Paquet Vin: un pas important en avant, le dialogue doit se poursuivre

La proposition présentée aujourd’hui par la Commission européenne représente une réponse nécessaire et positive à la crise actuelle qui touche le secteur viticole européen et aux demandes exprimées par le Groupe de Haut Niveau sur le Vin.

Les mesures exposées dans la proposition présentée par le Commissaire Hansen constituent un premier pas positif, mais il est essentiel de continuer à travailler pour écouter les acteurs du secteur et garantir ainsi des développements positifs à moyen et long terme. Cette méthode de travail est nécessaire pour restaurer le dynamisme nécessaire pour surmonter les défis à venir. Il est crucial que la discussion reste ouverte, assurant un soutien continu et structuré de la part des institutions européennes.

Le secteur viticole, pilier de l’économie européenne, fait face non seulement à des défis internes, mais aussi à ceux provenant du contexte international. C’est pourquoi il est nécessaire d’adopter une approche cohérente qui intègre de manière harmonieuse toutes les politiques européennes, en particulier dans des domaines clés tels que le commerce, la promotion, la résilience en matière d’eau et la numérisation de l’agriculture. Les politiques et les mesures doivent aller plus loin et aborder tous les domaines qui impactent le secteur, afin de créer une vision stratégique globale et à long terme.

Le vin est fortement lié aux marchés internationaux et doit être soutenu par des politiques garantissant un accès à des marchés ouverts et dynamiques, capables de faire face aux crises mondiales et aux tensions internationales. À cet égard, il est essentiel d’équiper le secteur d’outils qui lui permettent de réagir rapidement aux défis externes et de continuer à prospérer à long terme.

Un autre aspect critique est le travail sur la consommation. Il est nécessaire d’écouter les besoins des consommateurs, de répondre à leurs attentes tout en évitant la diabolisation du secteur. Il est important d’éviter des approches non scientifiques qui nient la signification culturelle et sociale de la consommation modérée de vin, un élément profondément ancré dans les traditions et les habitudes de nombreuses cultures européennes.

La méthode de consultation « ascendante » qui a guidé la proposition de la Commission a prouvé son efficacité. Dans ce cas, la collaboration entre les institutions, les agriculteurs et les opérateurs du secteur a donné des résultats concrets. Ce modèle pourrait être appliqué avec succès à d’autres secteurs, comme l’élevage, où le besoin de réponses rapides et ciblées est tout aussi urgent.

Farm Europe appelle toutes les institutions et parties prenantes à poursuivre le dialogue constructif afin de renforcer encore un secteur viticole européen résilient et compétitif, capable de relever les défis futurs avec un nouvel élan.

L’UE DOIT DÉFENDRE SES INTÉRÊTS OFFENSIFS EN AGRICULTURE

​​Il est désormais fort probable que la décision des États-Unis de rétablir les droits d’importation sur l’acier et l’aluminium en provenance de l’UE, ainsi que la réponse inévitable de l’UE par des mesures de représailles, conduisent à une guerre commerciale dont la fin n’est pas en vue.

L’UE prévoit de rétablir ses mesures de représailles, suspendues depuis plusieurs années après une trêve négociée. Celles-ci incluent certaines exportations agricoles américaines, comme le maïs et le soja, mais aussi d’autres produits clés – comme le bourbon – qui pourraient déclencher de lourdes contre-mesures de la part des États-Unis.

Le Président américain a d’ailleurs publiquement déclaré que les États-Unis riposteraient avec encore plus de vigueur, menaçant d’imposer des droits de douane de 200 % sur les vins européens.

Le décor est donc planté pour une guerre commerciale entre les États-Unis et l’UE, et malheureusement l’agriculture en fait partie, bien qu’elle n’ait pas été le point de départ du conflit.

Nous examinerons ce que cela signifie pour le secteur agricole de l’UE, qui a les meilleures cartes en main, et à quoi pourraient ressembler les résultats. Tout dépendra largement de la capacité de l’UE à rester unie et à mobiliser sa puissance pour protéger ses intérêts offensifs, en particulier dans le secteur agroalimentaire, déjà confronté à un manque de compétitivité et à des tensions avec la Chine.

