CHAÎNE ALIMENTAIRE, NUTRITION ET BIEN-ÊTRE

 

La chaîne alimentaire européenne est confrontée à un défi majeur : trouver une relation harmonieuse et positive entre alimentation et santé.

Le modèle agroalimentaire de l’UE évolue et s’améliore constamment. Sa relation avec les problématiques de santé devient de plus en plus importante.

La relation entre science et innovation d’une part, et agriculture et alimentation de l’autre, est perçue principalement en termes négatifs, ou tout au moins de manière unidirectionnelle – questions de nutrition -, mettant de côté d’autres éléments aussi importants que la culture et les traditions, la sociologie, etc. l’emploi et l’économie, les principes du marché intérieur, l’environnement, la génétique ou encore les modes de vie.

La plupart des discussions autour de cette question sont assez polarisées et fondées davantage sur des opinions que sur des données scientifiques, ce qui n’aide en rien à progresser vers l’objectif commun de mieux intégrer l’alimentation et la santé au profit des consommateurs et de la société dans son ensemble.

Afin de prévenir les effets négatifs des MNT (maladies non transmissibles), les pouvoirs publics s’efforcent de promouvoir des politiques différentes aux effets incertains, voire douteux.

Au plan européen, nous assistons à une sorte de «collage» de mesures, combinant des initiatives européennes et nationales : taxes nationales, interdiction de vente, limitation de la publicité, systèmes de feux de signalisation (UK) ainsi que le modèle français de Nutriscore.

Les principes du marché intérieur – base de l’intégration européenne – sont mis de côté avec un impact direct sur les entreprises, la libre circulation, la concurrence et le bien-être des consommateurs.

Sur le rôle de la science : il convient de reconnaître les améliorations apportées en matière de sécurité des aliments en Europe au cours des 15 dernières années. L’EFSA et la Commission ont défini un ensemble de critères qui ont permis de créer un consensus solide autour des meilleures données scientifiques permettant d’informer la sécurité des aliments – ainsi qu’un système complet d’évaluation et de gestion des risques.

En matière de nutrition, l’accent est aujourd’hui mis davantage sur les produits («bons» ou «mauvais») que sur les régimes eux-mêmes. Toutefois, «nous mangeons des aliments, pas des nutriments».

Dès lors, la question est de savoir comment l’Europe pourrait améliorer son processus décisionnel afin de prendre des mesures politiques fondées sur des données scientifiques probantes. Comment pouvons-nous éviter que la science soit remplacée par l’opinion lorsqu’il s’agit, notamment, de prendre des décisions politiques et juridiques?

L’Union Européenne a besoin de plus de confiance dans ses institutions. L’EFSA doit continuer à être considérée comme la référence en matière d’excellence scientifique et alimentaire et, parallèlement, elle doit être en mesure de mieux coordonner les agences nationales dans le cadre de ses efforts visant à aligner les critères et à informer.

Dans le même temps, il serait utile d’élargir le rôle de l’EFSA et de lui adjoindre la tache d’informer le public sur l’état d’avancement de la science alors qu’un des défis consiste à lutter sans relâche contre les «opinions» véhiculées sans fondement.

Aujourd’hui, il est urgent d’ouvrir un débat avec toutes les parties prenantes et d’obtenir un large accord sur des objectifs communs : un style de vie sain et meilleur en Europe et une contribution ferme de la chaîne alimentaire.

ENVIRONNEMENT ET AGRICULTURE

 

  • L’UE s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030. L’agriculture et l’agroforesterie ont un rôle important à jouer pour séquestrer et stocker le carbone. Par ailleurs, il est possible de réduire les émissions en utilisant des méthodes de production plus efficaces.
  • La réduction de la pollution de l’eau, de l’érosion des sols et la préservation de la biodiversité peuvent également bénéficier de ces nouvelles méthodes de production.
  • Il s’agit de développer des systèmes agricoles exploitant efficacement les ressources en éléments nutritifs, améliorant le carbone des sols, mais aussi la biodiversité et la résilience de l’agriculture au changement climatique, permettant en même temps qu’ils augmentent la profitabilité des exploitations.
  • La numérisation et les technologies intelligentes constituent la base de l’agriculture de précision, permettant de raisonner plus finement l’utilisation des engrais et des produits phytopharmaceutiques.
  • L’UE a besoin d’un «plan Marshall» pour inciter ses agriculteurs à adopter l’agriculture de précision et numérique grâce à un programme ambitieux visant à investir dans une agriculture de double performance (environnementale et économique).
  • Le nouveau Parlement européen devrait saisir cette occasion pour élaborer la nouvelle architecture écologique de la PAC, qui inclurait un soutien aux agriculteurs afin de les inciter à adopter des méthodes de production plus durables qui réduisent l’empreinte environnementale tout en améliorant leurs performances économiques.

