Négociations PAC – Position du Conseil sur le mode de gestion de la PAC 2023-27: Conséquences sur le futur de la PAC et le niveau des aides directes perçues par les agriculteurs

Février 2021

Face à un projet de réforme de la PAC avancé par la Commission et proposant d’en changer fondamentalement le mode de fonctionnement et de gestion, le Parlement Européen et le Conseil des ministres de l’agriculture ont adopté des positions très différentes. Militant pour une PAC qui demeure commune aussi dans sa gestion, le Parlement européen se heurte au Conseil qui porte une position de 27 PAC dont la gestion serait de la responsabilité exclusive des Etats membres, sans droit de regard communautaire, avec des flexibilités fortes quant à l’appréciation de la performance environnementale et économique que la Commission se limiterait à faire.

Cette conception de la PAC de demain marquerait une inflexion sans retour susceptible de mettre en risque non seulement la PAC pour l’après 2027 mais le niveau d’aides directes que les agriculteurs pourraient recevoir à compter de 2023.

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REVISION DE LA POLITIQUE COMMERCIALE DE L’UE : REPRENDRE LA MÊME ?

La Commission vient de publier une communication sur l’examen de la politique commerciale de l’UE.

L’approche qu’elle y propose des questions commerciales reste inchangée. Le mot clé est l’ouverture : « L’UE est fondée sur l’ouverture, tant intérieure qu’extérieure. Elle est le plus grand exportateur et importateur de biens et de services au monde« .

Les discussions de la crise Covid sur la relocalisation des industries clés, le renforcement de la résilience de l’économie de l’UE, sont largement oubliées dans ce document. Selon la Commission : « La politique commerciale peut contribuer à la résilience en fournissant un cadre commercial stable et fondé sur des règles, en ouvrant de nouveaux marchés pour diversifier les sources d’approvisionnement et en développant des cadres de coopération pour un accès juste et équitable aux fournitures essentielles« .

Il n’est donc pas surprenant, dés lors, que la Commission préconise essentiellement la continuité.

Les éléments nouveaux avancés sont liés à l’adéquation du Green Deal à la politique commerciale : « L’UE proposera que le respect de l’accord de Paris soit considéré comme un élément essentiel dans les futurs accords de commerce et d’investissement. En outre, la conclusion d’accords de commerce et d’investissement avec les pays du G20 devrait être fondée sur une ambition commune de parvenir à la neutralité climatique le plus rapidement possible et conformément aux recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)« .

En outre, elle préconise des « mesures autonomes … soutenant l’objectif visant à garantir que le commerce soit durable, responsable et cohérent avec nos objectifs et valeurs généraux« . Le mécanisme d’ajustement aux frontières pour le carbone (CBAM) est un cas d’espèce.

Sachant qu’un CBAM a besoin de la coopération et de l’accord des autres membres de l’OMC, afin de ne pas exposer l’UE à des mesures de rétorsion, il semble que nous en soyons encore loin.

Cela étant dit, la référence à la limitation des conditions de neutralité climatique aux seuls accords de commerce et d’investissement avec les pays du G20 semble indiquer que l’UE ne demandera pas à la plupart des pays de faire de même en matière de changement climatique.

Si les économies du G20 représentent une grande part de l’économie mondiale, il ne faut pas oublier que les grands exportateurs de produits agricoles sont en dehors du G20, comme la Thaïlande, le Chili, l’Uruguay, la Nouvelle-Zélande ou l’Ukraine.

Comme la Commission propose toute une série de mesures internes en matière de climat et d’environnement – la stratégie Farm to Fork et la stratégie sur la biodiversité en sont de bons exemples – elle semble accepter que de nombreux autres pays n’auront pas à appliquer des objectifs similaires ou à faire face à des droits d’importation supplémentaires.

Comment l’UE peut-elle alors éviter les fuites de carbone via une augmentation des importations, notamment de produits agricoles ? Comment les agriculteurs et le secteur agroalimentaire de l’UE peuvent-ils être compétitifs de manière équitable, alors qu’ils sont confrontés à davantage de restrictions et de charges que bon nombre de leurs concurrents ?

