Etude des performances économiques et environnementales de l’agriculture digitale

Introduction

En réponse aux défis environnementaux et climatiques et aux attentes sociétales, le projet de PAC post-2020 se propose d’élever ses ambitions environnementales pour faciliter et encourager la prise en compte de ces enjeux dans les pratiques agricoles. Un équilibre entre les dimensions économique et environnementale est essentiel à trouver afin d’assurer la stabilité et une rentabilité du travail pour les agriculteurs et de mettre en place une PAC durable (Jereb et al., 2017; COMAGRI, 2019).

Le plan Ecoscheme est un nouvel outil proposé dans la réforme de la PAC post-2020 qui se veut être moteur d’une transition vers une agriculture plus durable (COMAGRI, 2019). Il remplace le verdissement des aides au revenu instauré lors de la réforme de 2013. Tout comme les mesures de verdissement, le plan Ecoscheme permet de consacrer une part des paiements directs à la protection de l’environnement et au climat (COMAGRI, 2019).

Le contenu du plan Ecoscheme a comme double objectif de garantir une unité d’action et d’ambition tout en étant suffisamment flexible pour répondre aux enjeux locaux. Une idée pour atteindre ce but serait de stimuler la transition vers des systèmes agricoles plus durables.

Face aux reproches récurrents concernant l’absence de quantification des effets de la PAC, des outils politiques simples et offrant un suivi solide des résultats à travers l’Europe sont souhaités, tant par des acteurs du monde agricole que par les décideurs européens.

Le lien entre agriculture et environnement est à maintenir et à renforcer, dans la continuité des PAC précédentes. Les nouveaux outils à disposition de l’agriculture affirment assurer des résultats économiques et environnementaux. Si c’est le cas, ils permettraient d’atteindre cette double performance économique et environnementale. Plus répandus, ils pourraient assurer une évaluation précise de l’effet des politiques mises en place.

Ainsi, face à l’enjeu de la définition d’un cadre européen pour l’Ecoscheme et d’une mise en œuvre portant des fruits concrets, cette étude a pour objectif d’évaluer les performances économiques et environnementales des différents systèmes agricoles avec et sans le recours à l’agriculture de précision.

Sommaire

1.    CONTEXTE

1.1.    La Politique Agricole Commune, PAC

1.1.1.    Une PAC tournée vers l’environnement

1.1.2.    PAC actuelle

1.1.3.    Les objectifs de verdissement

1.1.4.    Les résultats de cette mesure

1.2.    Enjeux auxquels doit répondre la réforme de la future PAC 2021-2027

1.1.5.    Enjeux environnementaux

1.1.6.    Attentes sociétales

1.1.7.    Enjeux économiques  du secteur agricole aux différentes échelles

1.1.8.    Bilan : nécessité d’une double performance

1.3.    Plan Ecoscheme

1.1.9.    But

1.1.10.    Structure

1.1.11.    Contenu

1.1.12.    Stimuler la transition vers certains systèmes agricoles

1.1.13.    Le suivi de l’impact de ce plan à l’échelle des exploitations

1.1.14.    Intérêt de l’agriculture de précision pour améliorer les performances environnementales des exploitations

1.4.    Problématique

2.    ETAT DE L’ART

2.1.    Définition

2.1.1.    Agriculture digitale et smart farming

2.1.2.    L’automatisation de l’agriculture

2.1.3.    L’agriculture de précision

2.2.    Les outils par type de production

2.2.1.    L’élevage de précision

2.2.2.    Les outils liés à la gestion des surfaces agricoles

2.2.3.    Le coût de ces outils

2.3.    Les différents niveaux des outils liés à la gestion des intrants en production végétale

2.4.    Le développement de l’agriculture digitale en Europe

2.4.1.    Données générales

2.4.2.    Buts recherchés par les agriculteurs

2.4.3.    Intérêt de l’agriculture digitale au regard des politiques agricoles européennes

2.4.4.    Durabilité de l’agriculture digitale européenne à l’échelle mondiale

2.5.    Eléments freinant le développement de l’agriculture digitale

2.5.1.    Freins des agriculteurs à adopter ces technologies

2.5.2.    La complexité des technologies

2.5.3.    Manque d’infrastructures

2.5.4.    Enjeu de standards

2.5.5.    Enjeux des connaissances et d’expertises

2.5.6.    Défis liés à la gestion des données issues de l’agriculture digitale

2.6.    Rôle de l’Union Européenne vis à vis de ces défis

2.7.    Enjeu d’une analyse quantitative des performances de ces outils

 

3.    MÉTHODOLOGIE

3.1.    Collection des données

3.1.1.    Fournisseurs de données

3.1.2.    Cultures concernées

3.1.3.    Type de données collectées

3.1.4.    Coût des AOD selon les intrants

3.2.    Traitement des données

3.3.    Résultats calculés à partir des données

3.3.1.    Résultats à calculer pour une analyse complète

3.3.2.    Résultats obtenus en fonction des données disponibles

4.    EVALUATION DE LA PERFORMANCE ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTALE

4.1.    Gestion de l’irrigation

4.1.1.    Culture d’amandes

4.1.2.    Culture de coton

4.1.3.    Oléiculture

4.1.4.    Culture de pêches

4.1.5.    Culture de pistaches

4.1.6.    Culture de pommes de terre

4.1.7.    Culture de raisins

4.1.8.    Culture de maïs

4.1.9.    Bilan performance des OAD liés à la gestion de l’irrigation

4.2.    Gestion des pesticides

4.2.1.    Culture d’amandes

4.2.2.    Culture de betteraves

4.2.3.    Culture de blé

4.2.4.    Blé tendre

4.2.5.    Culture de coton

4.2.6.    Culture de haricots

4.2.7.    Culture de kiwis

4.2.8.    Oléiculture

4.2.9.    Culture d’orge

4.2.10.    Culture de pêches

4.2.11.    Culture de pistaches

4.2.12.    Culture de pois chiches

4.2.13.    Culture de pommes de terre

4.2.14.    Culture de raisins

4.2.15.    Culture de stevia

4.2.16.    Culture de tomates

4.2.17.    Bilan des performances des OAD liés à la gestion des pesticides

4.3.    Gestion de la fertilisation

4.3.1.    Culture d’amande

4.3.2.    Culture de blé

4.3.3.    Culture de colza

4.3.4.    Culture de coton

4.3.5.    Culture de laitues

4.3.6.    Oléiculture

4.3.7.    Culture d’orge

4.3.8.    Culture de pêches

4.3.9.    Culture de pommes de terre

4.3.10.    Culture de raisins

4.3.11.    Culture de tomates

4.3.12.    Bilan des performances des OAD liés à la gestion des fertilisants

4.4.    Récapitulatif de la performance des OAD par culture

4.4.1.    Culture d’amandes

4.4.2.    Culture de blé

4.4.3.    Culture de coton

4.4.4.    Oléiculture

4.4.5.    Cultures d’orge

4.4.6.    Culture de pêches

4.4.7.    Culture de pistaches

4.4.8.    Culture de pommes de terre

4.4.9.    Culture de raisins

4.4.10.    Culture de tomates

5.    DISCUSSION

5.1.    Performance des OAD

5.1.1.    Performance environnementale

5.1.2.    Performance économique

5.1.3.    Limites et perspectives de l’analyse

5.1.4.    Bilan de la performance des OAD

5.2.    Conséquences de l’implantation de l’agriculture digitale

5.2.1.    Conséquences sur les emplois

5.2.2.    L’agriculture digitale au regard des systèmes agricoles

5.2.3.    L’agriculture digitale face à la diversité des exploitations agricoles européennes

5.3.    Stimuler la transition vers l’agriculture digitale

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

 

1.    Contexte

1.1.   La Politique Agricole Commune, PAC

1.1.1.     Une PAC tournée vers l’environnement

La PAC, créée en 1962, avait pour objectif de procurer de la nourriture à un prix abordable en Europe et d’assurer un cadre de vie décent aux agriculteurs. A cette orientation économique soutenant les marchés agricoles et les producteurs, s’ajoute, à partir des années 90, une dimension environnementale (European Commission, 2019). En 1985, le Conseil introduit pour la première fois dans l’article 19 du règlement 795/85 la notion  de protection des habitats et des paysages agricoles. En 1991 la Commission souligne l’importance d’encourager une production respectueuse de l’environnement. L’intégration d’exigences environnementales dans la PAC lors de la réforme de Mac Sharry, en 1992, donne suite à cette orientation. La protection de l’environnement va gagner de l’importance au fur et à mesure des réformes des politiques agricoles, jusqu’à devenir l’un des trois principaux enjeux de la réforme Ciolos de 2013 (European Commission, 2019).

Les agriculteurs, encouragés à minimiser leur empreinte environnementale en modifiant leurs pratiques, ont permis une réduction de 21% d’émissions de GES, Gaz à Effet de Serre, grâce une utilisation plus efficiente des engrais entre 1990 et 2014 (COMAGRI, 2019). Aujourd’hui, la société européenne semble exprimer une forte attente en matière de lien entre l’agriculture et l’environnement. Des réponses apportées par ce secteur, et tout particulièrement en ce qui concerne le changement climatique sont espérées.

 

1.1.2.     PAC actuelle

Afin d’améliorer les performances environnementales et climatiques de la PAC, la réforme de 2013 a instauré une mesure de « verdissement », aussi appelée « paiement vert ». Cette mesure, représente 30% des paiements directs, soit 12 milliards d’euros. Mise en pratique, en 2015, cette mesure rémunère les agriculteurs pour la réalisation de pratiques bénéfiques pour l’environnement, fournissant des biens publics de base (Jereb et al., 2017).

 

1.1.3.     Les objectifs de verdissement

Le verdissement vise à encourager des pratiques agronomiques simples et bénéfiques pour l’environnement à l’échelle de l’ensemble du territoire de l’Union. Ces pratiques sont mises en œuvre par des millions d’agriculteurs, sur de larges pans du territoire européen. Les mesures de verdissement répondent à trois objectifs environnementaux. Le premier concerne l’amélioration de la qualité des sols, notamment via l’augmentation du taux de matière organique en assurant une diversification des cultures minimum obligatoire. Le second assure la préservation et l’amélioration de la biodiversité par l’intégration d’un certain pourcentage de surfaces d’intérêts écologiques, SIE, dans les exploitations. Les jachères, les surfaces de cultures dérobées et de plantes fixant l’azote, et certaines particularités topographiques font partie de ces SIE. Le dernier objectif environnemental est la séquestration du carbone par les prairies permanentes, en assurant la protection de ces dernières (Jereb et al., 2017).

1.1.4.     Les résultats de cette mesure

Le rapport de la Cour des Comptes Européenne s’interroge sur l’efficacité des mesures de verdissement mises en place. La Cour estime que ces mesures ne sont à l’origine de changements positifs que pour 5% des agriculteurs. 65 % d’entre eux n’auraient pas eu à modifier leurs pratiques pour être éligibles à ces aides (Jereb et al., 2017). Toutefois, par ce bilan, la Cour des Comptes relève uniquement les changements positifs de pratiques réalisés par les agriculteurs. Elle ne prend pas en compte le maintien des pratiques bénéfiques pour l’environnement déjà mises en œuvre par les agriculteurs. Selon la Commission, 77% des surfaces agricoles de l’Union Européenne sont concernées par le verdissement.Ces constats divers montrent le manque de clarté des objectifs environnementaux et soulèvent l’ambivalence de cette mesure. Doit-elle inciter les exploitations à se tourner d’avantage vers l’environnement ou doit-elle récompenser les agriculteurs pour leurs pratiques bénéfiques pour l’environnement ?

Toutefois, il est souligné que la PAC de 2013 a construit une cohérence, basée sur des objectifs communs européens, entre ces mesures de verdissement, les normes et exigences de conditionnalité et les engagements relevant du développement rural (Jereb et al., 2017).

 

1.2.   Enjeux auxquels doit répondre la réforme de la future PAC 2021-2027

1.1.5.     Enjeux environnementaux

La Cour des Comptes soulève parmi ses recommandations l’importance d’établir des objectifs environnementaux quantifiés. Elle insiste également sur le besoin de concevoir des modèles qui suivront l’impact des futures mesures environnementales de la PAC sur l’environnement et le climat  (Jereb et al., 2017).

De plus, de nombreux engagements environnementaux ont été pris par l’Union Européenne au plan international depuis la réforme de 2013. Il s’agit notamment de l’objectif de réduire de 40% les émissions de GES d’ici 2030, décidé lors des accords de Paris en 2015 et des Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies (European Commission, 2018). Les thématiques de lutte et d’adaptation au changement climatique, la gestion durable des ressources naturelles (eau, sol et air) et la préservation de la biodiversité et des écosystèmes figurent parmi ces objectifs.  Il est affirmé dans les ODD que la réalisation de ces objectifs passe par la mise en place de politiques et de stratégies au niveau national (Nations Unies, 2019). Dans le cadre de ces engagements, trois des neufs objectifs de la future PAC proposée par la Commission sortante sont liés à l’environnement et reprennent les thématiques des ODD.

 

1.1.6.     Attentes sociétales

Les citoyens européens attendent du secteur agricole des denrées alimentaires sûres, nutritives et à des prix justes. Parallèlement, ils font part d’un souhait grandissant de vivre d’une agriculture produisant plus durablement, qui se traduit notamment par une attention plus soutenue quant à l’origine et la qualité des aliments. Cette notion de durabilité englobe la protection de l’environnement, la lutte contre le changement climatique et le maintien de la biodiversité et du bien-être animal (COMAGRI, 2019). L’impact de l’agriculture sur la santé des producteurs est également un sujet fréquemment soulevé. Une enquête européenne a également mis en évidence le souhait de renforcer le rôle des agriculteurs dans la chaîne alimentaire et de soutenir les communautés rurales et l’agriculture familiale (DGCOMM, 2016).

De nombreux acteurs, dont les syndicats agricoles, souhaitent que les agriculteurs soient moteurs de ces évolutions et demandent un accompagnement dans la transition agricole, une simplification de la PAC tant au niveau administratif que dans son utilisation et dans les sanctions qu’elle instaure. Des politiques avec des objectifs concrets et des indicateurs clairs et rigoureux sont attendus.

1.1.7.     Enjeux économiques  du secteur agricole aux différentes échelles

Les politiques agricoles doivent permettre aux agriculteurs la production de denrées alimentaires, de biens publics et de services de qualité en réponse aux attentes des consommateurs tout en assurant un revenu décent (European Commission, 2019).

Le secteur agricole doit être soutenu en rémunération des biens non marchands qu’il produit, au regard des distorsions de coûts liés aux choix de société que l’Union Européenne a fait, ainsi que face aux marchés et leurs volatilités croissantes.

Au delà des justes rémunérations des biens non marchands par la PAC, l’enjeu est à la fois de renforcer la position des agriculteurs au sein de chaînes d’approvisionnement qui tendent à réduire le coût des matières premières (European Commission, 2019). Il s’agit aussi de les inciter à se projeter en investissant tout en leur donnant les moyens de gérer la volatilité des prix et des marchés et de les préserver des impacts de crises profondes d’origines essentiellement exogènes.

A l’échelle internationale, la compétitivité de l’Europe doit s’en retrouver renforcée afin que l’Union Européenne consolide sa place sur les marchés mondiaux pour les différents segments de marché –assumant sa responsabilité en matière d’approvisionnement et de stabilité des marchés alimentaires – et renforce son degré d’autonomie notamment protéique.

 

1.1.8.     Bilan : nécessité d’une double performance

En réponse aux défis environnementaux et climatiques et aux attentes sociétales,  le projet de PAC post-2020 se propose d’élever ses ambitions environnementales pour faciliter et encourager la prise en compte de ces enjeux dans les pratiques agricoles. Un équilibre entre les dimensions économique et environnementale est essentiel à trouver afin d’assurer la stabilité et une rentabilité du travail pour les agriculteurs et de mettre en place une PAC durable (Jereb et al., 2017; COMAGRI, 2019).

 

1.3.   Plan Ecoscheme

1.1.9.     But

Le plan Ecoscheme est un nouvel outil proposé dans la réforme de la PAC post-2020 qui se veut être moteur d’une transition vers une agriculture plus durable (COMAGRI, 2019). Il remplace le verdissement des aides au revenu instauré lors de la réforme de 2013. Tout comme les mesures de verdissement, le plan Ecoscheme permet de consacrer une part des paiements directs à la protection de l’environnement et au climat (COMAGRI, 2019).

 

 

1.1.10.   Structure

Il s’agirait d’aides à l’hectare variables d’un Etat à l’autre (voire d’une région à l’autre) et d’une mesure à l’autre, que les agriculteurs recevraient annuellement en fonction des pratiques bénéfiques pour l’environnement et pour le climat qu’ils mettent en place. Les états membres auraient l’obligation de mettre en œuvre cet outil. Ils seraient libres des mesures à y insérer et des exigences environnementales portées par ces mesures, lesquelles seraient facultatives pour les agriculteurs (COMAGRI, 2019).

 

Pour ne pas empiéter sur les autres mesures de la PAC, les pratiques et les dispositifs promus par cette mesure devraient assurer des bénéfices environnementaux supérieurs à ceux demandés pour la conditionnalité environnementale[1]. Cette conditionnalité environnementale devrait être mise en place par les états membres au titre de la PAC. La commission concède toutefois un degré très fort de subsidiarité dans les exigences réelles faites à leurs agriculteurs en la matière. Les pratiques et bénéfices  devraient également porter sur des engagements différents des MAEC[2], Mesures Agro-Environnementales et Climatiques, du second pilier.