DÉFIS ÉCONOMIQUES DE L’AGRICULTURE DE L’UE

 

Revenu des agriculteurs, productivité et investissement

  • Le secteur agricole fait face à de graves vents contraires. Les revenus des agriculteurs ont stagné et, selon les prévisions de la Commission européenne, ils pourraient chuter de 14% (en termes réels) au cours de la prochaine décennie, en tenant compte des propositions initiales de réforme de la politique agricole commune de la Commission européenne.
  • La productivité est également en baisse, de 10% pour la productivité du capital et des intrants ; seule la productivité du travail augmente par la baisse de l’emploi dans l’agriculture.
  • Le secteur fait face à une concurrence internationale accrue et, sans gains de productivité significatifs, les exportations de produits agroalimentaires seront à la peine.
  • L’un des problèmes clefs réside dans le manque d’investissements visant à améliorer la productivité et d’augmenter les revenus des agriculteurs ;

L’adoption de nouvelles technologies est lente et l’UE se fait distancier par ses principaux concurrents dans le domaine de l’agriculture intelligente et de précision. Or ces innovations permettent de réduire l’empreinte environnementale tout en augmentant la productivité et les revenus.

  • La nouvelle politique agricole commune doit être l’occasion d’aider les agriculteurs désireux de passer à une agriculture intelligente, en mettant en place des incitations dans les deux piliers de la PAC : en faisant de la mesure «éco-schéma» du premier pilier un dispositif incitatif de transition, et en consacrant une part du deuxième pilier pour soutenir ces nouveaux types d’investissements de double performance.

 

Résilience du secteur face aux crises de marchés et aux aléas climatiques

  • L’agriculture doit faire face à des crises à répétition, une volatilité élevée et des phénomènes climatiques extrêmes. Or la politique agricole commune n’est pas suffisamment équipée  pour apporter des réponses adéquates et accroître la résilience du secteur.
  • En prenant appui sur les avancées obtenues en 2017 (via l’Omnibus financier) s’agissant du soutien pouvant être apporté aux outils de stabilisation des revenus et aux assurances climatiques, la future politique agricole commune devrait intégrer un nouveau fonds européen de crise doté d’une double mission : financer rapidement, en cas de crise, des mesures de marché exceptionnelles, et prendre automatiquement le relai des mesures de gestion des risques (outils de stabilisation des revenus)
  • Ce nouveau fonds européen de crise, multinannuel, devrait être doté pour la période 2021-2027 de 1,5 milliards d’Euros, par dotation initiale ou par abondement annuel de 400 millions € jusqu’au niveau défini.

Intensifier l’action de l’UE pour la protection et la restauration des forêts du monde

Communication de la Commission européenne

Stepping up EU Action to Protect and Restore the World’s Forests.

 

24 juillet 2019

 

Après l’annonce en décembre dernier de l’initiative de l’UE visant à «intensifier l’action européenne contre la déforestation et la dégradation des forêts», la Commission européenne a publié hier sa Communication intitulée “on stepping up EU Action to Protect and Restore the World’s Forests.” // «Intensifier l’action de l’UE pour la protection et la restauration des forêts du monde».

Le document a été présenté par Frans Timmermans (premier vice-président de la Commission) et Jyrki Katainen (vice-président de la Commission et commissaire à l’emploi, à la croissance, à l’investissement et à la compétitivité) et félicité à la fois par Karmenu Vella (commissaire à l’environnement, à la affaires intérieures et de la pêche) et Neven Mimica (Commissaire au développement international).

La Commission y commence par l’évaluation suivante : malgré la tendance positive récente liée à la croissance du couvert forestier européen, la situation mondiale reste sombre. L’exploitation forestière se poursuit et les forêts disparaissent rapidement, en particulier en ce qui concerne les forêts primaires tropicales. Indirectement, par la consommation et le commerce, l’UE est à l’origine de la déforestation car elle importe environ 10% de la consommation finale de produits associés à la déforestation. Ces produits comprennent l’huile de palme, la viande, le soja, le cacao, le caoutchouc, le bois d’oeuvre et le maïs sous forme de produits transformés ou de services. La communication indique donc que la déforestation et la dégradation des forêts représentent un risque et un défi importants qui doivent être résolus au niveau mondial avec davantage d’actions «car, malgré tous les efforts déployés, nous échouons actuellement en matière de conservation et d’utilisation durable des forêts».

