Certification: dissocier réduction des émissions et séquestration, un non sens environnemental
La Commission européenne a présenté, aujourd’hui, sa proposition de règlementation pour établir les bases de la certification du carbone par les secteurs agricoles et forestiers.
Il s’agit d’une étape clef pour la mise en place d’un véritable modèle économique pour le « carbone farming », et donc, pour l’Europe, dans sa capacité à atteindre son objectif de réduction des émissions, de stockage et de neutralité carbone.
Il existe une quarantaine d’actions d’atténuation recensées pouvant être utilisées dans le secteur agricole européen. Elles regroupent des actions de réduction d’émissions et de séquestration de carbone qui pourraient permettre une atténuation de plus de 250 Mt de CO2eq dans le secteur agricole, soit près de 60% des émissions actuelles du secteur, et en ferait un secteur neutre voire net stockeur de carbone.
Dans le cadre d’une promotion à grande échelle d’actions d’atténuations pour l’atteinte des objectifs climatiques de l’UE, dissocier ces deux types d’actions (réduction ou séquestration) aboutirait à des non sens environnementaux, des liens étroits existants entre ces deux postes. La communauté scientifique tout comme de nombreux acteurs du terrain, engagés dans des modèles de certification de transition bas carbone depuis plusieurs années, soulignent l’importance d’une mesure complète de la variation des émissions de GES ET de stockage de carbone, en particulier dans le cadre d’un modèle de Carbon Farming qui se veut axé sur les résultats et robuste au niveau climatique et environnemental.
Dans ce contexte, la proposition de la Commission européenne reflète une vision étroite du potentiel du carbone farming qui ne permettrait pas d’engager une réelle dynamique européenne, alors même que le temps presse et que le potentiel de l’agriculture est à portée de main. Cette approche devra être rééquilibrée par le Parlement européen et le Conseil pour jeter les bases d’un modèle de certification à la hauteur des enjeux.