VEILLE FARM TO FORK : Etats demandent une nouvelle SUR

Le mois de novembre a été marqué par la communication de la Commission sur les engrais relative aux conséquences de la flambée des prix de cet intrant agricole pour les agriculteurs. 

En ce qui concerne les dossiers législatifs, les négociations sur le projet de règlement sur l’utilisation durable des pesticides ont également été affectés par la crise actuelle. Un groupe important d’États membres a demandé à la Commission de reconsidérer sa proposition et a exigé une nouvelle analyse d’impact. Mi-décembre, le Conseil a adopté une décision formelle demandant à la Commission d’améliorer son analyse d’impact dans un délai maximum de 6 mois. 

La Commission a également présenté ses idées sur le dossier de la certification Carbone, avec une certification qui serait accordée aux exploitations qui mettent en pratique des activités ayant un impact neutre ou positif sur l’environnement, créant un gain net de réduction de CO2 dans l’atmosphère, qui sont additionnelles, visent le long terme et sont suivies.  

Au cours du mois de décembre, les normes de bien-être animal ont été discutées au niveau européen. Les ministres européens ont trouvé un accord informel sur le fait que si des normes plus strictes seront appliquées aux animaux élevés dans l’UE, il devra en être de même pour ceux provenant de pays tiers (« clauses miroir »). Pour jeter les bases de la révision de la législation européenne en la matière, la Commission a présenté une évaluation de la législation actuelle, concluant que le dispositif actuel ne permet pas de répondre aux besoins actuels et futurs.  

Le mois de décembre a également été marqué par un accord institutionnel provisoire sur la législation relative à la déforestation. Une fois adoptée et appliquée, la nouvelle loi garantira qu’une série de biens clés mis sur le marché de l’UE ne contribueront plus à la déforestation et à la dégradation des forêts. 

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NOUVELLES TECHNIQUES DE SÉLECTION VARIÉTALE : le Royaume-Uni à l’avant-garde de la nouvelle législation

Alors qu’au Parlement européen, le groupe politique des Verts a organisé l’événement « Europe sans OGM » au cours duquel les décideurs politiques et les parties prenantes des organisations nationales et des ONGs ont exprimé leurs inquiétudes quant à la possibilité d’une déréglementation de ce qu’ils ont baptisé des « nouveaux OGMs », le commissaire à la santé a répondu au président de la commission AGRI en déclarant que les nouvelles technologies pourraient être un moyen de contribuer à la mise en œuvre des objectifs de la stratégie « de la ferme à la fourchette » en matière de réduction des pesticides. Pendant ce temps, les présidents de plusieurs organisations de filières agricoles ont adressé une lettre aux exécutifs européens sur la question des NGT, plaidant pour une adoption rapide de la proposition de révision et défendant les aspects positifs que ces techniques auront pour les normes de durabilité.   

Au Royaume-Uni, des mesures concrètes ont été prises en vue de l’approbation d’une nouvelle législation.

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ÉLEVAGE DANS L’UE – près d’une proposition sur l’étiquetage d’origine

Points essentiels ayant affectés les secteurs d’élevage de l’Union Européenne : 

Les cas de grippe aviaire montent en flèche dans toute l’Europe. Plus de 48 millions d’oiseaux sont morts au cours de l’année écoulée au Royaume-Uni et dans l’UE. Les agriculteurs de l’UE pourraient ne plus avoir à supprimer l’étiquette d’élevage en plein air sur leurs œufs en cas d’ordonnance de logement obligatoire prolongée. 

Impact de l’ouverture du marché européen aux productions ukrainiennes de volailles. La levée des tarifs et la suspension des quotas de produits agricoles ukrainiens, notamment pour la volaille ukrainienne durant un an, ont fait bondir les importations de volaille ukrainienne dans l’UE. La Commission européenne a déclaré qu’elle pourrait réimposer des droits si les producteurs de l’UE rencontraient de sérieuses difficultés. 

Un groupe parlementaire allemand a demandé que le label de bien-être animal s’applique également aux productions des autres États membres de l’UE et des pays tiers. 

La Commission pourrait présenter une proposition d’étiquetage d’origine à l’échelle de l’UE au début de l’année prochaine.