Par conséquent, la Commission appelle à «une série d’actions réglementaires et non réglementaires» et propose une liste de mesures initiales pour atteindre son double objectif de protection des forêts existantes, de restauration et d’augmentation de la couverture mondiale.

Présentant cette communication, le commissaire Frans Timmermans a déclaré qu’en raison du cycle institutionnel de l’UE, il n’était pas approprié de présenter des textes législatifs nouveaux. Cependant, il souhaitait préparer le terrain pour la nouvelle Commission afin qu’elle puisse commencer à travailler immédiatement.

Le commissaire Jyrki Katainen a déclaré que, même si l’UE ne peut étendre son pouvoir législatif sur d’autres pays, elle peut toujours utiliser son «pouvoir de régulation du marché». Pour l’avenir, il n’y aura «pas de marché dans l’UE pour les produits non durables».

Par conséquent, l’UE souhaite utiliser son pouvoir de consommateur, investisseur et partenaire commercial majeur pour renforcer et faire respecter les engagements en matière d’environnement et de développement durable.

Ce faisant, la Commission a défini cinq priorités :

  • réduire l’empreinte de la consommation de l’Union européenne et encourager la consommation dans l’Union européenne de produits issus de chaînes d’approvisionnement exemptes de déforestation ;
  • travailler en partenariat avec les pays producteurs pour réduire les pressions sur les forêts ;
  • renforcer la coopération internationale pour mettre fin à la déforestation et à la dégradation des forêts et encourager la restauration des forêts ;
  • réorienter les financements pour soutenir des pratiques d’utilisation des terres plus durables ;
  • soutenir la disponibilité, la qualité et l’accès à l’information sur les forêts et les chaînes d’approvisionnement en produits de base, et soutenir la recherche et l’innovation.

En ce qui concerne l’agriculture, le changement d’utilisation des sols et les biocarburants, la communication pointe la bioénergie – parmi de nombreux autres facteurs – comme facteur de déforestation et de dégradation des forêts. Elle souligne que des impacts négatifs sur les forêts peuvent être causés lorsque les pâturages de terres agricoles précédemment utilisées pour les marchés des denrées alimentaires et des aliments pour animaux sont détournés vers la production de combustibles à partir de biomasse (changement indirect d’affectation des sols – ILUC).

Elle indique également que «l’UE a commencé à lutter contre le risque de déforestation découlant de l’utilisation accrue de biocarburants». Elle mentionne et décrit les actions de l’UE dans la refonte du REDII et de son acte délégué avec ses critères de durabilité spécifiés pour les biocarburants. Enfin, elle rappelle que le Rapport 2016 de la FAO sur l’état des forêts dans le monde avance que «environ 80% de la déforestation mondiale est causée par l’expansion des terres utilisées pour l’agriculture».

Contrairement à la version préliminaire du texte, la version finale ne contient aucune référence sur «Le développement des protéines végétales dans l’UE», soulignant les avantages potentiels agronomiques, économiques et climatiques des protéagineux.

De la même façon, le texte final mentionne la viande et le bétail en général comme cause de déforestation, mais ne mentionne plus explicitement le «bœuf» comme source et ne suggère aucune modification de la méthode des critères “high/low ILUC”pour inclure concrètement de nouveaux éléments pour des secteurs tels que le cacao ou le bœuf produits dans des zones de déforestation.

La référence présente dans la version précédente a également été supprimée s’agissant des petits exploitants agricoles, à savoir que «les petits exploitants jouent un rôle majeur dans la production de produits de base, ils sont des acteurs clés dans la lutte contre la déforestation». Actuellement, la version finale se limite à «développer et mettre en œuvre des mécanismes d’incitation permettant aux petits exploitants de maintenir et d’améliorer les services écosystémiques et les produits fournis par la gestion durable des forêts et l’agriculture».

Par conséquent, la Commission propose comme actions clés pour l’avenir :

  • Créer une plate-forme pour un dialogue multipartite et avec les États membres sur la déforestation, la dégradation des forêts et l’augmentation durable du couvert forestier mondial.
  • Encourager le renforcement des normes et des systèmes de certification permettant d’identifier et de promouvoir des produits sans déforestation.
  • Dans le cadre du cadre juridique « Énergie propre pour tous les Européens » en place : pour traiter des aspects pertinents relatifs aux énergies renouvelables et aux biocarburants, passez en revue tous les aspects pertinents du rapport accompagnant le règlement délégué (UE) 2019/807de la Commission en 2021 et, si nécessaire, le cas échéant, réviser le règlement délégué (UE) 2019/807 en 2023 sur la base des dernières données disponibles.
  • Veiller à ce que le soutien de l’UE aux politiques agricole, infrastructurelle, minière, urbaine, périurbaine et rurale dans les pays partenaires ne contribue pas à la déforestation et à la dégradation des forêts.
  • Évaluer, avec les États membres de l’UE, d’éventuels mécanismes durables pour catalyser le financement vert des forêts et déterminer comment tirer davantage parti, augmenter et réorienter les financements publics et privés.
  • Et créer un observatoire de l’UE sur la déforestation, la dégradation des forêts, l’évolution de la couverture forestière mondiale et les moteurs associés, une source de données fiables en utilisant éventuellement les satellites Copernicus pour la surveillance.