LE RISQUE DE PERTE DE PARTS DE MARCHÉ POUR L’AGRICULTURE ET L’AGROALIMENTAIRE EUROPÉENS

L’UE bénéficie depuis longtemps d’un excédent commercial agricole important avec les États-Unis. En 2023, elle a exporté pour 27 180 millions d’euros et importé pour 11 744 millions d’euros, soit un excédent de 15 436 millions d’euros.

Les États-Unis sont notre deuxième marché d’exportation après le Royaume-Uni, représentant 12 % de nos exportations.

Une analyse plus approfondie de la composition du commerce UE-États-Unis montre que l’UE exporte principalement des produits transformés, tandis qu’elle importe surtout des matières premières.

D’après les dernières données de 2024, parmi nos principales exportations figurent :

  • Vins (4 894 millions d’euros)
  • Spiritueux (2 890 millions d’euros)
  • Huile d’olive (2 056 millions d’euros)
  • Fromages (1 306 millions d’euros)

D’autres produits tels que la bière, le chocolat, les pâtes, les jambons, le beurre et diverses préparations alimentaires dépassent également la centaine de millions d’euros d’exportations annuelles.

Du côté des États-Unis, les principales exportations vers l’UE sont :

  • Soja (2 588 millions d’euros)
  • Fruits et noix (2 200 millions d’euros)
  • Spiritueux (1 076 millions d’euros)

Cette disparité entre la nature de nos exportations et importations soulève une question cruciale.

Les États-Unis peuvent facilement trouver d’autres débouchés pour leurs exportations de soja en cas de blocage en Europe. Le soja étant une matière première, si nous cessons d’importer des États-Unis au profit de l’Amérique du Sud, d’autres marchés absorberont aisément le soja américain en remplacement.

En revanche, les exportations de vin de l’UE ne peuvent pas être aussi facilement redirigées vers d’autres marchés. Les spécificités commerciales et marketing du vin rendent impossible la compensation des milliards perdus aux États-Unis par une simple augmentation des ventes ailleurs. L’UE pourrait augmenter sa part de marché sur d’autres marchés, mais au prix d’une baisse des prix et des marges.

Le même raisonnement s’applique aux exportations européennes de fromages, de jambons et d’huile d’olive.

Si l’UE perd le marché américain pour ses fromages et jambons de qualité supérieure, il lui sera presque impossible de trouver des marchés de substitution ou d’augmenter sa présence sur les marchés existants.

Le cas est encore plus flagrant pour l’huile d’olive : l’UE est de loin le premier producteur mondial avec peu de concurrents, ce qui signifie qu’il n’existe que peu d’opportunités pour évincer d’autres acteurs. De plus, il est quasiment impossible de remplacer les autres huiles alimentaires sur le marché, car les prix et les habitudes alimentaires sont des obstacles majeurs.

On pourrait faire des arguments similaires pour d’autres produits transformés à forte valeur ajoutée.

Principaux enseignements de cette analyse :

  • L’UE, qui jouit d’un important excédent commercial agroalimentaire avec les États-Unis, a potentiellement plus à perdre dans ce secteur en cas d’escalade.
  • Les exportations agroalimentaires européennes sont plus difficiles à rediriger vers d’autres marchés, ce qui amplifierait les pertes commerciales.
  • Pour défendre ses intérêts offensifs, l’UE doit orienter ses représailles vers d’autres secteurs et exploiter les marchés de consommation où les grandes entreprises américaines (GAFAM) ne peuvent pas se permettre de perdre du terrain.

LES GUERRES COMMERCIALES FONT DES DÉGÂTS DES DEUX CÔTÉS

Une guerre commerciale entre les États-Unis et l’UE nuira aux deux parties. L’économie souffrira, les emplois aussi. Nous nous concentrerons cependant sur les conséquences pour l’UE.

L’ampleur des dégâts dépendra de l’ampleur du conflit, du nombre de produits concernés et des niveaux tarifaires appliqués.

Si les États-Unis ignorent totalement leurs obligations à l’OMC et imposent des droits de douane généralisés sur les importations européennes, l’impact sera considérable, et les États-Unis ne sortiront pas indemnes des représailles justifiées de l’UE. Les pertes économiques seront lourdes des deux côtés.

