Ambition économique et environnementale doivent être au cœur de la future PAC

Aujourd’hui, Farm Europe a présenté le rapport final de l’édition 2016 du Global Food Forum aux institutions européennes, dans le contexte de la consultation publique sur l’avenir de la Politique agricole commune lancée par la Commission européenne.

« L’heure est venue de mettre sur la table une réelle stratégie économique pour les systèmes agricoles et alimentaires de l’Union européenne. Envoyer un chèque aux agriculteurs lorsque la pression politique est trop forte pour faire face à la volatilité des prix n’est pas tenable. Nous devons réfléchir sérieusement sur la meilleure façon d’employer l’argent public. Ce faisant, nous restaurerons la confiance, nous retrouverons l’optimisme, et nous construirons la croissance de demain », a indiqué Mario Guidi, le Président du Global Food Forum, et de Confagricoltura en présentant les recommandations du rapport.

Ouvrant l’événement, Phil Hogan, Commissaire européen en charge de l’Agriculture et du Développement rural indiqué : « présenter les recommandations du Forum juste une semaine après le lancement de la consultation publique vient à point nommée. Je me réjouis que le rapport mentionne clairement la nécessité de renforcer la résilience de nos exploitations, avec un focus particulier sur la gestion des risques. Nous devons moderniser la PAC et la doter d’une boîte à outils qui permette de réagir vite et de façon effective face aux chocs de prix à venir ».

Accueillant l’évènement au Parlement européen, Michel Dantin, Député Européen, a indiqué:  « Il est essentiel que la Commission européenne et le Parlement européen travaillent main dans la main afin de répondre aux enjeux auxquels font face nos agriculteurs à court et moyen terme et préparer la prochaine PAC. J’invite tous les acteurs à se poser sans tabou des questions stratégiques : est-ce que nous souhaitons que la PAC soit une politique économique ou seulement une politique sociale visant à assurer la subsistance des agriculteurs et des zones rurales ? Devons-nous rester dans le cadre contraignant de l’Organisation Mondiale du Commerce ou s’en affranchir comme tous nos concurrents internationaux ? » 

Le rapport présente une série de recommandations clefs pour bâtir une agriculture performante à la fois sur le plan économique et environnemental, résumées ci-dessous (le rapport complet est téléchargeable à l’adresse suivante: Report GlobalFoodForum FR) :

Renforcer les outils de gestion des risques, dès 2017

Toute nouvelle stratégie pour des filières agroalimentaires résilientes doit intégrer un fait: plus que jamais, l’agriculture est confrontée aux perturbations croissantes du climat et des marchés.

Pour le bénéfice de l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire de l’UE, la PAC doit mettre à disposition un ensemble d’outils efficaces de gestion des risques pour renforcer la résilience de l’ensemble des modèles agricoles européens.

Cela ne sera pas obtenu au moyen d’un seul instrument, mais à travers la mise en place d’une palette d’outils complémentaires proposés aux agriculteurs, en plaçant ceux-ci au cœur des décisions en fonction de leur situation et de leurs besoins. Dans chaque État membre, les agriculteurs devraient être libres d’opter pour des dispositifs d’assurances et / ou des fonds mutuels conçus au regard des défis qu’ils doivent relever et aux besoins qui en découlent.

En 2017, les co-législateurs de l’UE ont la responsabilité de saisir l’occasion des négociations liées à la proposition de règlement Omnibus pour renforcer ces outils de résilience, les rendant réellement opérationnels, attrayants et efficaces.

Bâtir un « new deal » au sein de la chaine alimetnaire

Le manque de coopération au sein de la chaîne alimentaire de l’UE compromet la capacité du secteur à faire face aux défis posés par la mondialisation et les investissements. Un “new deal” doit d’abord réaffirmer la prééminence de la PAC sur les règles générales de concurrence. Ce principe doit être la base d’action pour les autorités nationales de la concurrence.

La transparence au sein de la chaine doit être améliorée, notamment en ce qui concerne les prix et les volumes au niveau de la première transformation et au stade du consommateur final. Les relations contractuelles doivent être encouragées sur la base de règles plus claires, permettant des négociations de contrats collectifs au niveau des organisations de producteurs ou des groupes d’organisations de producteurs. Afin d’encourager la coopération entre les agriculteurs et les transformateurs, des négociations de filière devraient être explicitement autorisées pour ce qui a trait à une meilleure répartition de la valeur, que les prix augmentent ou baissent.

Ces approches doivent être considérées en tenant compte du fait que les marchés pertinents des principaux produits agricoles sont plus souvent à l’échelle européenne que nationale ou régionale. En ce qui concerne les pratiques commerciales déloyales, il s’agit d’interdire une liste claire de pratiques déloyales au niveau européen, avec des mécanismes de sanction clairs et dissuasifs, et en garantissant l’anonymat des plaignants.

Durabilité environnementale : se focaliser sur les résultats

Les progrès technologiques dans le secteur agricole créent de nouvelles opportunités pour les politiques environnementales et de durabilité au niveau européen. Les institutions de l’UE peuvent saisir l’énorme potentiel des innovations pour construire des politiques simples et efficaces et réduire la bureaucratie pesant sur les agriculteurs.

L’enjeu pour l’Union européenne serait alors de passer d’une politique normative à une politique véritablement axée sur les résultats qui serait cohérente avec les critères de « verdissement » actuels et fondée sur la volonté des agriculteurs eux-mêmes, les producteurs pouvant opter pour l’application de mesures telles que demandées par les politiques existantes ou une approche axée sur les résultats.

Une telle option serait basée sur des objectifs quantifiables adaptés aux connaissances et aux capacités techniques des agriculteurs. Celle-ci compléterait les dispositions actuelles en formant une option alternative innovante.

Durabilité économique : se focaliser sur l’investissement

L’ambition de maintenir un secteur agroalimentaire dynamique sur l’ensemble de l’UE doit se transformer en réalité. Au cours des dix dernières années, la compétitivité effective du secteur agricole de l’UE a diminué. Le taux de croissance de la productivité agricole totale de l’UE a régressé de 54% et la productivité du capital est devenue négative.