 

La Commission de l’Agriculture du Parlement Européen, COMAGRI, dans sa position sur la proposition de réforme de la Commission, a, quant à elle, souligné que de tels pratiques et dispositifs devraient être à la fois bénéfiques pour l’environnement et économiquement viables afin d’assurer la stabilité et la résilience des agriculteurs. En alliant ces deux performances, ils garantissent la construction d’un outil viable sur le long terme.

 

1.1.11.   Contenu

Le budget alloué à ces aides n’est pas défini, tout comme le montant que toucheraient les agriculteurs, qui serait à définir au niveau national par chaque état membre (COMAGRI, 2019). Les membres de la COMAGRI du Parlement Européen ont stipulé dans leur position que les aides devront couvrir plus qu’une simple compensation des coûts additionnels et des pertes de revenus liés à la mises en la place de tels pratiques et dispositifs (Farm Europe, 2019).

Bien que la structure soit discutée, ce plan ne contient aujourd’hui aucune pratique et aucun dispositif. La Commission ouvre la voie à ce que chaque état membre élabore un plan stratégique PAC à partir de la situation de son territoire et des besoins qui y sont présents. Ces plans devraient répondre à des objectifs quantifiés concernant la qualité de l’eau, de l’air, la biodiversité, les émissions de GES et l’utilisation d’énergie et de pesticides[3]. Pour la Commission, adapter cette mesure au niveau national, voir régional selon les types de sols, les climats, l’utilisation des terres et les structures des exploitations permettrait de mieux répondre aux enjeux environnementaux locaux. Or le sujet se heurte à la fois à la cohérence d’action et d’ambition minimale au niveau européen et à l’impératif de maintenir la communautalité de la PAC sans aller à l’encontre de l’objectif impérieux de maintenir, voire renforcer le marché unique (COMAGRI, 2019).

 

 

1.1.12.   Stimuler la transition vers certains systèmes agricoles

Pour répondre aux enjeux locaux sans compromettre l’unité de l’Europe, une solution serait de fixer le contenu du plan Ecoscheme avec des objectifs larges, atteignables par différents moyens. Il serait ainsi possible d’adapter aux conditions locales les moyens pour parvenir à ces objectifs.

Les systèmes agricoles pourraient correspondre à ces objectifs. Les principaux sont reconnus à l’échelle internationale et tous soutiennent un ensemble de pratiques. Il s’agirait donc de promouvoir la transition vers des systèmes agricoles qui soient respectueux de l’environnement et économiquement viables sur le long terme. Les pratiques liées à ces systèmes, une fois identifiées, correspondraient aux pratiques à promouvoir par le plan Ecoscheme.

1.1.13.   Le suivi de l’impact de ce plan à l’échelle des exploitations

Comme le modèle de la prochaine PAC se veut basé sur des résultats (Etats membres de l’UE, 2019), il est nécessaire de mesurer l’impact des outils construits pour atteindre les objectifs environnementaux. Si les objectifs diffèrent d’un état à l’autre et si les ambitions font de même, il sera difficile de quantifier à l’échelle européenne les bénéfices obtenus par ce plan.

La Commission Européenne a mis au point 178 indicateurs et plus de 900 sous-indicateurs pour évaluer la performance de la PAC. Ce nombre conséquent d’indicateurs veut comparer les effets de la PAC pays par pays. Comme le recommandait la Cour des Comptes, évaluer le plan Ecoscheme séparément permettrait de mieux mesurer l’impact de ce dernier sur les performances économiques et environnementales des exploitations agricoles (Jereb et al., 2017).

Il y a donc urgence à mettre place un ensemble d’indicateurs européens –concis, clair et précis- assurant le suivi et évaluant très concrètement l’efficacité de l’outil au niveau des exploitations agricoles, des régions, et Etats et in finede l’Union Européenne. Ces indicateurs doivent être fondés sur des critères simples et transversaux pour quantifier et suivre de façon homogène l’ensemble des mesures choisies par les Etats pour répondre à leurs objectifs environnementaux.

1.1.14.   Intérêt de l’agriculture de précision pour améliorer les performances environnementales des exploitations

Selon la Commission, la connaissance, l’innovation et la numérisation sont des outils essentiels pour améliorer les performances de la PAC et du secteur agricole européen concernant la protection de l’environnement (COMAGRI, 2019). L’agriculture de précision utilise des capteurs pour mesurer les besoins des cultures, des animaux et les conditions climatiques. Ils rendent possible l’ajustement des apports d’intrants comme l’eau, les nutriments et les produits phytosanitaire aux besoins mesurés.

Dans un tel système, les exploitations agricoles génèrent des données sur les quantités d’intrants utilisées et sur les rendements obtenus. Ces données pourront –à terme- alimenter des indicateurs qui illustreront avec beaucoup plus de précision les performances environnementales des exploitations. Mais pour ce faire, l’utilisation de tels outils doit être suffisamment généralisée au sein des exploitations européennes pour couvrir l’essentiel des surfaces et productions réalisées. Cette généralisation n’aura lieu que si l’agriculture de précision assure une performance environnementale et qu’elle est économiquement bénéfique pour les agriculteurs.

 

1.4.   Problématique

Le contenu du plan Ecoscheme a comme double objectif de garantir une unité d’action et d’ambition tout en étant suffisamment flexible pour répondre aux enjeux locaux. Une idée pour atteindre ce but serait de stimuler la transition vers des systèmes agricoles plus durables.

Face aux reproches  récurrents concernant l’absence de quantification des effets de la PAC, des outils politiques simples et offrant un suivi solide des résultats à travers l’Europe sont souhaités, tant par des acteurs du monde agricole que par les décideurs européens.

Le lien entre agriculture et environnement est à maintenir et à renforcer, dans la continuité des PAC précédentes. Les nouveaux outils à disposition de l’agriculture affirment assurer des résultats économiques et environnementaux. Si c’est le cas, ils permettraient d’atteindre cette double performance économique et environnementale. Plus répandus, ils pourraient assurer une évaluation précise de l’effet des politiques mises en place.

Ainsi, face à l’enjeu de la définition d’un cadre européen pour l’Ecoscheme et d’une mise en œuvre portant des fruits concrets, cette étude a trois objectifs. Le premier but est d’analyser qualitativement différents systèmes agricoles pour discerner ceux vers lesquels promouvoir une transition. Le second consiste en la mise en place d’un ensemble d’indicateurs permettant de mesurer quantitativement l’impact de ce plan au sein des exploitations. Le dernier objectif est d’évaluer les performances économiques et environnementales des différents systèmes agricoles avec et sans le recours à l’agriculture de précision.

 

2.    Etat de l’art

2.1.   Définition

2.1.1.     Agriculture digitale et smart farming

L’agriculture digitale intègre les technologies de l’information et de la communication (ICT) dans le domaine agricole. Les systèmes de positionnement global (GPS), les systèmes d’information géographiques (GIS), les nuages de données, les « Internet of Things » (IOT), les techniques de radio-identification (FRID), les systèmes de collecte et de gestion de données, les drones et les activateurs, rattachés à des capteurs et à des caméras très précises sont des technologies utilisées en agriculture digitale. Depuis quelques décennies, ces outils numériques sont utilisés en élevage, en grande culture, en arboriculture, en viticulture ou en maraîchage (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Schrijver, 2016; Souza et al., 2019)

Le smart farming correspond à l’utilisation de ces technologies pour collecter des données et créer des algorithmes les traitant. Le smart farming assure aussi bien une meilleure traçabilité des produits agricoles, garantissant la valeur de ces derniers, qu’un ensemble d’outils sur lesquels peuvent s’appuyer les agriculteurs lors de la production (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Schrijver, 2016). Les outils de production fournis par le smart farming sont liés soit à l’agriculture de précision, soit à l’automatisation de l’agriculture.

Ainsi l’agriculture digitale pourrait correspondre à un ensemble d’outils numériques qui, utilisés pour la collecte et le traitement de données par le smart farming aident à la production ou assurent la traçabilité des produits. La Figure 1 résume cette vision de l’agriculture digitale.

Concernant la production agricole, l’agriculture digitale est vue comme un moyen de réussir à produire plus en protégeant la nature par l’optimisation des intrants (semences, pesticides, engrais, aliments et soins des élevages) et en assurant le bien-être au travail (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014). Cette étude se concentre sur la partie de l’agriculture digitale liée à la production agricole.

2.1.2.     L’automatisation de l’agriculture

L’apparition de robots, de contrôles automatiques et d’intelligences artificielles au sein de la production agricole entraîne l’automatisation de l’agriculture. Cela engendre une optimisation de la main d’œuvre, et une utilisation plus efficiente de certains intrants comme les rations alimentaires. Le recours aux pesticides peut également être réduit (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Brown et al., 2018).

Les robots effaroucheurs limitent les nuisances de la faune sauvage sur les cultures. D’autres assurent un désherbage mécanique ou le nettoyage des étables. Certains robots de traite équipés de capteurs et de caméras fonctionnent automatiquement. La présence de caméras assure l’ouverture des portes d’un parcours d’élevage. Des capteurs peuvent déclencher automatiquement l’irrigation des cultures à partir de données mesurées. La ventilation et le chauffage peuvent être adaptés en fonction des besoins des animaux. L’efficience de l’alimentation peut être améliorée par l’automatisation de la distribution d’une alimentation adaptée à l’animal en fonction de ses besoins physiologiques. Certaines maladies peuvent être détectées en amont par des capteurs, permettant ainsi d’anticiper les soins en élevage. Il en est de même avec la pulvérisation de pesticides et de fertilisants en production végétale. Les équipements des tracteurs comme la direction assistée facilitent des opérations telles que les semis, les traitements et les récoltes (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Brown et al., 2018).

2.1.3.     L’agriculture de précision

L’agriculture de précision permet de prendre des décisions par le biais d’algorithmes de décision et d’outils d’aide à la décision (OAD). Certains d’entre eux concernent les choix agronomiques. Ils aident à la mise en place de rotation, d’association de cultures, à la gestion des semis et des pâturages. D’autres conseillent la gestion des intrants. Ils proposent des produits adaptés, à faible impact environnemental. Ils ciblent les dates des traitements et modulent les doses à pulvériser (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014). L’agriculture de précision utilise des capteurs, des caméras et des images satellites qui rendent compte des besoins et de la présence de pathogènes et de maladies aussi bien en élevage qu’en production végétale (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Brown et al., 2018).

2.2.   Les outils par type de production

2.2.1.     L’élevage de précision

En production de viande, d’œufs ou de lait, le suivi de l’état sanitaire du cheptel est effectué via la collecte d’information au niveau de chaque animal. Les données obtenues sont utilisées pour améliorer l’efficience des rations et pour suivre le comportement de chaque bête. Couplées à des données sur leur environnement, elles garantissent leur bien-être. Le gain de temps et la simplification des tâches de travail que permet ce suivi assurent un confort à l’éleveur. Comme en production végétale, des bénéfices environnementaux sont générés. Il s’agit entre autre de la réduction des intrants et de l’énergie consommée, des déchets produits et des émissions de gaz polluants. L’utilisation de l’agriculture de précision en élevage en est à ses balbutiements. Elle est souvent couplée à des outils automatisant les tâches agricoles. Le coût de tels dispositifs et leur manque de notoriété auprès des éleveurs semblent les causes principales de leur lent développement (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Brown et al., 2018).

2.2.2.     Les outils liés à la gestion des surfaces agricoles

Plus démocratisée et médiatisée pour la gestion des sols agricoles qu’en production animale, l’agriculture digitale est surtout développée pour les cultures. Depuis quelques années elle se déploie en maraîchage, en arboriculture et en viticulture. Des OAD peuvent aussi aider à la gestion des pâtures et des prairies (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Brown et al., 2018).

L’agriculture de précision, par le biais d’OAD propose un ajustement des pratiques agricoles en fonction des conditions mesurées (sols, conditions climatiques, type de culture…). Elle peut être couplée à des outils robotiques et automatisés (Brown et al., 2018). Cette association de l’automatisation de l’agriculture et de l’agriculture de précision en production végétale concerne essentiellement la gestion des intrants.

Les méthodes d’application de doses variables d’intrants et la direction assistée des tracteurs sont les deux principaux types d’outils que propose le smart farming pour la gestion des intrants en production végétale (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014). Les méthodes d’application de doses variables d’intrants adaptent les quantités d’eau, de pesticides et de fertilisants aux besoins des plantes ou aux seuils d’infestation. Associées à la direction assistée, ces quantités peuvent être pulvérisées localement tandis que, sans recours au digital, elles sont généralement épandues uniformément (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014). On parle alors de modulation et non plus de précision. Le risque d’erreur humaine peut être réduit en contrôlant la déviation de la trajectoire du tracteur lors de traitements par la direction assistée (Brown et al., 2018).

En préservant ainsi les ressources en eau et en limitant les risques de lixiviation des engrais et des pesticides, l’impact de l’agriculture sur l’environnement est amoindri. La performance économique des exploitations peut également être améliorée par une utilisation plus efficiente des intrants ainsi que par de possibles gains de rendements (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014).

Cette étude se concentre ainsi sur les outils liés à la gestion des intrants sur les surfaces agricoles.

 

2.2.3.     Le coût de ces outils

Le coût des différents outils digitaux liés à la production est variable. Certains OAD sont gratuits, notamment ceux concernant les conduites culturales, les choix de couverts et de variétés (Arvalis, 2019). D’autres sont payants mais peuvent présenter un retour sur investissement rapide. Il s’agit d’OAD tels que Farmstar®, GAIASENS® ou des stations météorologiques. D’autres outils, liés à l’automatisation de l’agriculture, tels que les robots ou les outils numériques peuvent demander de plus gros investissements financiers. Le degré de précision peut être corrélé avec la quantité d’outils nécessaires (GPS, caméras, systèmes de guidage, système de coupure des buses…) et donc au coût d’investissement (Brown et al., 2018).

 

2.3.   Les différents niveaux des outils liés à la gestion des intrants en production végétale

Il est possible de classer les outils digitaux en différents niveaux selon leur capacité à limiter l’impact des intrants sur l’environnement. Leur accessibilité financière et l’échelle à laquelle l’ajustement des quantités d’intrants est évaluée sont prises en compte. Cette classification, présentée Tableau 1, s’applique pour l’eau, les pesticides et les fertilisants.

Tableau 1 – Classement des outils en fonction de leur capacité à réduire l’impact des intrants sur l’environnement

Niveau Objectif Outils nécessaires
1 Ajustement à l’échelle d’ensemble de parcelles présentant les mêmes cultures, les mêmes conditions pédo-climatiques et les risques phytosanitaires Outils liés à l’agriculture de précision*
2 Ajustement à l’échelle de la parcelle Outils liés à l’agriculture de précision*
3 Ajustement à l’échelle intra-parcellaire Outils liés à l’agriculture de précision* Modulation des doses**
4 Ajustement à l’échelle intra-parcellaire et zéro résidu détectable pour la fertilisation et pour les pesticides Outils liés à l’agriculture de précision* Modulation des doses**

Robotisation pour la gestion des pesticides

Automatisation de l’irrigation

5 Ajustement à l’échelle de la plante dans la parcelle et zéro résidu détectable pour la fertilisation et pour lespesticides Outils liés à l’agriculture de précision* Modulation des doses**

Robotisation pour la gestion des pesticides

Automatisation de l’irrigation

*Capteurs, stations météo, images satellites, caméras, OAD de gestion des intrants.

** Direction assistée et pulvérisation locale des pesticides et des fertilisants.

 

2.4.   Le développement de l’agriculture digitale en Europe

2.4.1.     Données générales

L’Europe figure parmi les régions du monde où l’offre en matière d’agriculture digitale se développe le plus. Depuis le début du XXIième siècle, entre 70% et 80% des équipements agricoles sont équipés de composants pouvant être reliés à des outils numériques (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Say et al., 2018). Plus de 450 différents types de produits sont commercialisés par 4500 fournisseurs. La fabrication, la distribution et les services joints à ces technologies génèrent plus de 160.000 emplois, essentiellement dans le secteur privé (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014).

L’adoption de l’agriculture digitale se fait sur des surfaces agricoles très variées, et  l’offre de technologies est en constante augmentation. Néanmoins, certains considèrent que l’évolution de l’agriculture digitale accuse un retard par rapport au développement initialement envisagé et par rapport à celui observé chez les autres grandes régions agricoles mondiales (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014). Un sondage réalisé en 2016 auprès de 287 agriculteurs européens montre que 50% des agriculteurs européens sont en faveur de l’adoption de tels outils (Kernecker et al., 2019). Cependant, ce genre de technologie n’est utilisé que dans 25% des exploitations agricoles (Say et al., 2018).

 

2.4.2.     Buts recherchés par les agriculteurs

L’augmentation des rendements, l’amélioration des conditions et du confort de travail, et la réduction du volume de travail sont principaux facteurs décisionnels de son adoption par les exploitants agricoles, d’après ce sondage (Kernecker et al., 2019). La réduction du coût des intrants, de la pollution et de l’impact sur l’environnement sont d’autres intérêts mentionnés en second plan (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Kernecker et al., 2019).

 

2.4.3.     Intérêt de l’agriculture digitale au regard des politiques agricoles européennes

Parallèlement à la réduction de l’impact environnemental de l’agriculture, déployer l’utilisation d’outils digitaux en Europe permettrait de façon corollaire de quantifier cet impact au niveau des exploitations. L’agriculture digitale pourrait expliciter l’adéquation des exploitations agricoles avec les standards de bonnes pratiques. Elle permettrait de mieux matérialiser le rôle des agriculteurs dans la production de biens publics, et de mieux légitimer la rémunération publique de cette production (Kritikos, 2017).

