L’agriculture priorité de von der Leyen à confirmer lors d’un dialogue stratégique

Pour la première fois de son mandat – et à l’occasion de son dernier discours sur l’Etat de l’Union — la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a mentionné 5 fois les agriculteurs et lancé un message significatif sur l’agriculture. Sans tourner le dos au Green Deal, la Présidente de la Commission a souligné sa conviction que « nous devons nous faire un devoir, aujourd’hui et à l’avenir, de sécuriser nos moyens de subsistance au sein de la nature et en accord avec elle ».
« Je tiens aujourd’hui à rendre hommage à nos agriculteurs et à les remercier d’assurer, jour après jour, notre approvisionnement alimentaire », a-t-elle souligné. « Garantir une alimentation saine: ce devoir de l’agriculture est le fondement de notre politique agricole, ici en Europe. Il nous tient aussi à cœur de garantir l’indépendance de notre approvisionnement alimentaire ».

Un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture dans l’UE

Pour elle, « ce sont ces garanties que nous offrent nos agriculteurs. Cela ne va pas de soi, car nos agriculteurs sont soumis à l’impact croissant, sur leur travail et leurs revenus, de l’agression russe contre l’Ukraine, du changement climatique, avec les sécheresses, les incendies et les inondations que celui-ci provoque, mais aussi de nouvelles obligations ».
Dès lors, « nous devons en tenir compte. Beaucoup s’engagent déjà en faveur d’une agriculture plus durable. Nous devons relever ces nouveaux défis aux côtés des agriculteurs et des agricultrices. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons garantir notre sécurité alimentaire pour l’avenir également. Nous avons besoin de davantage de dialogue et de moins de polarisation. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons engager un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture dans l’UE ».

Il est à noter que la stratégie de la Farm to Fork n’est pas mentionnée, ni la situation du commerce avec l’Ukraine. La majeure partie de son discours est focalisée sur la compétitivité de l’économie européenne, avec des annonces fortes, notamment en matière de lancement d’une procédure anti-dumping concernant les véhicules électriques en provenance de Chine.
La Présidente a également souligné l’importance d’assurer l’autonomie stratégique de l’UE, et de sécuriser les approvisionnements énergétiques, notamment à travers les énergies renouvelables. Mme von der Leyen a évoqué son intention d’inaugurer le premier porte conteneur propulsé au Methanol produit à partir d’énergie solaire renouvelable.

Vendanges marquées par les attaques de mildiou

Voici les nouvelles marquantes des mois de juillet-août 2023:

– L’industrie vitivinicole ainsi que certains États membres producteurs ont réagi avec véhémence à l’analyse d’impact additionnelle publiée par la Commission quant aux effets de sa proposition de règlement SUR, relative aux pesticides, sur la production européenne.

– À la suite de l’autorisation de la Commission européenne, le processus de distillation de crise s’est concrétisé dans plusieurs pays producteurs (France, Portugal, Espagne), même si certaines régions n’ont pas fait ce choix, au premier rang desquels la région espagnole de Castilla-la-Manche.

– Les conditions météorologique du printemps et du début de l’été ont favorisé la prolifération des maladies qui ont particulièrement affectées la production italienne. La France devrait ravir en 2023 laplace de premier producteur mondial à l’Italie.

– En rétorsion au soutien européen à l’Ukraine, la Russie a fait le choix de monter ses droits de douanes à l’encontre des productions viticoles européennes de 12,5% à 20%.

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Viande de laboratoire : le pire pour le climat

Les élections européennes prévues en juin 2024 planent déjà sur l’élaboration des politiques au sein de l’Union européenne. Toute directive ou règlement qui ne sera pas approuvé avant avril 2024 sera tributaire de la composition à venir du Parlement et de la nouvelle Commission.

L’évaluation d’impact sur la refonte des règles sur le bien-être animal a reçu l’approbation du comité de contrôle qualité de la Commission européenne. Les autorités exécutives de l’Union européenne sont optimistes quant à leur capacité à proposer la nouvelle législation avant la fin de l’année.

Bien que toujours en suspens, la révision des règles de l’UE sur l’étiquetage des aliments reste une proposition très attendue de la Commission. Le gouvernement allemand semble avoir abandonné l’idée qu’un label d’origine à l’échelle de l’UE soit inclus dans la proposition de la Commission sur l’étiquetage des denrées alimentaires. Berlin a adopté le mois dernier un règlement étendant la portée de l’étiquetage d’origine obligatoire de la viande.