Toutefois, ce scénario n’est pas le plus probable. Il ne fait cependant aucun doute que les États-Unis appliqueront dans une certaine mesure leur nouvelle politique de réciprocité, imposant des droits de douane qu’ils jugent équivalents à ceux qu’ils subissent en Europe.

Il est clair que cela mettra en péril l’acquis du GATT et de l’OMC.

Le Président américain a déjà indiqué que toute riposte de l’UE entraînerait une surenchère, avec des contre-représailles pouvant aller jusqu’à des droits de douane de 200 % sur les vins. Jusqu’où cela ira-t-il ? Comment éviter une guerre commerciale qui dégénère sans fin ?

L’UE se considère comme un défenseur des règles de l’OMC et veut les faire respecter, alors que les États-Unis s’en détournent pour favoriser leurs intérêts nationaux avec une approche mercantiliste.

CONCLUSION

Les tensions initiées par les États-Unis sont particulièrement nuisibles au secteur agricole européen.

L’UE a plus à perdre qu’eux dans cette guerre commerciale, avec un excédent commercial agroalimentaire significatif et des produits difficilement redirigeables vers d’autres marchés.

Bien que les représailles de l’UE soient compréhensibles et justifiées, il est essentiel d’éviter une escalade dans l’agriculture et l’alimentation, qui inciterait les États-Unis à en faire de même.

Un accord négocié est dans l’intérêt du secteur. Si un tel accord est impossible, l’UE doit minimiser l’impact sur l’agriculture via des mesures de compensation économique et en ciblant d’autres secteurs.

L’UE défend un commerce mondial basé sur des règles, tandis que les États-Unis poursuivent une politique nationaliste de rééquilibrage du commerce.

À un moment où la coopération transatlantique est cruciale pour relever des défis mondiaux comme le changement climatique et la sécurité alimentaire, les négociateurs doivent trouver des solutions innovantes pour parvenir à un accord et éviter une guerre commerciale destructrice.

125 ORGANISATIONS APPELLENT À UN NOUVEL ÉLAN DANS LA POLITIQUE ALIMENTAIRE DE L’UE, VALORISANT L’ÉLEVAGE

Farm Europe se réjouit d’avoir signé et envoyé, au nom de 125 organisations représentant la diversité des chaînes d’approvisionnement en bétail de l’Europe, un appel à la Commission européenne demandant une stratégie alimentaire de l’UE complète et basée sur la science qui valorise les protéines animales et soutienne un modèle agricole résilient et équilibré sur l’ensemble du continent.
L’appel souligne le rôle essentiel que joue l’élevage pour garantir la sécurité alimentaire, l’équilibre nutritionnel, la vitalité rurale et la durabilité environnementale au sein de l’Union européenne, ainsi que la complémentarité fondamentale entre les cultures arables et l’élevage. Il invite la Commission européenne à soutenir la diversité de la production agricole de l’UE, y compris l’élevage, la polyculture et les méthodes d’intensification durable qui optimisent l’efficacité des ressources sans compromettre la sécurité alimentaire ou les moyens de subsistance des populations rurales.
Intitulé « Nourrir l’Europe : L’importance des protéines animales », l’appel exhorte les décideurs politiques de l’UE à :
– Développer une stratégie alimentaire européenne holistique basée sur la méthode scientifique de l’expérimentation, intégrant à la fois l’agriculture et l’élevage tout en garantissant un traitement équitable pour tous les secteurs agricoles.
– Soutenir des évaluations environnementales scientifiquement fondées qui prennent en compte le cycle de vie complet des produits alimentaires, en évitant les interprétations trompeuses qui pénalisent injustement l’élevage, ce qui risque d’encourager les importations et donc d’augmenter les émissions.
– Soutenir les évaluations nutritionnelles fondées sur des données scientifiques qui confirment l’importance des aliments d’origine animale pour la santé humaine, en particulier pour les populations vulnérables telles que les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de carences nutritionnelles.
L’appel met également en garde contre les conséquences involontaires des politiques qui portent atteinte aux protéines animales, en soulignant qu’une réduction de la production de l’UE augmenterait inévitablement la dépendance aux importations, exacerberait les émissions mondiales et menacerait les moyens de subsistance de millions d’agriculteurs européens.
Avec cette initiative, Farm Europe et ses partenaires signataires de l’appel réaffirment leur engagement en faveur d’un avenir où l’agriculture est à la fois productive et durable, et où les citoyens européens ont accès à des régimes alimentaires sains et équilibrés, fondés sur des preuves scientifiques et sur les réalités économiques.

