Etat d’avancement du dossier des NBTs

Les nouvelles techniques d’amélioration variétale (NBTs), également appelées nouvelles techniques génomiques (NGTs), sont des méthodes permettant de développer de nouvelles variétés végétales dotées de caractères souhaitables. Elles sont dites « nouvelles » car ces techniques n’ont été développées qu’au cours de la dernière décennie et ont évolué rapidement ces dernières années. 

Ces NBTs, nées des progrès de la recherche scientifique, permettent de modifier le génome de la plante de manière plus précise et plus rapide que les techniques classiques d’amélioration des plantes, qui font appel à des procédés chimiques et à des radiations pour modifier les caractéristiques génétiques des plantes. Certaines d’entre elles, comme la mutagenèse et la cisgenèse, reproduisent des mutations qui peuvent se produire spontanément dans la nature, opèrent de façon ciblée sur le génome et sont particulièrement sûres.  À ce titre, elles présentent un potentiel important alliant progrès techniques pour la société, économies de moyens et amélioration des caractéristiques des cultures.  En effet, les améliorations des cultures grâce aux NBTs incluent la résistance des plantes aux maladies, l’amélioration de caractéristiques telles que les aspects nutritionnels et les capacités de stockage ou de transformation, une moindre utilisation d’intrants, la réduction voire la suppression du recours aux pesticides, tout en maintenant, voire en augmentant, les rendements. 

Conscient dès le début l’énorme potentiel des NBTs pour la société et l’agriculture européennes, Farm Europe a œuvré ces dernières années, avec constance et détermination, pour un cadre législatif clair et proportionné en Europe propre à encourager la recherche et le développement de cette technologie qui offre des moyens pour vaincre les maladies, réduire l’utilisation d’intrants et accroître la durabilité économique et environnementale de l’agriculture de l’Union Européenne.

En 2016, Farm Europe a lancé ses travaux avec l’un de ses membres – groupe familial antillais, Castri, préoccupé par l’avenir de la chaîne d’approvisionnement de la banane européenne – et le laboratoire israélien Rahan Meristem – le premier laboratoire de plantes tropicales au monde, partenaire de Castri depuis 25 ans, et grâce auquel l’introduction des vitro-plants en 1995 a été réalisée permettant le lancement d’une démarche de durabilité avec réduction sensible de l’usage des pesticides. Aujourd’hui, le premier des défis est d’assurer un avenir effectif à la production de bananes dans les Antilles françaises en luttant contre la Cercosporiose noire, une maladie qui affecte gravement la banane Cavendish.

Les bananes Cavendish représentent plus de 50% de la production mondiale – et dominent les exportations (95%) – mais sont très sensibles à la maladie de la Cercosporiose noire. De nombreux traitements sont nécessaires pour combattre ce champignon ; même si les fongicides s’améliorent au fil des ans, l’agent pathogène développe des résistances. Par conséquent, une fréquence d’application plus élevée s’avère nécessaire. Les producteurs non européens répandent massivement les pesticides par voie aérienne, cumulant jusqu’à 70 traitements aériens/an en Amérique du Sud, zone qui exporte massivement en Europe, avec des impacts importants sur l’environnement et la santé des travailleurs des bananeraies.  Dans les Antilles françaises, l’usage d’aéronefs pour lutter contre cette maladie est interdit depuis une dizaine d’année. Parallèlement, le nombre de matières actives pour lutter contre la maladie a considérablement diminué au cours de cette même dernière décennie.

Aujourd’hui, la filière banane antillaise, premier employeur des îles est menacée de disparition et avec elle ses milliers d’emplois si une solution rapide n’est pas mise en place.  

Dans ce contexte, la création d’une variété de Cavendish résistante à la Cercosporiose noire constitue un défi majeur. La seule façon d’y répondre efficacement dans un délai cohérent est d’utiliser la technique CRISPR CAS 9 pour obtenir une souche de Cavendish tolérante/résistante. 

Le laboratoire Rahan Meristem, en partenariat avec le groupe Castri, a réussi à finaliser une technique d’amélioration végétale NBTs capable de contrôler la réponse de la plante à l’attaque fongique et sera en mesure de proposer à compter de 2024 une variété Cavendish portant le caractère de résistance à la Cercosporiose noire si le cadre législatif européen le permet. De l’introduction aux Antilles d’une variété de Cavendish résistante à cette maladie dépend l’avenir de la production antillaise de bananes.