Le Parlement a voté en faveur d’une exclusion de l’élevage bovin du champ d’application de la directive sur les émissions industrielles, et pour un maintien des seuils actuels d’unités de cheptel pour les porcs et les volailles.

Un atelier a été organisé par la Commission des Ressources Naturelles (NAT) et la Commission de l’environnement, du changement climatique et de l’énergie (ENVE), pour discuter des solutions pour une coexistence durable de l’élevage et des grands carnivores en Europe. Les participants de l’atelier ont souligné la nécessité d’une révision de la directive Habitat par la Commission européenne.

Les récentes annexes de la Commission européenne à l’accord du Mercosur ont été rejetés par les États clés. Les mesures de protection de l’environnement constituent le principal obstacle à l’accord commercial.

Le Conseil d’État français a décidé de renvoyer l’affaire de la terminologie des substituts végétaux devant la Cour de justice de l’Union européenne.

La FAO a récemment publié un document de synthèse sur les risques liés aux aliments à base de cellules. Plus de 50 dangers potentiels ont été identifiés pour la santé humaine.

Selon de nouvelles études la viande cultivée n’est pas intrinsèquement meilleure pour l’environnement que le bœuf conventionnel. L’analyse des niveaux d’émissions de CO2 de viande cultivée montrent des résultats bien supérieurs aux données courantes dans la littérature. Il ressort que les investissements visant à promouvoir une production bovine plus respectueuse du climat pourraient entraîner des réductions d’émissions plus importantes, et plus rapidement, que des investissements dans la viande cultivée.

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Des solutions nécessaires pour faire face aux d’importations d’Ukraine

Hier, le Commissaire européen à l’agriculture, Janusz Wojciechowski, est intervenu devant la commission de l’agriculture du Parlement européen, sur la situation du marché des céréales en relation avec la guerre en Ukraine et la fin de « l’accord sur les céréales de la mer Noire ».

Le Commissaire a tenu à expliquer en détail l’énorme pression que l’importation de céréales ukrainiennes a fait peser sur le marché des cinq pays voisins (Pologne, Roumanie, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie) et qui a justifié le blocage des importations de maïs, blé, colza et graines de tournesol dans ces pays jusqu’au 15 septembre.

Cette mesure protectionniste arrive donc bientôt à échéance, et le Commissaire s’est dit préoccupé par l’impact que cela pourrait avoir sur les marchés. M. Wojciechowski a rappelé qu’en 2022, les céréales ukrainiennes ont afflué dans les cinq pays pour une valeur de 5 milliards d’euros de plus qu’avant la guerre. Le Commissaire a ensuite présenté sa proposition pour sortir de l’impasse. Et il a souligné que c’est sa proposition personnelle, qui n’a pas été validée par la Commission et qui sera discutée au Collège.

Selon le Commissaire, il est aujourd’hui possible d’exporter, depuis l’Ukraine, à travers les corridors de solidarité. Mais les céréales restent toujours dans l’UE (et ne vont pas dans les pays tiers comme c’était le cas auparavant) en raison de l’augmentation des coûts logistiques pour passer par plusieurs pays et ports européens, ce qui augmente considérablement le coût des céréales ukrainiennes et les rend non compétitives pour les pays tiers. C’est pourquoi le Commissaire propose des subventions européennes au transit pour amortir ces coûts supplémentaires et une compensation de 30 euros par tonne. Le Commissaire estime qu’il faudrait donc un budget de 600 millions d’euros pour couvrir 20 millions de tonnes de céréales.

Selon notre évaluation, cette proposition de subvention au transport équivaudrait à une subvention à l’exportation, qui entrerait directement en concurrence avec la production locale des pays tiers. Par conséquent, elle ne sera probablement pas acceptée après l’évaluation juridique de la Commission européenne. Au lieu de cela, nous considérons que l’Union européenne devrait se concentrer sur la promotion d’installations logistiques alternatives et sur la transformation au sein de l’Union européenne afin de rééquilibrer les marchés et d’investir dans des solutions durables à long terme, plutôt que dans des solutions rapides à court terme qui sont juridiquement incertaines et quoi qu’il en soit non viables à moyen et long termes.

