Commerce : vers où allons-nous ?

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Depuis l’élection de Donald Trump, en tant que nouveau Président des Etats-Unis, les turbulences auxquelles sont confrontés les grands accords commerciaux ont franchi un nouveau seuil.

Le TPP, accord transpacifique était déjà, avant l’élection, confronté à une puissante opposition du Congrès américain. Les espoirs de certains qu’il puisse encore être ratifié à la saison des canards boiteux – période de transition entre les administrations – se sont envolés et son avenir est désormais plus qu’incertain. Si le TPP est ratifié un jour, ce sera un nouveau TPP. Et renégocier ce nouveau TPP ne sera ni facile, ni rapide, si c’est faisable.

Plus près de nos rivages, le TTIP (accord transatlantique) faisait face également à une opposition forte, mais cette fois, côté Union européenne, et non pas aux Etats-Unis. L’élection américaine ajoute de l’incertitude quant au point d’atterrissage. Avec une administration Clinton, une réévaluation du TTIP suivie d’une relance du processus de négociation était le scénario le plus probable. Mais dorénavant les négociations sont suspendues et parier sur leur résurrection est pour le moins hasardeux.

Le TTIP et le TPP ont rejoint le processus OMC de Doha sur le territoire des mots-vivants…

D’autres négociations commerciales continuent pour autant d’être négociées activement par l’Union européenne, notamment avec le Japon et avec le Mercosur.

Le Japon va réexaminer un certain nombre d’éléments de l’accord, dans le contexte d’un TPP hors jeu et du Brexit.

Le Mercosur est désireux d’avancer dans la négociation, mais les vents contraires aux accords commerciaux, au sein de l’UE, sont beaucoup plus puissants que par le passé.

De possibles accords commerciaux avec l’Australie et la Nouvelle Zélande étaient aussi sur la table de la Commission européenne. Leur impact sur l’agriculture européenne serait négatif, alors que l’intérêt de tels accords pour d’autres secteurs semble dérisoire.

Dès lors, vers où allons nous ?

Pas de grands accords commerciaux, cela ne signifie pas que le commerce va s’évanouir en tant que sujet d’importance. Les exportations agricoles et alimentaires de l’UE sont synonymes de croissance et d’emplois.

A court et moyen terme, et à tous le moins dans les deux prochaines années, il est probable que les Etats-Unis vont focaliser leurs efforts sur la mise en œuvre des accords existants. Les intérêts agricoles américains seront frustrés par l’échec du TPP et seront plus que jamais mobilisés dans leur demande de mise en œuvre d’autres obligations.

Cela signifiera plus de turbulences et moins de prévisibilité.

Pour l’Europe, les dossiers hormones et OGM seront les plus exposés à la pression américaine. Ces deux sujets peuvent toutefois trouver des issues dans ce qui a été négocié ou mis en œuvre.

Il est bon de rappeler que l’agriculture européenne a à de nombreuses reprises était la cible de conflit commerciaux enclenchés hors de ce secteur. Sur les hormones et les OGM, dans leur grande majorité, les agriculteurs européens ne demandent pas des restrictions ou des interdictions qui les mettraient en situation de désavantage. De même, l’embargo russe est la conséquence de conflits géopolitiques.

Donc dans l’immédiat, l’avenir le plus probable est une augmentation des frictions commerciales, sans amortisseurs de négociations en cours. Mais cela pourrait dégénérer si les frictions commerciales actuelles devenaient de véritables guerres commerciales, et ce, même si l’Union européenne n’en est pas la cible. La déferlante de nouvelles barrières commerciales entre acteurs majeurs se ressentirait sur l’ensemble de la planète, et affecterait les intérêts à l’export de l’UE.