Depuis 2016, en partant du problème spécifique du secteur de la banane, Farm Europe a travaillé à la création d’un climat institutionnel propice à un changement législatif et a réuni à faire partager à l’ensemble des grands secteurs agricoles, à travers l’Europe, les énormes possibilités que les NBTs représentent pour le monde agricole, pour sa transition vers une plus grande durabilité et une plus grande rentabilité.

Alors que certains oscillaient entre faible implication, peur de prendre position, voire confusion scientifique entre NBTs et OGMs, les actions de Farm Europe – avec d’abord son membre le groupe Castri et en partenariat scientifique avec Rahan Meristem, puis via le relai tous ses membres à travers l’UE – ont eu pour objectif de fournir une base scientifique de ce que sont ces techniques et de ce qu’elles peuvent apporter; de construire des voies d’évolution avec la Commission; de développer un travail approfondi avec le Parlement européen et en particulier les nouveaux députés européens issus les élections de 2019; d’œuvrer pour que la position de certains États membres (notamment la France, l’Italie, la Grèce, la République tchèque et l’Irlande) évolue favorablement. 

Farm Europe, par le biais de ses articles scientifiques, de l’organisation de ses événements (à commencer par les différentes éditions du Forum mondial de l’alimentation) et de son travail d’influence institutionnelle, a fait valoir la nécessité d’un processus décisionnel fondé sur la science dans les domaines de la santé, de l’alimentation et de l’agriculture. Sur un tel dossier, il ne s’est pas agi d’affirmer mais de démontrer avec sérieux et pugnacité, et de convaincre. 

Du point de vue législatif, l’UE a d’abord avancé très lentement ces dernières années et ce n’est que récemment que la Commission, après des années d’indécision, a montré qu’elle entendait prendre la situation en main et accélérer le processus. Pendant des années, les États membres de l’UE ont demandé à la Commission européenne de clarifier le statut réglementaire des produits générés par les NBTs, et plus précisément s’ils sont soumis ou non à la réglementation sur les OGMs. La Commission a annoncé à plusieurs reprises qu’elle fournirait une interprétation juridique pour donner des orientations aux autorités nationales, mais a reporté la décision pendant des années. Jusqu’au 3 octobre 2016, où le Conseil d’État français a saisi la Cour de justice de l’Union européenne de 4 questions visant à déterminer si une variété de colza résistante aux herbicides obtenue par de nouvelles techniques de sélection végétale devait suivre le processus d’approbation des OGMs. En 2018, l’avis de la Cour de justice européenne a établi que les NBTs devaient relever de la législation actuelle sur les OGMs (directive 2001/18) car elles n’étaient pas connues en 2001 et ne peuvent donc pas bénéficier de la dérogation établie en 2001 pour les techniques de mutagénèse bien connues et utilisées depuis longtemps. Le Conseil de l’Union européenne a donc demandé à la Commission de présenter une étude à la lumière de cet arrêt de la Cour de justice. Il a également demandé à la Commission de présenter une proposition accompagnée d’une analyse d’impact pour faire suite à cette étude.

Après l’arrêt de la Cour de justice de l’UE, la pression s’est accrue sur les institutions européennes et la Commission – qui souhaitait initialement laisser la question aux États membres – a pris les rênes de cette question sensible et met tout en œuvre pour créer un climat favorable aux NBTs.

Le 29 avril 2021, la Commission a présenté l’étude qui a le mérite de limiter le champ d’application de la future législation exclusivement aux techniques de cisgenèse et de mutagenèse appliquées aux plantes (et donc aux denrées alimentaires et aliments pour animaux dérivés de ces plantes), puisqu’il existe une plus grande certitude scientifique quant à leur sécurité. Même s’il reste encore beaucoup à faire et que nous attendons l’analyse d’impact et la proposition de la Commission, le travail accompli au fil des ans porte ses fruits.

La volonté de la Commission de faciliter l’utilisation de ces techniques en Europe sans passer par le système d’autorisation prévu pour les OGMs (qui empêcherait de facto leur diffusion et le développement de la recherche européenne) est très claire. Tous les discours officiels et officieux de la Commission montrent une volonté claire dans ce sens, à la fois pour augmenter les outils à disposition des agriculteurs dans la transition vers une agriculture de plus en plus durable, et pour ne pas créer de problèmes avec les partenaires commerciaux, mais aussi pour soutenir et encourager la recherche et l’innovation européenne. 

