PAC : Les outils de la double performance sont là, il ne tient qu’aux États membres de les mobiliser !
Farm Europe se félicite de l’accord pour la réforme de la Politique Agricole Commune intervenu aujourd’hui. Il permet de préserver le caractère commun de cette politique et impulse une réelle ambition économique et environnementale, améliorant très sensiblement la proposition initiale de la Commission européenne.
Il faut saluer le travail sans relâche de la présidence portugaise, de députés reconnus depuis longtemps tels que Peter Jahr, Anne Sander, Paolo de Castro, Nobert Lins et Herbert Dorfmann, et de personnalités nouvelles dans les discussions PAC au sein du Parlement européen, telles que Martin Hlavácek, Pascal Canfin, Jérémie Decerle, Irène Tolleret et Pina Picierno qui ont, chacune, joué un rôle clef dans la structuration de positions constructives et ambitieuses au sein du Parlement européen, puis dans les négociations inter-institutionnelles.
Le compromis final offre un cadre clair aux Etats membres, leur permettant de déployer une stratégie de transition économique et environnementale du secteur agricole à même d’offrir une alimentation de qualité à tous les Européens et de permettre aux agriculteurs d’investir et d’innover, sur la base des orientations suivantes:
- avec les « éco-schemes », l’Union européenne a à sa disposition un outil incitatif permettant d’aider les exploitations européennes à s’adapter au changement climatique et à stocker le carbone, enrichir la biodiversité, être moins dépendants aux intrants et renforcer le bien-être des animaux. Cet outil démontrera son efficacité à condition d’atteindre le double objectif d’une agriculture plus performante sur les plans économique et environnemental. Le système de point devra permettre d’assurer une équité de traitement à travers l’Europe et au sein des Etats membres dans l’ambition et la mise en oeuvre des différents éco-schemes.
- avec les « investissements verts » fléchés comme prioritaires dans le second pilier de la PAC, et la possibilité pour toutes les filières de mettre en place des programmes opérationnels, la réforme de la PAC envoie le signal que c’est à travers l’innovation et l’investissement que l’Union européenne parviendra à atteindre l’ambition de la stratégie de la « ferme à la fourchette » et du « Pacte Vert ». Ces investissements doivent permettre d’atteindre les objectifs environnementaux sans perdre de compétitivité économique ni laisser se développer la concurrence des importations.
- avec la réserve de crise d’au moins 450 millions d’EUR et le fléchage optionnel de 3% à consacré aux outils de gestion des risques et des crises, le caractère économique et la réactivité de la PAC face aux aléas se trouve potentiellement renforcés. Il sera important que les Etats membres se saisissent de ces outils et que la Commission les active sans tergiverser.
Sur cette base, le secteur agricole européen dispose d’une certaine visibilité pour les années à venir, avec une responsabilité forte qui repose désormais :
- sur les épaules de la Commission pour valider les programmes stratégiques nationaux en assurant leur cohérence avec les orientations définies au plan européen et en limitant les distorsions qui pourraient naître d’approches divergentes entre Etats membres.
- sur les épaules des Etats membres qui doivent activer les outils de la PAC pour renforcer le secteur agricole européen et le préparer à l’avenir en fléchant de façon claire l’innovation, l’investissement et la gestion des risques.
- sur les épaules des co-législateurs qui devront assurer la cohérence des règlementations à venir dans le cadre de la Farm2Fork pour que celles-ci approfondissent les orientations décidées dans le cadre de la PAC, et ne les contredisent pas.
On peut regretter que les sujets de chaine alimentaire, notamment liés à la digitalisation, à la blockchain et surtout à la dimension alimentaire et nutritionnelle n’aient pas été traités dans le cadre de cette réforme. Il est souhaitable qu’ils soient abordés de façon efficace et cohérente avec la PAC dans le cadre des propositions à venir de la ferme à la fourchette, pour répondre aux attentes de tous les consommateurs, en refusant le modèle d’une alimentation à plusieurs vitesse en fonction du pouvoir d’achat.