De même, la communication reste vague sur ce que la Commission entend par la recherche de conditions de concurrence équitables dans le domaine du commerce. Les producteurs des pays dont les normes environnementales sont nettement moins strictes désavantageront clairement les producteurs de l’UE, mais la communication ne reconnaît pas le problème.

Ce qui est également frappant, est ce qui ne figure pas dans la communication. La sécurité alimentaire de l’UE n’y est pas mentionnée, ce qui ne laisse guère de doute sur le fait que la Commission estime que le meilleur modèle pour contribuer à la résilience de l’économie est un commerce ouvert et plus libre dans le cadre de règles multilatérales, sans tenir compte de ses effets négatifs potentiels.

La lutte contre la déforestation importée n’est pas non plus mentionnée. Bien que le Parlement européen ait demandé à la Commission d’agir, il n’y a que de vagues références indirectes à la diligence des entreprises et aux engagements du Mercosur.

Les effets négatifs de la dévaluation compétitive sont également absents, bien que son impact soit souvent plus important que les droits de douane à l’importation, ce qui permet aux exportateurs des pays tiers de sous-coter les prix du marché de l’UE.

Farm Europe estime que le moment est venu d’adopter une politique commerciale plus équilibrée. Après la crise Covid-19, nous avons besoin d’un changement de politique qui ne compromette pas la sécurité alimentaire. Nous devons trouver un meilleur équilibre entre les avantages de la libéralisation des échanges et ses effets négatifs asymétriques. Nous avons besoin d’une politique moins idéologique, plus pragmatique et réaliste.

SECTEUR VIN : Impacts des procédures post Brexit ET conflit tarifaire entre l’UE et les États-Unis

Le mois de janvier 2021 a été caractérisé par les premiers impacts des procédures post Brexit, qui ont également touché le secteur du vin. Le président américain Joe Biden a pris ses fonctions le 20 janvier 2021, avec les espoirs de trouver une solution commune au conflit tarifaire en cours. Dans le même temps, la France a appelé à la création d’un fonds européen d’indemnisation et a décidé d’un soutien accru aux viticulteurs français souffrant à la fois de la crise du COVID-19 et du différend commercial entre l’UE et les États-Unis.

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Stratégie Européenne pour lutter contre le cancer

 3 février, 2021

La Commission européenne est sur le point de publier sa stratégie pour vaincre le cancer. Le document vise à donner une orientation politique de l’action de l’UE dans la lutte contre le cancer. Il prend en considération les différentes phases des maladies, ainsi que l’environnement du patient (les survivants, les soignants, leur famille, etc.). Il s’agit d’un pas dans la bonne direction en matière de prévention des cancers et, espérons-le, d’amélioration des traitements et des connaissances.

Néanmoins, certains points sont à souligner :

Prévention : la stratégie souligne à juste titre que « la prévention est le plus efficace de tous les traitements » et qu’il s’agit de « la stratégie de lutte contre le cancer à long terme la plus rentable ». La commission souhaite proposer donc un plan qui « sensibilisera sur les principaux facteurs de risque tels que les cancers dus à des modes de vie malsains ». « Le plan européen de lutte contre le cancer donnera aux individus les informations et les outils dont ils ont besoin pour faire des choix plus sains », mais aucune action concrète n’est proposée. Or, la stratégie ne doit pas oublier que l’éducation est l’élément clé de toute vision à long terme.

– Comme dans la proposition de programme européen pour la santé « EU4Health » (2021-2027), le plan évoque l’alimentation et de la nutrition en tant que causes de cancer. Néanmoins, une approche plus complète serait nécessaire afin de reconsidérer le rôle que les régimes alimentaires jouent dans la santé. Les politiques européennes et nationales doivent en effet investiguer les effets de notre alimentation sur la santé, en se basant sur des démarches scientifiques et sans ostracisme simpliste, mais en diffusant les connaissances scientifiques et en impliquant activement les citoyens.