L’Europe ne doit pas limiter ses actions à un ensemble d’initiatives visant à accompagner le ralentissement de son secteur agricole. Ni accepter de limiter son ambition à une agriculture de conservation des zones les plus fragiles. Au contraire, le cadre politique européen doit se concentrer sur le lancement de stratégies économiques dynamiques et ciblées pour relancer les investissements dans l’ensemble de la chaîne alimentaire de l’UE.

Aujourd’hui, il est impératif que la dimension économique de la Politique agricole commune soit renouvelée.

Nutrition et santé : retrouver la confiance

La chaine alimentaire européenne est confrontée au défi de trouver une relation harmonieuse et positive entre nutrition et santé.

Pour y parvenir, un certain nombre d’obstacles doivent être levés : une stratégie claire et commune de la part des acteurs de la chaine alimentaire (agriculture, industrie, commerce) devrait être définie ; la crédibilité de l’EFSA, en tant que pole d’excellence et de référence du législateur européen devrait être renforcée, le consensus scientifique amélioré pour éviter la confusion des consommateurs, et la loi devrait être basée sur des réalités scientifiques solides et crédibles, plutôt que des suppositions.

De plus, un dialogue avec la Société Civile devrait être encouragé afin de bâtir un nouveau consensus et d’aller au-delà des positions idéologiques. L’absence de débat entre acteurs publics et privés sur les questions de nutrition et de santé est inacceptable.

Ce défi devrait être pris à bras le corps au niveau européen, afin de construire la confiance entre les acteurs et définir une vision et des solutions européennes.

Brexit et commerce : se focaliser sur les intérêts de l’UE

La plupart des Etats membres de l’UE ont des intérêts commerciaux substantiels sur le marché britannique dans le secteur agro-alimentaire.

Quel que soit le résultat des négociations entre l’UE et le Royaume-Uni, tant l’évolution des politiques internes britanniques que les stratégies commerciales divergentes entre les deux, vont mener, à moyen et long terme à des changements pour le secteur agro-alimentaire européen.

Ceux-ci ne devraient pas être sous-estimés, et ce, d’autant plus compte tenu de l’engagement clair des nouveaux dirigeants britanniques à faire du Royaume-Uni « la plus grande économie ouverte du monde ». Cette stratégie va rendre difficile un accord de libre échange complet entre l’UE et le Royaume-Uni, sans mécanismes de protection. Le point commun aux défis représentés par le Brexit et les ouvertures commerciales est une concurrence exacerbée pour le secteur européen et un défi encore plus pressant pour le secteur viande bovine.

En ce qui concerne l’agenda commerciale global de l’UE, le Brexit est l’occasion de revoir la façon d’accorder les mandats de négociation à la Commission européenne, et de relancer une politique commerciale européenne sur la base d’une nouvelle méthode de gouvernance, plus transparente et plus acceptable pour la société civile.

Irish Cattle and Sheep Farmers’ Organisation, contributeur actif de Farm Europe

Farm Europe se réjouit d’accueillir l’Irish Cattle and Sheep Farmers Organisation en tant que nouvelle organisation contributeur actif. Cette coopération va permettre au think tank de renforcer son expertise sur le potentiel et les défis du secteur de l’élevage européen. Si l’Union européenne a pour ambition de donner corps à l’idéal de la Politique agricole commune d’en faire un levier pour maintenir une agriculture dynamique sur l’ensemble du continent, elle se doit d’intégrer la spécificité et les besoins du secteur de l’élevage – et du secteur viande bovine en particulier. De plus, cette collaboration va permettre de renforcer l’ancrage de la réflexion de Farm Europe qui vise à apporter des solutions et idées concrètes pour l’avenir de l’ensemble des politiques ayant un impact sur l’agriculture.

A l’occasion de la finalisation de la coopération entre l’ICSA et Farm Europe, Mr Kent, président de l’ICSA a indiqué: « Le secteur de la viande bovine de l’UE est à un tournant. Compte tenu de l’expansion du cheptel laitier et de la concurrence mondiale, il est urgent de renforcer notre politique européenne, de bâtir un avenir durable pour l’élevage européen dans toute sa diversité. Le secteur bovin a été laissé de côté trop longtemps. Le moment est venu de le remettre au centre des priorités, non seulement en le défendant face à la concurrence commerciale mondiale, mais aussi en définissant une stratégie claire et ambitieuse, au sein de l’UE, qui mette au centre l’ambition de renforcer la profitabilité des fermes d’élevage ».

En 2017, Farm Europe va continuer de développer son travail sur le secteur animal, y compris dans le cadre des règlements Omnibus proposés récemment par la Commission européenne, les l’initiative du Commissaire européen, Phil Hogan, visant à rééquilibrer la chaine alimentaire sur la base du rapport de la Task Force sur les Marchés Agricoles de Novembre dernier. Construire une nouvelle ambition pour la filière élevage est une des priorités du think tank.

In 2017, Farm Europe will continue developing its work focusing on the beef sector, including in the context of the Omnibus regulation tabled recently by the European Commission and the food chain initiative launched by Commissioner for Agriculture, Mr Phil Hogan, in the wake of the report presented mid-November by the Agricultural Market Task Force. Building a new ambition for the EU meat sector is at the core of Farm Europe’s activities. In order to take advantage of the opportunities, which the EU livestock sector clearly offers, a new ambition is needed and this partnership with ICSA is the important step for concrete and forward-looking advancements on the issue.

Global Food Forum: Construire ensemble l’avenir des systèmes alimentaires de l’UE

Communiqué de presse2016_1014_GFForum_140_low

 Pavie, Italie – 16 Octobre 2016

Ce weekend, plus de 200 représentants de 18 Etats membres de l’UE ont participé au Global Food Forum, qui s’est tenu sur une exploitation, à proximité de Pavie (Italie).