En Allemagne, les porcheries devraient être transformées pour améliorer le bien-être des animaux.  Cela pourrait se traduire par une réduction de la population porcine.

L’Allemagne durcit les règles de transport des animaux et demande un suivi à l’échelle de l’UE. L’Allemagne va aussi durcir les règles sur les antibiotiques pour le bétail. 

Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments les temps de transport des animaux devraient être raccourcis pour réduire le risque de germes résistants aux antibiotiques.

La Commission européenne a publié en novembre une communication pour  «Assurer la disponibilité et un prix acceptable des engrais». Le texte énonce des objectifs à long terme pour l’Europe et le reste du monde. 

Les députés européens appellent à une initiative sur la santé mentale dans l’agriculture. 

Les membres de la commission de l’agriculture du Parlement européen ont appelé à des efforts concertés pour soutenir la santé mentale des agriculteurs de l’UE alors que les pressions augmentent sur le secteur déjà mis à rude épreuve. 

Le Parlement européen a appelé à une dégradation du statut de protection des loups dans l’UE pour aider à protéger le secteur de l’élevage. 

Cette résolution pourrait exercer une pression politique sur la Commission européenne pour qu’elle réévalue son approche de la gestion des populations de loups.

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QUEL EST LE DEGRÉ D’AUTONOMIE DU SYSTÈME ÉNERGÉTIQUE DE L’UE ?

Vendredi dernier a marqué la fin de la COP27. Si l’objectif de maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 1,5°C a été réitéré, la conférence mondiale n’a pas réussi à tenir l’engagement pris par les principaux émetteurs mondiaux de réduire progressivement les combustibles fossiles.

Le secteur de l’énergie, responsable de plus des deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est principalement alimenté par des combustibles fossiles. Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), seuls 29 % de la production mondiale d’électricité proviennent actuellement de sources renouvelables, et les émissions de carbone continuent d’augmenter.

Quels sont donc les résultats de l’UE en matière d’énergies renouvelables ?

En 2020, l’UE a produit 42 % de son approvisionnement énergétique total. Sur ces 42 %, seuls 41 % provenaient de sources d’énergie renouvelables, ce qui représente 22 % de nos besoins énergétiques globaux. L’ambition de RepowerEU est de devenir indépendant du gaz et du pétrole de la Russie tout en maintenant notre production économique actuelle et en réduisant notre empreinte climatique. Cette intention impliquera le remplacement de 25 % de notre consommation énergétique totale par des sources alternatives, ce qui semble en bonne voie à l’approche de l’hiver malgré l’ampleur du défi.

Dans ce contexte, la directive sur les énergies renouvelables et les États membres de l’UE doivent avoir pour priorité de promouvoir les sources de bioénergie produites en pleine synergie avec la production alimentaire plutôt que de les restreindre. En effet, limiter la production de bioénergie revient à limiter l’autonomie énergétique européenne. Une nouvelle limitation engendrerait une menace supplémentaire pour l’approvisionnement énergétique de l’UE et une dépendance accrue à l’égard des sources fossiles importées – ce qui signifie des émissions globalement plus élevées.

L’énergie issue de la biomasse représente 57 % de l’énergie renouvelable produite en Europe, soit près de 10 % de l’approvisionnement énergétique européen total. En comparaison, toutes les autres sources d’énergie renouvelables combinées ne représentent que 7 %. Il est donc irréaliste de vouloir combler à court terme le déficit d’approvisionnement énergétique nécessaire sans la biomasse. Seul le nucléaire représente un plus grand fournisseur d’énergie  » Made in Europe  » (nécessitant de l’uranium importé).

Par conséquent, au lieu de limiter les activités des bioraffineries de l’UE, ce qui augmenterait les importations d’énergie en provenance d’autres pays et rendrait l’Union de plus en plus dépendante des acteurs étrangers et des combustibles fossiles, les Européens devraient encourager davantage ce secteur, en optimisant les cycles du carbone.

