Les travaux

Durabilité - 22 décembre 2017

Une PAC ‘smart’ pour une agriculture EU ’smart’ & de précision.

écrit par Farm Europe

Octobre 2017

Quelques faits :

Entre 2010 et 2014, 5 337 nouvelles demandes de brevets relatifs à l’équipement conventionnel et de précision pour l’agriculture ont été enregistrées dans le monde entier; 70% de ces nouveaux brevets agricoles ont été assignés à l’Amérique du Nord (l’emplacement du siège principal de la société de dépôt), seulement 15% en Europe.

Au cours des dernières années, l’UE a financé la recherche et l’innovation ainsi que des projets de développement. La majorité de ces projets sont transnationaux, suivant l’approche multi-acteurs et le principe du co-conception. Si les projets horizon 2020 de Precision/Smart Farming devaient avoir un impact décisif pour soutenir le développement de nouveaux modèles agroalimentaires, il convient de noter que l’agriculture de précision/smart est encore peu développée dans l’UE et accuse un retard par rapport à certains de nos concurrents mondiaux.

Aux Pays-Bas, cependant, presque toutes les fermes arables de plus de 100 ha ont adopté la technologie GNSS, et en France, l’agriculture de précision se développe avec plus de 600 000ha de blé d’hiver actuellement ayant recours à des techniques utilisant les satellites .

En ce qui concerne le secteur agricole de l’UE dans son ensemble, la croissance de la productivité totale du secteur agricole a diminué de moitié au cours des 10 dernières années, et la productivité du capital est devenue négative. Le secteur agricole européen perd de la compétitivité.

En revanche, les attentes de la société n’ont jamais été aussi grandes vis-à-vis du secteur agricole, notamment en ce qui concerne la gestion de l’environnement et du changement climatique.

Aujourd’hui, le défi premier semble de trouver une façon juste et équilibrée d’agir davantage pour l’environnement tout en augmentant la compétitivité du secteur agricole européen.

Ces deux composantes doivent être abordés ensemble et des synergies doivent être trouvées. Il serait contre-productif d’imaginer une augmentation de la compétitivité sans prendre en compte les demandes légitimes de la société ou de vouloir relever les défis environnementaux sans relever les défis économiques du secteur agricole.

À cet égard, l’agriculture de précision et l’agriculture numérisée doivent être considérées, car elles sont en mesure de fournir une réponse plausible et pragmatique à ce double défi de compétitivité et de durabilité environnementale.

 

Dans ce contexte, que peut ou devrait faire la CAP, et comment l’Europe pourrait-elle agir ?

1) L’agriculture de precision ou l’agriculture digilitalisée peut permettre la réconciliation entre les besoins des agriculteurs et les attentes des citoyens. Elles  doivent être comprises comme une occasion de simplifier la vie quotidienne et non pas comme quelque chose qui le complique encore plus.

À cet égard, il s’agit bien de remettre l’agriculteur au centre de la stratégie en tant que fournisseur de services publics, et producteur de biens marchands.

2) Il n’existe pas d’approche unique sur la façon de construire et d’implanter une agriculture de précision et intelligente.

Il ne s’agit pas d’une problématique qui serait reserve aux grandes fermes. La précision et l’agriculture digitalisée sont appropriées et utiles aussi pour les petites fermes, ainsi que pour les fermes de taille moyenne. Selon les types de fermes, la manière d’organiser et de diffuser ces technologies doit être adaptée, en particulier en ce qui concerne la demande d’investissement:

– Certains modèles exigent que le fermier investisse dans les équipements et d’artefacts technologiques,

– d’autres organisations investissent dans la mise en place et l’exploitation d’une infrastructure de technologie agricole digitalisée à grande échelle et fournissent des services agricoles «sans investissement nécessaire» aux agriculteurs et aux groupes d’agriculteurs.

En fonction du choix des techniques de mise en œuvre localement et de l’approche à promouvoir, les besoins en infrastructures peuvent différer, notamment sur la question de l’utilisation du haut débit ou non. Sous certaines options, le haut débit n’est pas une condition préalable à l’agriculture numérisée.

Il en est de même de  la question réputée « sensible » de la propriété des données. Selon le choix des acteurs économiques locaux, la propriété des données et son partage ne sont pas des préalables insurmontables et, en tout cas, ne doivent pas être une excuse pour différer la mutation du secteur agricole de l’UE vers une agriculture de précision ou numérisée.

3) Troisièmement, la mise en œuvre de l’agriculture de précision ou de l’agriculture numérisée n’est pas seulement une question et une responsabilité des agriculteurs.