Décideurs économiques, représentants d’institutions européennes, et de gouvernements ont réfléchis, ensemble, sur les défis à venir et le besoins de renouveler la vision de l’agriculture, avec de l’ambition économique, de la confiance mutuelle et une utilisation plus durable des ressources naturelles grâce au potentiel des techniques innovantes bénéfiques pour les citoyens, comme pour les professionnels.

« L’heure est venue, pour l’Union européenne, de redécouvrir son agriculture et ses agriculteurs, pas seulement en envoyant un chèque lorsque la pression politique est trop forte, mais en réfléchissant attentivement aux moyens les plus pertinents d’utiliser l’argent public.  L’heure est venue de mettre sur la table une véritable stratégie économique pour l’agriculture européenne et les systèmes alimentaires au sens large. En faisant cela, nous retrouverons la confiance, l’optimisme et bâtirons la croissance de demain. L’agriculture a besoin de visibilité, de prédictibilité et de transparence », a indiqué Mario Guidi, le Président du Global Food Forum, et président de Confagricoltura, à l’ouverture de l’évènement. (full speech here).

1)    Durabilité économique: se concentrer sur les investissements

L’ambition de préserver des systèmes agricoles et alimentaires sur l’ensemble des territoires doit se traduire par une nouvelle ambition. Au cours des 10 dernières années, la productivité de l’agriculture européenne a baissé de plus de 10%. L’Europe ne doit pas accepter de cantonner ses actions à des initiatives d’accompagnement du déclin du secteur agricole. Elle ne doit pas non plus accepter de limiter ses ambitions à une agriculture de conservation dans les zones les plus fragiles. Au contraire, le cadre politique européen devrait se concentrer sur la création de stratégies économiques dynamiques et ciblées pour relancer l’investissement dans l’ensemble de la chaine alimentaire européenne. La dimension économique de la Politique Agricole Commune doit être renouvelée.

2)    Outils de gestion des risques: se concentrer sur les agriculteurs

La nouvelle stratégie doit intégrer un fait: l’agriculture va, de plus en plus, faire face, à l’avenir, à des perturbations climatiques et de marché. Les outils de gestion des risques devront dont être un élément central pour préserver la capacité de résilience de l’agriculture européenne dans toute sa diversité. Ceci ne pourra se faire à travers un outil unique, à l’échelle européenne, mais à travers une palette d’outils complémentaires, plaçant l’agriculteur au centre de la décision, en fonction de sa situation spécifique et de ses besoins. Des recommandations détaillées sur les outils pour renforcer la résilience du secteur agricole ont été développés pendant le Forum

3)    Durabilité environnementale: se concentrer sur les résultats

Les avancées technologiques du secteur agricoles constituent une opportunité considérable pour les politiques européennes en matière de durabilité et d’environnement. Les institutions européennes peuvent se saisir du potentiel d’innovation considérable pour bâtir des politiques simples et efficaces et réduire les procédures administratives requises de la part des agriculteurs. L’Union européenne peut basculer d’une politique prescriptive et tatillonne à une véritable politique basée sur les résultats qui serait complémentaire aux critères des mesures de verdissement actuelles, basé sur la volonté des agriculteurs eux-mêmes (les producteurs pourraient opter pour les politiques existantes ou sur une approche de résultat). Cette nouvelle option pour les règles du verdissement serait fondée sur des objectifs quantifiables, qui seraient ajustés en fonction des connaissances et des capacités techniques des agriculteurs. 

4)    Un New Deal dans les relations au sein de la filière alimentaire 

Le manque de solidarité mine la capacité de la chaine alimentaire à faire face aux défis de la globalisation et des investissements. Il convient de réaffirmer la prééminence de la PAC sur les règles générales de la concurrence. Ce principe devrait s’appliquer, y compris, aux autorités nationales. La transparence devrait être améliorée, y compris en matière de prix et de volumes au stade de la première transformation et du consommateur final. Les relations contractuelles devraient être encouragées sur des bases plus claires, permettant des négociations collectives au niveau des Organisations de Producteurs et des Associations d’Organisation de Producteurs.Afin d’encourager la coopération entre les agriculteurs et les transformateurs, une approche de branche pour la négociation des volumes et des prix devrait être explicitement autorisée pour garantir une meilleure répartition de la valeur à la fois lorsque les prix sont orientés à la hausse, ou à la baisse. Ces approches devraient se faire, gardant à l’esprit que les marchés pertinents pour la plupart des produits agricoles sont à l’échelle européenne, plutôt qu’à l’échelle nationale ou régionale. En matière de Pratiques Commerciales Déloyales, un ensemble de règles clair devrait être interdit, avec des mécanismes de sanctions clairs et dissuasifs, assurant la protection sans faille de l’identité des plaignants.

5)    Nutrition et santé: renforcer la confiance, sécuriser le marché intérieur

La chaine alimentaire de l’UE est confronté au défi de trouver une relation harmonieuse et positive dans la relation Santé/Nutrition. Pour y parvenir, un certain nombre d’obstacles doivent être surmontés: une stratégie claire et commune devrait être définie entre l’ensemble des maillons de la chaine (agriculture, industrie, distribution), la crédibilité de l’EFSA en tant que pole d’excellence et de référence du législateur européen devrait être renforcée, le consensus scientifique devrait être amélioré pour éviter la confusion des consommateurs et la législation devrait se fonder sur des certitudes scientifiques solides, plutôt que sur des supputations. De plus, le dialogue avec la société civile devrait être encouragé de façon à construire un nouveau consensus et aller au-delà des positions idéologiques. Le manque de débat entre acteurs publics et privés sur le sujet de l’alimentation et de la santé est tout simplement inacceptable. Ce défi devrait être pris à bras le corps de façon sérieuse, à l’échelle européenne, de façon à construire la confiance entre les différents acteurs, définir une véritable vision européenne du sujet avec des solutions européennes. 

