Protéines : pour une stratégie audacieuse en Europe

Le Parlement européen a adopté un rapport d’initiative sur la stratégie européenne en matière de protéines. Ce rapport souligne l’importance d’amplifier la production de sources de protéines dans le secteur agricole de l’UE. Il met l’accent sur la priorité à donner aux protéines agricoles naturelles plutôt qu’aux alternatives synthétiques ou à la dépendance continue vis-à-vis des importations en provenance d’Amérique latine.

Bien que ce rapport ait un statut juridique non contraignant, il constitue un signal fort pour la Commission européenne. Il souligne l’urgence pour l’Union européenne d’intensifier ses efforts. Ces recommandations devraient faire partie intégrante du prochain projet de plan européen sur les protéines prévu pour 2024. Alors qu’il s’agira de la sixième stratégie protéines en moins de trois décennies, il est grand temps de réaliser des avancées substantielles !

La résolution plaide sans équivoque pour la valorisation de toutes les sources de protéines issues du secteur agricole de l’UE. Cette approche vise à soutenir la production sans opposer alimentations, aliments pour animaux et énergie, qui se complètent mutuellement.

Une proposition prônant une réduction de la production et de la consommation de viande a été rejetée. Parallèlement, les députés européens soulignent l’importance de soutenir les nouvelles techniques de sélection variétale pour stimuler l’innovation dans le secteur des semences.

En ce qui concerne les produits cellulaires, le Parlement européen souligne que les aliments à base de cellules posent des défis éthiques, sociaux, environnementaux et économiques. Il note également que le règlement actuel sur les nouveaux aliments n’est pas adapté.

NGTs : LA PRÉSIDENCE ESPAGNOLE S’EFFORCE DE PARVENIR À UNE APPROCHE GÉNÉRALE DU CONSEIL D’ICI DÉCEMBRE

La présidence espagnole pousse les États membres à trouver des accords sur la réglementation des NGT, tandis que l’Autriche et l’Allemagne continuent d’exprimer leurs inquiétudes quant à l’impact de la commercialisation des plantes CRISPR sur les cultures biologiques.

De l’autre côté de l’océan, les États-Unis et le Canada développent des melons résistants à la sécheresse, des cerises plus robustes et travaillent sur la réduction des pesticides.

Indications géographiques : la position du Parlement doit être prise au sérieux par la présidence de l’UE

Les négociations sur les indications géographiques de l’UE ont connu un accroc inattendu lors du dernier trilogue alors qu’il était censé être décisif avant le trilogue final prévu le 24 octobre en présence du président du Conseil des ministres de l’agriculture, Luis Planas, et du commissaire à l’agriculture, Janusz Wojciechowski.

Selon le négociateur principal du Parlement européen, Paolo de Castro, et le président de la commission de l’agriculture, Norbert Lins, les progrès ont été entravés par la rigidité inattendue de la présidence espagnole, ce qui a posé des problèmes pour trouver un terrain d’entente avec le Parlement européen.

Cependant, sur les paramètres clés de la proposition initiale de la Commission, nous considérons que le Parlement européen a trouvé le bon équilibre pour défendre les intérêts des producteurs et des consommateurs européens :

  • Dans le cas du vin, une position équilibrée est présentée par le Parlement, préservant les dispositions du règlement OCM unique. L’insistance du Conseil à incorporer toutes les dispositions dans le règlement horizontal sur les indications géographiques va même au-delà de la proposition initiale de la Commission.
  • Les prérogatives des consortiums qui se battent depuis des années pour protéger et garantir la qualité des produits d’appellation d’origine protégée, symbole de l’excellence de l’agroalimentaire européen, doivent en effet être reconnues.
  • La réticence à considérer que l’utilisation des IG utilisées comme ingrédient nécessite une autorisation du Consortium pour éviter les fraudes et les abus préjudiciables à l’image des produits de qualité est surprenante.
  • Enfin, la volonté du Parlement de favoriser et d’intégrer des critères de durabilité à poursuivre pourrait aider les producteurs à répondre aux attentes des consommateurs.

Il serait donc regrettable que la conclusion d’un accord sous la présidence espagnole s’avère plus difficile que prévu en raison des blocages dans la dernière ligne droite.

UTILISATION DURABLE DES PESTICIDES : UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION

« La commission de l’agriculture approuve le rapport de Mme Aguilera qui fixe des objectifs ambitieux tout en minimisant les obstacles bureaucratiques et les lacunes de la proposition initiale de la Commission ».