L’Europe a besoin d’une Politique agricole commune bien financée

Farm Europe appelle à un budget solide pour l’agriculture dans les négociations à venir sur le cadre financier pluriannuel (CFP)

Alors que l’Union européenne s’apprête à entamer l’une des discussions budgétaires les plus cruciales et complexes de ces dernières décennies, Farm Europe a adressé une lettre à l’ensemble des dirigeants européens, au président du Conseil européen, António Costa, ainsi qu’à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. L’organisation y exhorte les dirigeants de l’UE à faire de la Politique agricole commune (PAC) une priorité et à garantir sa pérennité face aux enjeux croissants liés à l’autonomie stratégique européenne. Avec le Conseil européen qui se réunit cette semaine, les discussions sur l’avenir du cadre financier pluriannuel (CFP) 2028-2034 mettront en avant des questions cruciales, notamment la défense européenne, le positionnement global de l’UE, les contraintes nationales, l’inflation, la dette liée au COVID-19 et les négociations d’élargissement avec l’Ukraine.

Farm Europe souligne l’urgence d’une PAC bien financée et robuste, en raison de son rôle central dans la production alimentaire européenne, la bioéconomie et l’énergie. Le secteur agricole est essentiel pour renforcer l’autonomie stratégique interne de l’UE, assurer la sécurité alimentaire mondiale et soutenir les efforts de décarbonation. Sans ajustement du budget de la PAC pour tenir compte de l’inflation, l’UE risque de perdre 54 % de sa valeur d’ici 2034 (soit l’équivalent de 250 milliards d’euros), compromettant gravement la capacité du secteur à répondre aux besoins de l’Europe et du monde.

La situation est aggravée par une baisse constante des revenus agricoles, qui ont diminué de 12 % par hectare au cours des vingt dernières années. De plus, l’UE a perdu 37 % de ses agriculteurs, tandis que l’endettement des exploitants a augmenté de 30 %. La disparition de 11 millions d’hectares de terres agricoles et l’importation de l’équivalent de 10 millions d’hectares supplémentaires soulignent la pression croissante sur l’agriculture européenne, menaçant encore davantage l’autonomie stratégique de l’UE.

« Nous faisons face à un choc de désinvestissement qui dure depuis plus d’une décennie, mettant l’agriculture européenne en péril », a déclaré Yves Madre, président de Farm Europe. « Pour préserver notre souveraineté en matière de production alimentaire et de bioéconomie, nous devons faire de l’agriculture une priorité et veiller à ce que le budget de l’UE reflète cette priorité. »

Farm Europe insiste sur le fait que la discussion sur le futur budget de l’UE ne doit pas uniquement porter sur le montant des ressources allouées, mais également sur la structure du budget. Les propositions visant à introduire un fonds unique ou un plan unique affaibliraient le pilier du développement rural et risqueraient de renationaliser les politiques européennes, mettant en péril l’approche commune qui constitue un pilier fondamental de la PAC. Une telle évolution conduirait à une fragmentation, à une augmentation des charges administratives et à un manque de cohérence au sein de l’UE.

« Nous appelons à un budget européen dédié et adéquat pour une PAC véritablement commune. Ses deux piliers doivent rester cohérents afin de garantir une politique efficace et homogène », a ajouté Yves Madre.

L’organisation met en avant l’importance de redéfinir l’orientation des politiques européennes en mettant l’accent sur le redressement de l’attractivité économique du secteur agricole, le maintien de la production sur l’ensemble du territoire européen et la consolidation d’une véritable souveraineté agricole. Cette approche permettra à l’UE de répondre à ses besoins alimentaires et non alimentaires, tout en contribuant à la croissance mondiale et en renforçant sa résilience dans un monde de plus en plus incertain.