6)    Brexit et commerce

La plupart des pays de l’UE on des intérêts commerciaux substantiels avec le Royaume-Uni en ce qui concerne le secteur agricole et alimentaire. Quel que soit le résultat des négociations UE/RU, tant le changement de politique interne au RU que les stratégies commerciales divergentes entre l’UE et le RU vont conduire à des changements profonds  pour le secteur agricole et alimentaire européen. Ceci ne devrait pas être sous-estimé, d’autant plus compte tenu de l’engagement clair des nouveaux dirigeants du Royaume-Uni à faire de l’économie britannique la plus grande économie ouverte du monde. Cette stratégie rendra difficile de parvenir à un accord de libre échange total entre l’UE et le RU, sans barrières. La ligne commune aux défis du Brexit et des accords de libre échange est une concurrence accrue pour le secteur agro-alimentaire et une défi encore plus pressant pour le secteur bovin. En matière d’agenda commercial européen, le Brexit peut être l’occasion de moderniser la façon dont les mandats de négociation sont confiés à la Commission européenne, et de relancer une politique commerciale sur la base d’une nouvelle gouvernance plus transparente, et donc plus acceptable pour la société civile européenne.

Pour les journalistes, disponible sur demande à info@farm-europe.eu :

  • Des photos hautes definition du Global Food Forum
  • Les rapports et recommandations des Ateliers 

 

Mario Guidi, Président de Confagricoltura et du Global Food Forum

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Jerzy Plewa, Directeur Général de l’Agriculture et du Développement rural à la Commission européenne

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Giovanni La Via, Président de la Commission Environnement et Protection des Consommateurs du Parlement européen

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Xavier Beulin, Président de la FNSEA

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Jean Arthuis, Président de la Commission des Budgets du Parlement européen

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Michel Dantin, Député européen, Membre de la Commission de l’Agriculture du Parlement européen
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Construire ensemble l’avenir des systèmes agro-alimentaires

Organisé par Farm Europe, en partenariat avec Confagricoltura, le Global Food Forum réunira les 14 et 15 Octobre, 200 représentants des institutions européennes, d’administrations nationales, d’organisations agricoles, d’entreprises et d’experts pour réfléchir sur l’avenir des politiques agricoles et alimentaires de l’UE.

L’agriculture et l’agroalimentaire sont à la croisée des chemins entre d’immenses opportunités et de puissantes contraintes.  Chaque décision implique de prendre en compte une multitude de facteurs, où les attentes des citoyens, les ruptures technologiques et les évolutions des habitudes de consommation dans les pays développés comme dans les pays en développement ne sont que la partie de l’iceberg.

Pour faire face à ces défis, il est fondamental de développer une vision stratégique claire et puissante à la fois au plan mondial, mais aussi et avant tout à l’échelle européenne, étant donné l’importance et la responsabilité de l’Union européenne du fait de sa contribution irremplaçable à la sécurité alimentaire globale.

Le Global Food Forum va rassembler des leaders politiques et économiques passionnés, désireux de partager librement leur vision personnelle et de définir des chemins d’avenir permettant de concilier performance économique et durabilité environnementale. Quelque 250 participants, représentants les acteurs clefs du débat européen y prendront une part active, y compris des députés et ministres qui soutiennent d’ores et déjà l’initiative.

Le programme sera organisé autour d’une série de conférence et de groupes de travail dans une atmosphère décontractée autour de 4 thèmes clefs:

  • La Politique agricole commune: un besoin d’adaptation ou de refonte?
  • Les objectifs climat de l’UE: quelles implications pour les systèmes alimentaires ?
  • Du gaspillage alimentaire à la nutrition: comment bâtir une chaine alimentaire équilibrée et responsable ?
  • Comment concilier tradition et innovation?

Crise laitière: la Commission doit agir sans délai

Aujourd’hui, Farm Europe a tenu un groupe de réflexion sur la situation du marché du lait, réunissant des acteurs globaux et européens.

La crise du lait entre dans sa deuxième année consécutive, sans perspective de redressement à court terme.

Chaque jour, des exploitations agricoles disparaissent. Si rien n’est fait, pas moins de 20% des fermes laitières européennes et des dizaines de milliers d’emplois associés seront rayés de la carte ou déplacées vers des zones où la production laitière est déjà très concentrée.

Pourtant, à l’heure du changement climatique et des préoccupations grandissantes liées à l’environnement, au bien-être animal ou à la vitalité des zones rurales, la répartition harmonieuse de la production laitière sur l’ensemble du territoire européen est loin d’être une idée du passé.

La Commission est la seule à pouvoir jouer collectif en utilisant à plein sa capacité exclusive à proposer.

Des solutions concrètes existent

Face à la crise, une réponse immédiate, simple et efficace réside dans la mise en place d’un dispositif européen visant à remettre rapidement de l’équilibre dans le marché du lait.

Cette opération est simple à organiser. Deux voies, dont les règles doivent être définies à l’échelon communautaire, sont possibles pour cela :

  • Option 1 : Construire sur la base de l’Article 222. Cette option passerait par l’introduction, sur la base de l’article 219 de l’OCM unique, d’une obligation européenne de cibler les aides d’urgence mises en place tant à travers un financement européen, notamment dans le cadre de l’Article 222, que celles ressortant du régime des aides d’Etat. L’ensemble des aides publiques seraient dès lors exclusivement ciblées sur les producteurs laitiers s’engageant réduire leur production (par rapport au niveau 2015) soit par ajustement technique de la conduite de leur troupeaux, soit par augmentation du taux de réforme de leurs vaches, soit par décision d’abandon définitif de la production laitière. A charge pour les Etats membres de définir des niveaux des soutiens publics adéquats, selon l’effort réalisé par l’exploitant et le mode de réduction de la production mis en œuvre. Cette option garantirait qu’aucun financement publique au sein de l’UE n’est attribué à des producteurs qui ne participent pas à l’effort de réduction de la production. Néanmoins, il serait nécessaire de fixer très clairement un objectif minimal de réduction à l’échelle européenne, pouvant déclencher le déblocage d’une aide UE ou nationale par les Etats membres.
  • Option 2 : L’organisation d’un « appel d’offres » européen de réduction volontaire de la production laitière, accessible à l’ensemble des producteurs européens. Ces derniers s’engageraient, pendant un laps de temps limité de 6 mois, à réduire leurs livraisons aux laiteries par rapport à 2015 pour un volume déterminé, en bénéficiant en retour d’une compensation suffisamment attractive. Ceci serait une mesure réellement européenne, gérée et financée directement par la Commission européenne, avec un objectif clair de réduction. Plus de 2 milliards de litres pourraient ainsi être retirés du marché à brève échéance, avec une enveloppe budgétaire de moins de 500 millions d’euros. Cette option offre davantage de visibilité sur les quantités qui seraient ainsi retirées du marché en comparaison de l’option 1.

