FARM TO FORK: STRATÉGIES SOLS ET CARBON PUBLIÉES

Au cours des deux derniers mois, la Commission européenne a proposé deux paquets d’initiatives législatives, avec l’initiative “Carbon farming” et la stratégie pour les sols. La première vise à créer un système rémunérateur pour les agriculteurs afin d’encourager le stockage du carbone dans le sol, en empruntant la logique du système d’échange de quotas d’émission déjà en place, tandis que la seconde est le paquet législatif proposé pour améliorer la santé des sols de l’UE et leur gestion.

Par ailleurs, en ce qui concerne le bien-être des animaux, le Parlement européen a voté ses conclusions sur le transport des animaux (commission ANIT) et proposé des résolutions, notamment sur l’introduction de dispositifs d’enregistrement de la température, de l’humidité et de l’ammoniac dans les camions et la fixation de limites de trajet. La Commission a renouvelé son engagement sur ce dossier, le Commissaire Kyriakides rappelant le plan d’action de l’institution lors d’une réunion en ligne sur le thème plus large du bien-être animal.

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NOUVELLES TECHNIQUES DE SÉLECTION VARIÉTALE : LE CONSEIL HÉSITE

Lors de la dernière réunion de l’année du Conseil environnement de l’UE, les ministres se sont montrés plus circonspects quant à la modification de la législation actuelle sur les OGM,- notamment dans une note avancée par la délégation autrichienne demandant l’application du principe de précaution – que leurs collègues ministres de l’agriculture. Dans le même temps, la Commission réitère son engagement à utiliser ces technologies -Nouvelles techniques génomiques- comme l’un des outils permettant de mettre en pratique le principe “de la ferme à la table” et d’accroître la durabilité du secteur agricole de l’UE.

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Etat d’avancement du dossier des NBTs

Les nouvelles techniques d’amélioration variétale (NBTs), également appelées nouvelles techniques génomiques (NGTs), sont des méthodes permettant de développer de nouvelles variétés végétales dotées de caractères souhaitables. Elles sont dites « nouvelles » car ces techniques n’ont été développées qu’au cours de la dernière décennie et ont évolué rapidement ces dernières années. 

Ces NBTs, nées des progrès de la recherche scientifique, permettent de modifier le génome de la plante de manière plus précise et plus rapide que les techniques classiques d’amélioration des plantes, qui font appel à des procédés chimiques et à des radiations pour modifier les caractéristiques génétiques des plantes. Certaines d’entre elles, comme la mutagenèse et la cisgenèse, reproduisent des mutations qui peuvent se produire spontanément dans la nature, opèrent de façon ciblée sur le génome et sont particulièrement sûres.  À ce titre, elles présentent un potentiel important alliant progrès techniques pour la société, économies de moyens et amélioration des caractéristiques des cultures.  En effet, les améliorations des cultures grâce aux NBTs incluent la résistance des plantes aux maladies, l’amélioration de caractéristiques telles que les aspects nutritionnels et les capacités de stockage ou de transformation, une moindre utilisation d’intrants, la réduction voire la suppression du recours aux pesticides, tout en maintenant, voire en augmentant, les rendements. 

Conscient dès le début l’énorme potentiel des NBTs pour la société et l’agriculture européennes, Farm Europe a œuvré ces dernières années, avec constance et détermination, pour un cadre législatif clair et proportionné en Europe propre à encourager la recherche et le développement de cette technologie qui offre des moyens pour vaincre les maladies, réduire l’utilisation d’intrants et accroître la durabilité économique et environnementale de l’agriculture de l’Union Européenne.

En 2016, Farm Europe a lancé ses travaux avec l’un de ses membres – groupe familial antillais, Castri, préoccupé par l’avenir de la chaîne d’approvisionnement de la banane européenne – et le laboratoire israélien Rahan Meristem – le premier laboratoire de plantes tropicales au monde, partenaire de Castri depuis 25 ans, et grâce auquel l’introduction des vitro-plants en 1995 a été réalisée permettant le lancement d’une démarche de durabilité avec réduction sensible de l’usage des pesticides. Aujourd’hui, le premier des défis est d’assurer un avenir effectif à la production de bananes dans les Antilles françaises en luttant contre la Cercosporiose noire, une maladie qui affecte gravement la banane Cavendish.

