÉALISTE ET DURABLE

La Green Energy Platform (GEP) se félicite du niveau d’ambition et du fait que l’énergie renouvelable issue de l’agriculture européenne (c’est-à-dire les biocarburants et le bio-méthane) soit reconnue comme un levier essentiel pour atteindre les objectifs du projet de paquet “Fit for 55”, en particulier pour le transport, qui est le secteur le plus difficile à décarboniser.

Toutefois, il convient de souligner que, sans une contribution suffisamment renforcée de la biomasse européenne, les objectifs proposés sont tout simplement irréalistes. Les changements proposés par la Commission européenne représentent une rupture ma- jeure, non seulement pour les acteurs économiques, mais aussi pour tous les citoyens de l’UE. Ces transformations auront un impact significatif sur le mode de vie de chacun et sur les dépenses quotidiennes, quel que soit le lieu de résidence. Le coût de la transi- tion devrait être une préoccupation permanente des décideurs européens, tout comme l’indépendance de l’UE en matière d’énergie. Elle peut, pour cela, s’appuyer sur son secteur agricole. Par ailleurs, une éventuelle redistribution via les fonds sociaux est la bienvenue, mais elle ne devrait pas empêcher les institutions européennes de faire des choix énergétiques efficients pour une transition équitable qui fonctionne pour tous.

Les colégislateurs devraient prendre les propositions initiales présentées par la Commission européenne, comme point de départ et renforcer la contribution des énergies renouvelables issues de l’agriculture européenne. Ces dernières sont durables, abordables et exemptes d’effets de déforestation. Les énergies renouvelables issues de l’agriculture européenne sont bénéfiques pour les agriculteurs, pour la société dans son ensemble et pour la souveraineté de l’Europe.

Afin de passer du stade de la conception à celui de la viabilité concrète au cours de cette décennie, avec des réductions tangibles des émissions de GES sur le terrain, la Green Energy Platform recommande que :

  • Les multiplicateurs, source de distorsion et qui ont maintenant été en grande partie éliminés du texte, restent exclus et ne réapparaissent pas, tandis que les normes visant à garantir la prévention des fraudes devraient être considé- rablement renforcées.
  • Les solutions déjà disponibles, qui transforment les ambitions en succès de l’action climatique en réduisant le carbone dès aujourd’hui, doivent être encouragées en supprimant les discriminations inutiles entre les États membres concernant leur part de biocarburants consommés dans les transports.
  • Une approche “Well-To-Wheel” devrait être adoptée à la place de la méthodo- logie dépassée “Tank-to-Wheel”, afin de pouvoir prendre en compte efficace- ment l’impact de la chaîne complète sur les émissions de GES.
  • L’objectif ultime étant de réduire les émissions de GES en encourageant et en facilitant l’adoption des énergies renouvelables, la révision des normes rela- tives aux carburants est également essentielle. La limite actuelle du mélange pour le bioéthanol et le biodiesel devrait être modifiée à la hausse, étant don- né qu’elle représente l’une des options les plus simples et les plus rentables pour réduire davantage et rapidement les émissions de GES.

En outre, il convient de rappeler que les biocarburants et le biométhane d’origine euro- péenne apportent de multiples avantages supplémentaires au-delà de la décarbonisa- tion, tels que le renforcement de la sécurité alimentaire de l’Europe par la coproduction de sous-produits précieux, et le soutien aux communautés agricoles par des possibilités de stabilisation des revenus qui sont essentielles pour la transition agricole.

Il est temps d’aller de l’avant avec un cadre solide pour la biomasse européenne, qui libère son véritable potentiel, offre une tranquillité d’esprit en matière de durabilité, per- met les changements nécessaires, et ne représente pas seulement des objectifs poli- tiques attrayants, mais prend en considération de manière réaliste les coûts réels et les profils de réduction des GES des stratégies de décarbonisation de l’Europe.

LE PARLEMENT EU SOUTIENT LARGEMENT L’ÉTUDE DE LA COMMISSION SUR LES NGTS

En juin, la commission de l’agriculture du Parlement européen a examiné l’étude de la Commission  européenne sur les nouvelles techniques génomiques, à laquelle de nombreux députés ont apporté leur soutien. En Allemagne également, les principaux partis politiques ont exposé leurs manifestes politiques et pris publiquement position sur la question des NGTs. Les scientifiques de l’université de Fribourg ont été les premiers à mettre au point une méthode permettant d’insérer des informations génétiques spécifiques dans des gènes précis. Pendant ce temps, la Banque européenne d’investissement a signé un prêt pour des investissements dans les semences non OGM.

note complète disponible sur l’espace Membres de FE