Farm Europe appelle les dirigeants de l’UE à faire preuve d’un leadership fort et d’un engagement sans faille pour assurer un avenir durable à l’agriculture européenne, capable de relever les défis à venir.

Farm Europe se félicite de l’adoption par le Conseil du mandat de négociation sur les NGT

Farm Europe se félicite vivement de l’adoption par le Conseil de son mandat de négociation sur les nouvelles techniques génomiques (NGT), qui marque une étape importante pour l’avenir de l’agriculture européenne. Cette étape ouvre la voie à un cadre réglementaire qui favorise les performances économiques et environnementales, renforçant ainsi la compétitivité et la durabilité de l’agriculture européenne.

L’adoption du mandat de négociation témoigne d’une forte volonté politique de moderniser la réglementation de l’UE en fonction des progrès scientifiques.

Alors que le Conseil et le Parlement européen progressent dans leurs négociations, Farm Europe exhorte les deux institutions à avancer rapidement et de manière constructive vers un accord final. Tout retard sur ce dossier vital entraverait la capacité de l’UE à tirer parti des innovations de pointe en matière de sélection végétale pour relever les défis de la sécurité alimentaire mondiale et atteindre les objectifs environnementaux.

Nous encourageons les négociateurs à finaliser un accord sans délai, en veillant à ce que les agriculteurs européens puissent bénéficier du plein potentiel des NGT, en rejetant les exigences d’étiquetage inutiles pour les catégories NGT1 et en suivant une approche raisonnable qui n’entrave pas la recherche lorsqu’il s’agit de breveter.

Pas de Clean Industrial Deal sans une agriculture européenne renforcée

Aujourd’hui, la Commission européenne a adopté son Clean Industrial Deal. En présentant la feuille de route et les principales initiatives politiques à suivre, le vice-président exécutif, Stéphane Séjourné, a résumé l’ambition comme étant la nécessité de faire plus et mieux, et de créer un véritable plan d’affaires, tout en soulignant la volonté de se concentrer sur le « Made in Europe ». Ce nouvel élan politique est un pas bienvenu et clair dans la bonne direction pour la Commission européenne. Il devra être le premier jalon avant d’autres initiatives ambitieuses pour véritablement concilier compétitivité et transitions.

Le rôle de l’agriculture doit être souligné dans ce contexte : il n’y aura pas de Clean Industrial Deal Made-in-Europe sans davantage et mieux de produits agricoles. Que ce soit pour les énergies renouvelables, les produits chimiques (y compris les bioplastiques), les textiles ou les biomatériaux pour les bâtiments, une grande part des matières premières devra provenir de l’agriculture.

Le rôle de la biomasse agricole doit être davantage souligné et pleinement intégré dans la future stratégie de la bioéconomie. Dès lors, l’Europe doit rechercher une intensification durable, en d’autres termes, produire plus et mieux. Les chaînes de valeur agricoles de la bioéconomie sont stratégiques si l’Europe souhaite construire une économie carbone neutre, souveraine, efficace et abordable.

C’est pourquoi Farm Europe appelle la Commission européenne :

• À intégrer davantage ses stratégies agricoles et industrielles pour libérer le potentiel de contribution des agriculteurs à la bioéconomie sans obstacles inutiles. Par exemple, le plafond de culture des biocarburants devrait être augmenté, les limitations dans la taxonomie levées et des incitations supplémentaires créées pour d’autres secteurs de la bioéconomie allant au-delà des objectifs traditionnels afin de véritablement créer des opportunités de marchés ;

À renforcer ses mécanismes de contrôle et de certification pour stopper la concurrence déloyale des produits importés et établir des chaînes de valeur durables et robustes. Actuellement, les pratiques frauduleuses de labellisation, de certification et le manque de contrôles nuisent au développement des bioproduits Made-in-Europe. A titre d’exemple, la crédibilité de l’annexe IX A des biocarburants nécessite des actions urgentes de la Commission européenne.