L’organisation par la Commission d’une conférence le 29 novembre 2021 sur le thème « Nouvelles techniques génomiques – la voie à suivre pour une innovation sûre et durable dans le secteur agroalimentaire », un événement de haut niveau clairement organisé pour faciliter et préparer un terrain favorable à la présentation de l’analyse d’impact, a été significative à cet égard. Lors de cet événement, le ministre français Julien Denormandie (futur président du Conseil) a souligné à plusieurs reprises que les NGTs sont des techniques et non des organismes comme les OGMs. Dans son discours, il a également rappelé qu’il est nécessaire de mobiliser la recherche en agriculture, de disposer d’un cadre réglementaire européen adapté et proportionné et de remettre la raison et la science au centre du débat européen. 

Le Parlement européen a également changé de position ces dernières années, le travail réalisé ces dernières années par Farm Europe y contribuant. Il est intéressant de noter que, par rapport au débat sur les OGMs, il y a beaucoup plus de députés européens en 2021 qui « osent » parler en faveur de la science et des nouvelles technologies. Les principaux arguments utilisés par ceux qui se prononcent en faveur des NBT sont les suivants : donner plus d’outils aux agriculteurs pour une agriculture plus durable ; concrétiser le Green Deal et la stratégie Farm to Fork; utiliser les nouvelles technologies pour lutter contre le changement climatique; utiliser moins de pesticides et moins d’intrants en général; ne pas bloquer le commerce avec les pays tiers; les mutations par cisgenèse et mutagenèse peuvent se produire dans la nature, elles sont donc  » plus sûres que la transgenèse « ; la législation européenne doit pouvoir s’adapter aux évolutions technologiques.  

En ce qui concerne la position du Conseil, le semestre de présidence française de l’UE, qui débutera en janvier 2022, sera précieuse pour soutenir une révision intelligente du règlement européen sur les NBTs qui est une clé de notre avenir européen.  La responsabilité de la présidence française sera donc engagée dans un défi historique; nous avons la responsabilité de continuer à accompagner le processus de décision basé sur la recherche scientifique et impliquant l’ensemble du secteur agricole.

Les projets agricoles de la nouvelle coalition gouvernementale allemande

L’Allemagne met le cap sur le progrès numérique, le bien-être animal, la bio et la PAC post-2027

Au terme des négociations trilatérales entre les Socialistes, les Verts et les Libéraux (FDP), un accord de coalition de 178 pages a été présenté, ouvrant la voie à la prise de fonction d’un nouveau gouvernement allemand à la tête d’une coalition rouge/vert/jaune.

Une partie importante de ce programme est consacrée à la transition écologique, aux enjeux alimentaires et énergétiques, ainsi qu’à la stratégie qui sera portée à Berlin à l’échelle européenne. La digitalisation de la société est l’un des grands projets transversaux porté par l’accord, projet qui irrigue l’ensemble du programme de la coalition qui porte l’ambition d’un « renouveau numérique global » pour l’Allemagne.

En matière agricole, ressortent clairement deux grands axes prioritaires: la transformation en profondeur du secteur de l’élevage, avec des sources de financement pour la filière, et le développement de l’agriculture biologique.

Il est, par ailleurs, annoncé une réflexion sur la Politique agricole commune en vue de « remplacer de façon adéquate les paiements directs » après 2027.

L’objectif global affiché par la nouvelle coalition est d’aller vers une « agriculture durable et viable, dans laquelle les agriculteurs et agricultrices peuvent exercer une activité économiquement viable et qui respecte l’environnement, les animaux et le climat ». Ceci devra s’appuyer sur des « chaînes de création de valeur régionales et contribuer au maintien des structures rurales ».

Bien-être animal.

Le bien-être animal est le projet central de la coalition allemande pour les prochaines années, avec des implications à l’échelle européenne importantes, l’ambition étant d’avoir des standards contraignants à l’échelle de l’Union.

Il est prévu « dès 2022 » d’introduire un étiquetage obligatoire pour l’élevage qui couvre également le transport et l’abattage, ainsi qu’à un stade ultérieur un étiquetage complet de l’origine. Un plan d’investissement ambitieux est prévu pour renforcer le bien-être animal, associant l’ensemble des maillons de la chaine à son financement. Le plan ne devra pas générer de bureaucratie, est-il souligné.

Un nombre important de mesures de contrôle sur la filière sont annoncées telles que la surveillance vidéo des abattoirs, une limitation des exportations d’animaux vivants à des corridors assurant le bien-être animal, et une extension de la base de données TRACES.

Une partie de la loi sur la protection des animaux sera transférée en droit pénal et accompagnée de sanctions renforcées. Un commissariat en charge de la protection des animaux sera créé.