Enfin, le commissaire Jyrki Katainena souligné que l’intensification des échanges devait être plus durable et que l’Union européenne ne souhaitait aucun compromis sur la question de la déforestation. Il a également défendu l’accord commercial Mercosur en déclarant qu’il contenait à la fois l’engagement contraignant de l’accord de Paris et un «chapitre fort et robuste sur le développement durable, qui donne à l’UE un vrai coup de main pour engager un dialogue politique sur les questions liées à la durabilité». Par conséquent, il a insisté sur le fait que si l’accord était approuvé, cela donnerait à l’UE plus d’influence dans la prévention de la déforestation au Brésil.

Réactions de l’industrie, des ONG et des pays étrangers

Les secteurs européens du commerce des céréales et des oléagineux, du broyage et de l’alimentation représentés par COCERAL, FEDIOL et FEFAC ont accueilli favorablement la communication et ont déclaré que «la mise en place d’un dialogue institutionnel multilatéral efficace avec les pays exportateurs est le moyen le plus efficace de traiter de la gestion durable des forêts».

Des ONG vertes, telles que WWF et Fern, ont également salué les travaux de la Commission et les ont qualifiées de «mesure cruciale pour la mise en place d’un plan d’action indispensable pour réduire la contribution importante de l’Union européenne à la déforestation mondiale». Cependant, ils ont également appelé à davantage d’actions et à «une réforme fondamentale des politiques de l’UE en matière de bioénergie qui entraînent à la fois la déforestation et empêchent le reboisement et incitent à des pratiques qui augmentent considérablement les émissions par rapport aux combustibles fossiles». 

Les pays forestiers tropicaux (Brésil, Indonésie, Malaisie, etc.) n’ont toujours pas officiellement réagi à la communication.

BIOCARBURANTS ET AGRICULTURE

FICHE

BIOCARBURANTS ET AGRICULTURE

 

  • Les biocarburants produits à partir de matières premières agricoles de l’UE (principalement du colza, du maïs, de la betterave à sucre et du blé) génèrent plus de 6,6 milliards d’euros de revenus directs pour les agriculteurs de l’UE.
  • Le secteur du bioéthanol a créé 70 000 emplois directs et indirects depuis le lancement de la politique de l’UE sur les biocarburants ; le secteur du biodiesel a généré 220 000 emplois directs et indirects dans la chaîne de production de biodiesel de l’UE.
  • Les biocarburants d’origine européenne ne sont pas venus en compétition avec la production de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux. Ils n’ont eu aucun impact réel sur les prix. Au contraire, les biocarburants ont contribué à limiter les effets négatifs des revirements de marchés des produits alimentaires, offrant une certaine stabilité économique aux agriculteurs de l’UE en difficulté.
  • Autre impact positif très important de la production de biocarburants dans l’UE : la production d’aliments protéinés en tant que coproduits. L’Europe reste dépendante à 70% des importations de tourteau de soja pour répondre à la demande croissante de bétail. L’industrie européenne des biocarburants, qui transforme le colza et les céréales européens, produit environ 13 millions de tonnes de produits riches en protéines par an, qui seraient autrement importés des Amériques.
  • Les biocarburants d’origine européenne réduisent les émissions de gaz à effet de serre de plus de 60%. Ils atteignent cet objectif environnemental important sans aucun effet collatéral négatif – que ce soit sur la déforestation ou sur la production de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux.
  • Les biocarburants d’origine européenne sont sans rapport avec l’huile de palme, dont l’expansion a été l’un des principaux moteurs de la déforestation et de la dégradation des tourbières en Asie du Sud-Est.
  • L’UE vient d’adopter une directive révisée sur les énergies renouvelables (RED2) qui vise à lutter contre la déforestation due à la production de biocarburants à haut risque, tels que l’huile de palme, destinés à être utilisés dans les biocarburants européens. Elle établit un gel puis une élimination progressive de ces biocarburants.
  • Cependant, la directive RED2 révisée ouvre le marché des biocarburants UE à l’huile de palme certifiée comme ayant un risque environnemental faible. La Commission a adopté un acte délégué qui comporte encore trop d’échappatoires, le risque étant que l’utilisation de l’huile de palme non durable continue à augmenter dans le secteur des transports UE. Les principales lacunes sont des critères de certification peu rigoureux applicables aux «petits exploitants», le manque de garanties en matière de contrôle des fraudes et l’absence de lien quelconque avec la déforestation effective.
  • Le nouveau Parlement européen devrait demander à la Commission de combler ces lacunes par un règlement d’application précis et suivre de près l’évolution des importations d’huile de palme et de la déforestation dans les pays exportateurs.

