Audition de Christophe Hansen : au-delà du dialogue stratégique ?
Le 4 novembre sera un moment fondateur pour la prochaine politique européenne dans le domaine agricole, à l’occasion de l’audition par le Parlement européen du commissaire désigné Christophe Hansen. Saura-t-il tracer sa propre voie politique ou mettra-t-il strictement ses pas dans ceux du dialogue stratégique ? C’est la principale question que se poseront les députés européens à l’issue de l’audition pour savoir si un commissaire fort prend la barre de l’agriculture européenne en cette période de tempêtes.
Le candidat commissaire connait parfaitement les arcanes du Parlement et ses dynamiques politiques. Il a eu l’occasion de pratiquer le Parlement en tant qu’assistant parlementaire au début de sa carrière, puis de député européen. Il s’est fortement impliqué sur des sujets commerciaux — le Brexit notamment — ou encore la déforestation, dont il été rapporteur.
Les députés européens de la commission de l’agriculture seront chargés d’évaluer la compétence du candidat sur le portefeuille attribué, mais aussi le respect des valeurs de l’Union et sa capacité de communication. Le Commissaire a déjà eu l’occasion de donner de premières orientations politiques dans les réponses au questionnaire écrit que lui ont adressé les députés.
L’audition débutera par une déclaration introductive de 15 minutes, suivie de questions venant de tous les groupes politiques, le candidat ayant deux fois la longueur du temps pris pour poser la question pour répondre à celle-ci. Lors de l’audition, à n’en pas douter, de nombreux sujets seront abordés — l’avenir de la PAC, et des paiements directs en particulier, l’enjeu de l’élargissement à l’Ukraine pour l’agriculture européenne, l’approche du candidat pour réformer la chaine de valeur alimentaire, lutter contre les pratiques commerciales déloyales et améliorer le revenu des agriculteurs, ou encore sa relation au commerce avec, en particulier la question des négociations avec le Mercosur.
Au-delà de ces sujets importants, il est clair que c’est surtout la question du dialogue stratégique et des suites à donner à cet exercice dans lequel le Parlement n’a pas été impliqué, qui retiendra l’attention des députés européens. Le Commissaire-désigné aura la difficile tâche de s’inscrire dans les pas de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a placé la mise en oeuvre du dialogue stratégique au coeur de sa lettre de mission, tout en prenant des distances avec les recommandations spécifiques de ce groupe pour affirmer son autonomie et sa propre identité politique, indispensable pour acquérir sa stature de commissaire européen.
C’est avant tout dans cet exercice d’équilibre et de dosage subtile que sa prestation sera évaluée et permettra de rassembler les soutiens politiques dont il a besoin, non seulement pour remporter l’adhésion des rapporteurs représentant 2/3 des voix de la commission, mais aussi, entamer son mandat et bâtir sa propre vision stratégique des cinq prochaines années de politique agricole.
Cette capacité politique sera d’autant plus importante et nécessaire que la majorité qui a porté Ursula von der Leyen pour un second mandat à la tête de la Commission européenne ne sera pas suffisante pour obtenir une confirmation lors de la première audition. S’il entend être confirmé sans passer par une seconde audition et un vote à la majorité, le commissaire-désigné devra convaincre au-delà des groupes PPE, S&D, Renew et Verts, ceux-ci ne lui apportant que 31 voix sur les 33 nécessaires. Il lui faudra donc également le soutien du groupe ECR.