Politique agricole commune.

L’Allemagne affiche son intention d’aller vite dans la mise en place de la réforme de la Politique agricole commune, et de se projeter vers l’avenir d’ores et déjà avec une réflexion sur l’avenir de celle-ci. Une réforme à mi-parcours du plan national est annoncée, qui sera accompagnée de réflexions pour la PAC post-2027 à l’échelle européenne. Cette réflexion portera sur le remplacement adéquat des paiements directs pour financer les services environnementaux et climatiques.

Nutrition. 

La moindre consommation de viande apparaît comme une priorité de la politique nutritionnelle de la nouvelle coalition, ainsi que la mise en place d’une politique nutritionnelle pour les enfants, visant à limiter l’excès de sucre, gras et sel. Les protéines alternatives seront encouragées.

En 2023, une stratégie nutritionnelle sera adoptée, en concertation avec les parties-prenantes.

A l’échelle européenne, l’Allemagne se positionne en faveur d’un Nutriscore développé sur une base scientifique et compréhensible par tous, ainsi qu’un renforcement de l’étiquetage de l’empreinte écologique des produits.

Agriculture.

L’orientation de l’agriculture allemande vers l’agriculture durable et biologique est largement affichée, avec un cap de 30% d’agriculture biologique d’ici 2030, la fin du glyphosate en 2023, et la limitation des pesticides au strict nécessaire, tout en soulignant la nécessité de développer des solutions et préserver une prise de décision rapide. Le passage relatif à la protection des plantes est très équilibré dans sa formulation, avec la mention de la nécessité de réformer le processus d’autorisation au plan européen, et d’accroître la transparence.  

La sélection de semences résistantes au changement climatique est soulignée, ainsi que la volonté de transparence dans les méthodes de sélection, en renforçant la recherche sur les risques et la détection.

La digitalisation de l’agriculture est également mentionnée comme étant un axe de travail fondamental, avec en particulier le développement de l’open source pour les données, sous l’égide des pouvoirs publics.

Une stratégie protéine est annoncée par ailleurs.

Energie et climat.

En ce qui concerne la transition énergétique, le point focal est l’électrification et l’hydrogène vert, et la mise en place d’une production électrique décarbonée qui passe par le gaz et le gaz renouvelable à court et moyen terme pour assurer la transition.

Un nouveau départ pour l’utilisation de la biomasse de façon durable est annoncée, sans plus de détails en la matière à ce stade.

Un soutien clair est affiché en faveur du paquet « fit for 55 » présenté par la Commission européenne, avec des instruments aussi neutres technologiquement que possible. Un appui au mécanisme ETS est apporté, y compris dans les transports, ainsi qu’au principe que ce qui est mauvais pour le climat doit coûter plus cher.

Europe.

Sur les institutions européennes, la nouvelle coalition prend le contre-pied du précédent gouvernement, affichant un soutien ambitieux au processus de réforme institutionnel de l’Union européenne lancé par le Président Macron à travers la Conférence sur l’avenir de l’Europe, dans une perspective de davantage de fédéralisme.

L’Allemagne est désormais favorable au principe d’une convention qui ouvrirait la voie à une réforme des traités, et défend l’idée de remettre en cause l’exclusivité du droit d’initiative actuellement dans les mains de la Commission pour l’ouvrir au Parlement européen, ainsi que le développement de listes transnationales et d’un candidat de partis européens pour le futur président de la Commission. L’Allemagne reprend le principe énoncé par la France qu’elle ira le plus loin possible à 27, mais n’hésitera pas à développer une relation plus approfondie avec un groupe d’Etats membres qui souhaite aller plus loin. Des réformes en vue des élections de 2024 sont envisagées, visant à conforter le Parlement européen (droit d’initiative) et la dimension transnationale du débat européen (partis européens, spizenkandidat, etc.).

NOUVELLES TECHNIQUES DE SÉLECTION VARIÉTALE : un vert comme ministre allemand

En novembre, les négociations sur la nouvelle coalition gouvernementale en Allemagne ont porté leurs fruits et un nouveau ministre allemand de l’agriculture issu du parti des Verts, Cem Özdemir, a été confirmé. Dans l’accord de coalition, le thème du génie génétique ne semble pas être une priorité. 

De l’autre côté de l’Atlantique, le Congrès américain a discuté dans ce qui pourrait être un environnement très favorable à l’adoption de nouvelles technologies telles que l’outil d’édition génétique, et à l’augmentation des investissements publics, pour faire face au défi de la durabilité. 