De telles mesures – l’option 1 ou 2 – seraient bonnes pour l’emploi et pour nos territoires. Cette décision économique serait bien plus efficace qu’un nouveau plan de saupoudrage d’argent public sans effet et catastrophique pour l’image de l’Europe, tant auprès des contribuables que des agriculteurs.

Ce plan communautaire devrait être bâti et annoncé avant l’été et mis en œuvre d’ici à l’automne.

La Commission dispose aujourd’hui de toutes les marges de manœuvres politiques et budgétaires, pour soumettre, sans délai, aux Etats membres et au Parlement européen, sur la base de l’OCM unique, ce type de mesures.

Financièrement, les marges existent dans le budget PAC 2016 pour financer des mesures ambitieuses et efficaces, sans recours à la réserve de crise.

De plus, la Commission européenne devrait travailler sur un paquet de mesures cohérent qui prévoit notamment un mécanisme d’identification obligatoire de l’origine des matières premières dans le secteur du lait, de façon à encourager les efforts réalisés par les producteurs de l’UE pour créer de la valeur.

Il est également nécessaire d’engager rapidement, avec le soutien de l’UE, une réponse structurée aux campagnes de communication trompeuses sur les produits laitiers, en mettant en valeur les propriétés nutritionnelles des produits laitiers et leur caractère fondamental dans le cadre d’un régime équilibré.

En revanche, les solutions déconnectées du marché sont à exclure. Elles ne font qu’alimenter la sur-production à travers un débouché public factice, à l’instar de l’intervention publique, qui n’est pas l’outil de la situation. Un nouveau relèvement du seuil d’intervention ne résoudrait rien à ce stade. Il encouragerait, au contraire, le maintien de niveaux de productions intenables et retarderait encore un peu plus la reprise, en raison du poids des stocks.

Climate Change and Market Volatility: A global overview of Policy Actions to build resilient food systems 

IMG_3730Today, Farm Europe hosted a debate on how Climate Change is impacting agriculture and food system

in a world experiencing more instable and volatile markets.

Food production has become very interdependent and supply side shocks due to draught, disease, severe climate events and lately climate change contribute to a high degree of volatility on output. On the demand side political instability, population growth, economic development in emerging markets and advanced economies, change in dietary habits and financial problems are key factors. The result is increased volatility with consequent effect on agricultural prices, producer’s income and consumer prices leading to political and social unrest.

What is our response? And, specifically, how main worldwide agricultural regions and notably Europe should respond to one of the most crucial challenges that the world will face in the coming decades? 

This one, alongside other key questions about how it will be possible to establish a sustainable agricultural and food systems were thoroughly addressed by panelists and participants.

Farm Europe’s event started with the presentation of a very innovative study on the ”Food Chain Reaction: A Global Food Security Game” which, in November 2015, gathered 65 thought leaders and policy makers from several countries in Washington, D.C. This project, to which Farm Europe had the pleasure to participate, revealed the different approaches toward agri-food systems at global level in the context of Climate Change, through a simulation of a real global food crisis caused by population growth, rapid urbanisation, extreme weather, and political turmoil. The exercise put the issue of food security at the forefront of a global conversation and teams were able to see firsthand via the simulation what the future of food security could look like in an increasingly volatile world.

Farm Europe’s discussion was then opened and fuelled by Farm Europe’s Senior Fellow Lars Hoelgaard, alongside with Patrice de Laurens from the French Ministry of Agriculture, Joost Korte, DDG at the European Commission, Joe Stone, President at Cargill Animal Nutrition and Jeff Malcolm, Director at WWF – sponsor of the Global Food Security Game.

Overall, from panelists’ comments two clear concepts came out:

  1. At the end of the day, in this volatile context, Climate change and Food security challenges are common. Accordingly, decision makers have to build ambitious policy answers, not independently, but in a collaborative way, by taking into account political and economic interconnections in a ever more globalised world.
  2. There is no single solution, no “silver bullet”. The key lesson is that these issues need to be addressed in an integrated manner across all sector

Are futures the future for farmers?

Agricultural markets have an inherent tendency towards instability. Producers of agricultural commodities are therefore much more vulnerable to price shocks than other industrial sectors.

This vulnerability became particularly clear during the fallout of the global financial crisis in 2008, which initiated a period of high variations in the prices of agricultural products. As a result, the issue of price volatility has come to the forefront of public policy attention in recent years.

This was especially the case within the European Union, where farmers have been gradually exposed to these global price fluctuations due to the increased market orientation of the reformed Common Agricultural Policy. In this context, European policy-makers are considering the need for specific risk management instruments in order to tackle price volatility and/or enable farmers to deal with its negative consequences.

While there are several possible tools to achieve this, prominent attention has recently been given to agricultural ‘futures’, which has risen from relative obscurity to become a buzz word and a topic of intense debate in agricultural decision-making circles.

Farm Europe has examined the effectiveness of futures in tackling and managing price volatility (see the Policy Briefing : « Are futures the future for farmers? An evaluation of agricultural futures as a risk management tool in the context of price volatility »)

Futures remain a double-edged sword for the agricultural sector and are not likely to be the unique answer to an efficient management of market volatllity the European agri-food systems have to face.

If their exchanges are functioning properly, futures can enable farmers to secure a certain selling price for their products and estimate these prices at the beginning of their production process. This instrument can thus allow them to deal with price volatility risks and better plan their early production and investment decisions.

However, the use of futures also has several compelling disadvantages.

