Glyphosate : n’ébranlons pas la confiance dans les institutions de l’UE, ni dans le marché intérieur

Farm Europe est souvent interpellé sur la question du glyphosate. Nous ne disposons pas d’une équipe de scientifiques experts dans l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux liés aux produits phytopharmaceutiques. Nous nous gardons donc de prendre position sur la qualité du travail des scientifiques et de l’Autorité européenne de sécurité des aliments en particulier.

En revanche, nous regrettons une forme de « populisme vert » qui apparaît à chaque fois que la question du glyphosate est abordée, utilisant les peurs pour tenter de gagner des parts de marché électorales ou une visibilité facile au détriment des agriculteurs qui utilisent ce produit.

Actuellement, le glyphosate répond à un besoin, y compris pour certaines pratiques qui réduisent les émissions, comme l’agriculture sans labour. Plus que jamais, à l’approche des élections européennes, nous pensons qu’au lieu de saper leur crédibilité, les forces pro-européennes engagées dans un débat rationnel basé sur la science devraient renforcer la confiance dans les institutions de l’UE et leur capacité à gérer les risques, à protéger la nature et la santé des Européens.

S’il s’avère qu’un élément n’a pas été correctement prise en compte, la proposition de réautorisation devrait être réexaminée, comme la Commission européenne a l’intention de le faire, y compris si de nouvelles preuves scientifiques apparaissent. C’est pour cette raison que l’autorisation proposée par la Commission européenne est accompagnée d’une liste de restrictions appropriées sur les utilisations. En ce qui concerne la proposition elle-même, nous considérons que les restrictions doivent être clairement établies au niveau européen afin de garantir l’intégrité du marché intérieur, et que ces décisions ne doivent donc pas être laissées à la discrétion des États membres. En outre, les mêmes règles doivent s’appliquer aux produits alimentaires importés.

En tout état de cause, nous reconnaissons le courage politique et administratif de toutes les personnes impliquées dans la gestion de ce dossier sensible, et sommes convaincus qu’elles sont pleinement conscientes de leurs responsabilités.

Et encourageons la recherche et l’innovation !

L’agriculture priorité de von der Leyen à confirmer lors d’un dialogue stratégique

Pour la première fois de son mandat – et à l’occasion de son dernier discours sur l’Etat de l’Union — la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a mentionné 5 fois les agriculteurs et lancé un message significatif sur l’agriculture. Sans tourner le dos au Green Deal, la Présidente de la Commission a souligné sa conviction que « nous devons nous faire un devoir, aujourd’hui et à l’avenir, de sécuriser nos moyens de subsistance au sein de la nature et en accord avec elle ».
« Je tiens aujourd’hui à rendre hommage à nos agriculteurs et à les remercier d’assurer, jour après jour, notre approvisionnement alimentaire », a-t-elle souligné. « Garantir une alimentation saine: ce devoir de l’agriculture est le fondement de notre politique agricole, ici en Europe. Il nous tient aussi à cœur de garantir l’indépendance de notre approvisionnement alimentaire ».

Un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture dans l’UE

Pour elle, « ce sont ces garanties que nous offrent nos agriculteurs. Cela ne va pas de soi, car nos agriculteurs sont soumis à l’impact croissant, sur leur travail et leurs revenus, de l’agression russe contre l’Ukraine, du changement climatique, avec les sécheresses, les incendies et les inondations que celui-ci provoque, mais aussi de nouvelles obligations ».
Dès lors, « nous devons en tenir compte. Beaucoup s’engagent déjà en faveur d’une agriculture plus durable. Nous devons relever ces nouveaux défis aux côtés des agriculteurs et des agricultrices. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons garantir notre sécurité alimentaire pour l’avenir également. Nous avons besoin de davantage de dialogue et de moins de polarisation. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons engager un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture dans l’UE ».