– L’approche de la Commission va dans la bonne direction lorsqu’elle traite de l’obésité chez les enfants. Toutefois, une simple relance des politiques et actions existantes qui n’ont pas donné les résultats attendus (comme les programmes scolaires actuels de distribution de fruits et légumes, parce qu’occasionnels et axés sur un petit nombre d’écoles et d’enfants) ne suffira pas. L’école est effectivement le lieu où peuvent se former des habitudes saines ; dans ce contexte, des programmes scolaires obligatoires axés sur la santé et les modes de vie pourraient être une solution plus appropriée, et concrétiseraient l’objectif avancé par la commission (« les mesures prises dans les écoles porteront également sur l’éducation à la santé afin d’améliorer les connaissances sur les avantages d’une alimentation saine »).

– En ce qui concerne la proposition d’action visant à mettre en œuvre des mesures d’incitation/dissuasion fiscales en matière d’alimentation, des études [1, 2, 3] ont montré la moindre efficacité de ce type de politiques, ainsi que le risque de disparités sociales sous-jacentes. En ce qui concerne cette action, la Commission devrait procéder à une évaluation d’impact approfondie et présenter des propositions efficaces axées sur l’éducation, l’information et le traitement de la question de la santé liée aux denrées alimentaires commercialisées, notamment les denrées alimentaires transformées et ultra- transformées.

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REFERENCES :

  1. Darmon et al. “Food price policies improve diet quality while increasing socioeconomic inequalities in nutrition” International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity 2014, 11:66. Online source, consulted on October 22nd, 2020: http://www.ijbnpa.org/content/11/1/66
  2. Eyles et al., “Food pricings strategies, population diets, and non-communicable disease: a systematic review of simulation studies”, PLoS Medicine, 2012. Online source, consulted on November 4th 2020: https://www.researchgate.net/publication/233915556
  3. Smed et al., « Differentiated food taxes as a tool in health and nutrition policy”, Food and resource economics institute, 2005.

EAT EUROPE est le département dédié de Farm Europe qui vise à aborder les questions sociétales les plus sensibles, en se concentrant sur le rôle que les acteurs institutionnels jouent dans la santé publique, en analysant et en définissant les outils que l’UE et ses États membres pourraient mettre en œuvre afin de prévenir leur population des habitudes qui pourraient conduire à des modes de vie malsains. Eat Europe raisonne sur la science et l’efficacité, en rassemblant les connaissances des gens et en se concentrant exclusivement sur le bien commun de l’UE et sa capacité de mettre en oeuvre.

ÉLEVAGE DANS L’UE : CRISES DANS LE SECTEUR DE LA VIANDE PORCINE ET DU FOIE GRAS

Le mois de janvier 2021 a été marqué par des discussions sur une crise dans le secteur du foie gras en France, une interdiction des exportations de viande porcine en Chine et les conséquences de Brexit sur le commerce de la viande dans l’UE. Au niveau européen, la Commission a abordé la situation difficile dans le secteur de la viande porcine en raison de la crise du COVID-19, des foyers de PPA et des fermetures temporaires d’abattoirs lors d’une conférence de presse le 15 janvier 2021.

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MESURES ET IMPACTS LIÉS À LA CRISE DU COVID-19 : DES ÉTUDES MONTRENT UN CHANGEMENT DE COMPORTEMENT DES CONSOMMATEURS DANS LE SECTEUR ALIMENTAIRE

En janvier 2021, plusieurs pays de l’UE ont adopté des plans de relance supplémentaires pour faire face aux effets de COVID-19 sur les secteurs agricoles. Au niveau européen, des rapports concernant les impacts de COVID-19 sur le secteur alimentaire et le comportement des consommateurs ont été publiés ce mois-ci.

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NOUVELLES TECHNIQUES DE SÉLECTION VARIÉTALE : l’Angleterre organise un référendum

En janvier, le Royaume-Uni a franchi une étape supplémentaire dans la modification de la réglementation des NBTs en ouvrant une consultation publique visant à faciliter le processus d’approbation des produits dérivés des techniques d’édition génétique, tandis que le ministre français de l’agriculture s’est prononcé publiquement en faveur de la non-qualification des produits des NBTs comme OGM.  En Allemagne, le GFFA – Global Forum for Food and Agriculture – a eu lieu : le sujet des NBT a été abordé dans certains panels et la question a été soulevée de savoir si la législation européenne actuelle sur l’édition génétique pouvait assurer la compétitivité de l’UE dans le commerce international.