Ursula von der Leyen – orientations politiques

 16/07/2019

 

Ursula von der Leyen

 

Le 16 juillet 2019, Ursula von der Leyen (DE, PPE), candidate désignée à la présidence de la Commission européenne – choisie et soutenue par le Conseil européen, a présenté ses orientations politiques pour les cinq prochaines années aux membres du Parlement européen. Elle y a cherché à gagner le soutien d’autres groupes, tels que les libéraux et les socialistes, afin de créer la majorité nécessaire.

Ses orientations politiques s’articulent autour de six grandes ambitions pour l’Europe qu’elle entend concrétiser au cours des cinq prochaines années :

  • Un Green Deal européen
  • Une économie qui agit pour le bien des personnes
  • Une Europe ancrée dans l’ère numérique
  • Protéger notre mode de vie européen
  • Une Europe plus forte dans le monde
  • Un nouvel élan pour la démocratie européenne

note complète disponible sur l’espace membres de Farm Europe 

Les députés au Parlement européen – 9ème législature

 

Les députés au Parlement européen

9ème législature

2019 – 2024

 

Juillet 2019

Le Parlement européen, qui est sorti des urnes le 26 mai, va avoir la charge de définir le socle législatif qui guidera les secteurs agricoles et agroalimentaires européens pour la prochaine décennie. Dans ce contexte, il doit définir un cadre qui réponde au double défi de devenir plus durable et plus rentable.

 

Table des matières

 

INTRODUCTION………………………………………………………………………………………………….. 4

COMAGRI……………………………………………………………………………………………………………. 9

PPE…………………………………………………………………………………………………………………….. 11

S&D……………………………………………………………………………………………………………………. 14

Verts-EFA…………………………………………………………………………………………………………… 16

ALDE (Renew Europe)……………………………………………………………………………………. …..17

GUE/NGL………………………………………………………………………………………………………….. 19

ECR…………………………………………………………………………………………………………………… 20

Identité et Démocratie (ex-ENF)………………………………………………………………………….. 20

Autres – Membres non-inscrits…………………………………………………………………………….. 21

Eurodéputés ComAGRI :…………………………………………………………………………………….. 21

COMENVI…………………………………………………………………………………………………………. 23

PPE…………………………………………………………………………………………………………………… 25

S&D………………………………………………………………………………………………………………….. 26

Verts…………………………………………………………………………………………………………………. 26

ALDE (Renew Europe)……………………………………………………………………………………….. 27

GUE/NGL…………………………………………………………………………………………………………. 27

ECR………………………………………………………………………………………………………………….. 28

Identité et Démocratie (ex-ENF)…………………………………………………………………………. 28

Eurodéputés ComENVI :……………………………………………………………………………………. 28

Energie: l’agriculture en tant que fournisseur d’énergie………………………………………… 33

AGRI……………………………………………………………………………………………………………….. 36

ENVI……………………………………………………………………………………………………………….. 37

ITRE……………………………………………………………………………………………………………….. 39

TRAN……………………………………………………………………………………………………………… 40

Vin : Institutions de l’UE s’occupant de vin au niveau du PE et du Conseil…………….  42

ANNEX I…………………………………………………………………………………………………………. 45

ANNEX II………………………………………………………………………………………………………… 50

 

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FARM EUROPEest un think tank multi-culturel qui vise à stimuler la réflexion sur les économies rurales. Il se concentre sur tous les domaines politiques ayant un impact sur les entreprises rurales, en mettant l’accent sur les politiques agricoles et alimentaires, et en particulier sur la politique agricole commune (PAC), principal levier public pour agir au niveau européen. Ses principaux domaines d’action sont les suivants : Agriculture ; Aliments ; Environnement, Commerce et Énergie.

Quelle PAC pour l’Union Européenne au XXIième siècle ?

Politique Agricole Commune

Quelle PAC pour l’Union Européenne au XXIème siècle ?

 

La Politique Agricole Commune a été fondée pour répondre au défi de souveraineté alimentaire de l’Europe, à partir du constat qu’une mise en commun de moyens financiers et la définition d’orientations politiques communes sont plus efficaces que la somme d’initiatives nationales potentiellement divergentes.