Dans le même temps, les organisations de la société civile exercent une pression croissante pour que le sujet des brevets sur les semences soit rediscuté. 

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Stratégie de l’UE en faveur des sols à l’horizon 2030

Le 17 novembre 2021, la Commission européenne a publié la stratégie de l’UE pour les sols à l’horizon 2030, un document non législatif qui aborde la question de la santé des sols. C’est un document qui présente le cadre et les actions volontaires ou juridiquement contraignantes que la Commission entend entreprendre pour protéger, restaurer et utiliser durablement les sols européens. La stratégie traduit certains des objectifs du Green Deal européen et s’intègre à une série de stratégies et de politiques déjà décidées par la Commission européenne : de la ferme à la fourchette au plan d’action pour une pollution zéro, de la stratégie pour la biodiversité à la nouvelle PAC.

La stratégie est préparatoire à une proposition législative sur la santé des sols que la Commission présentera d’ici 2023 et qui vise à parvenir à une bonne santé des sols dans l’ensemble de l’UE d’ici 2050, ainsi qu’à la prochaine proposition de la Commission concernant une loi sur la restauration de la nature visant à remettre les écosystèmes en bon état d’ici 2050. 

Compte tenu de l’absence de politique européenne en matière de sols jusqu’à présent, la communication a l’ambition de combler cette lacune et propose une stratégie globale sur tous les aspects d’un sol sain ayant un impact sur le changement climatique, la biodiversité, l’économie circulaire, la sécurité alimentaire et la protection de l’eau, ainsi que toutes les politiques à adopter pour surmonter sa dégradation.

Parmi les actions que la Commission s’est engagée à prendre, les plus importantes sont les suivantes :

  • proposer des objectifs juridiquement contraignants dans le cadre de la loi sur la restauration de la nature, pour limiter le drainage des zones humides et des sols organiques et restaurer les tourbières gérées et drainées, afin de maintenir et d’augmenter les stocks de carbone dans le sol, de minimiser les risques d’inondation et de sécheresse, et de renforcer la biodiversité ;
  • présenter l’initiative européenne en faveur d’un carbone farming et une proposition législative sur la certification de l’élimination du carbone en 2022 afin de promouvoir un nouveau modèle commercial vert récompensant les gestionnaires des terres, tels que les agriculteurs et les forestiers, pour leurs pratiques respectueuses du climat ; 
  • dans le cadre de la loi sur la santé des sols, évaluer la nécessité de dispositions juridiquement contraignantes pour un « passeport pour les terres excavées » et examiner les options pour proposer des dispositions juridiquement contraignantes pour : a) identifier les sites contaminés, b) établir un inventaire et un registre de ces sites et c) assainir les sites qui présentent un risque important pour la santé humaine et l’environnement d’ici 2050 ; 
  • évaluer la faisabilité de l’introduction d’un certificat de santé des sols pour les transactions foncières, afin de fournir aux acheteurs de terrains des informations sur les principales caractéristiques et la santé des sols du site qu’ils ont l’intention d’acheter ; 
  • fournir une définition de la notion d’artificialisation de terres dans la loi sur la santé des sols et envisager des options pour le suivi et le compte rendu des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de non artificialisation nette de terres ;
  • élaborer, en consultation avec les États membres et les parties prenantes, un ensemble de pratiques de « gestion durable des sols », y compris l’agriculture régénérative, conformément aux principes agro-écologiques, adaptées à la grande diversité des écosystèmes et des types de sols, et recenser les pratiques de gestion des sols non durables ;
  • fournir une assistance aux États membres pour mettre en place, par le biais de fonds nationaux, le programme « TESTEZ VOTRE SOL GRATUITEMENT » ;
  • continuer à soutenir des initiatives clés telles que l’initiative de la grande muraille verte, Regreening Africa, et l’aide aux questions relatives aux terres/sols dans le cadre de la coopération au développement pour prévenir la désertification ; 
  • réviser la directive sur l’utilisation durable des pesticides et évaluer la directive sur les boues d’épuration d’ici 2022 ; 
  • restreindre les microplastiques utilisés intentionnellement dans le cadre du règlement sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions des substances chimiques (REACH) et élaborer des mesures sur les rejets non intentionnels de microplastiques d’ici 2022 ;
  • adopter des critères de biodégradabilité pour certains polymères, tels que les agents de revêtement et les films de paillage agricole, en vertu du règlement de l’UE sur les produits fertilisants d’ici juillet 2024. 