Il est à noter que la stratégie de la Farm to Fork n’est pas mentionnée, ni la situation du commerce avec l’Ukraine. La majeure partie de son discours est focalisée sur la compétitivité de l’économie européenne, avec des annonces fortes, notamment en matière de lancement d’une procédure anti-dumping concernant les véhicules électriques en provenance de Chine.
La Présidente a également souligné l’importance d’assurer l’autonomie stratégique de l’UE, et de sécuriser les approvisionnements énergétiques, notamment à travers les énergies renouvelables. Mme von der Leyen a évoqué son intention d’inaugurer le premier porte conteneur propulsé au Methanol produit à partir d’énergie solaire renouvelable.

Vendanges marquées par les attaques de mildiou

Voici les nouvelles marquantes des mois de juillet-août 2023:

– L’industrie vitivinicole ainsi que certains États membres producteurs ont réagi avec véhémence à l’analyse d’impact additionnelle publiée par la Commission quant aux effets de sa proposition de règlement SUR, relative aux pesticides, sur la production européenne.

– À la suite de l’autorisation de la Commission européenne, le processus de distillation de crise s’est concrétisé dans plusieurs pays producteurs (France, Portugal, Espagne), même si certaines régions n’ont pas fait ce choix, au premier rang desquels la région espagnole de Castilla-la-Manche.

– Les conditions météorologique du printemps et du début de l’été ont favorisé la prolifération des maladies qui ont particulièrement affectées la production italienne. La France devrait ravir en 2023 laplace de premier producteur mondial à l’Italie.

– En rétorsion au soutien européen à l’Ukraine, la Russie a fait le choix de monter ses droits de douanes à l’encontre des productions viticoles européennes de 12,5% à 20%.

Note complète disponible sur l’espace Membres de Farm Europe. 

Viande de laboratoire : le pire pour le climat

Les élections européennes prévues en juin 2024 planent déjà sur l’élaboration des politiques au sein de l’Union européenne. Toute directive ou règlement qui ne sera pas approuvé avant avril 2024 sera tributaire de la composition à venir du Parlement et de la nouvelle Commission.

L’évaluation d’impact sur la refonte des règles sur le bien-être animal a reçu l’approbation du comité de contrôle qualité de la Commission européenne. Les autorités exécutives de l’Union européenne sont optimistes quant à leur capacité à proposer la nouvelle législation avant la fin de l’année.

Bien que toujours en suspens, la révision des règles de l’UE sur l’étiquetage des aliments reste une proposition très attendue de la Commission. Le gouvernement allemand semble avoir abandonné l’idée qu’un label d’origine à l’échelle de l’UE soit inclus dans la proposition de la Commission sur l’étiquetage des denrées alimentaires. Berlin a adopté le mois dernier un règlement étendant la portée de l’étiquetage d’origine obligatoire de la viande.

Le Parlement a voté en faveur d’une exclusion de l’élevage bovin du champ d’application de la directive sur les émissions industrielles, et pour un maintien des seuils actuels d’unités de cheptel pour les porcs et les volailles.

Un atelier a été organisé par la Commission des Ressources Naturelles (NAT) et la Commission de l’environnement, du changement climatique et de l’énergie (ENVE), pour discuter des solutions pour une coexistence durable de l’élevage et des grands carnivores en Europe. Les participants de l’atelier ont souligné la nécessité d’une révision de la directive Habitat par la Commission européenne.

Les récentes annexes de la Commission européenne à l’accord du Mercosur ont été rejetés par les États clés. Les mesures de protection de l’environnement constituent le principal obstacle à l’accord commercial.

Le Conseil d’État français a décidé de renvoyer l’affaire de la terminologie des substituts végétaux devant la Cour de justice de l’Union européenne.

La FAO a récemment publié un document de synthèse sur les risques liés aux aliments à base de cellules. Plus de 50 dangers potentiels ont été identifiés pour la santé humaine.