Déployée à grande échelle en Europe, le fardeau administratif pourrait être simplifié, en particulier au niveau de la mise en œuvre et de l’exécution des mesures de la PAC. L’entrée des données de chaque exploitation pourrait être simplifiée, tout comme les procédures de contrôle. Ce dernier point concerne essentiellement l’identification des parcelles agricoles, et leur suivi dans le temps (Kritikos, 2017). L’agriculture digitale pourrait aussi fournir des données précises pouvant alimenter des indicateurs évaluant les politiques mises en œuvre, que des données  statistiques.

L’avènement de l’agriculture digitale en Europe ne peut avoir lieu sans le support de l’Union Européenne. Au vu des performances économiques et environnementales promues par ces outils, l’agriculture digitale doit être mise en avant dans la future PAC. Mais pour se faire, il est essentiel de mieux comprendre les potentiels actuels et futurs de ces outils. Les défis liés à leur adoption et à leur utilisation sont à identifier et les réels bénéfices économiques et environnementaux obtenus par les agriculteurs sont à mesurer (Panagos et al., 2019).

 

2.4.4.     Durabilité de l’agriculture digitale européenne à l’échelle mondiale

Si l’agriculture digitale présente un intérêt économique et environnemental au niveau européen, la durabilité des solutions qu’offre une telle agriculture ne pourra être évaluée qu’au niveau mondial. Les impacts environnementaux, économiques et sociaux liés à l’extraction et aux traitement de certains composants des capteurs, comme les terres rares sont à prendre en considération à l’échelle internationale. Parmi ces impacts démontrés ou supposés, sont évoqués la grande consommation d’eau et d’énergie des mines, les pénuries d’eau pour les villages alentours ainsi que la pollution des sols et des cultures. Des considérations d’ordre social, liées aux conditions de vie et de travail sont aussi avancées.

L’analyse du cycle de vie des solutions proposées par l’agriculture digitale pourrait permettre de mesurer l’impact environnemental de ces outils, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à leur fin de vie. La portée sociale de ces solutions à l’échelle hors européenne est à analyser et des alternatives sont à trouver.

 

2.5.   Eléments freinant le développement de l’agriculture digitale

2.5.1.     Freins des agriculteurs à adopter ces technologies

2.5.1.1.          Le coût

Le coût de l’outil n’est qu’une partie des dépenses totales qu’un agriculteur doit faire lorsqu’il souhaite investir dans des outils digitaux. Au coût des logiciels et du matériel nécessaire s’ajoutent ceux liés à l’information sur ces techniques et aux formations pour les maîtriser (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Kernecker et al., 2019). Des dépenses relatives au traitement des données peuvent aussi avoir lieu. L’investissement dans ces technologies peut être limité par l’accès de certains agriculteurs aux crédits (Kritikos, 2017).

A ce frein s’ajoute la peur d’investir sur du long terme dans des outils qui risquent de devenir rapidement obsolètes au vu de la rapidité des progrès technologiques.

 

2.5.1.2.          Une rentabilité débattue

Le retour sur investissement et la rentabilité sont des critères clefs concernant l’adoption d’outils digitaux. Les résultats de différentes études se contredisent sur la rentabilité de l’agriculture digitale. Certaines affirment qu’il y a des bénéfices, et d’autres démontrent qu’il n’y a aucun avantage économique statistiquement signifiant sur une période de 10 ans (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014).

Certaines études concluent que l’agriculture digitale n’est rentable que pour des superficies supérieures à 250 ha (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014). Ce constat est appuyé par le sondage de réalisée en 2016 montrant que les grosses exploitations sont plus enclines à adopter de telles technologies (Kernecker et al., 2019). Il ne concerne, néanmoins, que les exploitations qui amortissent seules cet investissement. Des exemples d’organisations et de groupements de petites exploitations montre qu’il est possible d’investir et de rentabiliser de tels outils de façon collective. C’est notamment le cas de GAIA dont la superficie des parcelles où sont utilisés des outils d’agriculture de précision varie entre 0,51 hectares et 37,23 hectares. Pour ainsi dire, le manque de visibilité de la valeur ajoutée de l’agriculture digitale joue en défaveur de son adoption (Kernecker et al., 2019).

 

2.5.2.     La complexité des technologies

Le temps nécessaires pour formater et entrer les données dans les logiciels est un autre frein pour les agriculteurs qui espèrent gagner du temps lors de la production. Cette étape liée à la gestion des données peut être un obstacle à l’adhésion à de telles technologies (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014). Le sondage réalisée en 2016 par Kernecker et al. (2019)montre que les agriculteurs qui n’utilisent pas ces outils estiment qu’ils sont trop compliqués à utiliser. Les agriculteurs prêts à adopter ces technologies craignent avoir des difficultés à interpréter les données (Kernecker et al., 2019).

2.5.3.     Manque d’infrastructures

L’agriculture digitale génère de grosses quantités de données. Son bon fonctionnement repose sur la présence d’infrastructures à haut débit (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Kritikos, 2017). Or, la couverture à haut débit (30mbps) des zones rurales européennes est inférieure à 50%. C’est notamment le cas pour 14 états membres (Ivanova et al., 2018).

2.5.4.     Enjeu de standards

Les outils provenant de différents fournisseurs ne sont pas toujours compatibles, empêchant ainsi le partage de données entre différents systèmes. La création de standards, tant au niveau des interfaces, qu’au niveau des codes de données permettrait une interopérabilité entre les différents outils, facilitant ainsi leur accessibilité aux agriculteurs (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Kritikos, 2017; Kernecker et al., 2019).

2.5.5.     Enjeux des connaissances et d’expertises

Les travaux de recherche liés à l’agriculture digitale sont nombreux. Le manque de communication et de transfert de connaissances entre les chercheurs, les instituts, les coopératives et les agriculteurs est une des causes de la lenteur du développement de l’agriculture digitale en Europe (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014; Kritikos, 2017; Kernecker et al., 2019).

Ce transfert de connaissances pourrait avoir lieu sous forme de formations, permettant aux agriculteurs d’apprendre des compétences nécessaires à l’utilisation de ces techniques (Schrijver, 2016). Les démonstrations et les parcelles témoins sont d’autres moyens de faire découvrir ces outils auprès des acteurs du monde agricole.

Les agriculteurs énoncent également le besoin d’expertise et de conseils impartiaux, venant d’entités indépendantes aux fabricants d’outils liés à l’agriculture digitale (Kernecker et al., 2019).

 

2.5.6.     Défis liés à la gestion des données issues de l’agriculture digitale

De nouveaux acteurs entrent le secteur agricole. Ces entreprises d’agrobusiness, de finance, de chimie ou encore les distributeurs et les industries agroalimentaires se concentrent essentiellement sur la collection, l’analyse et la gestion des données. Les données codées ne visent pas en première audience les agriculteurs qui les produisent ou les organisations agricoles, mais plutôt ces entreprises qui basent leur travail dessus. Ce constat pose question sur la propriété des données, leur confidentialité, leur protection et leur utilisation (Zampti, 2019).

Protéger les droits des agriculteurs sur les données issues de leurs exploitations contre le risque d’abus sur la gestion et l’utilisation des données est primordiale (Kritikos, 2017; Paraforos et al., 2019).  Dans ce but, des chartres, des certifications et des codes de conduite sont mis en place par différents syndicats agricoles et coopératives au niveau national ou européen (COGECA, 2018; data agri, 2018). Les politiques européennes ont un rôle important à jouer afin de protéger la place centrale des agriculteurs dans la production et la gestion de ces données (Kritikos, 2017).

2.6.   Rôle de l’Union Européenne vis à vis de ces défis

La gestion des données doit avoir lieu à l’échelle européenne, dans la continuité de ce que le secteur privé a déjà mis en place (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014). Un cadre législatif européen traitant de la propriété, de la confidentialité et de la protection des données doit être organisé. Les questions de responsabilité civile, de sécurité humaine, des contrôles techniques doivent également être abordées (Kritikos, 2017). Pour permettre le développement de l’agriculture digitale, les freins identifiés, liés au manque d’infrastructures, de standards et de transfert de connaissances doivent être relevés.

Dans ce contexte, l’Union Européenne aurait intérêt définir un cadre s’agissant du partage des données entre les acteurs de la chaîne agro-alimentaire, en renforçant la place des agriculteurs dans la chaîne de production. Elle devrait être en mesure d’informer les agriculteurs sur les coûts, les bénéfices et les rentabilités économiques de l’agriculture digitale. Des formations et des stages, pour apprendre à utiliser ces technologies, pourraient être supportés dans le cadre de la PAC (Kritikos, 2017).

Face à la diversité de la taille des exploitations, du type d’exploitations, des pratiques agricoles, de la formation des agriculteurs et des rendements obtenus, les possibilités et les préoccupations de l’agriculture digitale peuvent varier d’un état à l’autre. Les politiques agricoles doivent tenir compte de cette variabilité (Schrijver, 2016).

 

2.7.   Enjeu d’une analyse quantitative des performances de ces outils

L’agriculture digitale est promue pour utiliser de façon plus effective les intrants. Cependant, les données concernant l’agriculture digitale sont éparses et détenues par les industriels et les négociants qui ne sont pas forcément enclins à les diffuser.

Les craintes des agriculteurs liées au coût et au manque de retour sur investissement de ces technologies peuvent être corrélées à l’absence de quantification des bénéfices d’une telle agriculture. Les outils proposés par l’agriculture digitale s’étalent sur une large gamme de coût et de précision, comme l’illustre le Tableau 1. Les outils liés à l’agriculture de précision, correspondent aux premiers niveaux. Ils sont peu onéreux. S’ils répondent aux objectifs économiques et de durabilité liés à l’agriculture digitale, leur développement pourrait alors être soutenu à l’échelle européenne.

Notons enfin qu’une estimation de la rentabilité et des bénéfices des outils digitaux dans la production agricole doit être réalisée au regard de systèmes de référence sans utilisation de tels outils (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014).

 

3.    Méthodologie

3.1.   Collection des données

3.1.1.     Fournisseurs de données

Pour évaluer les performances économiques et environnementales des OAD sur les quantités de fertilisants, de pesticides et d’eau appliquées, des données ont été collectées auprès de distributeurs proposant divers OAD.

Farmstar est un outil conçu par Airbus Defence and Space et deux instituts techniques français, Arvalis – Institut du végétal – et Terre Inovia. Cette association de l’agronomie et de la télédétection apporte des informations sur l’état des cultures, leur peuplement, leur état nutritif et sur les risques de maladies. La précision de cet outil, allant jusqu’à l’échelle intra-parcellaire permet de moduler les apports d’intrants en fonction des besoins. Farmstar est commercialisé auprès de distributeurs de services, essentiellement les coopératives et les chambres d’agriculture, qui les proposent ensuite aux agriculteurs.

Terrena est une coopérative agricole française située en Pays de Loire, en Poitou-Charentes et en Bretagne. La coopérative propose à ses adhérents de la filière céréale d’utiliser Farmstar couplé à un suivi par un conseiller. Ce service lié à la gestion de l’azote porte le nom de FertiloSat. Concernant la gestion des pesticides il s’appelle Fongipro.

GAIA EPICHEIREIN est née en 2014 d’une large coalition d’agriculteurs et de coopératives agricoles (71 coopératives et associations agricoles, 150.000 agriculteurs) travaillant sur tout le territoire grec dans tous les secteurs de la production végétale et animale. Ces acteurs du monde agricole se sont associés à des partenaires du secteur bancaire et du secteur informatique partageant une vision commune pour un modèle agricole grec plus durable et compétitif. GAIA EPICHEIREIN est l’entité qui coordonne les réseaux de coopération et de commercialisation du système de smart farming GAIASENSE développé et exploité par NEUROPUBLIC SA.

L’ITB, l’Insitut Technique de la Betterave, propose une carte interactive informant sur le risque fongique global et sur le nombre de traitements réalisés concernant la cercosporiose, l’oïdium, la rouille et la ramulariose. Cette OAD est alimenté à partir de données hebdomadaires réalisées par l’ITB, à partir des services techniques des sucreries et des observateurs du réseau de suivi biologique du territoire.

3.1.2.     Cultures concernées

Des données concernant les cultures d’amandes, de betteraves, de blé tendre et de blé dur, de colza, de coton, de haricots, de kiwis, de laitues, de maïs, d’olives, d’orge, de pêches, de pistaches, de pois chiches, de pommes de terre, de raisins, de stevia et de tomates ont ainsi été collectées. Le Tableau 2 récapitule les cultures étudiées en fonction du type d’intrant.

 

Tableau 2 – Cultures étudiées par type d’intrant

Culture Type d’intrant
Eau Pesticides Fertilisant
Amandes x x x
Betteraves x
Blé (tendre et/ou dur) x x
Colza x
Coton x x x
Haricots x
Kiwis x
Laitues x
Maïs x
Olives x x x
Orge x x
Pêches x x x
Pistaches x x
Pois chiches x
Pommes de terre x x x
Raisins x x x
Stevia x
Tomates x x

 

 

3.1.3.     Type de données collectées

Pour chaque intrant, les données demandées, pour les parcelles suivies par des OAD et pour des parcelles non suivies par des OAD sont :

  • Les quantités d’intrant utilisées
    • En m3.ha-1 pour l’eau
    • En U.ha-1 pour les fertilisants
    • En kg.ha-1 pour les pesticides
  • Le coût lié à cette utilisation, en €.ha-1
  • Les rendements obtenus, en q.ha-1.

Les parcelles qui ne sont pas suivies par des OAD sont les parcelles témoins. Les quantités d’intrants des parcelles suivies par OAD correspondent aux quantités préconisées par les OAD. Cette étude se base sur l’hypothèse que les quantités préconisées par les OAD sont appliquées.

Afin de savoir la taille de l’échantillon, le nombre de parcelles à partir desquelles les données sont agglomérées est indiqué pour les modalités avec/sans OAD. Le nombre d’année sur lesquels les données ont été agglomérées est détaillé. Bien qu’il soit nécessaire d’avoir des données sur plus de 3 années, afin de lisser la variabilité liée aux conditions climatiques et à la présence de ravageurs, des données ne sont agglomérées que sur deux ans pour certains intrants et certaines cultures. Le coût de l’OAD est également renseigné car il est pris en compte dans les calculs de la différence de charges et de la marge brute liée à l’utilisation des OAD.

 

3.1.4.     Coût des AOD selon les intrants

Selon les organismes fournisseurs, les OAD peuvent être gratuits ou avoir un prix variant de 3 à 20€ par hectare. Certains outils proposent une gamme de coût qui s’ajuste en fonction des services supplémentaires fournis avec l’OAD, tels que le conseil. D’autres OAD ont un prix adapté au type de culture, à la surface et au nombre de parcelles couvertes par l’OAD ainsi qu’au nombre de producteurs partageant cet outil.

Pour chaque donnée, le prix le plus élevé proposé par l’organisme fournissant l’OAD est utilisé pour les calculs de charges et de marge brute.

 

3.2.   Traitement des données

Les données collectées sont ensuite agglomérées par type de culture. Chaque culture possède des besoins en azote, en potassium, en magnésium et en eau qui lui sont propres. Leur sensibilité à certaines maladies varie selon leur type et l’ordre de grandeur des rendements peut fortement varier d’une culture à une autre.

Le but étant d’évaluer les performances de ces OAD à l’échelle européenne, aucune comparaison entre différentes localisations n’est effectuée.

 

3.3.   Résultats calculés à partir des données

3.3.1.     Résultats à calculer pour une analyse complète

Pour avoir une évaluation complète de la performance économique et environnementale des OAD sur la gestion des intrants, un ensemble d’éléments à analyser a été dégagé. Ces éléments sont, pour chaque culture et chaque type d’intrant :

  • La différence entre les quantités d’intrants moyennes qui sont appliquées à l’hectare avec ou sans OAD, en m3.ha-1 pour l’eau, en U.ha-1 pour les fertilisants, en kg.ha-1 pour les pesticides, comme le montre l’Équation 1.

 

Équation 1 – Calcul de la différence entre les quantités moyennes d’intrants appliquées à l’hectare avec ou sans OAD

 

  • Le pourcentage d’intrant économisé en moyenne par hectare grâce à l’utilisation d’OAD.
  • La différence de charges moyennes à l’hectare induite par la différence entre les quantités d’intrants qui sont appliquées avec ou sans OAD, en €.ha-1, comme le montre l’Équation 2.

 

Équation 2 – Calcul de la différence de charges moyenne à l’hectare

 

  • Le pourcentage d’économie réalisée en moyenne par hectare grâce à l’utilisation d’OAD.
  • La différence de rendement moyen obtenu avec ou sans OAD, en q.ha-1, comme le montre l’Équation 3.

 

Équation 3 – Calcul de la différence de rendement moyen obtenu avec ou sans OAD

 

  • La différence de produit brut issu du rendement obtenu avec ou sans OAD, en €.ha-1, comme le montre l’Équation 4.

 

Équation 4 – Calcul de la différence de produit brut issu

 

  • La différence de marge brut entre les parcelles avec OAD et les parcelles sans OAD en €.ha-1, comme le montre l’Équation 5.

 

Équation 5 – Calcul de la différence de marge brute

La marge brute correspond ici à la différence entre le produit brut et les charges. Pour les parcelles avec OAD, le coût des OAD s’additionne aux charges, comme le montre l’Équation 6.

Équation 6 – Calcul de la marge brute obtenue avec OAD

 

3.3.2.     Résultats obtenus en fonction des données disponibles

Le type de données obtenues varie selon les types d’intrants et les cultures. Pour chaque intrant, les données disponibles sont détaillées, ainsi que les résultats qu’elles permettent de calculer.

 

3.3.2.1.          Résultats obtenus pour les OAD liés à la gestion de l’irrigation

Des données concernant le coût moyen de l’irrigation et les quantités moyennes d’eau consommées avec ou sans OAD sont disponibles. A partir de ces données peuvent être calculés :

  • La différence de quantités d’eau consommées en moyenne
  • Le pourcentage d’eau économisée en moyenne
  • La différence de charges moyennes à l’hectare liées à l’irrigation
  • Le pourcentage moyen d’économie financière que les OAD permettent.