L’absence de clarté sur le budget trouble la vision sur l’agriculture et l’alimentation

La vision pour l’agriculture et l’alimentation présentée, aujourd’hui, par le Commissaire européen à l’agriculture et à l’alimentation, Christophe Hansen, entend montrer que le désarroi des agriculteurs, qui a culminé dans une vive protestation il y a un an, a été bien entendu à Bruxelles. Toutefois, la traduction concrète dans les faits de ce message politique renouvelé reste un point d’interrogation. Et ce d’autant plus au regard des idées initiales inquiétantes lancées par la Commission européenne en matière de Cadre Financier Pluriannuel et de budget de la PAC. 

La vision met l’accent sur les agriculteurs en tant qu’entrepreneurs, sur la nécessité de privilégier les incitations plutôt que les contraintes et sur l’enjeu stratégique pour l’Europe de construire une véritable souveraineté agricole à travers un objectif de production réhabilité, en lien direct avec les impératifs de durabilité, de lutte contre le changement climatique et d’innovation. Autant d’orientations bienvenues, proposées depuis plusieurs années par Farm Europe. 

L’accent mis sur la dimension extérieure, avec la volonté affichée de la Commission européenne d’assurer la « réciprocité » et un « alignement normatif » entre les produits importés et ceux produits au sein même de l’UE constitue également une avancée. La vigilance sera de mise quant aux mesures concrètes à venir, qui ne devraient pas saper les standards de production communautaires actuels, étant donné les efforts considérables réalisés par les agriculteurs européens pour s’y conformer. 

Que la Commission reconnaisse le rôle essentiel de l’élevage et l’annonce d’une future stratégie pour ce secteur est un pas dans la bonne direction, même si ce travail devrait se faire dans le cadre d’un groupe de haut niveau, pour éviter les approches top-down. 

De même, l’approche est renouvelée en matière de produits phytosanitaires avec le principe selon lequel les interdictions d’utilisation devraient être considérées seulement en présence d’alternatives. L’inflexion est tangible, et doit aller de pair avec une accélération en matière de NGTs et de produits de biocontrôle. 

Enfin, le document met l’accent sur l’alimentation, reconnaissant l’importance de la transparence envers les consommateurs, à travers l’étiquetage du pays d’origine des aliments, et le renforcement du lien entre l’alimentation, territoire, saisonnalité et traditions locales. L’alerte en ce qui concerne les aliments ultra-transformés est bienvenue, dès lors qu’elle fait écho aux nombreuses études scientifiques sur leurs impacts délétères sur la santé.

Des points d’inquiétudes importants

Toutefois, ce document d’orientation soulève également des points d’inquiétudes forts. Pour développer un cap clair, l’UE doit être en mesure d’afficher noir sur blanc la nécessité d’accroître de façon durable la production pour répondre aux défis de la souveraineté agricole. Il s’agit là d’un double enjeu : se repositionner au niveau géopolitique en matière de sécurité alimentaire interne et externe et se donner l’autonomie stratégique suffisante pour déployer de façon autonome sa bioéconomie et atteindre ses objectifs de décarbonation.

De plus, dans un contexte d’inquiétude fort de la part des agriculteurs un signal quant au budget de la PAC fait défaut. Renforcer l’autonomie stratégique agricole de l’UE appelle à mettre un terme à des décennies de réduction de la voilure de la PAC. Un engagement à compenser l’impact de l’inflation qui, sur la période 2021-2027 a amené à une perte de plus de 85 milliards d’euros est nécessaire. 

À ce titre, les doutes quant aux intentions liées au ciblage « sur ceux qui en ont le plus besoin » sont réels : la formule a été régulièrement utilisée comme un euphémisme pour faire primer les contraintes budgétaires sur toute vision concrète pour l’avenir des fermes européennes. 

Les aides de la PAC représentent plus de 50 % du revenu des agriculteurs, voire plus de 70 % pour certains États membres. À titre d’exemple, une dégressivité de 10 % à partir de 16 hectares ne permettrait de dégager que 3,2 milliards d’euros de paiement redistributif. Mais un tel outil aurait un effet délétère sur un très grand nombre de structures clés pour la production européenne, notamment dans les zones déjà fragilisées, où les exploitations ont été contraintes de s’agrandir ou de se regrouper pour mieux maîtriser les coûts, compenser la faiblesse des rendements et des prix agricoles.

