Farm Europe souligne que la souveraineté agricole de l’UE reste à construire
Aujourd’hui, Farm Europe présente son Indicateur Systèmes Alimentaires Durables (*) à l’ouverture du 7ème Global Food Forum, à Bruxelles, en présence de David Clarinval, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Agriculture représentant la Présidence belge du Conseil, Janusz Wojciechowski, Commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos, Membre du Parlement européen, ancien Premier Ministre et Commissaire européen ainsi que Arnaud Rousseau, Président de la FNSEA et Ettore Prandini, Président de la Coldiretti.
Cet indicateur montre que la souveraineté agricole de l’UE reste à construire. Il montre également les forces et les faiblesses de chaque État membre. L’analyse de tous les indicateurs montre que, si l’UE reste une puissance agricole mondiale, elle est aussi fragile, exposée aux jeux géopolitiques, aux risques climatiques et à la dépendance à l’égard des aliments pour animaux et des engrais. En outre, l’UE ne profite pas des opportunités offertes par la bioéconomie (bioénergie et biomatériaux).
Le niveau d’interdépendance de chaque État membre au sein de l’UE est élevé. Dans la plupart des pays de l’UE, la plupart des indicateurs économiques agricoles sont au rouge : le revenu par hectare a diminué de 12 % au cours des 20 dernières années, l’UE a perdu 37 % de ses agriculteurs et les paiements directs ont diminué de 31 %. Globalement, les consommateurs et les finances publiques ont été les grands gagnants des politiques de l’UE, tandis que les agriculteurs sont les grands perdants.
Les transitions environnementales sont en cours dans tous les États membres, à l’exception d’une poignée d’entre eux, comme les Pays-Bas et le Danemark. Avec la Finlande, la Hongrie et la Lituanie, ces cinq pays n’ont pas fait de l’environnement une priorité. Pourtant, au cours des 20 dernières années, à l’échelle européenne, les émissions ont baissé de 8 % dans le secteur agricole, et de 20 % pour les cultures arables. L’utilisation des produits phytosanitaires les plus dangereux a été réduite de 43 % depuis 2011.
Au cours des 20 dernières années, les faiblesses de la production de l’UE et l’urbanisation ont entraîné la perte de 10 millions d’hectares. Dans le même temps, l’UE a augmenté son impact sur l’utilisation des terres en dehors de l’Europe avec 11 millions d’hectares de déforestation importée, notamment en raison de sa dépendance en matière d’aliments pour animaux.
La République tchèque obtient le meilleur score, avec la France, la Roumanie et la Pologne, pour sa capacité à assurer la durabilité sociale, environnementale et économique. En revanche, les systèmes de production de la Finlande, de la Suède, de Chypre et, dans une certaine mesure, de l’Allemagne sont les plus en difficulté.
L’Irlande, les Pays-Bas et l’Allemagne ont donné la priorité aux prix bas pour les consommateurs. Les meilleures dynamiques environnementales sont en cours en Grèce, en Roumanie, mais aussi en Irlande, en France et en République tchèque. Les paramètres économiques sont moins négatifs que dans les autres pays en République tchèque, aux Pays-Bas et en Roumanie, tandis que la meilleure dynamique de production est en cours en Pologne et en Lettonie. La Hongrie est le seul État membre à connaître une réelle dynamique en matière de bioéconomie.
(*) L’indicateur de durabilité de Farm Europe fournit une vue d’ensemble des paramètres clés de la durabilité sociale, économique et environnementale. Il s’appuie sur 12 indicateurs de situation et de tendances et donne une image cohérente de la situation actuelle de l’agriculture européenne et de chaque État membre. Il reflète 20 ans de choix politiques, ainsi que les défis climatiques, sociaux et géopolitiques. Il est basé sur des ensembles de données structurelles, économiques et environnementales provenant d’institutions internationales et européennes (Eurostat, Comext, RICA, FAO, etc.).