Cette politique d’investissement de l’Europe dans son avenir a répondu aux attentes en termes de productions agricoles, en quantité et en qualité.

La sécurité alimentaire reste toujours aujourd’hui la condition première pour qu’une zone puisse avoir une stratégie politique forte et crédible dans le monde multipolaire actuel.

Dans un monde globalisé qui doit garantir la sécurité alimentaire pour tous, l’Union Européenne a aussi la responsabilité de garantir la pérennité d’une présence stable sur les marchés mondiaux alimentaires.

Parallèlement, la PAC a évolué pour répondre en plus aux défis de vitalité des zones rurales européennes et à ceux de la préservation de l’environnement et de la lutte contre le changement climatique.

Socle de développement des zones rurales, gestionnaires de 75 % du territoire européen et de nos ressources naturelles, les agricultures européennes sont une clé de voute en la matière et les agriculteurs les seuls relais crédibles pour une action effective.

Aujourd’hui, la PAC doit viser à répondre à la fois aux objectifs de :

  • Assurer la sécurité alimentaire des européens et permettre aux citoyens européens de disposer d’une alimentation de qualité et à prix accessible
  • Garantir un niveau correct de revenus aux agriculteurs alors même que la volatilité des marchés agricoles s’est accrue considérablement depuis le milieu des années 2000 sous l’effet conjugué du changement climatique et de la globalisation des dits marchés
  • Préserver l’environnement, sol, air, eau et contribuer à la lutte contre le changement climatique
  • Maintenir l’Union Européenne comme 1er exportateur sur les marchés mondiaux – l’UE est aussi le 1er importateur mondial de biens agricoles et alimentaires
  • Maintenir un maillage agricole fort, base du développement territorial d’activités agro-alimentaires et de développement économique local, et ce dans l’ensemble des régions européennes.

Par ses réformes successives, la PAC a cherché à répondre à ses défis les uns après les autres, mais en les traitant in fine séparément les uns des autres.

Faute d’une vision suffisante, voire à rebours, les défis sociétaux ont été traités partiellement et par des empilements normatifs alors que les défis économiques ont été largement laissés en jachère.

Le défi qui se présente pour ceux qui devront décider des futures politiques européennes ayant un impact sur les agricultures et les zones rurales de l’Union Européenne, est non seulement de réconcilier attentes sociétales et défis économiques mais de les mettre en synergie en centrant la PAC sur le défi de la double performance de nos agricultures : pas d’économie sans plus d’environnement, pas d’environnement sans bénéfice économique.

Pour cela, la PAC doit redevenir une politique d’investissement de l’Union Européenne dans son avenir et centrer ses actions sur :

  • l’investissement et l’innovation dans les fermes et la chaine alimentaire ; les secteurs agricoles doivent se saisir rapidement des opportunités du digital tant pour leurs relations avec les consommateurs, que leurs résultats économiques et environnementaux
  • l’incitation à la transition des agricultures européennes vers des systèmes agricoles de double performance telles que l’agriculture intégrée, l’agriculture digitale, l’agriculture biologique ou encore l’agriculture de conservation
  • la sécurisation des agriculteurs européens face aux risques et crises en alliant aides directes de base, soutien aux outils d’assurances des risques climatiques et des fonds mutuels de stabilisation des revenus, et réserve européenne efficace de gestion des crises
  • la promotion d’un modèle alimentaire européen de qualité, diversifié pour l’ensemble des citoyens européens.

6 balises de sécurité pour une PAC plus efficace et réellement commune

Réforme PAC

Face à la proposition de la Commission,

6 balises de sécurité pour une PAC plus efficace et réellement commune

 

La proposition de réforme présentée par la Commission le 1er juin 2018 est avant tout une proposition de réforme administrative de la PAC. Cependant, le nouveau modèle de mise en œuvre proposé aurait des implications politiques très fortes en scindant la PAC en 27 politiques agricoles nationales (voire plus avec des volets de politiques agricoles régionalisées), en simplifiant la gestion pour les services de la Commission mais en alourdissant la charge pour les Etats membres sans simplification pour les agriculteurs.

Le projet de la Commission propose à chaque Etat membre de bâtir sa propre politique agricole en définissant les règles d’éligibilité, les exigences liées aux différentes mesures finançables par la PAC, sa politique de contrôle et de pénalités, ainsi que ses niveaux d’ambitions –essentiellement environnementales- à atteindre. Sur cette base, la Commission aurait le pouvoir d’approuver ou non ces politiques nationales, reprenant pour son compte l’essentiel des pouvoirs des co-législateurs en matière d’orientations et de construction de la PAC, sans être toutefois en état de résister à la volonté de gouvernements forts.