En outre, la Commission montrera son rôle de leader mondial dans l’acquisition de connaissances sur la biodiversité des sols en publiant, d’ici 2022, la première évaluation de la biodiversité des sols de l’UE et des gènes de résistance antimicrobienne dans les sols agricoles sous différents régimes de gestion (par le biais de l’enquête LUCAS (Land Use and Coverage Area frame Survey)).

Dans le cadre de la PAC et en étroite collaboration avec les États membres, la Commission poursuivra la diffusion de solutions efficaces de gestion durable des sols et des nutriments, notamment par l’intermédiaire des réseaux ruraux nationaux du programme de développement rural, des services de conseil agricole et des AKIS, ainsi que du Partenariat européen d’innovation pour la productivité et la durabilité de l’agriculture (PEI-AGRI)

Les initiatives qui composent cette stratégie pour le sol sont elles-mêmes à des stades de maturation très différents : 

– la préparation de la révision de la directive sur l’utilisation durable des pesticides est en bonne voie, 

– En revanche, la question des plastiques dans les sols en est au stade de la recherche avec des projets Horizon 2020 sélectionnés pour être lancés à la mi-2021, où le travail fondamental vient seulement de commencer et durera quatre ans, 

– concernant l’initiative « Carbon farming », qui devrait faire l’objet d’une communication de la Commission la semaine prochaine, il semble que la Commission soit plus préoccupée par le développement de leur méthodologie et la collecte de données. Sur les prairies, le point le plus avancé, la question de la capacité des sols à augmenter leur stockage ou le fait qu’un plafond soit atteint à un moment donné n’est pas claire. La méthodologie pour estimer le stockage dans les sols, pour évaluer l’impact des changements dans les techniques de production, pour évaluer la contribution de ceux qui sont déjà mieux lotis, semblent être des travaux en cours sur lesquels il semble important que nous investissions. 

– enfin, la commission fait sien le dossier d’accélérer le déployement de la Grande Muraille verte en Afrique avec l’objectif partagé de progrès à réaliser sur ce dossier lors du 1er semestre 2022. 

Nouvelles vin : confirmation des trends

Le mois de novembre 2021 a été caractérisé par une forte augmentation du prix des vins haut de gamme avec plusieurs records battus. Les tendances déjà observées les mois précédents (hausse des prix de vente, hausse des coûts, baisse des volumes produits) se confirment. Les enjeux politiques, tant extérieurs avec les droits de douane, qu’intérieur avec un cadre législatif mouvant restent importants à surveiller.

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Nutriscore : après l’Italie et l’Espagne, les doutes Français

L’alimentation des Européens ne peut être confiée à un algorithme opaque et trompeur. Lors d’une séance de questions au Sénat français, le ministre français de l’agriculture, J. Denormandie, a confirmé ses réticences à l’égard du Nutriscore, soulignant que son algorithme doit être modifié pour mieux prendre en compte la complexité nutritionnelle des aliments et réadapter le volume de base des portions. Il a également ajouté que la France ne rendra cet outil obligatoire que si cela est décidé au niveau européen, et indiqué partager les doutes déjà exprimés par l’Italie et l’Espagne qui partagent les mêmes valeurs en matière alimentaire. 

Farm Europe ne peut que se féliciter des propos du Ministre français. Après avoir largement consulter la communauté scientifique, il apparaît clairement que, dans sa forme actuelle, l’étiquetage Nutriscore n’est pas un outil de santé publique abouti. L’algorithme sur lequel il s’appuie favorise les aliments plus transformés et ne tient pas compte de l’équilibre alimentaire. Ce sont deux points clefs de santé publique ! Il serait irresponsable de mener une expérimentation à l’échelle du Continent d’un étiquetage amenant les consommateurs à faire des choix risqués pour leur santé. 

Dès lors, Farm Europe suggère la mise en place d’une grille décisionnelle pour aller vers un étiquetage nutritionnel efficace et utile en matière de santé publique. Celle-ci pourrait reposer sur les critères cumulatifs suivants:

Il est véritablement européen : seules des solutions européennes peuvent relever le défi de la malnutrition et lutter contre l’épidémie silencieuse des maladies non transmissibles. Cela signifie que la conception du label doit être commune. Mais le système d’évaluation peut être suffisamment souple pour prendre en compte les sensibilités nationales dans l’approche de l’alimentation (à ce titre, les lignes directrices diététiques nationales déjà existantes doivent être utilisées comme base sur laquelle cet outil peut être construit).   