Il est primordial que des incitations soient conçues pour motiver les organisations d’agriculteurs, les entreprises fournissant des formations et des conseils, les fournisseurs de technologie, les fabricants de machines, des organismes de recherche, les organismes financiers et les gouvernements à travailler ensemble. En premier lieu, il est nécessaire d’informer pour répondre aux 51% à 63% des agriculteurs, qui remettent en question la capacité de ces agricultures à les aider à surmonter les défis auxquels ils sont confrontés (conclusion d’une enquête menée dans le contexte de Le programme Smart Akis).

Aujourd’hui, l’important est de placer le fermier au cœur de la décision et non comme quelqu’un, dont la seule tâche serait de suivre des prescriptions définies par d’autres «personnes supposées avoir le savoir».

4) Dans ce contexte, quel pourrait être le rôle de la CAP actuelle et d’une PAC renouvelée?

D’abord et avant tout, nous devons faire prevue d’ambition, même si l’’innovation et le développement de ces techniques sont encore en cours.

Au cours des 7 prochaines années, un changement majeur du secteur agricole de l’UE peut avoir lieu vers une agriculture de précision et une agriculture numérisée.

L’agriculture de precision et l’agriculture numérisée autorisent, tout en premier lieu, une estimation précise des intrants nécessaires et leur application contrôlée, donc une minimisation des résidus agrochimiques (engrais et pesticides …) ainsi qu’une gestion fine de l’irrigation permettant une meilleure conservation de la ressource en eau:

L’outil européen European Data Market Monitoring Tool (2016) relève des rendements des cultures accrues de 50% et 23% grâce à une gestion fine de l’eau et à la sélection améliorée des variétés végétales; des économies de coûts (réduction de 25% de l’utilisation des engrais, 9 -42% d’herbicides, jusqu’à 84% de pesticides), une augmentation de la productivité (rendement 5% augmenté), une réduction de la contamination environnementale et des économies de temps (drones couvrant un hectare en 10 minutes contre 90 minutes normalement avec des machines agricoles traditionnelles).

 

Dés lors, la PAC doit montrer de l’audace et s’affirmer bel et bien comme une politique d’investissement pour l’avenir de l’Union européenne, une politique capable de conduire ce processus, basé sur une ambition commune et axé sur les résultats.

Nous devons prendre la décision claire de passer d’une PAC prescriptive à une PAC basée sur les résultats, passer d’une politique de conservation à une politique d’ambition, en apportant des réponses concrètes au double défi de la durabilité et de la compétitivité, les deux ensemble, et non l’un sans l’autre ou l’un contre l’autre.

 

À cet égard, les pratiques d’agriculture de précision et d’agriculture numérisée permettent de :

  • Relever le défi de la durabilité pour l’agriculture de l’UE dans ses composantes économiques et environnementales;
  • Améliorer la traçabilité des produits et améliorer la communication entre producteur et consommateur;
  • Contribuer à une chaîne alimentaire plus équilibrée, plus juste et plus transparente.

Et, au niveau des mises en oeuvre des politiques de l’UE, ces techniques pourraient:

  • Améliorer l’accessibilité et la transparence sur ce qui se passe réellement au niveau de la ferme, ce qui permet une mise en œuvre d’une politique axée sur les résultats;
  • être un moyen important de simplification: Smart Farming doit induire une politique intelligente en termes de procédures bureaucratiques supportées les agriculteurs ainsi que de réduction du fardeau administratif pour les autorités européennes / nationales.

 

Une telle PAC réformée fondée sur les résultats (tant sur le plan de l’environnement que sur le plan économique) implique de définir une approche claire sur les investissements à promouvoir par la PAC et sur les efforts connexes en matière de formation.

Aujourd’hui, le secteur agricole européen ne souffre pas de sous-investissement. Au contraire. Mais, les investissements actuels apportent-ils plus de compétitivité et plus de durabilité?

Il serait opportun de se concentrer sur les investissements qui répondent en même temps au double défi de plus de gains environnementaux et plus de compétitivité.

Ce secteur agricole européen devra être façonné rapidement, et non à l’échéance des 20 prochaines années, sinon l’Union européenne perdra définitivement le terrain par rapport à ses concurrents dans le monde entier.

À cet égard, nous avons besoin d’un «plan européen choc pour une agriculture européenne intelligente».

Nous ne devons pas nous limiter à énumérer les investissements nécessaires, mais il nous faut définir aussi ce qu’ils recouvrent en matière de :

– financement et besoin d’incitations de la PAC

– gains environnementaux pour l’ensemble de la société de l’UE

– avantages économiques pour l’économie de l’UE, le secteur agroalimentaire de l’UE et les communautés rurales.

écrit par Farm Europe