Il est temps de renforcer le volet éducation des programmes de distribution de l’UE
Les programmes scolaires d’approvisionnement alimentaire sont une initiative européenne dont l’objectif est d’améliorer la qualité et la variété de l’apport nutritionnel des enfants en âge scolaire. Ils représentent un volet préventif de l’approche de l’UE en matière de santé en éduquant la prochaine génération à des régimes alimentaires sains et équilibrés, au soin de soi et à la valeur culturelle de l’alimentation. Ou, du moins, ils pourraient le faire.
Aujourd’hui, la commission COMAGRI a voté sur le rapport INI relatif à ces programmes.
Farm Europe se félicite de la position adoptée par la COMAGRI, qui consiste à mettre l’accent sur la sensibilisation et l’éducation, à rendre le programme accessible à un plus grand nombre d’enfants, à aborder la question des allergies et à maintenir le soutien aux aliments traditionnels, dont le lait et les produits laitiers, plutôt qu’aux produits d’imitation.
Comme l’a analysé Farm Europe, afin d’améliorer la mise en œuvre et l’efficacité des programmes, les actions suivantes doivent être entreprises :
- Améliorer l’inclusivité : les programmes ne peuvent être efficaces que s’ils touchent un maximum d’enfants scolarisés. En fin de compte, l’objectif des programmes devrait être d’inclure 100% des enfants qui fréquentent l’école, au moins pour les cours et les activités supplémentaires (cours de cuisine, visites de fermes, dégustations, etc.) En outre, la fourniture gratuite de fruits et légumes, de lait et de produits laitiers aux enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés (deux premiers quintiles) devrait être envisagée, alors que les programmes actuels permettent aux États membres de décider si les familles doivent compenser en partie les coûts.
- Une coordination réellement efficace entre les acteurs impliqués dans les programmes (écoles, familles, État, producteurs et autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement alimentaire) doit être mise en œuvre pour assurer la cohérence et faciliter les échanges dans le cadre de l’organisation des mesures d’approvisionnement et d’éducation.
- Financement entre États : les fonds devraient être recalibrés sur la base des besoins nutritionnels réels des élèves dans les États membres, en tenant compte également du contexte socio-économique et en concentrant leur action là où c’est le plus nécessaire.
- Accorder plus d’importance aux mesures éducatives d’accompagnement : il est en effet nécessaire de consacrer plus d’efforts aux mesures éducatives, à l’information des élèves sur les régimes alimentaires et le mode de vie équilibrés, et susciter l’utilisation équilibrée des différents ingrédients bruts, ou peu transformés. Cette approche, avec une formation éducative accrue, pourrait également cibler et réduire le fléau du gaspillage alimentaire dans les cantines scolaires, qui est estimé à environ 19,3 kg par élève et par année scolaire.
- Envisager une approche holistique
- Se concentrer sur tous les enfants scolarisés, de l’école primaire (et préscolaire) à 15 ans.
- Inclure dans le financement du programme des activités qui couvrent des cours de cuisine, des cours pluridisciplinaires sur la nutrition (lien avec la biologie, la saisonnalité, la philosophie, la médecine, l’art, etc.)
- Soutenir plus concrètement les acteurs » sur le terrain « , responsables de la mise en œuvre effective de ces programmes (enseignants, personnel de cantine, chefs cuisiniers, diététiciens, etc.)
- Accompagner les campagnes de communication tout au long de l’année scolaire, en incitant les élèves à reconfirmer et à renforcer les messages appris pendant les heures de cours.
- Bannir les aliments ultra-transformés du milieu scolaire et privilégier les aliments naturels et traditionnels, notamment pour répondre de manière adéquate au problème des allergènes, et refuser toute tentative d’inclusion d’aliments d’imitation ou de synthèse.
- Encourager le développement d’aliments savoureux proposés dans les cantines : le repas nutritionnellement équilibré doit rester la priorité des marchés publics, mais le goût et le plaisir sont des éléments aussi fondamentaux de l’alimentation.
- Réduire les charges administratives nationales pour les instituts d’enseignement, les fournisseurs de denrées alimentaires et les administrations locales, notamment en renforçant leur numérisation.
- Privilégier des ingrédients et produits locaux lors des cours de cuisine, des activités de dégustation, et dans les menus de cantine.
- Fournir un mécanisme qui permette aux écoles de recevoir des fruits et légumes des agriculteurs locaux (et, en général, de la chaîne d’approvisionnement locale). il est nécessaire de développer une relation étroite entre les agriculteurs locaux, qui représentent une ressource importante en termes de connaissances, et les enfants, qui sont les citoyens de demain.
Enfin, la question du financement devra être abordée si l’on veut que ces programmes soient efficaces et donnent des résultats concrets. Le soutien financier de l’UE devrait être défini comme un véritable levier de mobilisation du soutien national (public et/ou privé) pour atteindre un budget global de 2,7 milliards d’euros par an au profit des 67 millions d’enfants européens.