Cependant, il est clair que des solutions doivent être mises sur la table. Notre infographie avec les derniers chiffres des douanes européennes met en évidence la dynamique continue des importations de céréales, sucre et oléagineux en provenance d’Ukraine, a minima jusqu’au mois de juin pour lequel les données sont disponibles. Les importations de sucre, inexistantes avant l’automne 2022, ont augmenté à des niveaux significatifs, bouleversant l’équilibre du marché intérieur.

Au cours des 5 premiers mois de 2023, l’UE a importé 3 Mt de blé (soit la totalité des importations de 2022), a augmenté de + 60 % ses importations de maïs par rapport à la même période de 2022 (janvier-juin), de + 200 % ses importations de soja et de 1180 % ses importations de sucre, ce qui est spectaculaire.

Il est donc urgent de prendre des mesures pour aider l’Ukraine à exporter sa production tout en préservant un marché agroalimentaire européen juste et équilibré, et donc de soutenir les investissements nécessaires dans les infrastructures et la transformation.

NGTs : DIFFÉRENTES RÉACTIONS À LA PROPOSITION D’AUTORISATION DU GÉNIE GÉNÉTIQUE

Le 5 de juillet, la Commission européenne a présenté une proposition de  » Règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux végétaux obtenus par certaines techniques génomiques nouvelles et aux denrées alimentaires et aliments pour animaux qui en sont issus « . Cette proposition fournit une bonne base de travail pour stimuler l’innovation, et répondre aux défis de la santé, du climat et de l’environnement. Cette proposition va maintenant être examinée en codécision par le Parlement européen et le Conseil. La ComENVI et la ComAGRI seront toutes deux impliquées jusqu’à la fin de ce mandat. Il appartiendra très probablement au prochain Parlement de finaliser l’accord et de le négocier avec le Conseil.

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Restoration de la nature: échec de la méthode « Timmermans »

Quelle que soit l’issue du vote sur la loi de restauration de la nature à Strasbourg demain, la situation de polarisation extrême du débat est d’ores et déjà un échec majeur pour le vice-président Frans Timmermans et sa vision personnelle de la mise en œuvre du Green Deal et de Farm to Fork.

En définitive, elle pose la question d’une Commission européenne qui se veut  » politique « , et qui n’a plus la capacité de jouer son rôle d' »honest broker « , à même de faciliter le dialogue et d’élaborer des compromis ne laissant personne de côté. L’inclusion de l’agriculture dans ce texte pose question dans la mesure où les co-législateurs viennent de trouver un accord via la Politique Agricole Commune sur des points importants rouvert dans la Loi de Restauration de la Nature. Cela crée une méfiance dans la prise de décision politique et le sentiment dans le monde agricole que la Commission européenne revient par la petite porte arrière, malgré les équilibres politiques récemment mis en place.

La loi sur la restauration de la nature est loin d’être le seul texte visant à protéger les ressources naturelles. L’objectif de cette loi est avant tout de placer la protection de la biodiversité et la politique environnementale sous la juridiction des tribunaux, de faire peser un risque juridique sur les Etats membres et les responsables politiques, et in fine de faire pression sur tous ceux qui sont en contact direct avec les ressources naturelles, en particulier les agriculteurs, les pêcheurs et les forestiers.

A cet égard, l’article 16 proposé par la Commission européenne (qui facilite l’action en justice des particuliers contre les responsables politiques) est révélateur de cette approche : avec cette loi, il ne s’agit pas d’encourager et de promouvoir une dynamique positive. Il ne s’agit pas d’incitations, mais de sanctions. La Commission européenne se positionne comme un superviseur qui valide ou distribue des sanctions, sans prendre la responsabilité politique de définir la voie à suivre pour atteindre les objectifs — la manière de mettre en œuvre les transitions —, et en s’appuyant si nécessaire sur les tribunaux. La Commission européenne approuverait les plans nationaux.

Aucun groupe politique, à l’exception des Verts et d’une partie de l’extrême gauche, ne se sent vraiment à l’aise avec l’approche définie par la Commission européenne. L’analyse des amendements déposés en plénière le confirme.

