Au-delà de la crise, traçons la voie d’une croissance durable des systèmes agricoles et alimentaires européens

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Depuis 2006, alors que les revenus agricoles en Europe et aux Etats-Unis étaient équilibrés, les Etats-Unis sont parvenus à douvler le revenu agricole, alors que dans le même temps, l’Union européenne a subit une stagnation, voir une légère baisse au cours de la même période.

L’analyse de l’évolution du revenu agricole des deux côtés de l’Atlantique a été présenté, aujourd’hui, au Parlement européen, à l’occasion de l’événement de lancement du Global Food Forum (GFF) de Farm Europe.

L’objectif clef du GFF – qui comprendra une série d’événements régionaux et un Forum principal en Italie (14-15 octobre 2015) – sera d’aller au-delà du pessimisme actuel, avec l’ambition de présetner des proposition pour une politique européenne mieux structurée autour de la création d’emploi et d’une croissance durable. Les recommandations seront présentées aux décideurs à la fin de l’année, sur la basis d’un processus participatif animé par Farm Europe.

« Le secteur agricole et alimentaire de l’UE est à la croisée des chemins entre des opportunités formidables et des pressions considérables. Chaque décision doit reposer sur un nombre considérable de facteurs pour lesquels les attentes sociétales, les ruptures technologiques, les modes de consommations ne sont que la partie émergée de l’iceberg », a indiqué Mario Guidi, Président de la Confagricoltura et du GFF 2016. Et d’ajouter : « Le Global Food Forum va rassembler des leaders économiques et politiques passionnés, désireux de travailler dans un esprit européen, de partager leur vision et de participer à l’élaboration de possibles chemins d’avenir pour renforcer à la fois la performance économique et la durabilité environnentale ».FarmEurope EP2

Lors de l’événement au Parlement européen, organisé sous son patronnage, Michel Dantin a indiqué : «  En tant qu’architecte de la précédente réforme de la PAC, je crois que nous ne sommes pas allés assez loin, et je me réjouis de l’initiative de Farm Europe d’engager un débat proactif et constructif sur la future PAC. La PAC actuelle est enlisée dans une vision politique et des principes vieux de près de 30 ans. Je suis convaincu désormais que la PAC n’est malheureusement plus à la hauteur de l’ambition que l’Union européenne doit avoir pour son agriculture et son alimentation. Nous avons le devoir de faire émerger un environnement qui permette à ces entreprises d’exprimer pleinement leur potentiel de croissance et d’emploi ».

Ouvrant les débats, le Commissaire européen à l’Agriculture et au Développement rural, Phil Hogan, a souligné : “il n’est pas facile de prendre de la hauteur, mais nous le devons. En regardant la PAC, au-delà de la crise, nous devons regarder au role que cette politique peut jouer pour la croissance du secteur agricole européen de même que la contribution que cette politique peut apporter aux priorités politiques plus générales de cette Commission. (…) Avec la bonne combinaison de politique et de communication, je crois que nous pouvons sécuriser la position de la Politique agricole commune en tant que politique centrale en terme de contribution à la croissance durable de l’UE, aujourd’hui, et demain”.

Yves Madre (Farm Europe) a présenté les questions clefs sur lesquelles qui alimenterons les discussions lors du Forum, qui seront structurées autour de 3 piliers : la résilience, la durabilité et l’investissement. Les agriculteurs européens jouent-ils à armes égales avec leurs concurrents dans le monde ? Avons nous besoin d’adaptations supplémentaires de la PAC afin d’encourager l’investissement et de mieux structurer la chaine alimentaire ? Les paiements découplés sont-ils une réponse politique efficace pour faire face à la volatilité ? Est-il possible d’augmenter l’efficacité du verdissement de la PAC, par exemple, à travers une politique fondée sur des objectifs ?

Telles sont quelques-unes des questions soulevées en ouverture de la discussion avec Mario Guidi, Président de la Confagricoltura, Markus Neundörfer, directeur chez Südzucker, Xavier Beulin, President de la FNSEA et Paolo De Castro, MEP, qui a clôturé les débats.

Xavier Beulin a declaré : « l’équation est simple : pas de visibilité, pas de confiance ; pas de confiance, pas d’investissements ; pas d’investissements, pas d’avenir. Je crois au projet européen, mais je veux une meilleure Europe, qui ne soit pas engluée dans un juridisme excessif, parfois, et d’autres fois incapable de construire un marché communautaire avec des règles communes sur le plan social, fiscal et environnemental. Les paiements uniques à l’hectare et un verdissement cohercitif, cela ne fait pas une Politique Agricole Commune. Nous avons besoin d’un véritable partenariat entre l’Europe et ses agriculteurs. Les agriculteurs sont les premiers intéressés à la fois à développer des pratiques agricoles durables et générer une croissance durable ».

De son côté, Mario Guidi a indiqué : « La crise que nous traversons aujourd’hui montre à quel point la PAC a besoin d’une adaptation profonde de ses instruments pour les mettre en cohérence avec la réalité du monde économique d’aujourd’hui, et de répondre à un chemin de développement durable. Pour notre secteur le développement des capacité de production demande des nouveaux instruments permettant aux agriculteurs de faire face aux défis de la compétitivité, de la volatilité et de la durabilité. Nous sommes prêts à engager une réflexion approfondie et courageuse pour explorer sur les paiements directs tels qu’ils sont aujourd’hui sont les plus à même à faire de notre secteur, un secteur compétitif, majeur pour l’économie européenne. Parmi les éléments sur lesquels nous devons travailler, un effort particulier doit être fait en ce qui concerne les instruments de gestion des risques. Tout ceci – et beaucoup plus – ne peut être engagé que sur la base du constat qu’il nous faut plus d’Europe : le marché agricole commun est loin d’être une réalité et nous devons engagé un travail dans ce sens ».

Pour sa part, Markus Neundörfer a souligné l’importance et la valeur du marché unique qui est une force pour l’économie européenne. « Toutefois, il y a de plus en plus d’approches divergentes de la part des Etats membres sur des sujets comme les règles d’étiquetage ou de santé, l’interprétation des règles de concurrence, sans parler des flexibilités en matière de gestion des crises ou en terme de paiements couplés ».

Enfin, Paolo de Castro a clôturé les débats : « La PAC a besoin d’une révision à mi-parcours afin de réduire la bureaucratie et de renforcer la capacité de l’Union européenne à réagir collectivement aux crises de marché en évitant le piège de la renationalisation. La volatilité est là pour rester. Nous devons avoir une approche beaucoup plus ambitieuse de la PAC pour apporter des réponses concrètes aux agriculteurs européens.