Il informe, ne juge pas : Un étiquetage nutritionnel doit guider les consommateurs dans leur choix, et non le faire à leur place. Il doit mieux informer, pas désinformer. A ce stade, le Nutriscore affiche l’ambition de prendre une décision à la place des consommateurs en envoyant implicitement le message que certains aliments sont « bons » ou « mauvais ». Les consommateurs bien informés doivent être mis en position d’évaluer par eux-mêmes quels aliments conviennent le mieux à leur régime.  

Il n’utilise pas d’approches réductionnistes : Le Nutriscore simplifie à l’extrême les informations, et incite les consommateurs à ne pas approfondir la composition de l’aliment (liste des ingrédients, calories, sucres, sel, etc.). L’objectif de l’étiquetage nutritionnel doit être de guider les consommateurs vers l’arrière de l’emballage, où ils trouverons des informations plus complètes sur le produit. Les approches réductionnistes créent au contraire une barrière entre le recto et le verso de l’emballage. 

Les portions sont vraisemblables : la quantité évaluée doit représenter les portions probables d’aliments consommés pour avoir une approche plus proche de la réalité, et garder le principe de base de la nutrition qu’un régime équilibré et diversifié est la clef de tout régime sain. Le raisonnement doit être fondé sur la quantité consommée, et non sur une mesure générale de « 100 grammes » qui représente rarement la quantité réellement consommée et pousse l’optimisation des produits industriels vers des palliatifs chimiques. 

Il tient compte du degré de transformation des aliments : il est primordial pour la santé publique d’alerter les consommateurs sur les risques associés aux aliments ultra-transformés, étant donné la corrélation scientifiquement prouvée entre le degré de transformation et les maladies non transmissibles. Un étiquetage nutritionnel doit donc tenir compte du niveau de transformation des aliments, en favorisant les moins transformés et en mettant en garde contre les risques pour la santé d’une alimentation riche en aliments ultra-transformés. 

L’EFSA donne son évaluation scientifique

L’éducation fait partie de l’équation : quelle qu’elle soit, l’étiquette d’un produit n’est qu’un outil limité, une « rustine », tant que la question essentielle des habitudes alimentaires n’est pas abordée. Les maladies liées à l’alimentation sont liées à des déséquilibres plus globaux. Les politiques d’éducation publique, notamment dans les écoles ciblant les jeunes, constituent la véritable solution à la crise sanitaire des maladies non transmissibles en Europe. Des cours sur la nutrition, la cuisine, l’alimentation et le mode de vie doivent être intégrés aux programmes scolaires. Les jeunes étudiants devraient être accompagnés dans le processus d’apprentissage de ce qu’est une alimentation saine et, plus généralement, un mode de vie sain, et le voir appliqué dans les cantines. 

NOUVELLES TECHNIQUES DE SÉLECTION VARIÉTALE : la Commission ouverte aux feedback

Le mois d’octobre a marqué la première étape de l’ouverture de la révision de la législation européenne sur les OGM, avec l’ouverture par la Commission européenne de la période pour recevoir l’avis des parties prenantes européennes sur la question. Plus de 70 000 commentaires sont parvenus aux bureaux de la Commission, principalement de la part de citoyens allemands et français. 

Par ailleurs, le Parlement européen a approuvé la stratégie « de la ferme à la fourchette » (branche agricole du « Green Deal ») avec un paragraphe sur les NGT.  

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La coopération transatlantique face aux défis agricoles mondiaux

Dans la matinée du 3 novembre, le Commissaire européen à l’agriculture Janusz Wojciechowski et le Secrétaire américain à l’agriculture Tom Vilsack ont annoncé le lancement d’un  » nouveau chapitre  » dans la relation UE/USA lors d’un événement VIP à Bruxelles co-organisé par Farm Europe et le Forum pour l’avenir de l’agriculture. L’occasion était de relancer le partenariat transatlantique, qui lie les deux continents pour faire face aux défis du changement climatique et de la transition vers des systèmes agroalimentaires durables.