Le 9 octobre, la commission de l’agriculture du Parlement européen a apporté une contribution importante à l’utilisation durable des pesticides (SUR) en votant le rapport Aguilera. Ce rapport introduit des changements clés à la proposition de la Commission européenne qui façonneront l’avenir de l’utilisation des pesticides dans le secteur agricole. L’avis de la ComAGRI est un pas dans la bonne direction, fixant des objectifs ambitieux, tout en minimisant les obstacles bureaucratiques, ce qui le rend plus pratique et accessible pour la mise en œuvre dans le secteur agricole.

De nombreuses lacunes de la proposition initiale de la Commission européenne sont corrigées, ce qui devrait encourager la commission de l’environnement du Parlement à suivre la même voie et à s’inspirer de l’approche cohérente du rapport voté par la ComAGRI.

Décisions clés

  1. Objectifs de réduction des pesticides : La commission a fixé un objectif ambitieux de réduction de l’utilisation des pesticides et des risques connexes de 50 % d’ici à 2035. En outre, les États membres sont tenus de fixer des objectifs nationaux de réduction d’au moins 35 %.
  2. Évaluation de la faisabilité : D’ici à 2029, la Commission évaluera la possibilité d’atteindre les objectifs de réduction fixés par l’Union pour 2035. Cette évaluation sera basée sur la disponibilité d’autres méthodes non chimiques de lutte contre les ravageurs et de produits phytopharmaceutiques à faible risque.
  3. Période de référence ajustée : La période de référence pour le calcul de la réduction de l’utilisation des pesticides et des risques connexes a été modifiée pour la période 2011-2012-2013, alors que la proposition de la Commission prévoyait la période 2015-2016-2017.
  4. Zones sensibles : Les États membres ont le pouvoir de définir leurs zones sensibles, mais les détails spécifiques des désignations territoriales devront être définis par les États membres.
  5. Tenue de registres électroniques : L’obligation pour les agriculteurs d’utiliser des registres électroniques pour documenter les pratiques préventives et les applications de pesticides n’a pas été approuvée. Les articles 14 et 16, qui décrivaient ces obligations, ont été supprimés.
  6. Lignes directrices spécifiques aux cultures : L’article 15 prévoit désormais des lignes directrices spécifiques aux cultures plutôt que des règles rigides pour la lutte intégrée contre les ravageurs (IPM) : Les agriculteurs ne sont plus obligés d’utiliser des outils non chimiques avant de recourir aux pesticides. Ce changement permet une plus grande flexibilité dans les décisions agronomiques.
  7. Approbation accélérée des méthodes à faible risque : Un nouvel article (42b) propose d’accélérer la procédure d’approbation des méthodes de lutte biologique et à faible risque. Cela inclut la possibilité d’une autorisation provisoire pour les « produits phytopharmaceutiques de lutte biologique dérivés de substances naturelles ».
  8. Agriculture de précision et drones : Le règlement prévoit la mise en œuvre de l’agriculture de précision, y compris l’utilisation de drones, un an après l’entrée en vigueur du règlement, alors que la proposition initiale de la Commission était de trois ans.
  9. Financement : L’article 43, qui prévoyait initialement de financer ce règlement avec les fonds de la PAC (politique agricole commune), a été supprimé. Les députés ont estimé que des sources de financement supplémentaires étaient nécessaires et qu’il n’était pas approprié d’allouer les fonds existants de la PAC à de nouvelles politiques.

Approbation finale

Le texte final du rapport Aguilera a été approuvé par 26 voix pour, 9 contre et 3 abstentions. Le groupe Renew a notamment joué un rôle central dans le processus décisionnel, s’alignant parfois sur le PPE et s’abstenant à d’autres moments.

FARM to FORK politiques & initiatives 

Dans son discours sur l’état de l’Union, la présidente von der Leyen a rendu hommage à l’agricultureet aux agriculteurs de l’UE et a appelé à un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture. Ce même mois, le PPE a organisé une conférence sur l’agriculture, tandis que les Verts ont réitéréleur opposition au plan NGT lors d’un webinaire sur “l’Europe sans OGM” et que TP Organics asouligné le rôle de l’agriculture biologique pour assurer la sécurité alimentaire. La présidente de la Commission européenne, Mme Von der Leyen, a exploré la possibilité d’utiliser lesfonds de l’UE pour aider la Grèce à faire face aux défis climatiques. Les discussions sur les visions deszones rurales et les lois sur la santé des sols se sont poursuivies en septembre et les députés ontplaidé en faveur d’une dérogation étendue aux BCAE pour répondre aux difficultés et aux demandesde plusieurs États membres. Alors que le vice-premier ministre ukrainien a souligné l’importance des couloirs de solidarité pourl’économie, l’agriculture et la sécurité alimentaire et qu’il a exprimé sa gratitude pour le soutien del’UE, l’Ukraine a déposé des plaintes auprès de l’OMC contre la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie,pour les interdictions d’importation imposées par les pays susmentionnés alors que l’interdictiondécidée au niveau de l’UE a pris fin. Un nouveau rapport de la FAO soulève des inquiétudes quant aux progrès réalisés dans le mondepour atteindre les objectifs de développement, en mettant l’accent sur le rôle essentiel del’agriculture dans le maintien de l’approvisionnement en eau.