Pour atteindre l’objectif de 45% d’énergies renouvelables d’ici 2030 – tel qu’adopté par le Parlement européen cette semaine – il est temps d’augmenter la production d’énergie à partir de TOUTES les sources d’énergie renouvelables. Une Europe plus verte et plus indépendante ne peut pas se matérialiser en pariant sur une seule solution « baguette magique ». L’élaboration d’un bouquet énergétique durable et diversifié doit être la voie à suivre, avec une forte composante de biocarburants (liquides et gazeux) pour tous les secteurs, y compris les plus complexes à décarboniser comme les transports.

UN MODELE D’ELEVAGE DURABLE EN EUROPE – Partie 1 – Viande, nutrition et santé

En Europe, l’élevage est au cœur des débats publics. Le modèle d’élevage de l’UE est confronté à d’énormes défis pour assurer sa viabilité économique tout en s’adaptant à des exigences sociétales et environnementales croissantes.

Le modèle de consommation européen est notamment souvent remis en débat, la population européenne étant une des plus consommatrice en produits animaux par habitant au monde. La diminution de la consommation européenne de produits animaux est une question largement posée et controversée en Europe. Les points de débats qui se posent sur la consommation de viande sont nombreux : santé, aspects nutritionnels et sanitaires; impact environnemental et climatique de la production; produits animaux et compétition des ressources dans un contexte de forte croissance démographique; éthique et bien être animal; etc….

Les interrogations et controverses entourant la consommation de viande doivent être éclaircies pour permettre de construire un cadre politique cohérent au niveau européen.

Certification: dissocier réduction des émissions et séquestration, un non sens environnemental

La Commission européenne a présenté, aujourd’hui, sa proposition de règlementation pour établir les bases de la certification du carbone par les secteurs agricoles et forestiers. 

Il s’agit d’une étape clef pour la mise en place d’un véritable modèle économique pour le « carbone farming », et donc, pour l’Europe, dans sa capacité à atteindre son objectif de réduction des émissions, de stockage et de neutralité carbone. 

Il existe une quarantaine d’actions d’atténuation recensées pouvant être utilisées dans le secteur agricole européen. Elles regroupent des actions de réduction d’émissions et de séquestration de carbone qui pourraient permettre une atténuation de plus de 250 Mt de CO2eq dans le secteur agricole, soit près de 60% des émissions actuelles du secteur, et en ferait un secteur neutre voire net stockeur de carbone. 

Dans le cadre d’une promotion à grande échelle d’actions d’atténuations pour l’atteinte des objectifs climatiques de l’UE, dissocier ces deux types d’actions (réduction ou séquestration) aboutirait à des non sens environnementaux, des liens étroits existants entre ces deux postes. La communauté scientifique tout comme de nombreux acteurs du terrain, engagés dans des modèles de certification de transition bas carbone depuis plusieurs années, soulignent l’importance d’une mesure complète de la variation des émissions de GES ET de stockage de carbone, en particulier dans le cadre d’un modèle de Carbon Farming qui se veut axé sur les résultats et robuste au niveau climatique et environnemental.

Dans ce contexte, la proposition de la Commission européenne reflète une vision étroite du potentiel du carbone farming qui ne permettrait pas d’engager une réelle dynamique européenne, alors même que le temps presse et que le potentiel de l’agriculture est à portée de main. Cette approche devra être rééquilibrée par le Parlement européen et le Conseil pour jeter les bases d’un modèle de certification à la hauteur des enjeux. 

À VENIR – GLOBAL FOOD FORUM 2022

Farm Europe a le plaisir de vous inviter à la prochaine édition du Global Food Forum, intitulée « Climat, nutrition, énergie : L’agriculture européenne sur tous les fronts ».

Cet événement comprendra 5 sessions de travail autour de certains des sujets les plus pertinents pour le secteur agroalimentaire européen d’aujourd’hui. Parmi les thèmes abordés figurent le financement actuel et futur de l’agriculture, la transition environnementale et énergétique à venir, le commerce international, la sécurité alimentaire ainsi que la nutrition. Des politiques telles que la PAC et la stratégie « Farm to Fork » seront discutées afin de trouver des solutions communes aux multiples crises actuelles.

Jetez un coup d’œil à la liste des orateurs confirmés, dont le commissaire à l’agriculture, Janusz Wojciechowski!

Cliquez ici pour vous inscrire à l’événement!