The very nature of this instruments prevents farmers from benefitting from positive price developments for their products, as these prices are fixed by the futures contract. Engaging in futures contracts is also a rather expensive undertaking for farmers, as they need to pay commissions and fees to brokerage firms and advisors to manage these complex financial products on their behalf. Moreover, if the futures market are not functioning adequately, it is likely that the futures price will be different to the price on the physical markets, leading farmers to receive a lower price than the one agreed in the futures contract.

Most importantly, futures do not reduce price volatility for agricultural products as such, since fluctuations in prices are a necessary condition for the proper functioning of their exchanges. On the contrary, excessive speculation on futures can lead to artificial short-term price increases and thus even higher levels of price volatility, which is detrimental to both producers and consumers of agricultural products. In short, futures are not an instrument that can reduce price volatility, but remain at best a useful financial tool to manage its negative consequences.

The access for farmers in the European Union to this risk management tool has increased steadily in recent years, in line with the subsequent CAP reforms aiming at a more market-oriented European agricultural sector. A number of futures exchanges have been created and contracts can now be traded for a variety of agricultural products, particularly on the ICE Futures Europe in London and the MATIF in Paris.

Nevertheless, the trading volumes and the number of farmers using futures in Europe remain far more limited than those in the United States. The recent experiences of European futures markets also show that a futures approach is not equally suitable for all agricultural sectors. Exchanges for crops and oilseeds are widely available and rather successful, as these products are relatively easy to standardise and store, while the perishability of meat and dairy puts structural limits on the development of their futures markets.

Because of this growth in the trade of commodity contracts and their problematic role in the economic crisis starting in 2008, the European Union has introduced a number of legislations to better regulate these financial markets. While this ‘Barnier package’ could lead to the better protection of farmers engaging in futures, it only includes very limited specific measures on agricultural commodity futures and is thus not fully adapted to the specific needs of the agricultural sector. Moreover, as some important technical details still have to be settled, this complex legislative framework will only be fully applicable in 2018, which means that farmers are not yet sufficiently protected against excessive speculation and market abuse on agricultural futures markets.

Au-delà de la crise, traçons la voie d’une croissance durable des systèmes agricoles et alimentaires européens

Depuis 2006, alors que les revenus agricoles en Europe et aux Etats-Unis étaient équilibrés, les Etats-Unis sont parvenus à douvler le revenu agricole, alors que dans le même temps, l’Union européenne a subit une stagnation, voir une légère baisse au cours de la même période.

L’analyse de l’évolution du revenu agricole des deux côtés de l’Atlantique a été présenté, aujourd’hui, au Parlement européen, à l’occasion de l’événement de lancement du Global Food Forum (GFF) de Farm Europe.

L’objectif clef du GFF – qui comprendra une série d’événements régionaux et un Forum principal en Italie (14-15 octobre 2015) – sera d’aller au-delà du pessimisme actuel, avec l’ambition de présetner des proposition pour une politique européenne mieux structurée autour de la création d’emploi et d’une croissance durable. Les recommandations seront présentées aux décideurs à la fin de l’année, sur la basis d’un processus participatif animé par Farm Europe.

« Le secteur agricole et alimentaire de l’UE est à la croisée des chemins entre des opportunités formidables et des pressions considérables. Chaque décision doit reposer sur un nombre considérable de facteurs pour lesquels les attentes sociétales, les ruptures technologiques, les modes de consommations ne sont que la partie émergée de l’iceberg », a indiqué Mario Guidi, Président de la Confagricoltura et du GFF 2016. Et d’ajouter : « Le Global Food Forum va rassembler des leaders économiques et politiques passionnés, désireux de travailler dans un esprit européen, de partager leur vision et de participer à l’élaboration de possibles chemins d’avenir pour renforcer à la fois la performance économique et la durabilité environnentale ».FarmEurope EP2

Lors de l’événement au Parlement européen, organisé sous son patronnage, Michel Dantin a indiqué : «  En tant qu’architecte de la précédente réforme de la PAC, je crois que nous ne sommes pas allés assez loin, et je me réjouis de l’initiative de Farm Europe d’engager un débat proactif et constructif sur la future PAC. La PAC actuelle est enlisée dans une vision politique et des principes vieux de près de 30 ans. Je suis convaincu désormais que la PAC n’est malheureusement plus à la hauteur de l’ambition que l’Union européenne doit avoir pour son agriculture et son alimentation. Nous avons le devoir de faire émerger un environnement qui permette à ces entreprises d’exprimer pleinement leur potentiel de croissance et d’emploi ».

Ouvrant les débats, le Commissaire européen à l’Agriculture et au Développement rural, Phil Hogan, a souligné : “il n’est pas facile de prendre de la hauteur, mais nous le devons. En regardant la PAC, au-delà de la crise, nous devons regarder au role que cette politique peut jouer pour la croissance du secteur agricole européen de même que la contribution que cette politique peut apporter aux priorités politiques plus générales de cette Commission. (…) Avec la bonne combinaison de politique et de communication, je crois que nous pouvons sécuriser la position de la Politique agricole commune en tant que politique centrale en terme de contribution à la croissance durable de l’UE, aujourd’hui, et demain”.

Yves Madre (Farm Europe) a présenté les questions clefs sur lesquelles qui alimenterons les discussions lors du Forum, qui seront structurées autour de 3 piliers : la résilience, la durabilité et l’investissement. Les agriculteurs européens jouent-ils à armes égales avec leurs concurrents dans le monde ? Avons nous besoin d’adaptations supplémentaires de la PAC afin d’encourager l’investissement et de mieux structurer la chaine alimentaire ? Les paiements découplés sont-ils une réponse politique efficace pour faire face à la volatilité ? Est-il possible d’augmenter l’efficacité du verdissement de la PAC, par exemple, à travers une politique fondée sur des objectifs ?

Telles sont quelques-unes des questions soulevées en ouverture de la discussion avec Mario Guidi, Président de la Confagricoltura, Markus Neundörfer, directeur chez Südzucker, Xavier Beulin, President de la FNSEA et Paolo De Castro, MEP, qui a clôturé les débats.