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NÉGOCIATION POUR LA RÉFORME DE LA PAC : Conseils de la Commission pour les éco-régimes

En janvier, la présidence portugaise du Conseil de l’UE a débuté. La ministre de l’agriculture, do Cèu Antunes, a défini les priorités de son mandat : conclure les négociations de la PAC avec le Parlement, dans l’espoir de renforcer la résilience du secteur et d’assurer une transition vers une architecture plus verte. Sur ce dernier sujet, la Commission a publié un document décrivant les mesures potentielles que les États membres pourraient inclure dans l’élaboration des éco-régimes, étant donné qu’ils ont déjà commencé à travailler sur leurs plans stratégiques nationaux (à soumettre à la Commission d’ici la fin 2021). La ministre allemande de l’agriculture a entamé une consultation interne avec les représentants des Länder. En ce qui concerne la discussion sur le règlement horizontal, la réserve pour le soutien de la PAC en cas de crise semble être un sujet difficile à surmonter pour les négociateurs.

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QUE CONTIENT L’ACCORD FINAL DU BREXIT POUR L’AGRICULTURE EUROPÉENNE

Les négociations d’un accord commercial post-Brexit avec le Royaume-Uni ont finalement été conclues à la dernière minute, après des années de hauts et de bas. Dès le début, Farm Europe a analysé de près les conséquences du Brexit et a attiré l’attention du secteur et des décideurs sur son impact.

Notre évaluation est claire : l’accord conclu apparaît comme le meilleur résultat possible, même si le meilleur aurait été de ne pas avoir de Brexit.

L’accord commercial prévoit un commerce en franchise de droits et de contingents pour les produits agricoles. L’Union européenne enregistrant un excédent commercial considérable avec le Royaume-Uni, c’est un résultat positif.

En ce qui concerne les règles sanitaires et phytosanitaires, chaque partie doit respecter les règles de l’autre lorsqu’elle exporte.

En ce qui concerne les produits biologiques, un accord d’équivalence a été conclu.

Sur la question très technique, mais tout aussi importante, des règles d’origine, essentielles pour empêcher le « commerce triangulaire » afin que le Royaume-Uni ne devienne pas une plate-forme d’exportation de produits de pays tiers vers l’UE, la plupart des produits sont couverts par la règle « entièrement obtenus ». Cela signifie que les produits exportés du Royaume-Uni et qui bénéficient d’un accès en franchise de droits à l’UE, doivent être fabriqués au Royaume-Uni sans aucun contenu significatif provenant de pays tiers. Les viandes, les produits laitiers, les céréales, l’amidon, les vins, sont bien couverts par cette règle. En ce qui concerne les produits transformés, la teneur en sucre a dans certains cas une plus grande marge de manœuvre, tant que le Royaume-Uni maintient une protection élevée aux frontières, les problèmes importants devraient être évités.

L’intégrité du marché unique de l’UE est donc préservée.

Le seul domaine où un accord ne semble pas avoir été atteint est celui de la reconnaissance des indications géographiques, bien qu’il y ait quelques formulations concernant d’éventuelles discussions supplémentaires, qui doivent être encouragées.

Pour conclure, il a tout lieu de saluer le travail de la Commission, en particulier le négociateur en chef Michel Barnier et son équipe.

Mais n’oublions pas que Brexit, même avec un bon accord commercial, entraînera une augmentation des coûts et de la bureaucratie liés aux procédures douanières ; et une concurrence accrue sur le marché britannique pour nos exportations, le Royaume-Uni ayant la liberté de négocier des accords commerciaux avec des pays tiers. En outre, le risque de divergence réglementaire à l’avenir est réel, il fonctionne dans les deux sens et pourrait avoir un impact négatif sur le libre-échange.

L’impact réel du Brexit sur notre balance commerciale agricole avec le Royaume-Uni ne se fera sentir que dans quelques années, à mesure que le Royaume-Uni s’ouvrira progressivement à des pays tiers hautement compétitifs.

Bien que l’accord commercial soit le meilleur possible, notre secteur agroalimentaire ne devrait pas perdre de temps à se préparer à une concurrence accrue. Les ressources de la PAC devraient être mobilisées sans délai pour soutenir l’amélioration de la productivité économique de l’agriculture, tout en améliorant ses références environnementales.