  • Le PPE rejette profondément ce texte. Il a finalement décidé qu’il était inutile d’essayer d’améliorer le projet de loi. Il a déposé une motion de rejet.
  • Il est rejoint dans cette démarche par les groupes ECR et ID. L’ECR a également déposé des amendements visant à supprimer l’objectif de 10 % pour les zones d’intérêt écologique (équivalent des terres en jachère) et à supprimer l’indicateur « papillon », qui obligerait les États membres à observer la croissance de certaines espèces.
  • Le groupe Renew Europe tente un compromis en proposant l’approche générale du Conseil, une proposition qui ne résout toutefois pas les questions agricoles les plus controversées.
  • En outre, des députés européens de Renew Europe et des Socialistes ont déposé des amendements sur ces sujets afin de limiter l’impact négatif potentiel sur l’agriculture, et en particulier la suppression de toute référence à l’objectif de 10 %.
  • Les Verts soutiennent l’approche globale du vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans.

Cependant, aucun amendement n’a été déposé concernant le considérant faisant de l’agriculture extensive l’alpha et l’oméga d’une politique environnementale efficace. Or, ce type d’approche, qui va dans le sens d’une décroissance de la production agricole, pose problème, non seulement du point de vue de la souveraineté alimentaire, mais aussi du point de vue de la protection des ressources naturelles. Cela signifierait plus de terres cultivées, donc plus de déforestation et moins de biodiversité. Par conséquent, en suivant cette voie d' »extensification », la loi sur la restauration de la nature serait en tant que telle mauvaise pour la nature.

Notre analyse de la proposition initiale est disponible ici.

Nouvelles techniques génomiques : La Commission va faire avancer le règlement sur les NGTs

Alors que le travail aux USA sur le traitement similaire des techniques CRISPR et des méthodes traditionnelles de selection génétique se poursuit, et que le gouvernement canadien fait face à des critiques sur sa gestion du dossier, la Commission européenne a présentée le 5 juillet sa proposition de nouvelle règlementation relative aux NGTs, en différenciant NGTs similaires aux methodes traditionnelles, NGTs non comparables mais portant des benefices en terme de durabilité et autres NGTs. 

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Proposition positive sur NGT, étude très faible sur les pesticides

Dans le contexte de l’adoption du paquet sur l’utilisation durable des ressources naturelles essentielles, Farm Europe se félicite de la proposition de la Commission européenne sur les NGT, qui ouvre la voie à l’innovation et au dynamisme de la recherche dans le secteur agricole. Cependant, cette bonne proposition ne doit pas faire oublier la faiblesse de l’étude d’impact complémentaire sur la proposition de règlement sur l’utilisation durable des pesticides qui est « lourde » en longueur, mais légère en contenu, et embarrassante pour les secteurs qualifiés de non essentiels. 

La proposition relative aux NGTs ouvre de nombreuses possibilités aux instituts de recherche et aux petites et moyennes entreprises qui pourront, grâce à la réduction de la bureaucratie, développer de nouvelles variétés végétales répondant à la demande d’une plus grande durabilité, d’une résistance aux maladies et d’une utilisation réduite d’intrants.

Nous constatons que, par rapport à une version diffusée ces derniers jours, la Commission européenne a décidé de supprimer la restriction pour les NGT tolérantes aux herbicides. Bien que l’argument politique soit clair et fasse écho aux erreurs commises par le passé avec les OGM, il aurait pu représenter une discrimination sans une base juridique solide. Pour éviter cela, une restriction a été introduite dans la proposition concernant le matériel végétal de reproduction pour toutes les variétés tolérantes aux herbicides (et pas seulement pour les NGT), qui devront respecter certaines conditions (par exemple, la rotation des cultures) que la Commission précisera mieux dans un acte délégué, afin d’éviter une augmentation de l’utilisation d’herbicides.

Nous regrettons que la production biologique ne puisse pas profiter des NGT et de leur aide potentielle pour une agriculture plus durable. Cela aurait été une possibilité positive pour un secteur qui a atteint sa maturité et qui a du mal à se développer comme la Commission l’avait prévu. 

Bien que nous évaluions positivement la proposition de la Commission dans son ensemble, nous voudrions souligner que nous sommes loin d’une utilisation généralisée et décisive de ces techniques en temps voulu, d’abord parce qu’il faudra au moins 2 à 3 ans pour que le règlement soit approuvé (compte tenu également de la pause liée aux élections européennes) et ensuite parce que, si la recherche n’a pas été entamée avant l’élaboration du règlement de l’UE, il faut plus de 5 ans pour créer une variété NGT pour une espèce dont le génome est connu, et ce, sans compter le temps de renouvellement d’un verger ou d’un vignoble dans le cas des cultures pérennes. 