Selon de nouvelles études la viande cultivée n’est pas intrinsèquement meilleure pour l’environnement que le bœuf conventionnel. L’analyse des niveaux d’émissions de CO2 de viande cultivée montrent des résultats bien supérieurs aux données courantes dans la littérature. Il ressort que les investissements visant à promouvoir une production bovine plus respectueuse du climat pourraient entraîner des réductions d’émissions plus importantes, et plus rapidement, que des investissements dans la viande cultivée.

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Des solutions nécessaires pour faire face aux d’importations d’Ukraine

Hier, le Commissaire européen à l’agriculture, Janusz Wojciechowski, est intervenu devant la commission de l’agriculture du Parlement européen, sur la situation du marché des céréales en relation avec la guerre en Ukraine et la fin de « l’accord sur les céréales de la mer Noire ».

Le Commissaire a tenu à expliquer en détail l’énorme pression que l’importation de céréales ukrainiennes a fait peser sur le marché des cinq pays voisins (Pologne, Roumanie, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie) et qui a justifié le blocage des importations de maïs, blé, colza et graines de tournesol dans ces pays jusqu’au 15 septembre.

Cette mesure protectionniste arrive donc bientôt à échéance, et le Commissaire s’est dit préoccupé par l’impact que cela pourrait avoir sur les marchés. M. Wojciechowski a rappelé qu’en 2022, les céréales ukrainiennes ont afflué dans les cinq pays pour une valeur de 5 milliards d’euros de plus qu’avant la guerre. Le Commissaire a ensuite présenté sa proposition pour sortir de l’impasse. Et il a souligné que c’est sa proposition personnelle, qui n’a pas été validée par la Commission et qui sera discutée au Collège.

Selon le Commissaire, il est aujourd’hui possible d’exporter, depuis l’Ukraine, à travers les corridors de solidarité. Mais les céréales restent toujours dans l’UE (et ne vont pas dans les pays tiers comme c’était le cas auparavant) en raison de l’augmentation des coûts logistiques pour passer par plusieurs pays et ports européens, ce qui augmente considérablement le coût des céréales ukrainiennes et les rend non compétitives pour les pays tiers. C’est pourquoi le Commissaire propose des subventions européennes au transit pour amortir ces coûts supplémentaires et une compensation de 30 euros par tonne. Le Commissaire estime qu’il faudrait donc un budget de 600 millions d’euros pour couvrir 20 millions de tonnes de céréales.

Selon notre évaluation, cette proposition de subvention au transport équivaudrait à une subvention à l’exportation, qui entrerait directement en concurrence avec la production locale des pays tiers. Par conséquent, elle ne sera probablement pas acceptée après l’évaluation juridique de la Commission européenne. Au lieu de cela, nous considérons que l’Union européenne devrait se concentrer sur la promotion d’installations logistiques alternatives et sur la transformation au sein de l’Union européenne afin de rééquilibrer les marchés et d’investir dans des solutions durables à long terme, plutôt que dans des solutions rapides à court terme qui sont juridiquement incertaines et quoi qu’il en soit non viables à moyen et long termes.

Cependant, il est clair que des solutions doivent être mises sur la table. Notre infographie avec les derniers chiffres des douanes européennes met en évidence la dynamique continue des importations de céréales, sucre et oléagineux en provenance d’Ukraine, a minima jusqu’au mois de juin pour lequel les données sont disponibles. Les importations de sucre, inexistantes avant l’automne 2022, ont augmenté à des niveaux significatifs, bouleversant l’équilibre du marché intérieur.

Au cours des 5 premiers mois de 2023, l’UE a importé 3 Mt de blé (soit la totalité des importations de 2022), a augmenté de + 60 % ses importations de maïs par rapport à la même période de 2022 (janvier-juin), de + 200 % ses importations de soja et de 1180 % ses importations de sucre, ce qui est spectaculaire.

Il est donc urgent de prendre des mesures pour aider l’Ukraine à exporter sa production tout en préservant un marché agroalimentaire européen juste et équilibré, et donc de soutenir les investissements nécessaires dans les infrastructures et la transformation.