Xavier Beulin a declaré : « l’équation est simple : pas de visibilité, pas de confiance ; pas de confiance, pas d’investissements ; pas d’investissements, pas d’avenir. Je crois au projet européen, mais je veux une meilleure Europe, qui ne soit pas engluée dans un juridisme excessif, parfois, et d’autres fois incapable de construire un marché communautaire avec des règles communes sur le plan social, fiscal et environnemental. Les paiements uniques à l’hectare et un verdissement cohercitif, cela ne fait pas une Politique Agricole Commune. Nous avons besoin d’un véritable partenariat entre l’Europe et ses agriculteurs. Les agriculteurs sont les premiers intéressés à la fois à développer des pratiques agricoles durables et générer une croissance durable ».

De son côté, Mario Guidi a indiqué : « La crise que nous traversons aujourd’hui montre à quel point la PAC a besoin d’une adaptation profonde de ses instruments pour les mettre en cohérence avec la réalité du monde économique d’aujourd’hui, et de répondre à un chemin de développement durable. Pour notre secteur le développement des capacité de production demande des nouveaux instruments permettant aux agriculteurs de faire face aux défis de la compétitivité, de la volatilité et de la durabilité. Nous sommes prêts à engager une réflexion approfondie et courageuse pour explorer sur les paiements directs tels qu’ils sont aujourd’hui sont les plus à même à faire de notre secteur, un secteur compétitif, majeur pour l’économie européenne. Parmi les éléments sur lesquels nous devons travailler, un effort particulier doit être fait en ce qui concerne les instruments de gestion des risques. Tout ceci – et beaucoup plus – ne peut être engagé que sur la base du constat qu’il nous faut plus d’Europe : le marché agricole commun est loin d’être une réalité et nous devons engagé un travail dans ce sens ».

Pour sa part, Markus Neundörfer a souligné l’importance et la valeur du marché unique qui est une force pour l’économie européenne. « Toutefois, il y a de plus en plus d’approches divergentes de la part des Etats membres sur des sujets comme les règles d’étiquetage ou de santé, l’interprétation des règles de concurrence, sans parler des flexibilités en matière de gestion des crises ou en terme de paiements couplés ».

Enfin, Paolo de Castro a clôturé les débats : « La PAC a besoin d’une révision à mi-parcours afin de réduire la bureaucratie et de renforcer la capacité de l’Union européenne à réagir collectivement aux crises de marché en évitant le piège de la renationalisation. La volatilité est là pour rester. Nous devons avoir une approche beaucoup plus ambitieuse de la PAC pour apporter des réponses concrètes aux agriculteurs européens.

 

Crise laitière : en finir avec une crise qui n’en finit pas

Avec une enveloppe de 500 millions d’euros, entre 2 et 2,5 millions de tonnes de lait pourrait ne pas être mises sur le marché, grâce à des mesures d’incitation à la réduction de la production ciblées.

Le Conseil des ministres de février dernier a, de nouveau, fait le constat non seulement de la gravité de la crise dans laquelle s’enfonce le secteur laitier européen, mais aussi du fait que les mesures prises jusqu’alors n’ont pas eu d’impact dans un contexte déjà évoqué précédemment  où les producteurs n’ont actuellement comme solution individuellement que de produire plus pour amortir par le volume leurs charges quand bien même, collectivement, cette orientation ne peut que rendre pire la crise et le marasme des prix.

Alors que faire pour sortir d’un tel engrenage qui n’a été enraillé dés le début ?

Premièrement, les mesures de marché prises à l’automne dernier doivent être maintenues et renforcées :

  • le stockage privé est un outil utile face à l’étroitesse des débouchés pour le beurre et la poudre de lait. Son caractère réellement incitatif est primordial et la durée de stockage doit être raisonnée au regard d’un retour à l’équilibre qui prendra du temps.
  • Une politique encore plus soutenue de promotion est nécessaire. En la matière, la réalité économique doit être le principe de base : c’est en période de crise que le retour sur les marchés doit se travailler, sur tous les marchés et notamment ceux d’exportation de poudre de lait et de beurre. Ces productions européennes ont des atouts de qualité, de réputation. La (re)conquête des marchés mondiaux doit être non seulement accompagnée, mais anticipée par une politique de promotion européenne très dynamique. A cet égard, un fonds d’assurance crédits à l’export serait un plus, cet outil étant à disposition des concurrents des opérateurs européens.

Cependant, dans le contexte actuel, force est de constater que ces mesures, seules, ne suffiront pas. Et ce, d’autant plus que les exploitations ayant investi récemment, celles sur lesquelles l’Union européenne comptent pour générer croissance et dynamisme économique demain, sont menacées de disparition. Ce serait un gâchis humain, social et économique que l’Union européenne ne peut se permettre.

Injecter, une nouvelle fois, quelques millions d’euros comme autant d’aides politiques symboliques aux trésoreries d’exploitation est à exclure : les expériences de 2009 et plus récemment de 2015 sont malheureusement là pour en témoigner.

Augmenter temporairement le prix d’intervention, pour un volume défini, est régulièrement évoqué. Farm Europe avait analysé cette possibilité à l’été 2015. A l’échelon européen, la diversité des coûts de production d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre est extrêmement grande. Etant donné que la ligne rouge politique est de ne pas faire de l’intervention un marché de déport rentable pour certains l’augmentation possible est très limitée à quelques cents, et un prix nouveau temporaire, de fait, inférieur à 25 cents.

La décision politique de fin des quotas laitiers repose sur un postulat de base : s’appuyer sur les acteurs économiques, notamment les agriculteurs en premier, pour qu’ils saisissent pleinement les opportunités de marchés. Dans cet esprit, n’est-il pas de la responsabilité de l’Union européenne d’accompagner ces mêmes producteurs en temps de crises fortes pour qu’ils aient les moyens de se dégager de la spirale baisse des prix/hausses individuelles de production/baisse de prix en retour?