Ainsi, contrairement à ce que laisse entendre le vice-président Timmermans, cet important cadre législatif sur les NGT ne peut être utilisé comme monnaie d’échange pour faire approuver des règlements tels que celui sur l’utilisation durable des pesticides, qui posent de nombreux problèmes dans un pas de temps plus court.

Une étude d’impact décevante sur les pesticides

Nous rappelons qu’aujourd’hui même, la Commission a publié sa réponse à la demande du Conseil du 19 décembre 2022 concernant une étude d’impact supplémentaire sur la proposition de règlement relatif à l’utilisation durable des pesticides. 

Le document, qui se veut sérieux principalement en raison de sa longueur (220 pages), est finalement facile à résumer : la Commission ne présente aucune nouvelle étude et n’a effectué aucune analyse quantitative supplémentaire. Elle se contente de minimiser l’ensemble des études solides qui indiquent une baisse de la productivité suite aux propositions de la Commission. 

En l’absence d’une approche scientifique sérieuse, la Commission européenne se contente d’affirmer que ses propositions législatives sur les pesticides ne poseront aucun problème ni en terme de sécurité alimentaire, ni en terme de réduction de la production, grâce au développement de la production biologique, grâce à la réduction des pesticides sur les terres non agricoles et grâce aux NGT, des techniques très utiles mais qui, comme nous l’avons souligné, ne seront pas disponibles de sitôt.

La déclaration la plus déroutante de cette étude est que la Commission européenne reconnaît qu’il est vrai qu’il y aura une baisse de la productivité, mais elle concernera principalement les productions telles que le raisin (et donc le vin), les tomates et le houblon, qui n’ont pas d’impact sur la sécurité alimentaire. 

Selon la Commission, en cas de perte de revenus, les agriculteurs pourront couvrir les coûts avec les aides de la PAC (encore une fois !). Ces déclarations sont très irrespectueuses pour le secteur agricole à qui l’on demande depuis des années d’être à la fois plus orienté vers le marché et plus durable sur le plan environnemental, avec un budget de la PAC qui s’est considérablement réduit au fil des ans et qui aujourd’hui, en raison de l’inflation, perd encore plus de sa valeur.

ELEVAGE DANS L’UE – VEILLE PERIODIQUE

La Commission Environnement du Parlement européen a adopté sa position sur la proposition de révision de la directive IED. Les seuils retenus pas les eurodéputés sont :  200 UGB pour les porcs et les volailles, 250 UGB pour les exploitations mixtes et 300 UGB pour les bovins, avec une exclusion des élevages extensifs.Pour mémoire, la Commission agriculture avait exclu l’élevage ruminant du projet de directive. L’issue du vote en session plénière de juillet demeure ouvert.

Certaines importations agricoles de l’UE en provenance d’Ukraine ont considérablement augmenté l’année dernière et exercent une pression sur les marchés régionaux, tout particulièrement le secteur volailles de l’UE.

L’EFSA a récemment organisé un colloque scientifique visant à évaluer la sécurité des aliments issus de cultures cellulaires. L’objectif principal était d’assurer que l’évaluation des risques de l’EFSA soit adéquate pour garantir la sécurité des aliments issus de cultures cellulaires. Un rapport détaillé comprenant des conclusions et des recommandations pour l’avenir devrait être publié dans les mois à venir. Au delà des sujets abordés lors de cette réunion, la question centrale qu’il conviendra de mettre en débat au niveau politique est celle de la pertinence du règlement novel food et de sa procédure  pour traiter de l’autorisation de mise en marché de tels produits.

La Commission européenne a approuvé le mois dernier le programme, proposés par le gouvernement néerlandais, de rachat des « exploitations agricoles polluantes » afin de réduire les émissions d’azote du pays, conformément aux engagements pris envers l’Union européenne. Ce programme fait l’objet de vives contestations par les agriculteurs néerlandais.

Le ministère irlandais de l’Agriculture envisagerait l’abattage de 200 000 vaches pour réduire d’un quart les émissions de l’agriculture d’ici 2030. Les agriculteurs irlandais dénoncent fortement la proposition du gouvernement.

Le secteur français de l’élevage est préoccupé par la récente recommandation de la Cour des comptes qui propose « une stratégie de réduction » du cheptel bovin pour diminuer l’empreinte carbone de la France.