Les bananes Cavendish représentent plus de 50% de la production mondiale – et dominent les exportations (95%) – mais sont très sensibles à la maladie de la Cercosporiose noire. De nombreux traitements sont nécessaires pour combattre ce champignon ; même si les fongicides s’améliorent au fil des ans, l’agent pathogène développe des résistances. Par conséquent, une fréquence d’application plus élevée s’avère nécessaire. Les producteurs non européens répandent massivement les pesticides par voie aérienne, cumulant jusqu’à 70 traitements aériens/an en Amérique du Sud, zone qui exporte massivement en Europe, avec des impacts importants sur l’environnement et la santé des travailleurs des bananeraies.  Dans les Antilles françaises, l’usage d’aéronefs pour lutter contre cette maladie est interdit depuis une dizaine d’année. Parallèlement, le nombre de matières actives pour lutter contre la maladie a considérablement diminué au cours de cette même dernière décennie.

Aujourd’hui, la filière banane antillaise, premier employeur des îles est menacée de disparition et avec elle ses milliers d’emplois si une solution rapide n’est pas mise en place.

Dans ce contexte, la création d’une variété de Cavendish résistante à la Cercosporiose noire constitue un défi majeur. La seule façon d’y répondre efficacement dans un délai cohérent est d’utiliser la technique CRISPR CAS 9 pour obtenir une souche de Cavendish tolérante/résistante. 

Aujourd’hui, le laboratoire Rahan Meristema réussi à finaliser une technique d’amélioration végétale NBTs capable de contrôler la réponse de la plante à l’attaque fongique et sera en mesure de proposer à compter de 2024 une variété Cavendish portant le caractère de résistance à la Cercosporiose noire si le cadre législatif européen le permet. De l’introduction aux Antilles d’une variété de Cavendish résistante à cette maladie dépend l’avenir de la production antillaise de bananes.

Depuis 2016, en partant du problème spécifique du secteur de la banane, Farm Europe a travaillé à la création d’un climat institutionnel propice à un changement législatif et a réuni à faire partager à l’ensemble des grands secteurs agricoles, à travers l’Europe, les énormes possibilités que les NBTs représentent pour le monde agricole, pour sa transition vers une plus grande durabilité et une plus grande rentabilité.

Alors que certains oscillaient entre faible implication, peur de prendre position, voire confusion scientifique entre NBTs et OGMs, les actions de Farm Europe, en direct et  via le relai tous ses membres à travers l’UE – ont eu pour objectif de fournir une base scientifique de ce que sont ces techniques et de ce qu’elles peuvent apporter; de construire des voies d’évolution avec la Commission; de développer un travail approfondi avec le Parlement européen et en particulier les nouveaux députés européens issus les élections de 2019; d’œuvrer pour que la position de certains États membres (notamment la France, l’Italie, la Grèce, la République tchèque et l’Irlande) évolue favorablement. 

Farm Europe, par le biais de ses articles scientifiques, de l’organisation de ses événements (à commencer par les différentes éditions du Forum mondial de l’alimentation) et de son travail d’influence institutionnelle, a fait valoir la nécessité d’un processus décisionnel fondé sur la science dans les domaines de la santé, de l’alimentation et de l’agriculture. Sur un tel dossier, il ne s’est pas agi d’affirmer mais de démontrer avec sérieux et pugnacité, et de convaincre. 

Du point de vue législatif, l’UE a d’abord avancé très lentement ces dernières années et ce n’est que récemment que la Commission, après des années d’indécision, a montré qu’elle entendait prendre la situation en main et accélérer le processus. Pendant des années, les États membres de l’UE ont demandé à la Commission européenne de clarifier le statut réglementaire des produits générés par les NBTs, et plus précisément s’ils sont soumis ou non à la réglementation sur les OGMs. La Commission a annoncé à plusieurs reprises qu’elle fournirait une interprétation juridique pour donner des orientations aux autorités nationales, mais a reporté la décision pendant des années. Jusqu’au 3 octobre 2016, où le Conseil d’État français a saisi la Cour de justice de l’Union européenne de 4 questions visant à déterminer si une variété de colza résistante aux herbicides obtenue par de nouvelles techniques de sélection végétale devait suivre le processus d’approbation des OGMs. En 2018, l’avis de la Cour de justice européenne a établi que les NBTs devaient relever de la législation actuelle sur les OGMs (directive 2001/18) car elles n’étaient pas connues en 2001 et ne peuvent donc pas bénéficier de la dérogation établie en 2001 pour les techniques de mutagénèse bien connues et utilisées depuis longtemps. Le Conseil de l’Union européenne a donc demandé à la Commission de présenter une étude à la lumière de cet arrêt de la Cour de justice. Il a également demandé à la Commission de présenter une proposition accompagnée d’une analyse d’impact pour faire suite à cette étude.