Où est l’efficacité économique? Inciter à baisser rapidement la production ou attendre de colmater les effets financiers d’une crise qui se prolonge? 

Un outil est, à cet égard, régulièrement évoqué depuis 2014. Mais son analyse sérieuse a été sans cesse remise aux lendemains jusqu’à ce qu’il soit finalement mis en œuvre par l’initiative privée d’une coopérative aux Pays-Bas : l’impact d’une incitation européenne à la réduction de production, sur un laps de temps limité et pour un volume prédéfini, mérite d’être analysé sans a priori et sans la crainte qu’aucuns ont vis-à-vis d’outils nouveaux.

En période de déséquilibre entre production et demande, la rapidité de réaction est clé pour en limiter les conséquences financières tant pour le monde agricole que pour les contribuables.

Entre inciter à baisser rapidement la production et devoir stocker le temps que « le marché fasse son œuvre selon l’expression consacrée de certains » et colmater les effets financiers d’une crise qui se prolonge, où se trouve l’efficience économique ?

La diversité des régions de productions laitières dans l’Union européenne suggérerait de définir le volume de baisse souhaité par rapport aux livraisons aux laiteries de la période hivernale et d’agir par appels d’offres.

Avec les 500 millions d’euros du paquet présenté par la Commission l’automne dernier, ce sont entre 2 millions et 2,5 millions de tonnes qui auraient été concernés. A cette échelle, l’impact sur les marchés européens ne serait-il pas effectif et les deniers publics utilisés efficacement ?

Un tel dispositif suppose toutefois :

  • une mise en place rapide,
  • une gestion équilibrée des appels d’offres (ni trop, mais aussi refuser le trop peu budgétaire qui tuerait la mesure dans l’œuf)
  • et d’assumer le fait qu’elle s’adresserait sans doute, dans les faits, principalement à deux types d’exploitations agricoles :
    • des exploitations compétitives dont la baisse de la production participerait ainsi pleinement au bien commun de la filière lait européenne;
    • des exploitations quittant le secteur laitier, participant ainsi à un mouvement de restructuration.

Seulement 1% de la Politique agricole commune va a des mécanismes d’assurance

 BRUXELLES, le 18/01/2016 – Farm Europe publie aujoutd’hui un rapport sur le thème : « Comment gérer la volatilité des prix et des revenus des agriculteurs ? Tour d’horizon des politiques et instruments mis en œuvre au plan international ». Ce document offre une vue d’ensemble des évolutions des politiques alimentaires mises en œuvre par les principaux acteurs mondiaux, et débouche sur la question : les agriculteurs européens se battent-ils à armes égales ?, soulevée dans la note de synthèse du rapport.
Alors que 60% du Farm Bill, aux Etats-Unis, est orienté vers des mécanismes d’assurance, et 1% pour des aides directes aux agriculteurs, seulement 1% du budget de la PAC, en Europe, se concentre sur des mécanismes d’assurance et 60% sur des paiements directs aux agriculteurs. Au-dela des filets de sécurité assurantiels de premier niveau, des pays tels que le Brésil et la Chine structurent également leur politique agricole pour gérer la volatilité des marchés et des prix, avec des prix garantis à l’échelle régionale. Ces outils ont été construits pour maintenir le niveau de profitabilité du secteur agricole en période de crise.
Seulement 600.000 exploitations – moins de 3 milliards d’euros au sein de l’UE
La PAC pour la période 2014-2020 a également renforcé les instruments de gestions des risques introduits en 2009, mais cette tentative n’a pas été couronnée d’un grand succès jusqu’à présent, comme le montre l’analyse des programmes de développement rural approuvés l’an passé.
Ces instruments ont été transférés du premier vers le second pilier. De ce fait, ces mesures sont devenues optionnelles et doivent être co-financées par les Etats membres.
Elles consistent en 3 types d’outils :
–       Les soutiens financiers aux agriculteurs pour les primes d’assurance contre les risques climatiques et sanitaires ;
–       Les soutiens financiers aux fonds mutuels destinés à compenser les agriculteurs pour des pertes de production relatives à des évènements climatiques et environnementaux ;
–       Un outils de stabilisation des revenus (IST), mobilisant des fonds pour soutenir les agriculteurs confrontés à des pertes de revenus sévères (plus de 30% du revenu moyen annuel).
L’utilisation de ces fonds européens pour ces outils a été jusqu’à présent limité à 12 pays (Belgique, Espagne, France, Croatie, Hongrie, Italie, Lituanie, Lettonie, Malte, les Pays-Bas, le Portugal et la Roumanie). Quelque 600.000 exploitations agricoles seulement bénéficient de ce type d’outil, une grande majorité d’entre elle étant basé en France et en Italie (sans prendre en compte le système national développé en Espagne qui est le plus avancé du Continent, mais est construit via une aide d’Etat nationale et non pas à travers les Programmes de Développement rural).
Le niveau de financement total de ces instruments européens, additionnant les budgets européens et les co-financements nationaux s’élève à 2,7 milliards environ, hors enveloppes espagnole et mécanismes d’assurance prévus dans les enveloppes fruits et légumes.
L’outil de stabilisation des revenus représente la part la plus limitée du budget, ne couvrant qu’à peine 10.000 exploitations, principalement en Italie et en Hongrie, pour un budget de 130 millions d’euros. 
Total expenditure on European risk management instruments
Total expenditure (EAFRD + national) Premiums Mutual Funds IST
BE – Flanders 5.000.000 0 0
ES – Castilla y Leon 0 0 14.000.000
FR 540.750.000 60.000.000 0
HR 56.600.000 0 0
HU 76.540.000 0 18.800.000
IT 1.396.800.000 97.000.000 97.000.000
LT 17.460.000 0 0
LV 10.000.000 0 0
MT 2.500.000 0 0
NL 54.000.000 0 0
PT – Continente 49.700.000 0 0
PT – Madeira 800.000 0 0
PT – Açores 2.350.000 0 0
RO 0 200.000.000 0
Total 2.212.500.000 357.000.000 129.800.000
Sources: EU Member States Rural Development Programmes (approximate figures).