Paolo de Castro, député européen, Tom Vilsack, secrétaire américain à l’agriculture, et Janusz Wojciechowski, commissaire européen à l’agriculture

L’événement a été ouvert par João Pacheco, Senior Fellow à Farm Europe, qui a abordé les défis soulevés par le changement climatique, et le fait que l’UE et les États-Unis partagent l’urgence d’en atténuer les effets. Il a insisté sur le fait que la principale question est de savoir comment y parvenir, en ouvrant la voie à différents chemins qui peuvent nous amener aux mêmes objectifs, mais avec des conséquences divergentes. Il a également fait remarquer que les voies choisies par les États-Unis et l’Union européenne auraient un impact important au niveau mondial, étant donné que ces deux pays sont les principaux fournisseurs mondiaux de denrées alimentaires. Il a ensuite résumé l’approche des États-Unis et de l’UE en matière de changement climatique : alors que les États-Unis investissent dans l’innovation et la technologie pour favoriser une croissance durable de la productivité, l’UE mise sur son « Green Deal » (stratégies « de la ferme à la table » et « biodiversité ») et sur des objectifs de réduction contraignants. Néanmoins, l’action européenne pourrait être compromise par les études qui ont analysé les impacts des stratégies F2F & BDS, notamment sur leurs conséquences économiques non durables (dépendance accrue des importations en provenance de pays tiers, augmentation des prix des denrées alimentaires, baisse des revenus des agriculteurs, etc.)

Dans son discours d’ouverture, le secrétaire américain à l’agriculture, Tom Vilsack, a souligné que les États-Unis et l’Union européenne empruntent des voies différentes pour atteindre le même objectif, à savoir un système agricole plus durable et plus productif. Pour ce faire, les États-Unis investissent dans l’innovation et la science, sur la base de solutions technologiques. Il a évoqué les barrières commerciales qui, outre le fait qu’elles ralentissent les échanges, ont également un effet sur l’échange de connaissances, qui est vital pour atteindre l’objectif visé par les deux continents. Une communication efficace est aussi importante que l’innovation, a déclaré M. Vilsack, soulignant que les partenariats sont essentiels.

Le commissaire Janusz Wojciechowski a commencé ses remarques en soulignant les défis et les opportunités communs que les deux homologues partagent et auxquels ils sont confrontés, en faisant remarquer que, parfois, les différences éclipsent les traits communs (dépeuplement des zones rurales, petits producteurs, etc.). Il a fait remarquer que la pandémie a montré la vulnérabilité des systèmes alimentaires et a souligné le fait qu’ils doivent être transformés vers des modèles plus durables. La stratégie « de la ferme à la table » vise à renforcer les trois aspects de la durabilité (environnemental, économique, social), mais le chemin pour y parvenir n’est pas facile, a déclaré le commissaire, et des efforts doivent être faits.

Il a partagé avec son collègue américain l’engagement d’investir dans la promotion des technologies numériques, la recherche et l’innovation, le partage des connaissances.

Paolo De Castro, député européen (S&D) et ancien ministre italien de l’agriculture, a déclaré que, quelle que soit l’entité des problèmes que nous devons traiter ou l’ambition des objectifs que nous devons atteindre, le véritable défi est de savoir comment y parvenir. Il a donc préconisé de consacrer plus de temps au développement et à l’étude de solutions innovantes. Il a mentionné la génétique, l’agriculture de précision, l’analyse des données comme des outils utiles pour mettre en pratique les objectifs de durabilité, mais ils ne représentent qu’une pièce du puzzle. Les agriculteurs ont besoin d’un soutien public sous forme de temps et d’argent pour s’assurer que la stratégie « de la ferme à la fourchette » ne se transforme pas en une stratégie de décroissance.

Une séance de questions-réponses avec des journalistes et un agriculteur, Benjamin Lammert, a suivi les déclarations d’ouverture.

NUTRITION ET POLITIQUE ALIMENTAIRE : La Commission reste indécise sur l’étiquetage nutritionnel

Lors de sa intervention devant la session plénière du Parlement européen, la commissaire à la santé, Mme Kyriakides, a déclaré que la Commission n’avait pas encore pris de décision concernant l’étiquetage sur le devant des emballages, réfutant les rumeurs selon lesquelles le Nutri-Score serait l’option privilégiée.

Les États membres ont décidé d’interdire, à partir de 2022, l’additif alimentaire E171 après que des études cohérentes ont souligné ses dangers pour la santé humaine. 

Dans les pays baltes, après la viande cultivée en laboratoire, des start-ups explorent les possibilités de créer des produits de la mer à base de cellules. 

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Farm to Fork: la stratégie est approuvée par le Parlement Européen

Le mois d’octobre a marqué l’adop&on de la stratégie « de la ferme à la fourcheDe » en tant que stratégie européenne partagée, et pas seulement une ini&a&ve de la Commission européenne. En effet, le vote du Parlement européen sur le texte approuvé par les commissions conjointes ComEnvi et ComAgri a confirmé la plupart des idées de la Commission sur l’avenir de l’agriculture européenne et les objec&fs fixés d’ici 2030.

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