Après l’arrêt de la Cour de justice de l’UE, la pression s’est accrue sur les institutions européennes et la Commission – qui souhaitait initialement laisser la question aux États membres – a pris les rênes de cette question sensible et met tout en œuvre pour créer un climat favorable aux NBTs.

Le 29 avril 2021, la Commission a présenté l’étude qui a le mérite de limiter le champ d’application de la future législation exclusivement aux techniques de cisgenèse et de mutagenèse appliquées aux plantes (et donc aux denrées alimentaires et aliments pour animaux dérivés de ces plantes), puisqu’il existe une plus grande certitude scientifique quant à leur sécurité. Même s’il reste encore beaucoup à faire et que nous attendons l’analyse d’impact et la proposition de la Commission, le travail accompli au fil des ans porte ses fruits.

La volonté de la Commission de faciliter l’utilisation de ces techniques en Europe sans passer par le système d’autorisation prévu pour les OGMs (qui empêcherait de facto leur diffusion et le développement de la recherche européenne) est très claire. Tous les discours officiels et officieux de la Commission montrent une volonté claire dans ce sens, à la fois pour augmenter les outils à disposition des agriculteurs dans la transition vers une agriculture de plus en plus durable, et pour ne pas créer de problèmes avec les partenaires commerciaux, mais aussi pour soutenir et encourager la recherche et l’innovation européenne. 

L’organisation par la Commission d’une conférence le 29 novembre 2021 sur le thème « Nouvelles techniques génomiques – la voie à suivre pour une innovation sûre et durable dans le secteur agroalimentaire », un événement de haut niveau clairement organisé pour faciliter et préparer un terrain favorable à la présentation de l’analyse d’impact, a été significative à cet égard. Lors de cet événement, le ministre français Julien Denormandie (futur président du Conseil) a souligné à plusieurs reprises que les NGTs sont des techniques et non des organismes comme les OGMs. Dans son discours, il a également rappelé qu’il est nécessaire de mobiliser la recherche en agriculture, de disposer d’un cadre réglementaire européen adapté et proportionné et de remettre la raison et la science au centre du débat européen. 

Le Parlement européen a également changé de position ces dernières années, le travail réalisé ces dernières années par Farm Europe y contribuant. Il est intéressant de noter que, par rapport au débat sur les OGMs, il y a beaucoup plus de députés européens en 2021 qui « osent » parler en faveur de la science et des nouvelles technologies. Les principaux arguments utilisés par ceux qui se prononcent en faveur des NBT sont les suivants : donner plus d’outils aux agriculteurs pour une agriculture plus durable ; concrétiser le Green Deal et la stratégie Farm to Fork; utiliser les nouvelles technologies pour lutter contre le changement climatique; utiliser moins de pesticides et moins d’intrants en général; ne pas bloquer le commerce avec les pays tiers; les mutations par cisgenèse et mutagenèse peuvent se produire dans la nature, elles sont donc  » plus sûres que la transgenèse « ; la législation européenne doit pouvoir s’adapter aux évolutions technologiques.  

En ce qui concerne la position du Conseil, le semestre de présidence française de l’UE, qui débutera en janvier 2022, sera précieuse pour soutenir une révision intelligente du règlement européen sur les NBTs qui est une clé de notre avenir européen.  La responsabilité de la présidence française sera donc engagée dans un défi historique; nous avons la responsabilité de continuer à accompagner le processus de décision basé sur la recherche scientifique et impliquant l’ensemble du secteur agricole.