NGTs : L’UE NE SE PRÉOCCUPE PAS DES DROITS DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE

Alors que l’UE est engagée dans des discussions approfondies concernant l’utilisation la plus efficace possible des technologies des NGT pour favoriser la durabilité dans le secteur agricole, la question complexe des droits de propriété intellectuelle dans ce contexte semble ne pas avoir été abordée. Le Royaume-Uni est confronté à des sujets réglementaires similaires, alors que des études récentes ont montré que le riz modifié par CRISPR peut produire des rendements jusqu’à cinq fois supérieurs à ceux de son homologue non modifié.

Glyphosate : n’ébranlons pas la confiance dans les institutions de l’UE, ni dans le marché intérieur

Farm Europe est souvent interpellé sur la question du glyphosate. Nous ne disposons pas d’une équipe de scientifiques experts dans l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux liés aux produits phytopharmaceutiques. Nous nous gardons donc de prendre position sur la qualité du travail des scientifiques et de l’Autorité européenne de sécurité des aliments en particulier.

En revanche, nous regrettons une forme de « populisme vert » qui apparaît à chaque fois que la question du glyphosate est abordée, utilisant les peurs pour tenter de gagner des parts de marché électorales ou une visibilité facile au détriment des agriculteurs qui utilisent ce produit.

Actuellement, le glyphosate répond à un besoin, y compris pour certaines pratiques qui réduisent les émissions, comme l’agriculture sans labour. Plus que jamais, à l’approche des élections européennes, nous pensons qu’au lieu de saper leur crédibilité, les forces pro-européennes engagées dans un débat rationnel basé sur la science devraient renforcer la confiance dans les institutions de l’UE et leur capacité à gérer les risques, à protéger la nature et la santé des Européens.

S’il s’avère qu’un élément n’a pas été correctement prise en compte, la proposition de réautorisation devrait être réexaminée, comme la Commission européenne a l’intention de le faire, y compris si de nouvelles preuves scientifiques apparaissent. C’est pour cette raison que l’autorisation proposée par la Commission européenne est accompagnée d’une liste de restrictions appropriées sur les utilisations. En ce qui concerne la proposition elle-même, nous considérons que les restrictions doivent être clairement établies au niveau européen afin de garantir l’intégrité du marché intérieur, et que ces décisions ne doivent donc pas être laissées à la discrétion des États membres. En outre, les mêmes règles doivent s’appliquer aux produits alimentaires importés.

En tout état de cause, nous reconnaissons le courage politique et administratif de toutes les personnes impliquées dans la gestion de ce dossier sensible, et sommes convaincus qu’elles sont pleinement conscientes de leurs responsabilités.

Et encourageons la recherche et l’innovation !

L’agriculture priorité de von der Leyen à confirmer lors d’un dialogue stratégique

Pour la première fois de son mandat – et à l’occasion de son dernier discours sur l’Etat de l’Union — la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a mentionné 5 fois les agriculteurs et lancé un message significatif sur l’agriculture. Sans tourner le dos au Green Deal, la Présidente de la Commission a souligné sa conviction que « nous devons nous faire un devoir, aujourd’hui et à l’avenir, de sécuriser nos moyens de subsistance au sein de la nature et en accord avec elle ».
« Je tiens aujourd’hui à rendre hommage à nos agriculteurs et à les remercier d’assurer, jour après jour, notre approvisionnement alimentaire », a-t-elle souligné. « Garantir une alimentation saine: ce devoir de l’agriculture est le fondement de notre politique agricole, ici en Europe. Il nous tient aussi à cœur de garantir l’indépendance de notre approvisionnement alimentaire ».

Un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture dans l’UE

Pour elle, « ce sont ces garanties que nous offrent nos agriculteurs. Cela ne va pas de soi, car nos agriculteurs sont soumis à l’impact croissant, sur leur travail et leurs revenus, de l’agression russe contre l’Ukraine, du changement climatique, avec les sécheresses, les incendies et les inondations que celui-ci provoque, mais aussi de nouvelles obligations ».
Dès lors, « nous devons en tenir compte. Beaucoup s’engagent déjà en faveur d’une agriculture plus durable. Nous devons relever ces nouveaux défis aux côtés des agriculteurs et des agricultrices. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons garantir notre sécurité alimentaire pour l’avenir également. Nous avons besoin de davantage de dialogue et de moins de polarisation. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons engager un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture dans l’UE ».

