Commissaire à l’agriculture : tous les ingrédients pour un nouvel élan positif
La structure de la nouvelle Commission européenne proposée ce jour par Ursula von cer Leyen est un pas prometteur pour ouvrir un nouveau chapitre de la politique européenne dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation. Le champ annoncé du portefeuille donnera potentiellement au futur commissaire en charge de l’agriculture et de l’alimentation la marge de manœuvre nécessaire pour fournir un cadre politique cohérent, dépassant l’approche fragmentée du mandat précédent qui a généré une polarisation inutile conduisant à des manifestations massives d’agriculteurs dans 17 États membres.
Le commissaire désigné Christophe Hansen devra travailler en étroite collaboration avec le vice-président exécutif Raffaele Fitto, responsable de la cohésion et des réformes. Dans sa lettre de mission, M. Fitto est chargé de guider les travaux du collège de la Commission « notamment pour renforcer la compétitivité, la résilience et la durabilité du secteur agricole et alimentaire, pour veiller à ce que (l’UE) soutienne les agriculteurs qui en ont le plus besoin, pour promouvoir des résultats environnementaux et sociaux positifs et pour soutenir le droit à des conditions propices ».
Dans une certaine mesure, on peut regretter que le commissaire désigné pour l’agriculture et l’alimentation ne soit pas plus haut placé dans le protocole de la Commission européenne et qu’il ne lui est pas conféré une autorité sur les sujets alimentation. Cela ne reflète pas l’importance stratégique de ce portefeuille. Toutefois, cela est compensé par le profil du poste de vice-président exécutif et par le fait que M. Christophe Hansen possède toutes les compétences nécessaires pour réussir dans ses nouvelles fonctions. En tant qu’ancien député européen très respecté, dont l’influence s’étend bien au-delà de son groupe politique PPE, il est bien placé pour diriger les dossiers économiques et environnementaux de son portefeuille.
La lettre de mission remise par le président élu von der Leyen à M. Hansen est générale sur de nombreux points, laissant une grande marge de manœuvre au futur commissaire. Il devra respecter l’agenda de simplification et renforcer la compétitivité , la résilience et la durabilité du secteur. L’une de ses principales tâches consistera à veiller à ce que la future politique agricole commune soit adaptée à l’objectif visé, ainsi qu’à trouver des moyens de mobiliser des fonds privés. La capacité à se préparer aux risques climatiques et le développement d’outils de gestion de crise sont soulignés.
L’un des principaux tests sera sa capacité à faire preuve d’autonomie et à prendre ses distances par rapport aux conclusions du dialogue stratégique qui est proposé comme base de référence au commissaire désigné. Il devra façonner sa propre vision et la mettre en œuvre, en intégrant également les recommandations du rapport Draghi et les besoins urgents du secteur en matière de compétitivité. Il s’agira très probablement d’un des principaux points d’attention et de contentieux potentiels lors des auditions, en particulier si l’on considère les réactions d’hier du Parlement européen à ce rapport (voir ci-après).
Il faut également s’attendre à des tensions en ce qui concerne l’agenda commercial. Alors que les négociateurs s’efforcent de finaliser un accord, les paroles du commissaire désigné concernant la lutte contre la déforestation et, plus généralement, la réciprocité des normes dans la stratégie commerciale de l’UE seront écoutées attentivement par les décideurs du Parlement européen. La lettre de mission souligne clairement que le commissaire chargé de l’agriculture et de l’alimentation travaillera en étroite collaboration avec le commissaire chargé du commerce en vue d’assurer la réciprocité et des conditions de concurrence équitables au niveau international.