Etat d’avancement du dossier des NBTs

Les nouvelles techniques d’amélioration variétale (NBTs), également appelées nouvelles techniques génomiques (NGTs), sont des méthodes permettant de développer de nouvelles variétés végétales dotées de caractères souhaitables. Elles sont dites « nouvelles » car ces techniques n’ont été développées qu’au cours de la dernière décennie et ont évolué rapidement ces dernières années. 

Ces NBTs, nées des progrès de la recherche scientifique, permettent de modifier le génome de la plante de manière plus précise et plus rapide que les techniques classiques d’amélioration des plantes, qui font appel à des procédés chimiques et à des radiations pour modifier les caractéristiques génétiques des plantes. Certaines d’entre elles, comme la mutagenèse et la cisgenèse, reproduisent des mutations qui peuvent se produire spontanément dans la nature, opèrent de façon ciblée sur le génome et sont particulièrement sûres.  À ce titre, elles présentent un potentiel important alliant progrès techniques pour la société, économies de moyens et amélioration des caractéristiques des cultures.  En effet, les améliorations des cultures grâce aux NBTs incluent la résistance des plantes aux maladies, l’amélioration de caractéristiques telles que les aspects nutritionnels et les capacités de stockage ou de transformation, une moindre utilisation d’intrants, la réduction voire la suppression du recours aux pesticides, tout en maintenant, voire en augmentant, les rendements. 

Conscient dès le début l’énorme potentiel des NBTs pour la société et l’agriculture européennes, Farm Europe a œuvré ces dernières années, avec constance et détermination, pour un cadre législatif clair et proportionné en Europe propre à encourager la recherche et le développement de cette technologie qui offre des moyens pour vaincre les maladies, réduire l’utilisation d’intrants et accroître la durabilité économique et environnementale de l’agriculture de l’Union Européenne.

En 2016, Farm Europe a lancé ses travaux avec l’un de ses membres – groupe familial antillais, Castri, préoccupé par l’avenir de la chaîne d’approvisionnement de la banane européenne – et le laboratoire israélien Rahan Meristem – le premier laboratoire de plantes tropicales au monde, partenaire de Castri depuis 25 ans, et grâce auquel l’introduction des vitro-plants en 1995 a été réalisée permettant le lancement d’une démarche de durabilité avec réduction sensible de l’usage des pesticides. Aujourd’hui, le premier des défis est d’assurer un avenir effectif à la production de bananes dans les Antilles françaises en luttant contre la Cercosporiose noire, une maladie qui affecte gravement la banane Cavendish.

Les bananes Cavendish représentent plus de 50% de la production mondiale – et dominent les exportations (95%) – mais sont très sensibles à la maladie de la Cercosporiose noire. De nombreux traitements sont nécessaires pour combattre ce champignon ; même si les fongicides s’améliorent au fil des ans, l’agent pathogène développe des résistances. Par conséquent, une fréquence d’application plus élevée s’avère nécessaire. Les producteurs non européens répandent massivement les pesticides par voie aérienne, cumulant jusqu’à 70 traitements aériens/an en Amérique du Sud, zone qui exporte massivement en Europe, avec des impacts importants sur l’environnement et la santé des travailleurs des bananeraies.  Dans les Antilles françaises, l’usage d’aéronefs pour lutter contre cette maladie est interdit depuis une dizaine d’année. Parallèlement, le nombre de matières actives pour lutter contre la maladie a considérablement diminué au cours de cette même dernière décennie.

Aujourd’hui, la filière banane antillaise, premier employeur des îles est menacée de disparition et avec elle ses milliers d’emplois si une solution rapide n’est pas mise en place.

Dans ce contexte, la création d’une variété de Cavendish résistante à la Cercosporiose noire constitue un défi majeur. La seule façon d’y répondre efficacement dans un délai cohérent est d’utiliser la technique CRISPR CAS 9 pour obtenir une souche de Cavendish tolérante/résistante. 

Le laboratoire Rahan Meristem, en partenariat avec le groupe Castri, a réussi à finaliser une technique d’amélioration végétale NBTs capable de contrôler la réponse de la plante à l’attaque fongique et sera en mesure de proposer à compter de 2024 une variété Cavendish portant le caractère de résistance à la Cercosporiose noire si le cadre législatif européen le permet. De l’introduction aux Antilles d’une variété de Cavendish résistante à cette maladie dépend l’avenir de la production antillaise de bananes.