 

Aucune information sur la différence de rendement qu’il y a avec ou sans OAD n’est disponible. La différence produit brut, de marge brute et de l’efficience de l’irrigation n’ont pas pu être calculé.

 

3.3.2.2.          Résultats obtenus pour les OAD liés à la gestion des pesticides

Des données concernant le coût moyen de l’utilisation de pesticides et les quantités moyennes de pesticides utilisées avec ou sans OAD sont disponibles pour les cultures d’amandes, de betteraves, de coton, de haricots, de kiwis, d’olives, de pêches, de pistaches, de pois chiches, de pommes de terre, de raisins, de stevia, et de tomates. A partir de ces données peuvent être calculés :

 

  • La différence de quantités de pesticides appliquées en moyenne
  • Le pourcentage moyen d’économie de pesticides
  • La différence de charges moyennes liées à la gestion des pesticides
  • Le pourcentage moyen d’économie financière que les OAD permettent.

 

Aucune information sur les rendements moyens obtenus avec ou sans AOD n’est disponible pour ces cultures. Les produits bruts et les marges brutes ne peuvent donc pas être calculés.

Les différences moyennes de charges et de rendements, ainsi que les pourcentages moyens d’économie financière sont donnés pour les cultures de blé dur, de blé tendre et d’orge. A partir de ces données peuvent être calculés :

  • La différence de charges moyennes liées à la gestion des pesticides
  • Le pourcentage moyen d’économie financière que les OAD permettent
  • La différence de produit brut moyen
  • La différence de marges brutes moyennes.

 

Pour ces cultures, le calcul de l’efficience n’est pas possible car aucune information sur les quantités de pesticides appliquées n’est fournie.

 

3.3.2.3.          Résultats obtenus pour les OAD liés à la gestion de la fertilisation

Des données concernant le coût moyen de la fertilisation avec ou sans OAD sont disponibles pour l’ensemble des cultures. A partir de ces données peuvent être calculés :

  • La différence de charges moyennes liées à la fertilisation
  • Le pourcentage moyen d’économie financière permise par les OAD.

 

Les quantités moyennes d’azote, de phosphore et de potassium  appliquées avec ou sans OAD sont données pour les cultures d’amandes, de coton, de laitues, d’olives, de pêches, de pommes de terre, de raisins et de tomates. Seules les quantités moyennes d’azote appliquées avec ou sans OAD sont disponibles pour les cultures de blé, de colza et d’orge. A partir de ces données peuvent être calculés :

  • La différence de quantités de nutriments appliquées en moyenne
  • Le pourcentage moyen d’économie en nutriments peuvent-être calculé pour ces cultures.

 

Les rendements moyens obtenus avec ou sans OAD sont donnés pour les cultures de blé, d’orge et de colza. A partir de ces données peuvent être calculés :

  • La différence de produit brut moyen
  • La différence de marge brute moyenne.

 

4.    Evaluation de la performance économique et environnementale

4.1.   Gestion de l’irrigation

La performance d’un OAD lié à la gestion de l’irrigation a été mesurée pour les cultures d’amandes, de coton, d’olives, de pêches, de pistaches, de pommes de terre et de raisins. La performance économique pour chaque culture est analysée à partir de la différence de charges liées à l’irrigation avec ou sans OAD. Ces charges englobent le coût maximum de l’OAD, qui est de 20€. La performance environnementale est évaluée à partir de la différence de quantités d’eau consommée avec ou sans OAD.

On note sur la Figure 2 une réduction du volume moyen d’eau consommé lors de l’utilisation d’OAD. Le Tableau 3détaille les pourcentages d’eau économisée en moyenne par culture.

Tableau 3 – Pourcentage d’eau économisée en moyenne par culture

Amandes Coton Olives Pêches Pistaches Pommes de terre Raisins
Pourcentage d’eau économisé grâce à l’utilisation d’un OAD 31,70 % 42,97% 32,50% 18,54% 24,61% 32,56% 42,71%

 

4.1.1.     Culture d’amandes

Un OAD lié à la gestion de l’irrigation pour la culture d’amandes a été évalué en 2017 et 2018. L’utilisation de cet OAD permet de réduire en moyenne de 22,48% les charges liées à l’irrigation, soit de réaliser une économie de 56,40€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 3.

4.1.2.     Culture de coton

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 16 parcelles de coton en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 44,03% les charges liées à l’irrigation, soit de réaliser une économie de 697,72€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 4.

4.1.3.     Oléiculture

Dix parcelles d’oléiculture ont été évaluées avec ou sans OAD durant les années 2017 et 2018. L’utilisation de cet OAD permet de réduire en moyenne de 25,62% les charges liées à l’irrigation, soit de réaliser une économie de 182,32€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 5.

4.1.4.     Culture de pêches

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 26 vergers de pêches en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 12,74% les charges liées à l’irrigation, soit de réaliser une économie de 96,04€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 6.

4.1.5.     Culture de pistaches

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 4 parcelles de pistaches en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 17,61% les charges liées à l’irrigation, soit de réaliser une économie de 49,60€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 7.

4.1.6.     Culture de pommes de terre

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 5 parcelles de culture de pommes de terre en zones méditerranéennes en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 27,44% les charges liées à l’irrigation, soit de réaliser une économie de 107,50€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 8.

4.1.7.     Culture de raisins

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 12 parcelles de vignes en régions méditerranéennes (Grèce) en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 41,97% les charges liées à l’irrigation, soit de réaliser une économie de 1155,34€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 9.

4.1.8.     Culture de maïs

Depuis 2019, un OAD est mis en place concernant la gestion du maïs. D’après les données expérimentales, cet OAD permet d’économiser 40€ par hectare en moyenne.

4.1.9.     Bilan performance des OAD liés à la gestion de l’irrigation

Les OAD liés à la gestion de l’irrigation permettent de diminuer en moyenne le volume d’eau consommé pour l’ensemble de ces cultures. De même, pour toutes les cultures étudiées, les montants économisés sont supérieurs au coût maximum des OAD, ce qui assure ainsi un retour sur investissement.

Afin d’avoir une meilleure analyse de la performance des OAD concernant la gestion de l’irrigation, il serait intéressant de compléter ces gains liés à la réduction des charges de production avec les gains de produit brut. L’évaluation de la différence de marge brute obtenue avec ou sans OAD sera alors possible. De tels éléments sont aussi utiles afin de lever la crainte courante de producteurs qu’une moindre irrigation puisse entrainer une baisse de rendement, quand bien même qu’une irrigation plus finement gérée peut au contraire induire une augmentation.

 

4.2.   Gestion des pesticides

La performance environnementale des OAD liés à la gestion des pesticides est évaluée à partir de la différence de quantité de pesticides appliquée avec ou sans OAD. Lorsque cette donnée n’est pas disponible, cette évaluation est faite à partir de la différence de charges liées à la gestion des pesticides. Le coût de l’outil est englobé dans ces charges. La performance économique est aussi évaluée à partir de la différence de charges liées à la gestion des pesticides ainsi qu’à partir des différences de produits bruts et des marges brutes, en fonction des données disponibles.

4.2.1.     Culture d’amandes

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans six parcelles de culture d’amandes en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 13,88% les charges liées à la gestion des pesticides, soit de réaliser une économie de 34,18€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 10.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 11,25% la quantité de pesticides appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 1,07 kg de pesticides par hectare, comme le montre la Figure 11.

4.2.2.     Culture de betteraves

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 300 parcelles de culture de betterave entre 2006 et 2015. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 8,49% les charges liées à la gestion des pesticides, soit de réaliser une économie de 4,44€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 12.

4.2.3.     Culture de blé

L’utilisation OAD a été évaluée pour la culture de blé entre 2007 et 2018. Ces OAD permettent d’augmenter en moyenne le rendement de 2 quintaux supplémentaires, augmentant le produit brut de 15€ par hectare et la marge brute de 21€ par hectare en moyenne, comme le montre le Tableau 4. Le coût de l’outil est pris en compte dans le produit brut et la marge brute pour le blé et dans les charges  et la marge brute pour le pour le blé dur et le blé tendre.

Tableau 4 – Performance économique des OAD liés à la gestion des pesticides sur le blé

Blé Blé dur Blé tendre
Investissement en pesticides économisés grâce à l’utilisation d’OAD (€/ha) 10,92 7,01
Pourcentage de charges économisées grâce à l’utilisation d’OAD (%) 26 16,67
Production supplémentaire (q/ha) 2 0,2 4,7
Différence de produit brut (€/ha) 15* 3 65,8
Différence de marge brute (€/ha) 21* 1,92* 60,01*
* le coût de l’outil est intégré dans la marge brute

 

4.2.3.1.          Blé dur

L’utilisation d’OAD a été évaluée dans 457 parcelles de culture de blé dur entre 2007 et 2018. Ces OAD permettent de réduire les charges liées à la gestion des pesticides de 26% en moyenne, soit de 10,92€ par hectare en moyenne. Une production supplémentaire de 0,2 quintaux par hectare a lieu en moyenne, augmentant le produit brut de 3€ par hectare et la marge brute de 1,92€ par hectare en moyenne, comme l’illustre le Tableau 4.

4.2.4.     Blé tendre

L’utilisation d’OAD a été évaluée dans 2912 parcelles de culture de blé tendre entre 2007 et 2018. Ces OAD permettent de réduire les charges liées à la gestion des pesticides de 16,67% en moyenne, soit de 7,01€ par hectare en moyenne. Une production supplémentaire de 4,7 quintaux par hectare a lieu en moyenne, augmentant le produit brut de 65,80€ par hectare et la marge brute de 60,01€ par hectare en moyenne, comme l’illustre le Tableau 4.

4.2.5.     Culture de coton

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 14 parcelles de coton en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 31,81% les charges liées à la gestion des pesticides, soit de réaliser une économie de 97,27€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 13.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 50,61% la quantité de pesticides appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 2,07 kg de pesticides par hectare, comme le montre la Figure 14.

4.2.6.     Culture de haricots

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans cinq parcelles de haricots en 2017. Cet OAD préconise une quantité plus faible de pesticides, par rapport à une application standard sans OAD. Sans ajouter le coût de l’outil aux charges liées à la gestion des pesticides, une marge de 2€ par hectare est observée en moyenne. Le coût de l’OAD utilisé pour le calcul des charges moyennes liées à l’application de pesticides est de 20€ par hectare. Il s’agit du coût le plus élevé des OAD étudiés. La gestion des pesticides par un OAD augmente les charges liées à la gestion des pesticides de 37,88% en moyenne, soit de 17,88€ par hectare, comme le montre la Figure 15.

4.2.7.   Culture de kiwis

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans deux parcelles de culture de kiwis en 2018. Cet OAD préconise la même quantité de pesticides qu’une application standard, sans OAD. Ainsi, le coût de l’outil augmente les charges liées à la gestion des pesticides avec OAD par rapport aux charges liées à la gestion des pesticides standard.

 

4.2.8.     Oléiculture

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans dix parcelles d’oléiculture en 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 64,46% les charges liées à la gestion des pesticides, soit de réaliser une économie de 212,62€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 16.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 37,66% la quantité de pesticides appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 4,77 kg de pesticides par hectare, comme le montre la Figure 17.

4.2.9.     Culture d’orge

L’utilisation d’OAD a été évaluée dans 694 parcelles de culture d’orge entre 2007 et 2018. Ces OAD permettent de réduire les charges liées à la gestion des pesticides de 32,5% en moyenne, soit de 1,44€ par hectare en moyenne. Une production supplémentaire de 1,3 quintaux par hectare a lieu en moyenne, augmentant le produit brut de 19,5€ par hectare en moyenne et la marge brute de 8,94€ par hectare en moyenne.

4.2.10.   Culture de pêches

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 28 parcelles de pêchers en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 12,05% les charges liées à la gestion des pesticides, soit de réaliser une économie de 133,40€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 18.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 12,44% la quantité de pesticides appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économise 2,95 kg de pesticides par hectare, comme le montre la Figure 19.

4.2.11.    Culture de pistaches

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans quatre parcelles de pistachiers en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 36,46% les charges liées à la gestion des pesticides, soit de réaliser une économie de 29€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 20.

4.2.12.    Culture de pois chiches

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans deux parcelles de pois chiches en 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 58,97% les charges liées à la gestion des pesticides, soit de réaliser une économie de 28,75€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 21.

4.2.13.    Culture de pommes de terre

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans cinq parcelles de pommes de terre en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 6,47% les charges liées à la gestion des pesticides, soit de réaliser une économie de 35,52€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 22. Or la quantité de pesticides préconisée est en moyenne la même que celle appliquée sans utilisation d’OAD.

4.2.14.    Culture de raisins

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 12 parcelles de raisins en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 27,02% les charges liées à la gestion des pesticides, soit de réaliser une économie de 263,44€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 23.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 12,19% la quantité de pesticides appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 1,97kg de pesticides par hectare, comme le montre la Figure 24.

4.2.15.    Culture de stevia

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans deux parcelles de culture de stevia en 2018. Cet OAD préconise la même quantité de pesticides qu’une application standard, sans OAD. Ainsi, le coût de l’outil inclus dans les charges liées à la gestion des pesticides avec OAD augmente ce dernier par rapport aux charges liées à la gestion des pesticides standard.

 

4.2.16.    Culture de tomates

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans une parcelle de tomates en 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 93,76% les charges liées à la gestion des pesticides, soit de réaliser une économie de 311,3€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 25.

L’OAD ne préconise aucune application de pesticide par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 0,65kg de pesticides par hectare, comme le montre la Figure 26.

4.2.17.   Bilan des performances des OAD liés à la gestion des pesticides

4.2.17.1.       Performance environnementale

La quantité de pesticides appliquée avec un OAD est en moyenne inférieure pour les cultures d’amandes, de betteraves, de blé, de coton, d’haricots, d’olives, d’orge, de pêches, de pistaches, de pois chiches, de raisins et de tomates. Ces quantités sont égales pour les cultures de kiwis et de stevia.

Les quantités moyennes de pesticides préconisées pour la culture de pommes de terre avec ou sans OAD sont les mêmes, or les charges moyennes liées aux pesticides sont inférieures avec les OAD. Ces résultats contradictoires révèlent la nécessité poursuivre l’agglomération de données afin d’avoir une représentation plus réaliste de la consommation d’eau moyenne par ces cultures.

4.2.17.2.       Performance économique

On constate pour les cultures d’amandes, de betteraves, de coton, d’olives, de pêches, de pistaches, de pois chiches, de pommes de terre, de raisins et de tomates, que l’épargne générée par l’économie de pesticides est supérieure au coût de l’OAD. Ce n’est pas le cas pour la culture d’haricots. Comme autant de pesticides sont appliqués avec ou sans OAD pour les cultures de stevia et de kiwis, le coût de l’outil n’est pas remboursé par la réduction des charges.

Pour l’ensemble de ces cultures, aucune information concernant les rendements obtenus avec ou sans OAD n’est donnée. De telles données permettraient de mesurer la différence de produit brut et la différence de marge brute.

A l’inverse des premières cultures, la différence de charge, la différence de produit brut et la différence de marge brute sont données pour les cultures de blé et d’orge. Les OAD utilisés pour ces cultures permettent en moyenne d’augmenter le produit brut et la marge brute par rapport à une production standard.

On ne peut pas tirer de conclusions sur la performance économique pour les cultures autre que le blé et l’orge sans additionner la marge liée à la réduction des charges des intrants et le gain issu d’une éventuelle production supplémentaire. Ce constat est d’autant plus valable pour les données obtenues pour les cultures de haricots, de kiwis et de stevia. En effet, le coût de l’outil peut éventuellement être remboursé par un produit brut plus élevé, obtenu grâce  à l’aide des OAD.

 

4.3.   Gestion de la fertilisation

La performance environnementale des OAD liés à la gestion de la fertilisation est évaluée à partir de la différence de quantité de nutriment appliquée avec ou sans OAD. Lorsque cette donnée n’est pas disponible, cette évaluation est faite à partir de la différence des charges liées à la fertilisation. Le coût de l’outil est englobé dans ces charges. La performance économique est également évaluée à partir de la différence de charges liées à la fertilisation ainsi qu’à partir des produits bruts et des marges brutes, en fonction des données disponibles.

4.3.1.      Culture d’amande

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 24 parcelles de culture d’amandes en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 53,62% les charges liées à la fertilisation, soit de réaliser une économie de 261,25€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 27.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 44,11% la quantité de nutriments appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 131,90 kg de nutriments par hectare, comme le montre la Figure 28.

Ces observations sont réalisées sur un faible nombre de parcelles et d’années. La réduction drastique de nutriments obtenue avec l’aide des OAD ne pourra être appréciée que sur une durée plus longue, d’au moins trois ans.

4.3.2.     Culture de blé

L’utilisation de plusieurs OAD évalués sur 3749 parcelles a été comparée à 11831 parcelles témoins pour la culture de blé sur 17 années. Ces OAD permettent une économie de 7,65% de nutriments par rapport à une application standard sans OAD. Sans ajouter le coût de l’outil aux charges liées à la fertilisation, une marge de 9€ par hectare est observée en moyenne. La gestion des nutriments par un OAD réduit en moyenne les charges liées à la fertilisation de 5,88%, or le coût par hectare de production total, incluant le coût des OAD augmente en moyenne de 2,13€ par hectare, comme le montre la Figure 29.

Mais, parallèlement, une production supplémentaire de 3,93 quintaux par hectare a lieu en moyenne grâce à l’utilisation de l’AOD, augmentant le produit brut de 41,23€ par hectare. Une hausse de la marge brute de 31,97€ par hectare en moyenne est ainsi obtenue.