Il est à noter que la stratégie de la Farm to Fork n’est pas mentionnée, ni la situation du commerce avec l’Ukraine. La majeure partie de son discours est focalisée sur la compétitivité de l’économie européenne, avec des annonces fortes, notamment en matière de lancement d’une procédure anti-dumping concernant les véhicules électriques en provenance de Chine.
La Présidente a également souligné l’importance d’assurer l’autonomie stratégique de l’UE, et de sécuriser les approvisionnements énergétiques, notamment à travers les énergies renouvelables. Mme von der Leyen a évoqué son intention d’inaugurer le premier porte conteneur propulsé au Methanol produit à partir d’énergie solaire renouvelable.

Vendanges marquées par les attaques de mildiou

Voici les nouvelles marquantes des mois de juillet-août 2023:

– L’industrie vitivinicole ainsi que certains États membres producteurs ont réagi avec véhémence à l’analyse d’impact additionnelle publiée par la Commission quant aux effets de sa proposition de règlement SUR, relative aux pesticides, sur la production européenne.

– À la suite de l’autorisation de la Commission européenne, le processus de distillation de crise s’est concrétisé dans plusieurs pays producteurs (France, Portugal, Espagne), même si certaines régions n’ont pas fait ce choix, au premier rang desquels la région espagnole de Castilla-la-Manche.

– Les conditions météorologique du printemps et du début de l’été ont favorisé la prolifération des maladies qui ont particulièrement affectées la production italienne. La France devrait ravir en 2023 laplace de premier producteur mondial à l’Italie.

– En rétorsion au soutien européen à l’Ukraine, la Russie a fait le choix de monter ses droits de douanes à l’encontre des productions viticoles européennes de 12,5% à 20%.

Note complète disponible sur l’espace Membres de Farm Europe. 

Viande de laboratoire : le pire pour le climat

Les élections européennes prévues en juin 2024 planent déjà sur l’élaboration des politiques au sein de l’Union européenne. Toute directive ou règlement qui ne sera pas approuvé avant avril 2024 sera tributaire de la composition à venir du Parlement et de la nouvelle Commission.

L’évaluation d’impact sur la refonte des règles sur le bien-être animal a reçu l’approbation du comité de contrôle qualité de la Commission européenne. Les autorités exécutives de l’Union européenne sont optimistes quant à leur capacité à proposer la nouvelle législation avant la fin de l’année.

Bien que toujours en suspens, la révision des règles de l’UE sur l’étiquetage des aliments reste une proposition très attendue de la Commission. Le gouvernement allemand semble avoir abandonné l’idée qu’un label d’origine à l’échelle de l’UE soit inclus dans la proposition de la Commission sur l’étiquetage des denrées alimentaires. Berlin a adopté le mois dernier un règlement étendant la portée de l’étiquetage d’origine obligatoire de la viande.

Le Parlement a voté en faveur d’une exclusion de l’élevage bovin du champ d’application de la directive sur les émissions industrielles, et pour un maintien des seuils actuels d’unités de cheptel pour les porcs et les volailles.

Un atelier a été organisé par la Commission des Ressources Naturelles (NAT) et la Commission de l’environnement, du changement climatique et de l’énergie (ENVE), pour discuter des solutions pour une coexistence durable de l’élevage et des grands carnivores en Europe. Les participants de l’atelier ont souligné la nécessité d’une révision de la directive Habitat par la Commission européenne.

Les récentes annexes de la Commission européenne à l’accord du Mercosur ont été rejetés par les États clés. Les mesures de protection de l’environnement constituent le principal obstacle à l’accord commercial.

Le Conseil d’État français a décidé de renvoyer l’affaire de la terminologie des substituts végétaux devant la Cour de justice de l’Union européenne.

La FAO a récemment publié un document de synthèse sur les risques liés aux aliments à base de cellules. Plus de 50 dangers potentiels ont été identifiés pour la santé humaine.

Selon de nouvelles études la viande cultivée n’est pas intrinsèquement meilleure pour l’environnement que le bœuf conventionnel. L’analyse des niveaux d’émissions de CO2 de viande cultivée montrent des résultats bien supérieurs aux données courantes dans la littérature. Il ressort que les investissements visant à promouvoir une production bovine plus respectueuse du climat pourraient entraîner des réductions d’émissions plus importantes, et plus rapidement, que des investissements dans la viande cultivée.

Note complète disponible sur l’espace Membres de Farm Europe.