Depuis 2016, en partant du problème spécifique du secteur de la banane, Farm Europe a travaillé à la création d’un climat institutionnel propice à un changement législatif et a réuni à faire partager à l’ensemble des grands secteurs agricoles, à travers l’Europe, les énormes possibilités que les NBTs représentent pour le monde agricole, pour sa transition vers une plus grande durabilité et une plus grande rentabilité.

Alors que certains oscillaient entre faible implication, peur de prendre position, voire confusion scientifique entre NBTs et OGMs, les actions de Farm Europe – avec d’abord son membre le groupe Castri et en partenariat scientifique avec Rahan Meristem, puis via le relai tous ses membres à travers l’UE – ont eu pour objectif de fournir une base scientifique de ce que sont ces techniques et de ce qu’elles peuvent apporter; de construire des voies d’évolution avec la Commission; de développer un travail approfondi avec le Parlement européen et en particulier les nouveaux députés européens issus les élections de 2019; d’œuvrer pour que la position de certains États membres (notamment la France, l’Italie, la Grèce, la République tchèque et l’Irlande) évolue favorablement. 

Farm Europe, par le biais de ses articles scientifiques, de l’organisation de ses événements (à commencer par les différentes éditions du Forum mondial de l’alimentation) et de son travail d’influence institutionnelle, a fait valoir la nécessité d’un processus décisionnel fondé sur la science dans les domaines de la santé, de l’alimentation et de l’agriculture. Sur un tel dossier, il ne s’est pas agi d’affirmer mais de démontrer avec sérieux et pugnacité, et de convaincre. 

Du point de vue législatif, l’UE a d’abord avancé très lentement ces dernières années et ce n’est que récemment que la Commission, après des années d’indécision, a montré qu’elle entendait prendre la situation en main et accélérer le processus. Pendant des années, les États membres de l’UE ont demandé à la Commission européenne de clarifier le statut réglementaire des produits générés par les NBTs, et plus précisément s’ils sont soumis ou non à la réglementation sur les OGMs. La Commission a annoncé à plusieurs reprises qu’elle fournirait une interprétation juridique pour donner des orientations aux autorités nationales, mais a reporté la décision pendant des années. Jusqu’au 3 octobre 2016, où le Conseil d’État français a saisi la Cour de justice de l’Union européenne de 4 questions visant à déterminer si une variété de colza résistante aux herbicides obtenue par de nouvelles techniques de sélection végétale devait suivre le processus d’approbation des OGMs. En 2018, l’avis de la Cour de justice européenne a établi que les NBTs devaient relever de la législation actuelle sur les OGMs (directive 2001/18) car elles n’étaient pas connues en 2001 et ne peuvent donc pas bénéficier de la dérogation établie en 2001 pour les techniques de mutagénèse bien connues et utilisées depuis longtemps. Le Conseil de l’Union européenne a donc demandé à la Commission de présenter une étude à la lumière de cet arrêt de la Cour de justice. Il a également demandé à la Commission de présenter une proposition accompagnée d’une analyse d’impact pour faire suite à cette étude.

Après l’arrêt de la Cour de justice de l’UE, la pression s’est accrue sur les institutions européennes et la Commission – qui souhaitait initialement laisser la question aux États membres – a pris les rênes de cette question sensible et met tout en œuvre pour créer un climat favorable aux NBTs.

Le 29 avril 2021, la Commission a présenté l’étude qui a le mérite de limiter le champ d’application de la future législation exclusivement aux techniques de cisgenèse et de mutagenèse appliquées aux plantes (et donc aux denrées alimentaires et aliments pour animaux dérivés de ces plantes), puisqu’il existe une plus grande certitude scientifique quant à leur sécurité. Même s’il reste encore beaucoup à faire et que nous attendons l’analyse d’impact et la proposition de la Commission, le travail accompli au fil des ans porte ses fruits.

La volonté de la Commission de faciliter l’utilisation de ces techniques en Europe sans passer par le système d’autorisation prévu pour les OGMs (qui empêcherait de facto leur diffusion et le développement de la recherche européenne) est très claire. Tous les discours officiels et officieux de la Commission montrent une volonté claire dans ce sens, à la fois pour augmenter les outils à disposition des agriculteurs dans la transition vers une agriculture de plus en plus durable, et pour ne pas créer de problèmes avec les partenaires commerciaux, mais aussi pour soutenir et encourager la recherche et l’innovation européenne. 