4.3.3.     Culture de colza

L’utilisation de plusieurs OAD évalués sur 1383 parcelles a été comparée à 2732 parcelles témoins pour la culture de colza entre 2008 et 2010 et entre 2017 et 2018. Ces OAD permettent de réduire en moyenne de 8,38% les charges liées à la fertilisation, soit de réaliser une économie de 18,26€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 30. Ces OAD permettent une économie de 16% de nutriments, soit de 34,08€ par rapport à une application standard sans OAD.

Une production supplémentaire de 1,43 quintaux par hectare a lieu en moyenne, augmentant le produit brut de 58,90€ par hectare. Une hausse de la marge brute de 51,20€ par hectare en moyenne est obtenue.

4.3.4.     Culture de coton

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 48 parcelles de culture de coton en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 7,19% les charges liées à la fertilisation, soit de réaliser une économie de 152,97€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 31.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 41,32% la quantité de nutriments appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 92,42 kg de nutriments par hectare, comme le montre la Figure 32.

Ces observations sont réalisées sur un faible nombre de parcelles et d’années. La réduction drastique de nutriments obtenue avec l’aide des OAD ne pourra être appréciée que sur une durée plus longue, d’au moins trois ans.

 

4.3.5.     Culture de laitues

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans deux parcelles de culture de laitues en 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 70,46% les charges liées à la fertilisation, soit de réaliser une économie de 803,20€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 33.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 77,50% la quantité de nutriments appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 327,20 kg de nutriments par hectare, comme le montre la Figure 34.

Ces observations sont réalisées sur un faible nombre de parcelles et d’années. La réduction drastique de nutriments obtenue avec l’aide des OAD ne pourra être appréciée que sur une durée plus longue, d’au moins trois ans.

4.3.6.     Oléiculture

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 16 parcelles d’oliviers en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 6,10% les charges liées à la fertilisation, soit de réaliser une économie de 21,50€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 35.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 38,87% la quantité de nutriments appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 162,75 kg de nutriments par hectare, comme le montre la Figure 36.


Ces observations sont réalisées sur un faible nombre de parcelles et d’années. La réduction drastique de nutriments obtenue avec l’aide des OAD ne pourra être appréciée que sur une durée plus longue, d’au moins trois ans.

4.3.7.     Culture d’orge

L’utilisation de plusieurs OAD évalués sur 202 parcelles a été comparée à 2211 parcelles témoins pour la culture d’orge entre 2008 et 2010. Cet OAD préconise en moyenne la même quantité de nutriments qu’une application standard, sans OAD. Ainsi, le coût de l’outil inclus dans les charges liées à la fertilisation à l’hectare avec OAD augmente ce dernier par rapport aux charges liées à la fertilisation standard.

Une production supplémentaire de 3,5 quintaux par hectare a lieu en moyenne grâce à l’utilisation de l’AOD, augmentant le produit brut de 52,50€ par hectare. Une hausse de la marge brute de 43,50€ par hectare en moyenne est ainsi obtenue.

 

4.3.8.     Culture de pêches

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 24 parcelles de verger de pêches en 2017 et 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 54,92% les charges liées à la fertilisation, soit de réaliser une économie de 538,70€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 37.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 65,05% la quantité de nutriments appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 239,88 kg de nutriments par hectare, comme le montre la Figure 38.

Ces observations sont réalisées sur un faible nombre de parcelles et d’années. La réduction drastique de nutriments obtenue avec l’aide des OAD ne pourra être appréciée que sur une durée plus longue, d’au moins trois ans.

4.3.9.     Culture de pommes de terre

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 12 parcelles de culture de pommes de terre en 2017. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 19,58% les charges liées à la fertilisation, soit de réaliser une économie de 152,63€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 39.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 65,45% la quantité de nutriments appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 433,36 kg de nutriments par hectare, comme le montre la Figure 40.

Ces observations sont réalisées sur un faible nombre de parcelles et d’années. La réduction drastique de nutriments obtenue avec l’aide des OAD ne pourra être appréciée que sur une durée plus longue, d’au moins trois ans.

 

4.3.10.    Culture de raisins

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans 24 parcelles de culture de raisins en 2018. Cet OAD permet de réduire en moyenne de 40,13% les charges liées à la fertilisation, soit de réaliser une économie de 243,30€ par hectare en moyenne, comme le montre la Figure 41.

La préconisation de l’OAD réduit en moyenne de 33,56% la quantité de nutriments appliquée par rapport à la non utilisation d’OAD, ce qui permet d’économiser 74,77 kg de nutriments par hectare, comme le montre la Figure 42.

Ces observations sont réalisées sur un faible nombre de parcelles et d’années. L’analyse de la différence de gain économique et d’intrants consommés avec ou sans OAD ne pourra être appréciée que sur une durée plus longue, d’au moins trois ans.

 

4.3.11.    Culture de tomates

L’utilisation d’un OAD a été évaluée dans quatre parcelles de culture de tomates en 2018. Une augmentation de 43,60% des charges liées à la fertilisation est constatée en moyenne avec l’utilisation de l’OAD, augmentant les charges de 217,70€ en moyenne, comme le montre la Figure 43. Le montant de ces charges est supérieur au coût de l’OAD, signifiant une augmentation des quantités de nutriments préconisées.

Cependant, la préconisation de l’OAD réduit l’application d’azote, de phosphore et de potassium de 9,73%, permettant une économie de 41,30 kg par hectare, par rapport à la non utilisation d’OAD, comme le montre la Figure 44. L’augmentation des charges liées à la fertilisation correspond à l’application d’autres nutriments car cet OAD préconise également des quantités à appliquer pour des nutriments tels que le fer et le magnésium.

Ces observations sont réalisées sur un faible nombre de parcelles et d’années. L’analyse de la différence de gain économique et d’intrants consommés avec ou sans OAD ne pourra être appréciée que sur une durée plus longue, d’au moins trois ans.

4.3.12.    Bilan des performances des OAD liés à la gestion des fertilisants

4.3.12.1.       Performance environnementale

La quantité de nutriments appliquée avec un OAD est en moyenne inférieure pour les cultures d’amandes, de blé, de colza, de coton, de laitues, d’olives, de pêches, de pommes de terre, de raisins et de tomates. Ces quantités sont égales pour la culture d’orge.

4.3.12.2.       Performance économique

L’utilisation d’OAD permet d’obtenir en moyenne une marge brute supérieure à celle obtenue sans OAD pour les cultures de blé, d’orge et de colza.

Les OAD permettent de réduire les charges liées à la fertilisation des cultures d’amandes, de coton, de laitues, d’olives, de pêches, de pommes de terre et de raisins. Ce n’est pas le cas pour la culture de tomates. Pour ces cultures l’étude n’a pas pu être conduite en analysant les rendements par hectare avec ou sans OAD, contrairement aux cultures de blé, d’orge et de colza. De telles données permettraient de mesurer la différence réelle de produit brut et la différence de marge brute.

On ne peut pas tirer de conclusions sur la performance économique sans additionner la marge liée à la réduction des charges des intrants et le gain issu d’une éventuelle production supplémentaire. Ce constat est d’autant plus valable pour les données obtenues pour la culture de tomates. En effet, le coût de l’outil peut éventuellement être remboursé par un produit brut plus élevé, obtenu grâce  à l’aide des OAD.

4.4.   Récapitulatif de la performance des OAD par culture

Afin d’évaluer la performance globale des OAD pour chaque culture, les performances liées à la gestion des différents intrants étudiés sont récapitulées par culture pour les cultures d’amandes, de blé, de coton, d’olives, d’orge, de pêches, de pistaches, de pommes de terre, de raisins et de tomates.

La performance des OAD a été évaluée sur la gestion d’un seul intrant pour les cultures de colza, de betteraves, de laitues, de maïs, de haricots, de kiwis, de pistaches, de pois chiches et de stevia. Le Figure 5 décrit la performance évaluée pour chaque culture et renvoie vers la partie détaillant cette performance.

Tableau 5 renvoyant vers les parties détaillant la performance des cultures de colza, de betteraves, de laitues, de maïs, de haricots, de kiwis, de pistaches, de pois chiches et de stevia

Culture Type d’intrant Partie détaillant la performance des OAD
Colza Fertilisants 4.3.2 Culture de colza
Betteraves Pesticides 4.2.2 Culture de betteraves
Laitues Fertilisants 4.3.4 Culture de laitues
Maïs Irrigation 4.1.8 Culture de maïs
Haricots Pesticides 4.2.6 Culture de haricots
Kiwi Pesticides 4.2.7 Culture de kiwis
Pois chiches Pesticides 4.2.12 Culture de pois chiches
Stevia Pesticides 4.2.15  Culture de stevia

 

4.4.1.     Culture d’amandes

Le Figure 6récapitule les performances économiques et environnementales que permettent les OAD pour la culture d’amandes.

Tableau 6 – Performances économiques et environnementales des OAD pour la culture d’amandes

Performance environnementale Performance économique
Réduction moyenne d’intrants Quantité moyenne d’intrants économisés Charges liées aux intrants économisées en moyenne par les OAD Charges liées aux intrants économisées en moyenne

(€.ha-1)

Gestion de l’irrigation 31,70 % 1091,35 m3.ha-1 22,48% 56,40
Gestion des pesticides 11,25% 1,07 kg.ha-1 13,88% 34,18
Gestion de la fertilisation 42,11 % 131,9 kg.ha-1 53,62% 261,25

 

4.4.2.     Culture de blé

Le Tableau 7 récapitule les performances économiques que permettent les OAD pour la culture de blé. Le Tableau 8 montre les prescriptions maximales d’azote et les gains obtenus par ces prescriptions, en fonction d’un fort développement végétatif, d’une sur-fertilisation, d’un faible développement végétatif et d’une sous-fertilisation. Dans ce tableau, le coût de l’azote est d’1.kg-1 et le prix de vente du blé est de 15€.q-1 et le coût maximal de d’outil est de 15€.ha-1.

Tableau 7 – Performances économiques des OAD pour la culture de blé

Réduction moyenne des charges liées aux intrants Charges liées aux intrants économisées en moyenne

(€.ha-1)

Rendement moyen supplémentaire

(q.ha-1)

Produit brut moyen supplémentaire

(€.ha-1)

Marge brute moyenne supplémentaire

(€.ha-1)

Blé dur Blé tendre Blé dur Blé tendre
Gestion des pesticides 78% 50% 32,76 21,00 2 15 21
Gestion de la fertilisation 0,51% -7,27 3,93 54,23 44,97

 

Tableau 8 – Gains obtenus pour les doses maximales prescrites par les OAD en fonction de l’état des cultures de blé

Etat des cultures Préconisation maximale

(kg. ha-1)

Rendement (q. ha-1) Gain économique (€. ha-1)*
Fort développement végétatif -20 identique 5 €
Sur-fertilisation -40 identique 25
Faible développement végétatif 20 2 -5
Sous-fertilisation 21,5 4,6 32,5
*Le coût maximal de l’outil est pris en compte.

 

4.4.3.     Culture de coton

Le Tableau 9 récapitule les performances économiques et environnementales que permettent les OAD pour la culture de coton.

Tableau 9 – Performances économiques et environnementales des OAD pour la culture de coton

Performance environnementale Performance économique
Réduction moyenne d’intrants Quantité moyenne d’intrants économisés Charges liées aux intrants économisées en moyenne par les OAD Charges liées aux intrants économisées en moyenne

(€.ha-1)

Gestion de l’irrigation 42,97% 933,94 m3.ha-1 44,03% 677,72
Gestion des pesticides 50,61% 2,07 kg.ha-1 30,81% 97,27
Gestion de la fertilisation 41,32 % 92,42 kg.ha-1 7,19% 152,97

 

4.4.4.     Oléiculture

Le Tableau 10 récapitule les performances économiques et environnementales que permettent les OAD en oléiculture.

 

Tableau 10 – Performances économiques et environnementales des OAD en oléiculture

Performance environnementale Performance économique
Réduction moyenne d’intrants Quantité moyenne d’intrants économisés Charges liées aux intrants économisées en moyenne par les OAD Charges liées aux intrants économisées en moyenne

(€.ha-1)

Gestion de l’irrigation 32,50% 285,86 m3.ha-1 25,62% 182,32
Gestion des pesticides 37,66% 4,77 kg.ha-1 64,46% 212,62
Gestion de la fertilisation 38,87% 162,75 kg.ha-1 6,10% 21,50

 

4.4.5.     Cultures d’orge

Le Tableau 11 récapitule les performances économiques et environnementales que permettent les OAD pour la culture d’orge. Le Tableau 12 montre les prescriptions maximales d’azote et les gains obtenus par ces prescriptions, en fonction d’un fort développement végétatif et d’un faible développement végétatif. Dans ce tableau, le coût de l’azote est d’1.kg-1 et le prix de vente de l’orge est de 15€.q-1 et le coût maximal de d’outil est de 15€.ha-1.

 

Tableau 11 – Performance économique des OAD pour la culture d’orge

Réduction moyenne des intrants Charges liées aux intrants économisées en moyenne

(€.ha-1)

Rendement moyen supplémentaire

(q.ha-1)

Produit brut moyen supplémentaire

(€.ha-1)

Marge brute moyenne supplémentaire

(€.ha-1)

Gestion des pesticides 65% 15,3* 1,3 19,5 12
Gestion de la fertilisation 0% 0 3,50 52,50 43,50
*Le prix de l’OAD est inclus dans les charges

 

Tableau 12 – Gains obtenus pour les doses maximales prescrites par les OAD en fonction de l’état des cultures d’orge

Etat des cultures Préconisation maximale

(kg. ha-1)

Rendement (q. ha-1) Gain économique (€. ha-1)*
Fort développement végétatif -20 identique 5
Faible développement végétatif 20 3,5 17,5
*Le coût maximal de l’outil est pris en compte.

 

4.4.6.     Culture de pêches

Le Tableau 13 récapitule les performances économiques et environnementales que permettent les OAD pour la culture de pêches.

Tableau 13 – Performances économiques et environnementales des OAD pour la culture de pêches

Performance environnementale Performance économique
Réduction moyenne d’intrants Quantité moyenne d’intrants économisés

 

Charges liées aux intrants économisées en moyenne par les OAD Charges liées aux intrants économisées en moyenne

(€.ha-1)

Gestion de l’irrigation 18,54% 422,58 m3.ha-1 12,74% 96,04
Gestion des pesticides 12,44% 2,95 kg.ha-1 12,05% 133,41
Gestion de la fertilisation 65,05% 239,88 kg.ha-1 54,92% 538,70

 

4.4.7.     Culture de pistaches

Le Tableau 14 récapitule les performances économiques et environnementales que permettent les OAD pour la culture de pistaches.

 

Tableau 14 – Performances économiques et environnementales des OAD pour la culture de pistaches

Performance environnementale Performance économique
Réduction moyenne d’intrants Quantité moyenne d’intrants économisés Charges liées aux intrants économisées en moyenne par les OAD Charges liées aux intrants économisées en moyenne

(€.ha-1)

Gestion de l’irrigation 24,61% 60 m3.ha-1 17,61% 49,60
Gestion des pesticides Pas de données 36,46% 29

 

4.4.8.     Culture de pommes de terre

Le Tableau 15 récapitule les performances économiques et environnementales que permettent les OAD pour la culture de pommes de terre.

 

Tableau 15 – Performances économiques et environnementales des OAD pour la culture de pommes de terre

Performance environnementale Performance économique
Réduction moyenne d’intrants Quantité moyenne d’intrants économisés Charges liées aux intrants économisées en moyenne par les OAD Charges liées aux intrants économisées en moyenne

(€.ha-1)

Gestion de l’irrigation 32,56% 1220,5 m3.ha-1 27,44% 107,50
Gestion des pesticides 0% 0 kg.ha-1 6,47% 35,52
Gestion de la fertilisation 65,45% 433,36 kg.ha-1 19,58% 152,63

 

4.4.9.     Culture de raisins

Le Tableau 16 récapitule les performances économiques et environnementales que permettent les OAD pour la culture de raisins.

 

Tableau 16 – Performances économiques et environnementales des OAD pour la culture de raisins

Performance environnementale Performance économique
Réduction moyenne d’intrants Quantité moyenne d’intrants économisés Charges liées aux intrants économisées en moyenne par les OAD Charges liées aux intrants économisées en moyenne

(€.ha-1)

Gestion de l’irrigation 42,71% 782,8 m3.ha-1 41,97% 1155,34
Gestion des pesticides 12,19% 1,97 kg.ha-1 27,02% 263,44
Gestion de la fertilisation 33,56%  74,77 kg.ha-1 40,13% 243,30

 

4.4.10.   Culture de tomates

Le Tableau 17 récapitule les performances économiques et environnementales que permettent les OAD pour la culture de tomate.

 

Tableau 17 – Performances économiques et environnementales des OAD pour la culture de tomates

Performance environnementale Performance économique
Réduction moyenne d’intrants Quantité moyenne d’intrants économisés Charges liées aux intrants économisées en moyenne par les OAD Charges liées aux intrants économisées en moyenne

(€.ha-1)

Gestion des pesticides 100%  0,65 kg.ha-1 93,96% 311,3
Gestion de la fertilisation 9,73%  41,30 kg.ha-1 -43,60% -217,70

 

5.    Discussion

5.1.   Performance des OAD

5.1.1.     Performance environnementale

Les quantités d’eau, de pesticides et des principaux nutriments (azote, phosphore et potassium) préconisées par les OAD sont en moyenne inférieures ou égales aux quantités appliquées en production standard, sans OAD.