Enfin, la loi sur l’étiquetage obligatoire de l’élevage, présentée par le ministre fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture a été adoptée par le Bundestag allemand. Des modifications du code du bâtiment ont également été approuvées.

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Les NGT : un pas dans la bonne direction

La publication de la proposition de « Règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux végétaux obtenus par certaines nouvelles techniques de génomique et à leurs denrées alimentaires et aliments pour animaux » est prévue pour le 5 juillet prochain, et le projet circule entre les différentes DG dans le cadre d’une procédure interservices pour d’ultimes amendements avant publication. Le texte de la proposition n’est donc pas encore finalisé.

Le texte qui circule actuellement – sauf modifications substantielles de dernière minute – nous donne une idée claire de la direction dans laquelle la Commission entend aller. Il confirme nos attentes et constitue une bonne base de travail sur ce dossier pour stimuler l’innovation et relever les défis en matière de santé, de climat et d’environnement, avant la négociation entre colégislateurs. 

Tout d’abord, une distinction claire est faite entre 2 groupes de NGT :

1. Les plantes obtenues par mutagénèse ciblée ou cisgénèse, qui pourraient également se produire naturellement ou être produites par sélection conventionnelle (« plantes NGT de catégorie 1« ) seraient traitées de la même manière que les plantes conventionnelles et ne nécessiteraient pas d’autorisation, mais une simple notification. En outre, un registre de transparence serait établi. Si la notification a lieu avant l’essai en plein champ, la vérification des critères a lieu au niveau de l’État membre et la décision nationale a des effets à l’échelle de l’UE et s’applique également à la mise sur le marché. Pour la mise sur le marché lorsqu’aucun essai sur le terrain n’a été réalisé dans l’UE, y compris les importations, la décision est prise par la Commission, après vérification des critères par l’EFSA. Aucun étiquetage spécifique n’est requis. 

2.         Toutes les plantes issues de NGT qui ne relèvent pas du premier cas sont appelées « plantes de NGT de catégorie 2 » et relèveraient de la législation sur les OGM et feraient donc l’objet d’une procédure d’autorisation. L’évaluation des risques serait adaptée pour tenir compte de leurs différents profils de risque et des mesures seraient introduites pour encourager les produits végétaux susceptibles de contribuer à un système agroalimentaire durable. La traçabilité serait maintenue, de même que l’étiquetage. Sur une base volontaire, l’étiquetage des OGM peut être complété par des informations sur l’objectif de la modification génétique, par exemple pour accroître la durabilité de la plante. Contrairement aux OGM, les États membres ne pourraient pas restreindre la culture ou la circulation de ces plantes sur le marché. Des incitations réglementaires seront prévues pour les demandeurs (potentiels) de plantes NGT de catégorie 2 contenant des caractères susceptibles de contribuer à un système agroalimentaire durable, par exemple une procédure accélérée ou, lorsque le demandeur est une PME, l’exemption du paiement des contributions financières au laboratoire de référence de l’Union et au réseau européen de laboratoires de référence pour les OGM.

En ce qui concerne ces deux catégories de NGT, les plantes NGT tolérantes aux herbicides, même si elles remplissent les critères de notification (NGT de catégorie 1), resteraient soumises à autorisation et aux exigences correspondantes, afin de pouvoir évaluer leur impact sur la santé humaine et animale et sur l’environnement à moyen et à long terme. « Il est prouvé que les mauvaises herbes résistantes aux herbicides peuvent résulter de l’utilisation combinée de variétés tolérantes aux herbicides et de la surconsommation d’herbicides qui y est associée, avec des incidences potentielles sur la santé et l’agroécosystème », explique la Commission. 

En ce qui concerne la production biologique, selon le projet initial de la Commission, les NGT1 et les NGT2 seraient interdites dans la production biologique et, pour ce faire, il serait obligatoire d’indiquer l’utilisation des NGT dans l’étiquetage des semences. Les États membres devront prendre des mesures d’application pour assurer la coexistence.

Une fois formellement adoptée par le collège des commissaires le 5 juillet, cette proposition sera examinée en codécision par le Parlement européen et le Conseil. La ComENVI et la ComAGRI seront impliquées jusqu’à la fin de ce mandat. Il appartiendra très probablement au prochain Parlement de finaliser l’accord et de mener les négociations avec le Conseil.