L’organisation par la Commission d’une conférence le 29 novembre 2021 sur le thème « Nouvelles techniques génomiques – la voie à suivre pour une innovation sûre et durable dans le secteur agroalimentaire », un événement de haut niveau clairement organisé pour faciliter et préparer un terrain favorable à la présentation de l’analyse d’impact, a été significative à cet égard. Lors de cet événement, le ministre français Julien Denormandie (futur président du Conseil) a souligné à plusieurs reprises que les NGTs sont des techniques et non des organismes comme les OGMs. Dans son discours, il a également rappelé qu’il est nécessaire de mobiliser la recherche en agriculture, de disposer d’un cadre réglementaire européen adapté et proportionné et de remettre la raison et la science au centre du débat européen. 

Le Parlement européen a également changé de position ces dernières années, le travail réalisé ces dernières années par Farm Europe y contribuant. Il est intéressant de noter que, par rapport au débat sur les OGMs, il y a beaucoup plus de députés européens en 2021 qui « osent » parler en faveur de la science et des nouvelles technologies. Les principaux arguments utilisés par ceux qui se prononcent en faveur des NBT sont les suivants : donner plus d’outils aux agriculteurs pour une agriculture plus durable ; concrétiser le Green Deal et la stratégie Farm to Fork; utiliser les nouvelles technologies pour lutter contre le changement climatique; utiliser moins de pesticides et moins d’intrants en général; ne pas bloquer le commerce avec les pays tiers; les mutations par cisgenèse et mutagenèse peuvent se produire dans la nature, elles sont donc  » plus sûres que la transgenèse « ; la législation européenne doit pouvoir s’adapter aux évolutions technologiques.  

En ce qui concerne la position du Conseil, le semestre de présidence française de l’UE, qui débutera en janvier 2022, sera précieuse pour soutenir une révision intelligente du règlement européen sur les NBTs qui est une clé de notre avenir européen.  La responsabilité de la présidence française sera donc engagée dans un défi historique; nous avons la responsabilité de continuer à accompagner le processus de décision basé sur la recherche scientifique et impliquant l’ensemble du secteur agricole.

NOUVELLES TECHNIQUES DE SÉLECTION VARIÉTALE : UN VERT COMME MINISTRE ALLEMAND

En novembre, les négociations sur la nouvelle coalition gouvernementale en Allemagne ont porté leurs fruits et un nouveau ministre allemand de l’agriculture issu du parti des Verts, Cem Özdemir, a été confirmé. Dans l’accord de coalition, le thème du génie génétique ne semble pas être une priorité.

De l’autre côté de l’Atlantique, le Congrès américain a discuté dans ce qui pourrait être un environnement très favorable à l’adoption de nouvelles technologies telles que l’outil d’édition génétique, et à l’augmentation des investissements publics, pour faire face au défi de la durabilité.

Dans le même temps, les organisations de la société civile exercent une pression croissante pour que le sujet des brevets sur les semences soit rediscuté.

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Stratégie de l’UE en faveur des sols à l’horizon 2030

Le 17 novembre 2021, la Commission européenne a publié la stratégie de l’UE pour les sols à l’horizon 2030, un document non législatif qui aborde la question de la santé des sols. C’est un document qui présente le cadre et les actions volontaires ou juridiquement contraignantes que la Commission entend entreprendre pour protéger, restaurer et utiliser durablement les sols européens. La stratégie traduit certains des objectifs du Green Deal européen et s’intègre à une série de stratégies et de politiques déjà décidées par la Commission européenne : de la ferme à la fourchette au plan d’action pour une pollution zéro, de la stratégie pour la biodiversité à la nouvelle PAC.

La stratégie est préparatoire à une proposition législative sur la santé des sols que la Commission présentera d’ici 2023 et qui vise à parvenir à une bonne santé des sols dans l’ensemble de l’UE d’ici 2050, ainsi qu’à la prochaine proposition de la Commission concernant une loi sur la restauration de la nature visant à remettre les écosystèmes en bon état d’ici 2050. 