Alors que les Etats membres auraient toute latitude sur la façon d’utiliser 98 % des fonds PAC, deux agriculteurs ayant des exploitations similaires installés dans des régions frontalières seraient confrontés à des environnements économiques et des exigences écologiques différentes, là où aujourd’hui la PAC instaure un socle commun de règles mais aussi d’utilisation de près des 2/3 des fonds du 1erpilier de la PAC (aides directes). Les marchés agricoles deviendraient vite un champ de bataille au sein de l’Union Européenne, au détriment du marché unique. La réduction de l’ambition environnementale serait une tentation pour certains afin d’offrir un avantage économique à leurs filières.

Par cette proposition, la Commission dit vouloir inciter les Etats membres lors de la rédaction de leurs stratégies (politiques) agricoles nationales à plus de cohérence d’utilisation des soutiens du 1erpilier de la PAC et du 2ndpilier (développement rural) et passer d’une politique de respect de mises en œuvre de mesures à une politique de performance appréciée sur la base des réalisations et d’indicateurs de résultats.

Si ces deux objectifs sont louables, la proposition présentée ne permet cependant pas de les atteindre : le premier sera soumis aux bonnes volontés et priorités de gouvernements divers, le second supposerait d’être en état de mesurer l’impact tant économique qu’environnemental des mesures mises en œuvre dans le cadre de la PAC et non –comme le propose la commission- de se limiter à un comptage du nombre d’hectares ou d’agriculteurs concernés par telle ou telle mesure sans que leur impact ne soit par ailleurs évalué en amont.

 

… 6 balises de sécurité pour une PAC Plus efficace et véritablement commune.

Face au enjeux sociétaux, économiques et environnementaux à relever, l’Union Européenne a besoin d’une PAC à la fois forte, efficace, commune et adaptée aux réalités d’une Union Européenne riche de sa diversité.

1   
Mettre en place des paramètres clés dans les actes de base au niveau communautaire : niveau minimum pour le soutien de base aux revenus

2
   Donner une dimension européenne à « l’Eco-Scheme », en concentrant les mesures à proposer par les Etats membres sur la promotion d’outils et de pratiques innovants à même d’encourager la transition environnementale et économique de l’agriculture européenne

3   
Promouvoir la dimension économique de la PAC avec un objectif financier minimum pour les outils de gestion des risques et pour les investissements de performance économique et environnementale

4   
Définir une base environnementale de référence européenne pour la « super » conditionnalité, avec la possibilité pour les États membres et les agriculteurs de proposer des mesures équivalentes lorsque cela est plus approprié

5   
Construire une réserve de crise efficace et convenablement financée avec des garanties que la Commission européenne réagira sans délai en cas de grave perturbation des marchés

6   Pas de processus d’approbation par la Commission européenne sur les éléments convenus par les co-législateurs et inclus dans le cadre juridique de l’UE

 

Prenant conscience de l’enjeu important de rectifier profondément la proposition de la Commission, les députés de la Commission Agriculture (Comagri) du Parlement Européen sortant ont adopté un nombre importants d’amendements afin de mettre en place ces 6 balises de sécurité et commencer à leur donner vie dans les projets de règlements PAC.

Il reviendra au prochain parlement et ses élus à construire cette politique agricole commune, efficiente, qui soit le moteur de la mise en place d’agricultures de double performance sur l’ensemble du territoire européen afin :

  • que l’Union Européenne reprenne sa place dans le concert mondial,
  • que les citoyens européens se retrouvent dans leurs agricultures et dans la PAC,
  • que les agriculteurs trouvent auprès de l’Union Européenne une force d’ambition et un environnement protecteur.

Les amendements adoptés par la Comagri sortante vont dans le bon sens. Ils constituent une première étape.

Le prochain parlement aura la responsabilité de décider de la PAC qui orientera les secteurs agricoles pour la prochaine décennie.

 

Pour remettre l’agriculture européenne en état de se projeter avec succès, le travail de la présente Comagri devra être approfondi afin que :

  • la PAC soit un outil de véritable incitation aux investissements de double performance environnementale et économique,
  • et que le smart farming s’appuyant sur le digital et les nouvelles technologies, et la transition vers ces nouveaux modes de production vertueux, soient un élement central de la mesure «eco-scheme» du 1er pilier et des investissements du deuxième pilier.

 

Analyse des flexibilités proposées par la Commission

 Picture4

 

Fonctionnement de la PAC :

– Fonctionnement de la PAC actuelle :

Auj

 

– Proposition de la Commission de nouveau fonctionnement de la PAC :

Demain

2% de coûts administratifs et 15 heures par an : la PAC 2013 est-elle vraiment pesante pour les agriculteurs ?