Voir ici les listes de notes :

Financement de l’agriculture :

Budget de la PAC et inflation

Aides d’État

Durabilité :

De la ferme à la table – calendrier

L’agriculture du carbone

Stratégie en matière d’engrais

Utilisation durable des pesticides

Déforestation importée

Nutrition :

Analyses du JCR sur la révision du règlement FIC

Programmes scolaires de l’UE

Fertilisants : une stratégie responsable proposée en un temps record par la Commission

La Commission européenne a présenté le 9 novembre dernier sa proposition de stratégie européenne en faveur des fertilisants. 

Préparée dans un délai record par ses services agricoles, elle aborde les deux facettes du sujet – la disponibilité et le prix – et pointe avec justesse les sujets les plus importants. 

Elle affirme qu’en cas de restrictions d’utilisation du gaz, le gaz pour la production d’engrais doit être considéré comme prioritaire. Certes, la Commission n’a pas à ce stade le pouvoir d’imposer des priorités ou des réductions aux États membres. Cela pourrait se produire à l’avenir par le biais d’un nouveau règlement sur la crise énergétique. Toutefois, en proposant d’ores et déjà une telle ligne de conduite forte, la position de la Commission est une aide précieuse pour le secteur, et envoie un rappel salutaire sur l’importance stratégique du secteur agricole et de la nécessaire souveraineté à défendre pour ces chaines de valeur. 

Avec son document, la Commission ouvre aussi la possibilité pour les États membres d’utiliser de l’argent non utilisé du fonds de relance, ou de mettre des financements nationaux (aides d’état) pour soutenir les agriculteurs et les producteurs d’engrais.  Ces financements pourraient viser non seulement la production de fertilisants et son utilisation, mais aussi aider les agriculteurs à investir dans de nouvelles technologies et itinéraires techniques pour réduire l’utilisation des intrants. Dans ce cadre, il fait référence à l’intérêt de travailler sur les rotations, d’y associer des légumineuses et d’investir dans l’agriculture de précision. 

La Commission fait aussi le constat du risque qu’induirait une réduction rapide et généralisée de l’utilisation des engrais, impliquant immédiatement une réduction des rendements. Ce constat, vrai, est intéressant et devrait inciter les dirigeants de la Commission européenne  à remettre en perspective leurs propositions de réduction de 20% des engrais dans le cadre de la stratégie Farm to Fork. 

La réduction des achats d’engrais par les agriculteurs cet été (-20 %) risque d’avoir, déjà, un impact négatif sur la récolte 2023. La question est posée de savoir si les sols européens ont de suffisamment bons niveaux de N P K pour supporter une fertilisation plus faible sans effet sur la récolte au moins pour une campagne. On en peut douter, la fertilisation a un coûttelle que l’usage le plus économe était recherché, même avant la crise ukrainienne. Une réduction hors du cadre des investissements tels qu’évoqués ci-avant risque de se solder par une baisse du potentiel de production. 

Veille Farm to Fork : le casse-tête des engrais

En pleine crise des prix et de l’énergie et face à l’impact de la guerre russo-ukrainienne sur le marché alimentaire, la Commission s’apprête à publier une communication sur les engrais (le 9 novembre). La Commission demandera aux capitales nationales d’assurer l’approvisionnement en gaz des fabricants d’engrais, et encouragera l’utilisation de la réserve de crise agricole. Dans le même temps, à l’issue de la dernière réunion du Conseil, la plupart des 27 ministres de l’agriculture ont reconnu l’importance des engrais à base de fumier et ont demandé des assouplissements de la législation actuelle sur les nitrates. 

En ce qui concerne le bien-être des animaux, alors que l’EFSA a publié des lignes directrices sur le bien-être des animaux pendant le transport, soulignant que le transport doit être court et qu’un nettoyage en profondeur du véhicule doit être effectué, le ministre allemand de l’agriculture propose un projet de loi pour un label obligatoire sur le bien-être des animaux qui pourrait causer des problèmes de distorsion du marché, selon les critiques. La Commission européenne, sur le même sujet, a publié une vue d’ensemble des réalisations et des défis de la législation actuelle sur le bien-être animal, concluant que le cadre actuel a amélioré le bien-être de nombreux animaux de l’UE, y compris leur protection pendant le transport et l’abattage.

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