Compte tenu de l’absence de politique européenne en matière de sols jusqu’à présent, la communication a l’ambition de combler cette lacune et propose une stratégie globale sur tous les aspects d’un sol sain ayant un impact sur le changement climatique, la biodiversité, l’économie circulaire, la sécurité alimentaire et la protection de l’eau, ainsi que toutes les politiques à adopter pour surmonter sa dégradation.

Parmi les actions que la Commission s’est engagée à prendre, les plus importantes sont les suivantes :

  • proposer des objectifs juridiquement contraignants dans le cadre de la loi sur la restauration de la nature, pour limiter le drainage des zones humides et des sols organiques et restaurer les tourbières gérées et drainées, afin de maintenir et d’augmenter les stocks de carbone dans le sol, de minimiser les risques d’inondation et de sécheresse, et de renforcer la biodiversité ;
  • présenter l’initiative européenne en faveur d’un carbone farming et une proposition législative sur la certification de l’élimination du carbone en 2022 afin de promouvoir un nouveau modèle commercial vert récompensant les gestionnaires des terres, tels que les agriculteurs et les forestiers, pour leurs pratiques respectueuses du climat ; 
  • dans le cadre de la loi sur la santé des sols, évaluer la nécessité de dispositions juridiquement contraignantes pour un « passeport pour les terres excavées » et examiner les options pour proposer des dispositions juridiquement contraignantes pour : a) identifier les sites contaminés, b) établir un inventaire et un registre de ces sites et c) assainir les sites qui présentent un risque important pour la santé humaine et l’environnement d’ici 2050 ; 
  • évaluer la faisabilité de l’introduction d’un certificat de santé des sols pour les transactions foncières, afin de fournir aux acheteurs de terrains des informations sur les principales caractéristiques et la santé des sols du site qu’ils ont l’intention d’acheter ; 
  • fournir une définition de la notion d’artificialisation de terres dans la loi sur la santé des sols et envisager des options pour le suivi et le compte rendu des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de non artificialisation nette de terres ;
  • élaborer, en consultation avec les États membres et les parties prenantes, un ensemble de pratiques de « gestion durable des sols », y compris l’agriculture régénérative, conformément aux principes agro-écologiques, adaptées à la grande diversité des écosystèmes et des types de sols, et recenser les pratiques de gestion des sols non durables ;
  • fournir une assistance aux États membres pour mettre en place, par le biais de fonds nationaux, le programme « TESTEZ VOTRE SOL GRATUITEMENT » ;
  • continuer à soutenir des initiatives clés telles que l’initiative de la grande muraille verte, Regreening Africa, et l’aide aux questions relatives aux terres/sols dans le cadre de la coopération au développement pour prévenir la désertification ; 
  • réviser la directive sur l’utilisation durable des pesticides et évaluer la directive sur les boues d’épuration d’ici 2022 ; 
  • restreindre les microplastiques utilisés intentionnellement dans le cadre du règlement sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions des substances chimiques (REACH) et élaborer des mesures sur les rejets non intentionnels de microplastiques d’ici 2022 ;
  • adopter des critères de biodégradabilité pour certains polymères, tels que les agents de revêtement et les films de paillage agricole, en vertu du règlement de l’UE sur les produits fertilisants d’ici juillet 2024. 

En outre, la Commission montrera son rôle de leader mondial dans l’acquisition de connaissances sur la biodiversité des sols en publiant, d’ici 2022, la première évaluation de la biodiversité des sols de l’UE et des gènes de résistance antimicrobienne dans les sols agricoles sous différents régimes de gestion (par le biais de l’enquête LUCAS (Land Use and Coverage Area frame Survey)).

Dans le cadre de la PAC et en étroite collaboration avec les États membres, la Commission poursuivra la diffusion de solutions efficaces de gestion durable des sols et des nutriments, notamment par l’intermédiaire des réseaux ruraux nationaux du programme de développement rural, des services de conseil agricole et des AKIS, ainsi que du Partenariat européen d’innovation pour la productivité et la durabilité de l’agriculture (PEI-AGRI). 

