Opération de sauvetage de l’huile de palme présentée par la Commission

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L’huile de palme utilisée pour les voitures de l’Union européenne constitue une menace pour les forêts et les tourbières du monde entier. Par conséquent, sa contribution ne devrait pas être prise en compte dans les objectifs de décarbonisation du climat et des transports de l’UE. Malgré les preuves scientifiques, la Commission européenne propose au Parlement européen et au Conseil une opération de sauvetage de l’huile de palme dans un projet de décision (1) visant à mettre en œuvre la Directive sur les Énergies Renouvelables (RED2), approuvée par les co-législateurs l’année dernière.
Au lieu de définir les critères pour geler l’huile de palme aux niveaux de 2019 et de l’éliminer progressivement à partir de 2023 comme prévu dans RED2, la Commission européenne a présenté un plan qui est un « tour de passe-passe ». Elle reconnaît que l’expansion de la production d’huile de palme est dommageable pour l’environnement mais, immédiatement après, offre une grande porte ouverte à l’utilisation de la même huile de palme dans les biocarburants de l’UE.
Le nom de la porte dérobée est le concept de «low iLUC risk» proposé dans le projet de décision.
Le projet de définition est loin du concept «low iLUC» bien documenté et ne tient aucunement compte de l’objectif général du règlement, qui consiste à couper le lien entre le cadre de l’UE pour les biocarburants et la déforestation mondiale.
Au contraire, le projet consiste en un ensemble de failles, y compris un moyen de classer l’huile de palme à la fois comme présentant un risque élevé (high risk) et un risque faible (low risk), une définition vague du terrain inutilisé, un processus de certification lâche et, surtout, une exemption pour les petites plantations dont le nombre croît à un rythme soutenu et qui sont contrôlées par les grands opérateurs pour la trituration, la certification et l’exportation des palmiers. On estime que d’ici 2030, les petits exploitants géreront 60% de la superficie des plantations d’huile de palme et doubleront leur capacité de production (2). Cela signifie que dans un tel scénario proposé par la Commission européenne, les importations d’huile de palme destinée aux biocarburants dans l’UE continueraient à augmenter. Selon les estimations commerciales, les petits exploitants représentent déjà plus de 6 millions de tonnes d’huile de palme, soit plus du double du volume importé en Europe pour produire des biocarburants.
Stefan Schreiber, président de la Green Energy Platform de Farm Europe, a déclaré: «La Commission européenne a décidé de contourner le mandat donné par les colégislateurs afin de ne pas perturber le dialogue commercial avec l’Indonésie et la Malaisie. Cela met en péril la capacité de l’UE à mobiliser pleinement les biocarburants durables afin de décarboniser les transports et d’atteindre ses objectifs climatiques. Cette stratégie mine la crédibilité de la RED2 et ne devrait pas être acceptée par le Parlement européen et le Conseil ».