NOS PRIORITÉS CLÉS PRÉSENTÉES À M. OLIVÉR VÁRHELYI, COMMISSAIRE A LA SANTÉ ET AU BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX

Après avoir rencontré hier le commissaire à l’agriculture et à l’alimentation, Christophe Hansen, Luc Vernet, secrétaire général de Farm Europe, et Paolo Di Stefano, directeur exécutif de Eat Europe, ont rencontré aujourd’hui le commissaire à la santé et au bien-être animal, Olivér Várhelyi.

Ils ont discuté de l’ouverture d’une collaboration en vue d’élaborer un nouvel agenda pour l’agriculture et l’alimentation.

« Au début de ce nouveau mandat politique, nous demandons instamment à l’UE de ralentir les processus qui ont été lancés ou relancés sans soutien scientifique, tels que les étiquettes alarmistes, la taxation punitive du vin ou l’approbation de nouveaux produits cultivés en laboratoire sur la base d’une règlementation inadéquate. Dans le même temps, nous devons accélérer les initiatives réellement nécessaires, y compris les innovations telles que les NGT pour améliorer la durabilité et la productivité, ainsi que les mesures de biocontrôle qui fournissent aux agriculteurs – avec une approche plus réaliste des PPP – des outils efficaces pour protéger leurs investissements contre les risques posés par les parasites et les maladies. En outre, nous devons donner la priorité à la protection des consommateurs, notamment par une approche claire des dénominations des viandes et la fourniture d’informations transparentes aux consommateurs« .

Cette réunion a également été l’occasion de présenter la feuille de route sur l’agriculture et l’alimentation élaborée par Farm Europe, qui contient également des propositions pour les futures politiques en matière de nutrition et de santé.

Elle a également marqué le début d’un dialogue constructif sur l’avenir des politiques en matière de bien-être animal, qui doivent être alignées sur la compétitivité du secteur de l’élevage de l’UE, tant en Europe que dans le monde.

Dans notre feuille de route pour l’agriculture et l’alimentation, nous insistons sur les points suivants concernant les politiques de nutrition et de santé :

  • L’Union européenne doit maintenir ses normes élevées en matière de santé humaine et de qualité de sa chaîne d’approvisionnement alimentaire, à commencer par les normes sanitaires strictes en vigueur dans les exploitations agricoles. Ces normes doivent également s’appliquer aux produits importés. Les contrôles sur les importations doivent être renforcés et les règles de certification doivent être plus robustes.
  • Le plan protéines pour l’Europe ne doit pas entrer en collision avec le secteur de l’élevage, mais au contraire s’appuyer sur la complémentarité entre l’agriculture et l’élevage. Ce plan devrait s’abstenir de promouvoir des narratifs faisant la promotion d’alternatives végétales ou de produits synthétiques. Ces dernières années, certains acteurs à forte intensité capitalistique, soutenus par des groupes de pression, ont cherché à promouvoir la production de protéines synthétiques comme un avantage soi-disant incontestable en termes de durabilité pour remplacer les protéines animales (par exemple, les protéines laitières, la viande). Il est nécessaire de mener un débat complet, fondé sur des preuves, en tenant compte des aspects éthiques et environnementaux, plutôt que de s’appuyer sur des déclarations simplistes basées sur des données scientifiques peu concluantes.

En ce qui concerne les maladies non transmissibles et le plan cancer européen, la nécessité de répondre aux préoccupations réelles et scientifiquement fondées a été soulignée. L’UE devrait se concentrer sur le problème réel de l’augmentation de la consommation de produits ultra-transformés – une question notablement absente de ces stratégies clés de l’UE – plutôt que de saper notamment le secteur vitivinicole par une approche punitive qui ignore les comportements de consommation et les avantages scientifiquement prouvés pour la santé.

BUDGET DE L’UE : L’AGRICULTURE A BESOIN DE CLARTÉ ET D’AMBITION

Alors que la Commission européenne a adopté sa première étape avant la négociation du prochain budget de l’UE, Farm Europe souligne la nécessité d’ancrer la négociation sur des faits et des chiffres clairs. C’est pourquoi Farm Europe publie aujourd’hui un aperçu des principaux facteurs et chiffres en jeu pour garantir un soutien fort à l’agriculture en tant que secteur stratégique pour l’Europe.