Les initiatives qui composent cette stratégie pour le sol sont elles-mêmes à des stades de maturation très différents : 

– la préparation de la révision de la directive sur l’utilisation durable des pesticides est en bonne voie, 

– En revanche, la question des plastiques dans les sols en est au stade de la recherche avec des projets Horizon 2020 sélectionnés pour être lancés à la mi-2021, où le travail fondamental vient seulement de commencer et durera quatre ans, 

– concernant l’initiative « Carbon farming », qui devrait faire l’objet d’une communication de la Commission la semaine prochaine, il semble que la Commission soit plus préoccupée par le développement de leur méthodologie et la collecte de données. Sur les prairies, le point le plus avancé, la question de la capacité des sols à augmenter leur stockage ou le fait qu’un plafond soit atteint à un moment donné n’est pas claire. La méthodologie pour estimer le stockage dans les sols, pour évaluer l’impact des changements dans les techniques de production, pour évaluer la contribution de ceux qui sont déjà mieux lotis, semblent être des travaux en cours sur lesquels il semble important que nous investissions. 

– enfin, la commission fait sien le dossier d’accélérer le déployement de la Grande Muraille verte en Afrique avec l’objectif partagé de progrès à réaliser sur ce dossier lors du 1er semestre 2022. 

NOUVELLES TECHNIQUES DE SÉLECTION VARIÉTALE : LA COMMISSION OUVERTE AUX FEEDBACK

Le mois d’octobre a marqué la première étape de l’ouverture de la révision de la législation européenne sur les OGM, avec l’ouverture par la Commission européenne de la période pour recevoir l’avis des parties prenantes européennes sur la question. Plus de 70 000 commentaires sont parvenus aux bureaux de la Commission, principalement de la part de citoyens allemands et français.

Par ailleurs, le Parlement européen a approuvé la stratégie “de la ferme à la fourchette” (branche agricole du “Green Deal”) avec un paragraphe sur les NGT.

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NUTRITION ET POLITIQUE ALIMENTAIRE : LA COMMISSION RESTE INDÉCISE SUR L’ÉTIQUETAGE NUTRITIONNEL

Lors de sa intervention devant la session plénière du Parlement européen, la commissaire à la santé, Mme Kyriakides, a déclaré que la Commission n’avait pas encore pris de décision concernant l’étiquetage sur le devant des emballages, réfutant les rumeurs selon lesquelles le Nutri-Score serait l’option privilégiée.

Les États membres ont décidé d’interdire, à partir de 2022, l’additif alimentaire E171 après que des études cohérentes ont souligné ses dangers pour la santé humaine.

Dans les pays baltes, après la viande cultivée en laboratoire, des start-ups explorent les possibilités de créer des produits de la mer à base de cellules.

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FARM TO FORK: LA STRATÉGIE EST APPROUVÉE PAR LE PARLEMENT EUROPÉEN

Le mois d’octobre a marqué l’adop&on de la stratégie “de la ferme à la fourcheDe” en tant que stratégie européenne partagée, et pas seulement une ini&a&ve de la Commission européenne. En effet, le vote du Parlement européen sur le texte approuvé par les commissions conjointes ComEnvi et ComAgri a confirmé la plupart des idées de la Commission sur l’avenir de l’agriculture européenne et les objec&fs fixés d’ici 2030.

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NUTRITION ET POLITIQUE ALIMENTAIRE : Le WHO SOUTIENT LE NUTRI-SCORE

e G20 agricole qui s’est tenu à Florence, en Italie, les 17 et 18 septembre . A son issue, les ministres de l’agriculture ont signé une déclaration d’intention baptisée “Charte de Florence”, dans laquelle ils s’engagent à rendre l’agriculture plus durable.

En ce qui concerne le débat sur l’étiquetage sur le devant des emballages, le IARC/WHO – Centre international de recherche sur le cancer – a publié un document en faveur du système Nutri-Score, tandis que les ministres tchèque et italien ont respectivement accusé le même étiquetage nutritionnel de nuire aux produits culinaires traditionnels, de créer des jugements et non des informations.

Dans le même temps, la Commission européenne a lancé l’initiative “Healthy Lifestyles 4 all” et a avancé l’idée d’appliquer les mêmes règles pour l’étiquetage des boissons alcoolisées que celles qui sont maintenant appliquées pour les ingrédients, les additifs et les auxiliaires technologiques.

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