 

5.1.2.     Performance économique

La performance économique d’un OAD peut être due à une réduction des charges liées aux intrants et à une augmentation du rendement, donc du produit brut. Seuls les produits bruts sont donnés pour les cultures de blé, de colza et d’orge. Les marges brutes liées à ces cultures sont positives pour les trois types d’intrants étudiés.

La performance économique des OAD pour les cultures d’amandes, de betteraves, de coton, de haricots, de kiwis, de laitues, de maïs, d’olives, de pêches, de pistaches, de pois chiches, de pommes de terre, de raisins, de stevia et de tomates a été évaluée à partir du coût de production, à défaut d’avoir les produits bruts pour ces cultures.

Pour l’ensemble des intrants étudiés, les quantités préconisées par les OAD pour ces cultures permettent généralement une baisse du coût de production. Le coût des OAD étant compris dans le coût de production, l’économie d’intrants réalisée avec l’aide des OAD assure un retour sur investissement.

Le retour sur investissement de l’outil par le coût de production n’a pas lieu lorsque les quantités préconisées sont égales aux quantités appliquées habituellement. C’est notamment le cas pour les quantités de pesticides préconisées en moyenne pour les cultures de kiwis et de stévia. Il n’a pas lieu non plus lorsque le montant des charges économisées par l’utilisation d’un OAD est inférieur au coût de l’OAD. C’est le cas de la culture de haricots pour la gestion des pesticides.

 

5.1.3.     Limites et perspectives de l’analyse

La mesure de la performance environnementale repose sur l’analyse des quantités d’intrants utilisées. Pour la gestion des pesticides, des données quantitatives ne sont pas disponibles pour toutes les cultures. Il serait bon d’obtenir des données pour l’ensemble des cultures, afin de pouvoir évaluer uniformément la performance environnementale de chacune d’elles.

L’accès aux produits bruts permettrait, pour chaque culture, de quantifier totalement la performance économique à partir de la marge brute. Il serait alors possible de savoir si les investissements dans des AOD sont rentables pour la gestion des pesticides des cultures de haricots, de kiwis et de stévia, grâce au produit brut supplémentaire généré.

Les rendements obtenus sont influencés par l’interaction de nombreux facteurs, dont les intrants appliqués. Des intrants non pris en compte dans l’analyse peuvent intervenir, comme c’est le cas dans la gestion de la fertilisation pour la culture de tomate.

Les données doivent être agglomérées sur au moins trois années pour prendre en compte les variabilités interannuelles (Lebacq, Baret and Stilmant, 2013). C’est le cas pour les cultures de blé, d’orge et de betteraves, or les données des autres cultures ne sont agglomérées que sur une ou deux années. De même, le nombre de parcelles étudiées doit être le plus grand possible. La performance économique et environnementale des OAD étudiée sur moins de 30 parcelles différentes est peu représentative. Or c’est le cas pour les cultures d’amandes, de coton, de haricots, de kiwis, d’olives, de pêches, de pistaches, de pois chiches, de pommes de terre, de raisins, de stevia, et de tomates.

Les moyennes de chaque culture sont obtenues à partir de données issues de France et de Grèce. L’évaluation des performances de l’agriculture de précision veut être valable à l’échelle européenne, or les quantités d’intrants appliquées dépendent fortement des conditions climatiques. Pour cela, il serait bon de compléter les données obtenues pour chaque culture avec des données provenant d’autres régions européennes ou d’autres pays.

Cette étude ne permet pas d’appréhender toutes les composantes de l’agriculture digitale. Elle illustre des résultats concrets de l’agriculture de précision issus d’exploitations agricoles. Ces outils ont, à priori, un intérêt économique et environnemental qui confirme les performances constatées lors des expérimentations. Les ordres de grandeur obtenus pour les pourcentages d’économie méritent d’être affinés. C’est pourquoi, il serait intéressant de poursuivre ce travail en agglomérant les données qui seront obtenues dans les années à venir et en élargissant le nombre de culture, le nombre de régions et le nombre de parcelles étudiées.

 

5.1.4.     Bilan de la performance des OAD

Ainsi, l’ajustement des quantités d’intrants à l’échelle inter-parcellaire ou intra-parcellaire permet de limiter les risques de lixiviation. L’utilisation des pesticides adaptée aux pressions réduit la présence de résidus chimiques tout en assurant la production. L’agriculture de précision automatisée ou couplée à la robotique serait plus précise pourrait permettre de réduire à néant les traces de résidus d’intrants. Or ces outils, onéreux, n’assurent pas à ce jour un retour sur investissement (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014), contrairement aux outils d’agriculture de précision, – les capteurs, les stations météorologiques, les images satellites, les caméras, et les OAD de gestion des intrants.

La réduction de la quantité d’intrants souvent obtenue montre que l’agriculture peut produire plus avec moins. A l’aide d’outils de précision, utilisés dans les niveaux 1, 2 et 3 de l’agriculture de précision, l’agriculture peut contribuer à la sécurité alimentaire et sanitaire des aliments.

D’autres bénéfices sur la qualité des sols sont obtenus pour les niveaux supérieurs, ayant recours à la conduite automatisée et à la robotisation. Il s’agit entre autre d’une diminution de la compaction des sols liée à aux passages moins fréquents d’engins agricoles plus légers (Zarco-Tejada, Hubbard and Loudjani, 2014).

 

5.2.   Conséquences de l’implantation de l’agriculture digitale

L’agriculture digitale va avoir une incidence sur de nombreux aspects, en premier lieu sur les conditions de travail et les pratiques agricoles. Les exploitations agricoles peuvent gagner en durabilité, mais, en contrepartie, elles risquent de devenir plus dépendantes de cabinets de conseils. A une plus grande échelle, la sécurité alimentaire peut être renforcée, tout comme la cohésion sociale. Les connaissances traditionnelles et l’utilisation de ressources génétiques locales seront toutefois à préserver. Ces effets dépendent en partie de l’accessibilité des techniques, de la transparence des algorithmes et de la bonne gouvernance des données partagées et détenues (Kritikos, 2017).

5.2.1.     Conséquences sur les emplois

Les avis concernant l’impact de l’avènement de l’agriculture digitale sur les emplois agricoles sont mitigés. Certains craignent que la chute du nombre d’agriculteurs s’aggrave (Kritikos, 2017). D’autres affirment que l’agriculture digitale permettrait une augmentation d’emplois dans les zones rurales et dans le secteur agricole, notamment par l’attrait généré par l’utilisation du numérique (Schrijver, 2016).

Les outils d’agriculture de précision, – les capteurs, les stations météorologiques, les images satellites, les caméras, et les OAD de gestion des intrants – ne remplacent pas le travail des agriculteurs comme pourraient le faire les robots. Mis en place dans les niveaux 1, 2 et 3 de l’agriculture digitale, ils n’ont pas une telle incidence sur les emplois agricoles.

Des emplois sont également créés dans d’autres secteurs. L’agriculture digitale offre au secteur de l’agrofourniture de nouvelles voies de conversion, en cohérence avec les attentes sociétales liées à la réduction de l’utilisation d’intrants.

5.2.2.     L’agriculture digitale au regard des systèmes agricoles

L’agriculture digitale est perçue comme transversale aux systèmes agricoles. Les outils proposés par l’agriculture digitale peuvent être mis en place dans l’ensemble des systèmes agricoles.

Bien que l’agriculture digitale permette d’augmenter l’efficience des intrants, elle peut être mise en place dans les systèmes agricoles dont les pratiques peuvent être parfois néfaste pour l’environnement. C’est notamment le cas de l’agriculture conventionnelle, où la monoculture reste une pratique répandue (Kritikos, 2017).

Le développement de l’agriculture digitale serait donc faire en parallèle de la promotion de systèmes agricoles performant à la fois au niveau économique et environnemental. Ces derniers permettront de renforcer performance environnementale des exploitations agricoles, tout comme la mise en place de mesures de protection de l’environnement et d’accroissement de la biodiversité.

 

5.2.3.     L’agriculture digitale face à la diversité des exploitations agricoles européennes

La taille et les structures des exploitations sont très diverses en Europe. Actuellement, les outils digitaux sont majoritairement utilisés dans les grandes exploitations pouvant rentabiliser seules les investissements (Kritikos, 2017).

Des alternatives facilitant l’accès de ces outils aux petites exploitations existent. De tels investissements peuvent être réalisés en commun par le biais de coopératives ou de groupement d’agriculteurs. Ces investissements peuvent également être pris ne charge par un organisme tiers, comme c’est le cas pour GAIA. La taille de l’exploitation n’est donc pas le facteur limitant du développement de l’agriculture digitale en tant que tel. Il s’agit plutôt du mode de gestion et d’organisation.

 

5.3.   Stimuler la transition vers l’agriculture digitale

L’agriculture digitale peut stimuler les performances économiques et environnementales des exploitations agricoles. Elle a également les capacités de simplifier l’administration de la PAC et de mesurer avec plus de justesse les effets des politiques mises en œuvre, telles que le plan Ecoscheme.

Au vu des potentialités de l’agriculture digitale à l’échelle des exploitations et à l’échelle de la PAC, il semble intéressant que la PAC soutienne l’investissement et la transition vers ces outils.

Ce support peut être envisagé dans les deux piliers de la PAC. Il pourrait avoir lieu par de biais d’aides forfaitaires pour l’investissement dans le plan Ecoscheme, ou par la création d’un fond financier européen dans le second pilier. Il est possible d’imaginer ce fond européen financer 60 à 80% des investissements liés à ces outils numériques. Des certifications assurant que ces outils sont employés dans de bonnes manières et de bonnes conditions pourraient compléter ce support. Elles permettraient de récompenser les agriculteurs certifiés en leur exonérant le remboursement du financement.

Pour bénéficier de ces outils et minimiser les menaces qui pèsent sur les exploitations individuelles, il est nécessaire de mettre en place, en parallèle, un cadre législatif européen concernant son utilisation. La promotion de bénéfices quantifiés et des formations pour les agriculteurs sont aussi à développer.

 

 

Conclusion

Parmi les outils digitaux, les outils liés à l’agriculture de précision, permettent d’associer productivité et durabilité en Europe. Ces capteurs, stations météorologiques, images satellites, caméras, et OAD de gestion des intrants correspondent aux niveaux 1, 2 et 3 de l’agriculture digitale.

Ils semblent assurer, au niveau des exploitations européennes, une gestion plus efficiente des intrants et une augmentation du rendement. Ces éléments garantissent un retour sur investissement, et confirment les performances constatées lors des expérimentations. La mesure de ces performances est à poursuivre dans les années à venir, en élargissant le nombre de cultures, le nombre de régions et le nombre de parcelles étudiées, afin d’en affiner les ordres de grandeur.

Ces outils numériques sont transversaux aux systèmes agricoles.

La généralisation des outils digitaux à l’échelle européenne permettrait aussi  de réduire le fardeau administratif de la PAC. Les données émises par de tels outils, pourraient alimenter des indicateurs qui évalueraient de façon automatique, et avec beaucoup plus de justesse, la performance environnementale des exploitations.

L’agriculture digitale peut donc stimuler les performances économiques et environnementales des exploitations agricoles. Elle a également les capacités de simplifier l’administration de la PAC et de mesurer avec plus de justesse les effets des politiques mises en œuvre, telles que le plan Ecoscheme.

Au vu des potentialités de l’agriculture digitale à l’échelle des exploitations et à l’échelle de la PAC, il semble intéressant que la PAC soutienne l’investissement et la transition vers ces outils.

Ce support peut être envisagé dans les deux piliers de la PAC. Il pourrait avoir lieu par de biais d’incitations forfaitaires à la transition dans le cadre de l’Ecoscheme, et par la création d’un soutien prioritaire aux investissements verts de double performance en agriculture permettant de soutenir un plan européen de 20 milliards € de tels investissements au cours de 7 années à venir (investissements financés à 50 % par la PAC par mobilisation de 3% de l’enveloppe PAC dans chaque Etat membre).

Des certifications assurant que ces outils sont employés dans de bonnes manières et de bonnes conditions pourraient compléter ce support.

L’agriculture digitale présente également des points d’interrogation en Europe. Des menaces liées à la gestion des données issues de l’exploitation, à l’autonomie et la position des agriculteurs face aux autres acteurs, sont des risques à gérer dans le cadre d’un développement du digital. Pour bénéficier de ces outils et minimiser les menaces qui pèsent sur les exploitations individuelles, il est nécessaire de mettre en place, en parallèle, un cadre législatif européen concernant son utilisation. La promotion de bénéfices quantifiés ainsi que des formations pour les agriculteurs sont à développer.

 

Bibliographie

 

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COGECA, C. (2018) ‘EU Code of conduct on agricultural data sharing by contractual agreement’, Copa Cogeca, pp. 1–11. Available at: http://cema-agri.org/sites/default/files/publications/EU_Code_2018_web_version.pdf.

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Lebacq, T., Baret, P. V. and Stilmant, D. (2013) ‘Sustainability indicators for livestock farming. A review’, Agronomy for Sustainable Development, 33(2), pp. 311–327. doi: 10.1007/s13593-012-0121-x.

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Zarco-Tejada, P. J., Hubbard, N. and Loudjani, P. (2014) Precision agriculture : an opportunity for Eu farmers-potential support with the CAP. Bruxelles.

[1] Cette dernière correspond à un ensemble de normes de bases, les BCAE, Bonnes Conditions  Agricoles Environnementales, et les ERMG, Exigences Réglementaires en Matière de Gestion, que les agriculteurs bénéficiant d’aides PAC doivent respecter (COMAGRI, 2019).

[2] Les engagements « Agro-Environnementaux et Climatiques” correspondent à des paiements par ha ou par tête, basés sur la mise en place de pratiques  environnementales sur plusieurs années  (COMAGRI, 2019).

[3] Terme englobant les produits phytosanitaires (essentiellement les herbicides, fongicides et les insecticides) et les biocides (Bourguignon, 2017).

 

 

Création d’indicateurs évaluant les performances économiques et environnementales des agricultures UE dans le cadre de la PAC

Introduction

Depuis 30 ans, l’environnement s’immisce dans la Politique Agricole Commune, la PAC, pour devenir aujourd’hui une des principales dimensions de cette politique. Une mesure de « verdissement » a été mise en place lors de la réforme de 2013 pour renforcer les performances environnementales et climatiques de la PAC. Les conclusions sur les résultats de cette mesure sont partagées relevant le manque de clarté des objectifs de cette dernière et la nécessité d’établir des objectifs quantifiés.

Dans ce cadre, la réforme de la PAC post-2020 propose un nouvel outil « Ecoscheme » pour remplacer cette mesure de verdissement. Cet outil se veut moteur d’une transition vers une agriculture plus durable, assurant à la fois une performance économique et environnementale. En réponse aux reproches faits sur la mesure de verdissement, un suivi solide et quantifié de l’impact de ce plan à l’échelle des exploitations est souhaité, par le biais d’outils simples.

De nombreux indicateurs tentent d’évaluer la performance de la PAC à l’échelle européenne. Or ces derniers donnent une image administrative de la mise en œuvre de la PAC par un suivi du nombre d’hectares ou de fermes engagés dans différentes mesures, sans pour autant être en état d’appréhender les bénéfices environnementaux ou économiques portés par ces mesures. Ainsi, quels indicateurs mettre en place pour évaluer quantitativement l’impact du plan Ecoscheme sur les performances économiques et environnementales des exploitations, de façon simple et rapide ?

En réponse à cette problématique, et afin d’enrichir les réflexions de la Commission Européenne, le think thank Farm Europe propose un ensemble d’indicateurs. Cette structure est décrite dans une première partie.

Le besoin de mettre en place des indicateurs mesurant l’atteinte des objectifs économiques et environnementaux y est également expliqué.

Afin de mettre en place de tels indicateurs, les notions de performances économiques et environnementales sont définies suivies d’une présentation de la méthodologie appliquée pour dégager les indicateurs.

Enfin, pour chaque élément environnemental ou économique à évaluer, la construction de l’indicateur correspondant est détaillée. Les éléments mesurés sont justifiés, l’adaptation des indicateurs déjà existants est expliquée. Les équations permettant de mesurer ces éléments sont présentées, tout comme les données nécessaires pour les alimenter.

Pour finir, la gestion, les limites et les perspectives de cet ensemble d’indicateurs évaluant l’impact de la PAC et des futurs ecoschemes sont discutées.

 

étude complète disponible sur l’espace Membres de Farm Europe 

Etudes des caractéristiques des principaux systèmes agricoles

Introduction

Une nouvelle mesure « Ecoscheme » est introduite par le projet de réforme PAC actuellement en discussion. Cette mesure, financée par le premier pilier de la PAC entend stimuler la transition vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement et économiquement viable en Europe. Face à la diversité qui existe au sein de l’agriculture européenne, cet outil devra, pour être efficace, s’adapter aux enjeux nationaux ou régionaux. Dans cet objectif, il aura à assurer un cadre commun fort tant au concept à promouvoir, qu’aux objectifs devant être a minima atteints via cette mesure nouvelle. Dés lors, une voie à privilégier paraît de concevoir cet outil Ecoscheme comme une incitation à la transition vers certains systèmes agricoles apportant des bénéfices explicites en matière d’environnement et intégrant la nécessité d’une Europe agricole devant renouer avec une rentabilité passablement émoussée.

Chaque système agricole promeut un ensemble de pratiques pour atteindre un objectif précis, qui le distingue des autres systèmes. En soutenant la transition vers des systèmes agricoles respectueux de l’environnement et économiquement viables, l’outil Ecoscheme soutiendra concrètement des pratiques à mettre en œuvre. Ces pratiques pourront alors être adaptées en fonction des besoins et contraintes locales dés lors qu’elles apporteront a minima directement ou en équivalence les bénéfices attendus de tous les agriculteurs tels que définis au niveau européen.