LES TROIS DÉFIS DES NÉGOCIATIONS SUR LE BUDGET DE L’UE

L’inflation, l’élargissement à l’Ukraine, la capacité ou non de reconstruire une vision commune et la volonté de surmonter ensemble les défis mondiaux seront quelques-uns des principaux moteurs des prochaines négociations sur le cadre financier pluriannuel.

  • Sans indexation sur l’inflation pour la période 2028-34 – et en supposant une inflation modeste de 2 % par an – la valeur économique de la PAC en 2034 serait réduite de plus de moitié (-54 %) par rapport à sa valeur en 2020. Ceci appelle à une indexation du prochain budget de la PAC.
  • La proposition initiale de la Commission en faveur d’un fonds unique transférerait une plus grande responsabilité aux États membres, avec un risque évident de renationalisation de la plupart des politiques de l’UE, de perte de l’approche commune et du marché intérieur. Cette approche sapant la dimension commune, et faisant courir le risque de perte de fonds dédiés à la PAC, doit être rejetée.
  • En tant que membre de l’UE, l’Ukraine pourrait prétendre à environ 20 % du budget de la PAC et à une part substantielle du budget alloué à la politique de cohésion.

Ces facteurs appellent à un nouvel élan dans les négociations budgétaires au niveau de l’UE, avec la nécessité de canaliser de nouvelles capacités financières au niveau de l’UE. L’Europe devrait être en mesure de relever de nouveaux défis, tout en renforçant sa capacité à réaliser une véritable ambition agricole, ce qui nécessite des investissements substantiels. Le caractère commun de la PAC ne doit pas être remis en cause.

Plan cancer : une approche différente du vin est nécessaire, les «produits ultra-transformés» manquent

Farm Europe et Eat Europe expriment leur profonde inquiétude quant à la récente proposition présentée dans le document de travail des services de la Commission publié le 4 février 2025, en préparation de la révision du Plan européen de lutte contre le cancer.

Dans une lettre adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, nous avons souligné notre engagement à soutenir les politiques qui promeuvent des modes de vie plus sains, des régimes alimentaires équilibrés et des pratiques agricoles durables.

Nous reconnaissons le besoin urgent d’une action efficace contre le cancer et les maladies non transmissibles (MNT) dans toute l’Europe. Toutefois, nous nous opposons fermement aux mesures susceptibles de saper les efforts des producteurs européens et leur rôle dans la fourniture d’une alimentation durable et de qualité.

Notre principale préoccupation porte sur le traitement du secteur du vin comme équivalent à toutes les boissons alcoolisées, ce qui ne reconnaît pas les distinctions essentielles en termes de modes de consommation, de composition des produits, et les avantages pour la santé, scientifiquement prouvés, d’une consommation modérée de vin.

Le vin n’est pas seulement un produit agricole, mais aussi un symbole de la culture, de la tradition et de l’identité européennes. Le secteur vitivinicole, profondément lié au travail de millions d’agriculteurs à travers l’UE, est confronté à des défis uniques, en particulier compte tenu des tensions commerciales actuelles qui affectent le secteur.

L’inclusion potentielle dans la proposition d’avertissements sanitaires trompeurs et d’une taxation injustifiée du vin porterait un préjudice supplémentaire à un secteur déjà confronté à des défis géopolitiques.

En outre, le document du personnel de la Commission européenne néglige les préoccupations croissantes concernant la consommation de produits ultra-transformés, qui est une question très urgente pour la santé publique.

Nous demandons à la Commission européenne de porter son attention sur ces aliments ultra-transformés et de repenser les mesures proposées pour le vin.

Nous demandons à la Commission européenne de reconsidérer son approche et de s’engager dans un dialogue constructif afin de protéger à la fois la santé publique et le patrimoine agricole de l’Europe.

Farm Europe et Eat Europe restent fermes sur leur engagement à défendre le secteur vitivinicole européen et son rôle vital dans l’économie, la culture et l’identité agricole de l’Europe.