 

11 juillet 2019

 

La PAC actuelle – et en particulier la réforme de la PAC de 2013 – est accusée régulièrement de générer une charge administrative trop lourde pour les agriculteurs. On l’a qualifiée de trop complexe, trop coûteuse. Cela a généré des appels à une simplification nouvelle de la dite PAC. La Commission européenne a justifié sa nouvelle proposition de PAC par le souhait de proposer un système plus flexible comme moyen de simplifier et de moderniser le fonctionnement de la PAC. Ce faisant, le commissaire à l’Agriculture, Phil Hogan, insiste sur le fait que «la simplification était l’une de ses principales priorités depuis sa nomination»et que, par conséquent, la nouvelle proposition de la PAC «se traduira par une réelle simplification, tant pour les administrations que pour les agriculteurs».

Toutefois, le 8 juillet, la Commission a publié sa propre étude (Analyse de la charge administrative découlant de la PAC)[i], écrite en novembre dernier, qui examine les coûts actuels et la charge administrative du Système intégré de gestion et de contrôle (SIGC) sur la base de la réforme de la PAC de 2013. Son objectif était de «contribuer aux réflexions sur la simplification et l’amélioration des systèmes et procédures de gestion de la mise en œuvre de la PAC.» (L’étude a été conçue avant la publication des propositions pour la PAC après 2020. Par conséquent, elle ne fournit pas d’analyse approfondie des coûts administratifs de la proposition de PAC actuellement en discussion.)

A l’opposé des prises de positions évoquées ci-avant, l’étude conclue que les agriculteurs n’ont pas supporté d’augmentation significative des coûts administratifs depuis la réforme de 2013. Toutefois, elle indique que «la réforme de 2013 a entraîné une augmentation de la charge administrative pour les administrations, ce qui a permis d’éviter une augmentation significative de la charge pour les bénéficiaires», les agriculteurs.

L’étude indique que «le coût total estimé de la charge administrative pour les agriculteurs va de 12,5 € à Malte à 10 308 € en Allemagne par an» avec «globalement, le coût total médian est de 236 € par agriculteur et par an». Elle dit aussi qu’en «proportion des coûts totaux de l’exploitation, la part des coûts médians pour la charge administrative liée à la PAC est estimée à environ 0,4%» et qu’en «proportion de l’aide totale de la PAC reçue, le coût médian de la charge administrative est estimé à 2%». En termes de temps consacré par les agriculteurs, «le temps total médian consacré aux tâches administratives liées à la PAC était de 15 heures par an» pour l’ensemble de l’échantillon d’agriculteurs interrogé, temps qu’ils ont décrit comme «faisant partie du travail».

En ce qui concerne les administrations, «les coûts administratifs du SIGC ne représenteraient qu’environ 3% du budget annuel de la PAC», soit «entre 1,7 et 1,9 milliard d’euros», soit «10,47 € par hectare de surface agricole utilisée

Ainsi, contrairement à l’argument selon lequel le coût administratif de la PAC est lourd et coûteux, l’étude révèle que, comparé à d’autres fonds, il est inférieur au «taux global des Fonds structurels et d’investissement européens (estimés à 4% des dépenses publiques) et aux coûts administratifs de l’UE (représentant environ 6% du budget total de l’UE)».

Néanmoins, les coûts administratifs varient considérablement entre les États membres, principalement en raison de leurs «caractéristiques spécifiques», telles que les caractéristiques de leur secteur agricole et l’organisation des structures administratives des Etats, les systèmes informatiques utilisés.

Une telle conclusion suggère que ces coûts administratifs divergents pourraient très probablement être amplifiés par la proposition de la Commission relative à la PAC, dans la mesure où elle donnerait à chaque État membre la responsabilité de construire sa propre politique agricole, en perdant l’aspect «commun» de la Politique agricole commune et de sa gestion, et donc nécessitant davantage de capacités administratives aux niveaux national et régional.

La Commission a promu le slogan de la simplification comme base et élément central de la proposition de réforme en cours. Cependant, les conclusions générales de l’étude affaiblissent l’argument selon lequel les coûts administratifs actuels de la PAC sont onéreux ou coûteux pour les agriculteurs.

L’étude recommande de recourir à «l’automatisation, la numérisation et les nouvelles technologies de gestion et de contrôle», qui peuvent aider à atténuer les coûts associés à la PAC, plutôt que de recourir à une refonte de l’architecture de l’administration de la politique.

 

[i]https://ec.europa.eu/agriculture/sites/agriculture/files/external-studies/2018-analysis-adm-burden-arising-cap/final-report_en.pdf