Une comparaison des performances économiques et environnementales de différents systèmes permettra de définir ceux le plus à même de participer à cette transition. Dans ce cadre, il est essentiel de comprendre, dans un premier temps, les caractéristiques des systèmes agricoles, ainsi que les pratiques qu’ils soutiennent.

Les systèmes étudiés dans ce document correspondent à ceux reconnus à l’échelle internationale. Il s’agit de l’agriculture conventionnelle, de l’agriculture raisonnée, de l’agriculture durable, de l’agroécologie, de l’agriculture intégrée, de l’agriculture de conservation des sols, et de l’agriculture biologique. L’agriculture digitale, qui comprend un ensemble d’outils applicables dans tous les systèmes, n’est pas détaillée dans cette partie. Elle fera l’objet d’une analyse spécifique en égard à son horizontalité.

Cette étude qualitative, permet d’appréhender les buts et les pratiques mises en place par les systèmes agricoles. Les points forts et les faiblesses de ces derniers y sont également détaillés. Les pratiques répertoriées pour chaque système sont issues d’une recherche bibliographique. Hormis celles mentionnées dans les cahiers des charges elles n’ont pas l’obligation d’être appliquées simultanément. Les raisons pouvant freiner la mise en place de ces derniers sont ensuite détaillées, suivies des gains économiques et environnementaux qu’ils permettent.

 

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LES PNEC DES 28 EM PERMETTENT-ILS D’ATTEINDRE LES OBJECTIFS DE DÉCARBONATION DES TRANSPORTS ?

Conformément à la gouvernance des règles de l’Union de l’énergie et de l’action pour le climat, les États membres sont tenus d’établir un Plan National intégré pour l’Energie et le Climat (PNEC) sur dix ans – pour la période allant de 2021 à 2030 – afin d’atteindre les nouveaux objectifs de l’UE en matière d’énergie et de climat à l’horizon 2030. Ces plans couvrent les cinq dimensions de l’Union de l’énergie sur un modèle commun, afin que la Commission européenne puisse suivre de près les progrès réalisés par l’ensemble de l’Union européenne dans la réalisation de ces objectifs.

Les projets de PNEC ont déjà été évalués et analysés par la Commission et les États membres ont jusqu’à la fin de l’année 2019 pour soumettre leurs PNEC modifiés en conséquence et finalisés.

Cette étude vise à contribuer à la discussion sur l’état des projets de PNEC du point de vue du secteur des transports. Elle examine les 28 projets de PNEC de ce point de vue, soulignant l’importance de la nécessité de déployer des efforts cruciaux dans ce domaine pour que l’Europe réussisse et atteigne ses objectifs énergétiques et climatiques. Elle se concentre sur la question de savoir si les mesures, les ambitions et les outils proposés dans ces projets de plans sont réellement en mesure de contribuer efficacement à la décarbonation du secteur des transports en Europe. 

Les résultats de cette étude seront discutés au cours de l’évènement Euractiv du 27 novembre 2019

LISTE DE REPRESAILLES DES ÉTATS-UNIS SUR L’AFFAIRE DES SUBVENTIONS AIRBUS

LE SECTEUR DE L’AGRICULTURE LOURDEMENT IMPLIQUÉ DEVRAIT AVOIR

GRAND BESOIN D’AIDE

La liste des représailles des États-Unis a été publiée et, comme je l’avais malheureusement prévu, elle est « chargée » contre les exportations agricoles de l’UE vers les États-Unis.

Bien que le différend porte sur les subventions accordées aux aéronefs, l’agriculture est en tête de la liste des produits visés. L’impact commercial pour le secteur est environ le double de celui de tous les autres produits additionnés, y compris les aéronefs.

La liste des mesures de rétorsion est également plus lourde en droits de douane supplémentaires pour les produits agricoles que pour les avions – 25% contre 10%.

Les États-Unis ont pris soin de minimiser l’impact sur leur économie en exemptant certains produits importés en vrac et embouteillés aux États-Unis. Ils ont également laissé une marge de manœuvre pour élargir et / ou approfondir les sanctions, soit en élargissant la liste des produits couverts, soit en augmentant le montant des droits de douane supplémentaires. Ce pourrait être une tactique pour empêcher ou anticiper les représailles de l’UE avant la décision attendue sur l’affaire «sœur» contre Boeing, et pour augmenter ensuite son pouvoir de négociation.

Les produits laitiers sont fortement touchés, de même que le vin et le whisky, l’huile d’olive et les olives, le porc, le jambon, les biscuits, les confitures et certains fruits.

Le secteur laitier de l’UE, y compris de nombreuses IG pour le fromage, subit le plus fort impact. L’impact d’une hausse tarifaire de 25% sur les exportations de l’UE n’est pas facile à prévoir. Les exportations baisseront à mesure que les produits deviennent plus chers aux États-Unis et les marges des exportateurs européens seront réduites, soucieux de minimiser les pertes de volumes et de marchés, même si cela implique de renoncer à leurs bénéfices.

En fin de compte, il ne fait guère de doute que l’impact négatif sera transmis aux producteurs, ce qui aura un impact négatif sur leurs revenus.

Ce qui me frappe également, c’est le manque de soutien pour protéger le secteur de ce choc. Alors qu’aux États-Unis, les effets négatifs de la guerre commerciale américano-chinoise sur les agriculteurs américains ont été compensés à deux reprises par des subventions substantielles, dans l’Union européenne, il n’y a pas de telle discussion, aucune initiative de la part de la Commission européenne. Le fait que l’actuel commissaire à l’agriculture soit le prochain commissaire au commerce pourrait-il aider à proposer un ensemble de mesures de soutien aux personnes touchées, en particulier les agriculteurs ? N’oublions pas qu’ils n’ont pas de rapport avec les subventions jugées illégales par l’OMC, mais ce sont eux qui vont perdre le plus.

La Commission européenne devrait calculer la perte réelle des exportations agricoles visées par la liste des mesures de rétorsion vers les États-Unis dans les mois à venir, et concevoir un programme de soutien compensant les agriculteurs touchés. Elle ne devrait pas simplement surveiller les marchés intérieurs de l’UE et n’intervenir que lorsque les chutes de prix drastiques sont enregistrées, sans quoi les pertes réelles des personnes touchées par les mesures de rétorsion seront ignorées.

Par Joao pacheco

BREXIT – UNE DERNIÈRE CHANCE POUR UN ACCORD DE SORTIE ?

Nous sommes à peine à 3 semaines avant la (dernière) date limite du Brexit, ce qui devrait inciter les esprits, en particulier ceux ayant des responsabilités politiques, à trouver la meilleure manière d’atteindre une solution raisonnable.

La nouvelle donnée est la dernière proposition du Royaume-Uni, qui s’écarte de l’accord de retrait signé par le gouvernement précédent, mais jamais approuvé.

Cette nouvelle proposition accepte un alignement de l’ensemble de l’Irlande sur les normes et standards de l’UE, en particulier en matière de santé animale et végétale, mais dégage l’ensemble du territoire britannique de l’Union douanière. Cela implique la nécessité de contrôles douaniers entre la République et l’Irlande du Nord, mais selon la nouvelle proposition, les moyens électroniques et les contrôles en dehors de la frontière pourraient permettre de remédier au problème dans une large mesure, évitant ainsi la ré-installation d’une frontière dure, inacceptable pour toutes les parties.

À mon avis, la bonne façon d’aborder cette nouvelle proposition du Royaume-Uni est de considérer sa valeur propre, puis de la comparer au point de référence approprié. Il s’agit d’un sujet important, car le choix du critère de référence approprié peut largement contribuer à l’acceptation de la nouvelle proposition comme base de négociation ou, au contraire, à son refus manifeste.

Si le point de référence est l’accord de retrait signé qui n’a pas été adopté par le Parlement britannique, cette nouvelle proposition n’apporte pas le même niveau de garantie pour le secteur agricole de l’UE, car elle comporte un certain nombre de failles dans les contrôles douaniers et met la pérennité de l’ensemble de l’accord entre les mains de l’Assemblée d’Irlande du Nord.

Avant d’aller plus loin, il convient d’être clair : la solution privilégiée serait… pas de Brexit. Mais maintenant que la ligne d’arrivée est en vue, je pense que nous avons moins besoin de solutions idéales que de solutions réalistes et pragmatiques.

Si le point de référence est un Brexit sans accord, comme le dit le gouvernement britannique, la nouvelle proposition devrait être évaluée en fonction de ses avantages propres par rapport aux effets d’un non-accord.

Le processus politique au Royaume-Uni est assez compliqué et des événements politiques pourraient changer le scénario, notamment en provoquant la chute du gouvernement britannique actuel. Mais plutôt que de me lancer dans des spéculations politiques, je préfère axer mes commentaires sur ce qui est en jeu actuellement.

Sur la valeur propre de la nouvelle proposition du Royaume-Uni, et sur ses principaux défauts, ce qui vient en premier est la conception des contrôles douaniers entre l’UE des 27 et le Royaume-Uni en Irlande.

Le Royaume-Uni propose que les petites entreprises soient exemptées, ou pour le dire autrement, que la contrebande à petite échelle soit acceptée de facto. Pour ce qui concerne les flux commerciaux les plus importants, la nouvelle proposition mise sur une combinaison d’opérations électroniques et de contrôles en dehors des frontières.

Cela constituerait un test d’un système de contrôle douanier radicalement différent. Il contrôlerait les flux les plus importants, mais il n’a jamais été testé.

Dans la nouvelle proposition, la déclaration obligatoire à la douane serait maintenue, mais le moyen de la faire respecter consisterait en un marquage électronique du transport et en un certain nombre de contrôles physiques en dehors de la frontière. Ainsi, le nouveau système serait moins strict.

Cependant, il faut mettre cela en perspective. Actuellement, nos contrôles douaniers se font sous la forme d’une déclaration obligatoire des marchandises et du paiement des droits de douane et de la TVA, selon le cas, mais seule une petite fraction est réellement contrôlée physiquement.

L’autre défaut majeur de la nouvelle proposition est qu’elle donne à l’Assemblée d’Irlande du Nord le droit de refuser l’accord, lorsque celui-ci aura été accepté par les États – l’UE à 27 et le Royaume-Uni. C’est une question éminemment politique, mais qui devra disparaître pour que la proposition soit acceptée.

Côté positif, la nouvelle proposition donne des garanties sur le respect des normes et standards de notre marché unique et ouvre la voie à la négociation d’un accord de libre-échange entre l’UE à 27 et le Royaume-Uni.

Pour revenir maintenant à la nouvelle proposition et à la référence d’un non-accord, l’enjeu est d’accepter des contrôles douaniers moins stricts, et donc de faire face dans une certaine mesure à une évasion des droits (dans les deux sens) ou de se préparer au choc d’un Brexit sans accord et d’un mur de tarifs élevés en travers de la Manche. Le problème de l’évasion des droits, qui est réel, serait toutefois rendu caduc par un vaste accord de libre-échange qui éliminerait tous les droits de douane.

Je ne reviendrai pas sur le désastre pour le secteur agricole de l’UE à 27 d’une absence d’accord – Farm Europe a beaucoup insisté sur ce point.

Pour conclure, le moment est venu pour un effort de négociation ultime des deux côtés, en éliminant autant que possible les failles de la dernière proposition du Royaume-Uni. Plutôt que parier sur un nouveau revirement politique au Royaume-Uni qui signifierait la fin du Brexit ou le rétablissement de l’accord de retrait précédent.

Comment l’UE peut-elle éviter de favoriser la déforestation par ses importations ?

Déforestation et importations européennes de produits agroalimentaires 

Comment l’UE peut-elle éviter de favoriser la déforestation par ses importations ?

 

 

Septembre 2019

 

Les récents incendies de forêt en Amazonie ont mis de nouveau l’accent sur la perte de forêts au niveau mondial et sur son lien avec la politique commerciale internationale de l’UE en matière d’importation de divers produits agroalimentaires liés à la déforestation.

Depuis la mi-juillet, des milliers d’incendies se sont déclarés en Amazonie, détruisant l’habitat dans la plus grande forêt tropicale du monde. Selon l’Institut national de recherche spatiale brésilien (INPE), les incendies de forêt ont été plus de 80% supérieurs à ceux de la même période de l’année précédente. Des images des forêts en flammes, de la fumée et du ciel noir sur Sao Paulo ont circulé sur Internet, suscitant de plus en plus l’inquiétude du public et aboutissant à un tollé général de la part de la communauté internationale. Plusieurs dirigeants mondiaux, tels que le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, le pape et le sommet du G7, se sont joints aux ONG pour demander un engagement mondial en faveur d’une lutte plus efficace contre les incendies.

Les incendies actuels en Amazonie ont renouvelé l’attention sur la perte de forêts au niveau mondial.

Si cette perte de forêts n’est pas nouvelle, il faut reconnaître qu’elle se produit maintenant à un rythme alarmant. Les dernières données préliminaires de l’INPE sur la perte d’arbres en Amazonie montrent qu’une superficie de 1145 km2 – presque la même que celle du Grand Londres – a été défrichée ce mois d’août, ce qui en fait le niveau le plus élevé des cinq dernières années.[1]

En 1990, le monde comptait 4 128 millions d’hectares de forêts ; en 2015, cette superficie avait diminué à 3 999 millions d’hectares[2] et, selon le dernier rapport de la FAO sur l’état des forêts dans le monde (2018), «la superficie totale des forêts dans le monde diminue chaque jour». Au cours de cette période, les pertes forestières les plus importantes ont été enregistrées sous les tropiques, en particulier en Amérique du Sud, en Afrique et en Indonésie.

 

 

Rapport

forêt / terre

Zone forestière

NU Couverture forestière 2015 1990 2000 2005 2010 2015 Changement

1990-2015

Pays % (1000 ha) (1000 ha) (1000 ha) (1000 ha) (1000 ha) (1000 ha)
Angola 46.4 60976 59728 59104 58480 57856 -3120
Brésil 59 546705 521274 506734 498458 493538 -53167
Cameroun 39.8 24316 22116 21016 19916 18816 -5500
Colombia 52.7 64417 61798 60201 58635 58502 -5915
Congo 65.4 22726 22556 22471 22411 22334 -392
Côte d’Ivoire 32.7 10222 10328 10405 10403 10401 179
DRC 67.3 160363 157249 155692 154135 152578 – 7785
Ecuador 50.5 14631 13729 13335 12942 12548 -2083
Honduras 41 8136 6392 5792 5192 4592 -3544
Indonésie 53 118545 99409 97857 94432 91010 -27535
Malaisie 67.6 22376 21591 20890 22124 22195 -181
Nigeria 7.7 17234 13137 11089 9041 6993 -10241
Paraguay 38.6 21157 19368 18475 16950 15323 5834

 

(Données extraites de  L’Évaluation des ressources forestières mondiales 2015 de la FAO)

Selon FAOSTAT, alors qu’en 1990, le Brésil était recouvert de forêts à hauteur de 65,41% de son territoire, ce chiffre est tombé à 59,05% en 2015. La même tendance dramatique se retrouve également en Indonésie: 65,44% en 1990 et 50,24. % en 2015.

L’évaluation des ressources forestières mondiales 2015 de la FAO montre que l’agriculture se développe aux dépens des forêts des pays situés en Amérique du Sud (Argentine, Brésil, par exemple), en Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie, Thaïlande) et en Afrique occidentale et centrale.

 

Changement forestier

 

L’état des forêts du monde 2018 conclut que «l’un des grands défis de notre époque est de savoir comment accroître la production agricole et améliorer la sécurité alimentaire sans réduire la superficie forestière».[3]

Outre les incendies de forêt et l’exploitation forestière illégale, les causes de la déforestation– la conversion de la forêt en un autre usage des terres ou la réduction à long terme du couvert forestier sous un seuil minimal de 10% –sont nombreuses. Cela inclut la conversion des forêts principalement à des fins agricoles, minières, de développement des infrastructures et de croissance urbaine. Certaines de ces conversions peuvent même avoir lieu avec le soutien des autorités nationales. Ainsi, tout récemment, le président brésilien Jair Bolsonaro a défendu l’ouverture de terres indigènes à l’exploitation minière et a menacé de retirer le Brésil de l’Accord de Paris.

Ces pratiques sont globales et peuvent également être observées en Afrique centrale, qui, en raison de la couverture médiatique des incendies en Amazonie, a de plus en plus retenu l’attention alors que les images satellites montrent d’intenses incendies près du bassin du Congo.[4]

Selon le PNUE[5], outre l’abattage illégal et les incendies, les investissements généralisés dans les plantations de palmiers à huile sont la principale cause de destruction des forêts pluviales en Asie du Sud-Est. L’Indonésie et la Malaisie sont les principaux exportateurs mondiaux d’huile de palme, dont la production monte en flèche. Sur la base de FAOSTAT, les superficies cultivées en palmiers sont 7 fois plus importantes en Indonésie (de 1190000 ha à 8630000 ha) et ont presque doublé en Malaisie (de 2540087 ha à 4859397 ha) entre 1995 et 2015. Greenpeace et Forum for Environment (Walhi) affirment qu’en raison de ses lacunes, le moratoire juridique indonésien sur la conversion des forêts naturelles primaires et des tourbières en concessions de palmiers et de concessions forestières s’est révélé inefficace. Le rapport de la Commission européennesur l’état de l’expansion de la production de cultures vivrières et fourragères dans le monde (2019)indique que l’huile de palme est la matière première pour le biocarburant présentant le risque ILUC le plus élevé (high ILUC-risk).[6]

Les pertes économiques liées aux phénomènes météorologiques et climatiques représentent déjà en moyenne 12 milliards d’euros par an dans l’UE (426 milliards d’euros – valeurs 2017 – entre 1980 et 2017)[7], qui ne devrait qu’augmenter à l’avenir si aucune mesure n’est prise.

Consciente de la situation, la Commission européenne vient de publier sa communication intitulée « Intensifier l’action de l’UE en faveur de la protection et de la restauration des forêts du monde » (“on stepping up EU Action to Protect and Restore the World’s Forests”).

Elle appelle à «une série d’actions réglementaires et non réglementaires»et propose une liste de mesures initiales pour atteindre son double objectif de protection des forêts existantes et d’accroissement de la couverture forestière mondiale.

Ce faisant, la Commission définit cinq priorités, dont la réduction de l’empreinte de consommation terrestre de l’Union européenne et l’encouragement à la consommation de produits issus de chaînes d’approvisionnement exemptes de déforestation.

Par son commerce et sa consommation de divers produits agroalimentaires, l’UE reste source de déforestation. Dans sa résolution sur l’huile de palme et la déforestation des forêts tropicales, le Parlement européen a indiqué qu’un peu moins d’un quart (en valeur) de tous les produits agricoles faisant l’objet d’un commerce international issus de la déforestation illégale était destiné à l’UE.[8]Parmi les produits de l’agriculture identifiés, citons l’huile de palme, le soja, le caoutchouc, le bœuf, le maïs, le cacao et le café.[9]

L’origine des biens et services consommés dans l’UE27 associés à la déforestation (entre 1990 et 2008) est essentiellement l’Amérique du Sud et l’Asie du Sud-Est. En Asie du Sud-Est, l’huile de palme est la principale source de déforestation liée aux importations de l’UE. Pour l’Amérique du Sud, il s’agit principalement de boeuf et de soja.

Ces flux pourraient s’accroître dans le cadre de l’accord commercial proposé entre l’UE et le Mercosur. Les experts ont bien décrit le cercle vicieux de la déforestation des forêts amazoniennes en raison de l’exploitation illégale de quelques arbres de grande valeur et de la combustion des autres arbres de faible valeur, leur transformation en charbon vendu aux industries sidérurgique, les terres défrichées étant alors utilisées en pâturage pour la production de boeuf. Dans cette catastrophe en préparation pour le climat et notre planète, la part de la déforestation imputable aux agriculteurs, y compris les petits agriculteurs, dont la production consolide l’offre globale de viande du Brésil et sa capacité à exporter, est indéniable.

Dans le cadre de l’accord commercial proposé entre l’UE et le Mercosur, il est prévu que les exportations de viande de bœuf augmenteront. La production de bœuf qui augmentera en Amazonie – même si elle est uniquement consommée sur le marché intérieur – libèrera davantage de bœuf produit dans le centre et le sud du Brésil pour l’exportation.

A l’occasion de la publication de sa communication sur la forêt par la Commission, le commissaire Jyrki Katainen a souligné que l’intensification des échanges doit être plus durable et que l’Union européenne ne souhaitait faire aucun compromis sur la question de la déforestation. Cependant, il a également défendu l’accord commercial Mercosur en déclarant qu’il contenait à la fois l’engagement contraignant de l’accord de Paris et un«chapitre fort et robuste sur le développement durable, qui donne à l’UE un levier plus substantiel pour engager un dialogue politique sur les questions liées à la durabilité». Il a insisté sur le fait que s’il était approuvé, cela donnerait à l’UE plus d’influence dans la prévention de la déforestation au Brésil.

Le chapitre de l’accord sur le commerce et le développement durable (TSD)[10]comprend certes des articles sur la biodiversité, l’environnement et le climat, qui stipulent que chaque partie doit mettre en œuvre de manière effective l’accord de Paris signé par les deux blocs. Néanmoins, il n’existe aujourd’hui ni instruction concrète ni mécanisme de contrôle. Et, si l’accord de Paris comprend un engagement à mettre fin à la déforestation illégale en Amazonie d’ici 2030, force est de constater que l’inverse se produit.

En raison de leur importance pour l’écosystème de la Terre, les forêts tropicales humides telles que l’Amazone, Bornéo ou le Bassin du Congo constituent un bien commun universel et doivent être préservées en conséquence.[11]

Par conséquent, si l’UE souhaite être un chef de file mondial dans la lutte contre le changement climatique, elle doit faire plus.

L’une des solutions consiste à mettre en œuvre véritablement une politique de «déforestation zéro» en s’engageant dans une chaîne d’approvisionnement «zéro déforestation». Pour cela, il faut trouver un moyen de :

  • valoriser davantage la préservation des forêts tropicales que les produits issus de sa destruction.
  • arrêter les importations de biens liés à la déforestation et mettre en place des mécanismes de sauvegarde efficaces pouvant être activés à tout moment par l’UE sur la base de données objectives réexaminées tous les six mois par l’Union Européenne.

Tant pour ses importations de biocarburants et de matières premières utilisées pour la production de biocarburants dans l’UE que pour les importations de produits agricoles et alimentaires en provenance de zones menacées de déforestation, l’Union européenne doit mettre en place un système robuste de certification des importations sans déforestation ou un système efficace de vérification des certificats d’exportation sans déforestation établis par les pays exportateurs, cette certification devenant la condition première sine qua non d’une autorisation d’entrée de ces produits sur le territoire de l’Union européenne.

De plus, des données accessibles au public sur la question auraient un sens et placeraient l’Europe dans une perspective de co-construction et de recherche de solutions car elles pourraient contribuer à empêcher le début de la déforestation de forêts intactes et contribueraient à travailler ensemble afin de développer des stratégies régionales « locales ».

Proposition pour un système de certification de déforestation européen efficace et fiable (clause de sauvegarde) :

Tous les six mois, la Commission européenne devrait présenter un rapport sur l’évolution de la déforestation et l’expansion des produits liés au risque de déforestation dans les zones à hauts stocks de carbone, notamment les forêts et les tourbières. La Commission européenne devrait être habilitée à déclencher une clause de sauvegarde permettant à l’Union européenne de suspendre les certificats de non déforestation pour les régions ou les pays où la déforestation est observée. La clause de sauvegarde devrait être appliquée à un niveau géographique approprié afin de couvrir les effets indirects et les transferts potentiels sur le marché.

Cela signifierait que les produits situés dans des zones où la déforestation a été prouvée (les « zones rouges ») devraient alors figurer sur une liste noire et que les autorités douanières de l’UE devraient bloquer les importations de ces produitss en provenance de ces régions. Afin de respecter le principe selon lequel l’UE ne doit faire aucun compromis sur la question de la déforestation, aucune dérogation ne doit être accordée à ces produits. Un tel dispositif suppose d’utiliser un système d’information fiable et transparent.

Pour détecter de telles pratiques, il serait presque impossible d’effectuer des inspections sur le terrain. Par conséquent, la surveillance impartiale des modifications du couvert forestier par imagerie satellite semble être la méthode la plus appropriée pour suivre la déforestation, la dégradation et l’état des forêts. De telles technologies ont été développées par des entreprises européennes comme Copernicus ou Starling, utilisé notamment par des entreprises dans le cadre de leurs engagements Zéro Déforestation.

Parallèlement, l’UE pourrait accepter, voire soutenir, des systèmes équivalents de surveillance de la déforestation mis en œuvre par les pays concernés, si ceux-ci reposent également sur une imagerie satellitaire objective et vérifiable et peuvent être audités. Cela constituerait une étape bienvenue vers l’autonomisation des pays où la déforestation est un fléau afin de les inciter à prendre les choses en main et mettre en œuvre une combinaison appropriée de politiques de contrôle, économiques, sociales et environnementales pour mettre fin à la déforestation et à la dégradation des forêts.

Dans ce contexte, l’UE aurait également intérêt à soutenir des mesures visant à accroître la productivité de l’agriculture, ce qui réduirait en fin de compte la pression économique et sociale sur la déforestation et l’utilisation des tourbières.

L’UE doit aujourd’hui traduire les paroles en actions concrètes par des mesures efficaces – en commençant par l’arrêt de l’importation de produits issus de la déforestation – si elle souhaite honorer son engagement de mettre fin à la déforestation d’ici 2020, comme indiqué dans la Déclaration de New York[12]  sur les forêts et les objectifs de développement durable des Nations Unies (objectif numéro 15.2).

 

[1]http://terrabrasilis.dpi.inpe.br/app/dashboard/alerts/legal/amazon/aggregated/

[2]FAO Global Forest Resources Assessment 2015

[3]The State of the World’s Forests 2018 – Forest pathways to sustainable development. FAO (2018) http://www.fao.org/3/I9535EN/i9535en.pdf

[4]https://firms.modaps.eosdis.nasa.gov/map/

[5]« The Last Stand of the Orangutan- State of Emergency: Illegal Logging, Fire and Palm Oil in Indonesia’s National Parks http://wedocs.unep.org/xmlui/bitstream/handle/20.500.11822/7524/-The%20Last%20Stand%20of%20the%20Orangutan-%20%20State%20of%20Emergency_%20Illegal%20Logging%2c%20Fire%20and%20Palm%20Oil%20in%20Indonesia%27s%20National%20Parks-2007756.pdf?sequence=2&isAllowed=y

[6]European Commission: Report on the on the status of production expansion of relevant food and feed crops worldwide (2019) https://ec.europa.eu/energy/sites/ener/files/documents/report.pdf

[7]https://www.eea.europa.eu/data-and-maps/indicators/direct-losses-from-weather-disasters-3/assessment-2

[8]http://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-8-2017-0098_EN.pdf

[9]Feasibility study on options to step up EU action against deforestationhttps://ec.europa.eu/environment/forests/pdf/KH0418199ENN2.pdf

[10]EU-Mercosur Agreement – Trade and sustainable development chapter https://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2019/july/tradoc_158166.%20Trade%20and%20Sustainable%20Development.pdf

[11]http://www.fao.org/3/I9535EN/i9535en.pdf

[12]https://www.undp.org/content/dam/undp/library/Environment%20and%20Energy/Forests/New%20York%20Declaration%20on%20Forests_DAA.pdf

 

Améliorer le lien entre science, innovation, agriculture et alimentation

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Améliorer le lien entre science, innovation, agriculture et alimentation

 

Aujourd’hui, les secteurs agroalimentaires sont plus que jamais confrontés à 3 demandes majeures de notre société :

  • Fournir des denrées alimentaires sûres et de qualité non seulement aux citoyens européens, mais également aux marchés mondiaux,
  • Maintenir les zones rurales vivantes et viables. Cela signifie avant tout maintenir et développer une activité agricole rentable dans toutes les zones rurales de l’UE.
  • Optimiser la bonne gestion de l’environnement et lutter plus efficacement contre le changement climatique et les risques liés aux maladies.

Etre capable de répondre conjointement à ces trois défis est à coup sûr un défi en soi, mais faisable si nous acceptons d’utiliser efficacement la science et concentrons nos efforts sur la double performance : performance économique et performance environnementale.

C’est la condition fondamentale de tout succès de l’agriculture de l’UE pour garantir à la fois la croissance, la création d’emplois et un meilleur environnement.

Pendant plus d’une décennie, la croissance de la productivité globale du secteur agricole de l’UE a été réduite de moitié. Au cours de cette décennie, la productivité du capital de ce secteur est devenue négative. Selon la Commission européenne, cette tendance entraînerait une nouvelle diminution de 14% des revenus agricoles de l’UE dans les dix prochaines années.

Il est temps maintenant de réinvestir dans l’innovation et la recherche, dans la génétique et de mettre au point une approche scientifique concrète à cet égard.

Dans ce cadre, l’objectivité et la transparence seront essentielles.

Pour atteindre cet objectif, nous devons changer notre attitude, vivre à notre époque et considérer ce que la science nous dit, et non ce que certains aimeraient lui faire dire.

Cela est vrai en ce qui concerne l’agriculture de précision et intelligente et la manière dont les politiques (et notamment la PAC) peuvent encourager le passage de l’agriculture de l’UE à une agriculture moderne, plus efficace sur les plans économique et environnemental.

Cela est vrai aussi en ce qui concerne la génétique. Les nouvelles techniques de sélection variétale (NBT’s) sont prometteuses en tant qu’extension moderne et rapide des techniques de sélection traditionnelles habituelles, tant sur le plan environnemental que nutritionnel et économique.

Ces nouvelles techniques de sélection végétale, nées des avancées de la recherche scientifique, permettent des modifications plus précises et plus rapides du génome de la plante que les techniques conventionnelles de sélection végétale, qui utilisent des processus chimiques et par radiation pour modifier les caractéristiques génétiques des plantes.

Les nouvelles techniques de sélection végétale se trouvent actuellement dans une situation incertaine en ce qui concerne leur classification légale, et il est urgent de décider de la manière dont ces pratiques devraient être réglementées et de déterminer si elles (ou certaines d’entre elles) devraient ou non entrer dans le champ d’application de la législation de l’UE sur les OGM.

Comme il est scientifiquement démontré que les NBT’s tels que CRISPR-Cas9 ne sont pas des OGM, le nouveau PE devrait s’efforcer de le classer comme technique non-OGM.

CHAÎNE ALIMENTAIRE, NUTRITION ET BIEN-ÊTRE

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CHAÎNE ALIMENTAIRE, NUTRITION ET BIEN-ÊTRE

 

La chaîne alimentaire européenne est confrontée à un défi majeur : trouver une relation harmonieuse et positive entre alimentation et santé.

Le modèle agroalimentaire de l’UE évolue et s’améliore constamment. Sa relation avec les problématiques de santé devient de plus en plus importante.

La relation entre science et innovation d’une part, et agriculture et alimentation de l’autre, est perçue principalement en termes négatifs, ou tout au moins de manière unidirectionnelle – questions de nutrition-, mettant de côté d’autres éléments aussi importants que la culture et les traditions, la sociologie, etc. l’emploi et l’économie, les principes du marché intérieur, l’environnement, la génétique ou encore les modes de vie.

La plupart des discussions autour de cette question sont assez polarisées et fondées davantage sur des opinions que sur des données scientifiques, ce qui n’aide en rien à progresser vers l’objectif commun de mieux intégrer l’alimentation et la santé au profit des consommateurs et de la société dans son ensemble.

Afin de prévenir les effets négatifs des MNT (maladies non transmissibles), les pouvoirs publics s’efforcent de promouvoir des politiques différentes aux effets incertains, voire douteux.

Au plan européen, nous assistons à une sorte de «collage» de mesures, combinant des initiatives européennes et nationales : taxes nationales, interdiction de vente, limitation de la publicité, systèmes de feux de signalisation (UK) ainsi que le modèle français de Nutriscore.

Les principes du marché intérieur – base de l’intégration européenne – sont mis de côté avec un impact direct sur les entreprises, la libre circulation, la concurrence et le bien-être des consommateurs.

Sur le rôle de la science : il convient de reconnaître les améliorations apportées en matière de sécurité des aliments en Europe au cours des 15 dernières années. L’EFSA et la Commission ont défini un ensemble de critères qui ont permis de créer un consensus solide autour des meilleures données scientifiques permettant d’informer la sécurité des aliments – ainsi qu’un système complet d’évaluation et de gestion des risques.

En matière de nutrition, l’accent est aujourd’hui mis davantage sur les produits («bons» ou «mauvais») que sur les régimes eux-mêmes. Toutefois, «nous mangeons des aliments, pas des nutriments».

Dés lors, la question est de savoir comment l’Europe pourrait améliorer son processus décisionnel afin de prendre des mesures politiques fondées sur des données scientifiques probantes. Comment pouvons-nous éviter que la science soit remplacée par l’opinion lorsqu’il s’agit, notamment, de prendre des décisions politiques et juridiques?

L’Union Européenne a besoin de plus de confiance dans ses institutions. L’EFSA doit continuer à être considérée comme la référence en matière d’excellence scientifique et alimentaire et, parallèlement, elle doit être en mesure de mieux coordonner les agences nationales dans le cadre de ses efforts visant à aligner les critères et à informer.

Dans le même temps, il serait utile d’élargir le rôle de l’EFSA et de lui adjoindre la tache d’informer le public sur l’état d’avancement de la science alors qu’un des défis consiste à lutter sans relâche contre les «opinions» véhiculées sans fondement.

Aujourd’hui, il est urgent d’ouvrir un débat avec toutes les parties prenantes et d’obtenir un large accord sur des objectifs communs : un style de vie sain et meilleur en Europe et une contribution ferme de la chaîne alimentaire.

ENVIRONNEMENT ET AGRICULTURE

FICHE

ENVIRONNEMENT ET AGRICULTURE

 

  • L’UE s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030. L’agriculture et l’agroforesterie ont un rôle important à jouer pour séquestrer et stocker le carbone. Par ailleurs, il est possible de réduire les émissions en utilisant des méthodes de production plus efficaces.
  • La réduction de la pollution de l’eau, de l’érosion des sols et la préservation de la biodiversité peuvent également bénéficier de ces nouvelles méthodes de production.
  • Il s’agit de développer des systèmes agricoles exploitant efficacement les ressources en éléments nutritifs, améliorant le carbone des sols, mais aussi la biodiversité et la résilience de l’agriculture au changement climatique, permettant en même temps qu’ils augmentent la profitabilité des exploitations.
  • La numérisation et les technologies intelligentes constituent la base de l’agriculture de précision, permettant de raisonner plus finement l’utilisation des engrais et des produits phytopharmaceutiques.
  • L’UE a besoin d’un «plan Marshall» pour inciter ses agriculteurs à adopter l’agriculture de précision et numérique grâce à un programme ambitieux visant à investir dans une agriculture de double performance (environnementale et économique).
  • Le nouveau Parlement européen devrait saisir cette occasion pour élaborer la nouvelle architecture écologique de la PAC, qui inclurait un soutien aux agriculteurs afin de les inciter à adopter des méthodes de production plus durables qui réduisent l’empreinte environnementale tout en améliorant leurs performances économiques.